Lu sur
A-Infos : "L'anti-électoralisme anarchiste et ce que nous appelons l'abstention révolutionnaire, sont avec l'anti-étatisme, l'un des clivages essentiels qui distingue le courant libertaire des courants révolutionnaires issus du marxisme, hormis, les courants issus de la gauche communiste. En effet, ceux-ci sont tous allés aux urnes à un moment donné de leur histoire par choix stratégique, comme les sociaux-démocrates, ou tactique, pour les marxistes révolutionnaires.
Du côté des anarchistes, rares sont les exemples d'organisations ou de
collectifs enjoignant les masses à gagner l'isoloir. Cela ne veut pourtant
pas dire que la question a été réglée une bonne fois pour toutes par les
théoriciens anarchistes du XIXe siècle et qu'elle n'a jamais refait
surface depuis. Car si l'abstentionnisme libertaire apparaît comme la
conséquence logique des principes sur lesquels reposent l'anarchisme,
l'absence de débat sur son opportunité tactique est significative du refus
par nombre de libertaires de réfléchir à la situation présente du courant
révolutionnaire, l'analyse politique de la période cédant le pas au
classique « Elections, pièges à cons ».
1 - Les raisons d'un refus.
L’anti-électoralisme libertaire repose principalement sur trois critiques
fondamentales : celles de l'Etat, du parlementarisme et de la démocratie
bourgeoise.
Pour les libéraux, l'Etat, création de la société civile, peut et doit
être neutre. Sa mission est de garantir l'intérêt général et de gérer
ainsi les conflits de classes inhérents au système capitaliste. Or cette
neutralité est une fiction. Car l'Etat, sous toutes ses formes, a toujours
été une arme aux mains de ceux qui possédaient les moyens de production.
En clair, l’Etat est la forme que prend une classe pour se faire
dominante, et faire accepter sa domination qu’elle pare du nom d’intérêt
général. Ainsi, même si l'Etat s'est autonomisé et forgé une histoire et
une doctrine propres, il n'en demeure pas moins aujourd’hui le garant des
intérêts de la bourgeoisie, des multinationales et des hauts
fonctionnaires d'Etat. Cette autonomisation du pouvoir d’Etat ne date pas
d’hier. Marx et Bakounine en parlèrent en leur temps, appelant cela
bonapartisme pour le premier et césarisme pour le second. En clair, l’Etat
se retrouve en situation d’autonomie relative de telle sorte qu’il sert la
ou les classes dominantes sans en paraître l’émanation et trouve sa
légitimité dans le soutien que lui apporte une partie des classes
dominées.
Pour en finir avec cette rapide analyse de l’Etat, ajoutons que la
mondialisation de l'économie, l'importance prise par la capitalisme
financier et les multinationales font que rares sont les pays pouvant
jouir d'une marge de manœuvre conséquente dans l'établissement de leurs
politiques économiques et sociales. L'indépendance nationale est donc pour
une grande part un leurre et la révolution dans un seul pays, une
absurdité.
Si l’on juge pertinente cette analyse rapide de l’Etat, on est forcé
d’admettre également que les différents parlements ou conseils sont donc
des instruments de domination politique aux mains de la classe dominante,
aux mains de ceux qui ont le capital social et culturel nécessaire à
l’exercice politique. Cela l’était évidemment sans équivoque au XIXe
siècle. Pourtant, une fraction du mouvement socialiste a défendu l'idée
qu'il était possible d'abattre le capitalisme par le biais de la
démocratie parlementaire. Mais l'électoralisme et le parlementarisme ont
inévitablement rongé la combativité ouvrière. Les partis issus du
socialisme se sont servis de leurs strapontins parlementaires tout d'abord
comme de tribunes pour faire entendre, disaient-ils, la voix des «
sans-voix », puis ils ont passé des accords, des compromis, des alliances,
pour finir dans la collaboration de classes la plus nauséeuse. Citons
Jules Guesde, qualifié de « premier marxiste français », fondateur du
Parti ouvrier français vers 1880, qui finira quasiment sa carrière
politique dans l'Union sacrée en 1914 aux côtés des fractions les plus
réactionnaires de la bourgeoisie. Au sein du mouvement anarchiste italien
à la fin du XIXe siècle, Malatesta s'est opposé à Merlino qui défendait
l'idée que la lutte des classes pouvait se dérouler dans et hors les
parlements. A cela, Malatesta répliqua entre autres que « la lutte
électorale et parlementaire éduque au parlementarisme et finit par
transformer en parlementaristes ceux qui la pratiquent ». Et il n’est qu’à
analyser la trajectoire des groupes écologistes allemands et français pour
mesurer à quel point cette analyse à conserver toute sa pertinence.
La démocratie représentative repose sur la citoyenneté et sur l'exercice
de celle-ci par le « Peuple ». La citoyenneté implique donc une
appartenance directe de l'individu à la « Cité », c’est-à-dire à
l’Etat-nation. Mais cette appartenance directe est un leurre, car elle
place l’individu, soumis économiquement et culturellement, sur un terrain
abstrait d'égalité formelle dans le champ politique : un individu = une
voix. Rappelons-nous pour mémoire qu’il a fallu attendre bien longtemps
avant que la possibilité de voter soit offerte à tout homme, qu’il soit
propriétaire, contribuable ou non, et encore plus longtemps pour que les
femmes soient intégrées au corps électoral. Preuve en est que la
démocratie représentative que nous connaissons aujourd’hui est une
construction historique et politique, le fruit d’un rapport de force et de
l’évolution du capitalisme. Les libertaires demeurent persuader qu’une
démocratie véritable ne peut exister qu’à la condition que le problème
même de la Société, sa division en classes sociales et en rôles sexués,
ait été préalablement résolu, qu'en fait l'égalité sociale et des sexes
ait précédé l'égalité politique.
Cette critique de la société dans laquelle nous vivons est bien évidemment
liée à notre projet de société : l'édification d'une société d'individus
libres, d'une société sans classes, ni Etat, ni frontières.
Comme l'a écrit Bakounine : « Toute théorie conséquente et sincère de
l'Etat est essentiellement fondée sur le principe de l'autorité,
c'est-à-dire sur cette idée que les masses, toujours incapables de se
gouverner, devront subir en tout temps le joug bienfaisant d'une sagesse
et d'une justice qui, d'une manière ou d'une autre, leur seront imposées
d'en haut ». Pour les anarchistes, il ne peut exister d'Etat bienfaiteur
ou bienveillant. Cela ne veut pas dire que tous les Etats se valent. Sans
me leurrer sur la nature profonde de l'Etat, je préfère cent fois les
garanties démocratiques que nous avons arrachées dans les luttes aux
geôles fascistes. Ceci d'autant plus si l'on considère que les anarchistes
sont destinés à rester longtemps minoritaires dans le camps des
révolutionnaires. Car alors on aboutit à la conclusion que la société
libertaire ne naîtra pas du matin du grand soir mais sera bien
l'aboutissement d'un long processus de ruptures successives. Notre rôle
est donc, non pas de se présenter à des élections, mais bien encore et
toujours de pousser à l'auto-organisation des masses, à la construction de
contre-pouvoirs et d'alternatives concrètes.
Sans égalité économique, l'égalité politique est une mystification. A la
citoyenneté actuelle, à la captation des aspirations du peuple par ceux
qui s'en disent les représentants, nous considérons que tout individu,
tout groupe humain, a le droit incontestable d'être lui-même et prônons
conséquemment la démocratie directe, non pas électorale et parlementaire,
mais communale et fédéraliste, ainsi que le mandatement de délégués
contrôlés et révoqués à tout moment.
A ce point de mon exposé, on voit bien que l'abstentionnisme
révolutionnaire anarchiste est à la fois l'expression d'une volonté de
classe et un choix stratégique :
- volonté de classe car les libertaires pensent que le prolétariat doit
prendre conscience de lui-même en tant que classe et mener une action qui
soit déjà la négation concrète des institutions bourgeoises dans
lesquelles il refuse de se reconnaître et face auxquelles il affirme sa
capacité à se constituer en force autonome ;
- choix stratégique car nous savons tous que les urnes ne mettront jamais
fin à la société de classes.
Or, de Proudhon à Bakounine, en passant par Berneri, nombreux sont ceux
qui ont avancé l'idée que l'abstentionnisme anarchiste devait être une
question tactique et non stratégique. Ce pragmatisme, parfois lié à un
fort découragement, me semble intéressant à étudier à partir de deux cas
d'école que nous posent nombre de celles et ceux qui se définissent comme
libertaires. C’est ce que je ferai après une salutaire pause musicale.
2.
Nombreux donc sont celles et ceux qui, bien qu'en accord globalement avec
les analyses anarchistes sur la nature de l'Etat, la démocratie
représentative, considèrent qu'il est possible, souhaitable, voire même
inévitable de participer à certaines élections à des fins tactiques.
- Certains considèrent ainsi que voter pour les forces de gauche peut être
un stimulant pour la classe ouvrière et relancer les luttes sociales. Mais
cela serait oublier qu'historiquement la social-démocratie a toujours
choisi la réaction bourgeoise ou la maintien du consensus républicain à la
dynamique révolutionnaire. Loin de mobiliser les masses, elle les bloque,
les muselle dans son désir autoritaire de faire du syndicalisme ou du
mouvement associatif les simples courroies de transmission de ses options
politiques. Ainsi, loin de favoriser la remobilisation de la classe
ouvrière, une fois au pouvoir, elle élimine leur capacité ou leur volonté
d'autonomie.
- D'autres pensent que tel ou tel autre candidat serait un meilleur
défenseur des acquis sociaux ou droits démocratiques gagnés de haute lutte
auparavant, tels le droit de grève, celui à l'IVG, ou le droit à une
couverture sociale minimum. Mais là encore, c'est la social-démocratie qui
a engagé la France de plus en plus fort dans la dynamique européenne,
celle de Maastricht, donc une Europe marquée par l'héritage
démocrate-chrétien et une volonté de cassage des acquis sociaux et du
droit du travail sous prétexte d’uniformiser les législations nationales.
- Les derniers tirent enfin de l'état des forces révolutionnaires, du
degré de combativité des classes subordonnées et du niveau de la
conscience de classe, la conclusion qu'un vote utile nous préservant d’un
« pire » entrevu vaut mieux qu'une abstention dite révolutionnaire
incomprise par les masses. Et c'est vrai qu'à cet argument, je n'ai pas
grand chose à rétorquer, malheureusement.
Autre sujet sur lequel les anarchistes ont eu à s'affronter :
l'utilisation des urnes pour faire barrage au fascisme. Deux questions se
posaient aux révolutionnaires et démocrates transalpins : la nature du
phénomène fasciste et sa signification.
L’Internationale communiste considérait que l'essor du fascisme était un
signe de faiblesse des classes dominantes, l'annonce de l'imminence de la
révolution prolétarienne ; à cette conception, les anarchistes et
notamment Luigi Fabbri répliquait que, bien au contraire, l'essor du
fascisme s'était produit en Italie après l'échec du mouvement
d’occupations d’usines en 1920, et non pour l'empêcher, qu'il s'agissait
donc d'une « contre-révolution préventive » grâce à laquelle la
bourgeoisie prenait sa revanche contre la classe ouvrière en tant que
classe.
Concernant la nature du mouvement fasciste, les révolutionnaires ont
débattu du lien existant entre cette expression politique et le régime
démocratique bourgeois. Si l’on considère que la dictature fasciste n’est
qu’une autre forme, historiquement datée, de la domination de classe de
la bourgeoisie sur le prolétariat, alors la lutte antifasciste est
contre-productive car elle mobilise les énergies révolutionnaires dans la
défense de la démocratie bourgeoise et fait perdre de vue aux travailleurs
que leur ennemi, c’est le capitalisme. Par contre, si l’on considère que
le fascisme est bien plus qu’une forme de réaction anti-ouvrière, qu’il
est l’expression d’une véritable « crise morale » qui met à mal l’Etat
démocratique et donc les libertés qui l’accompagnent, si l’on considère en
plus que la période n’est pas favorable à l’expression révolutionnaire,
alors le combat antifasciste prend tout son sens, comme défense de tout ce
qui a été conquis auparavant par des décennies de luttes politiques et
sociales.
Si l’un d’entre vous me disait maintenant que ce que je viens de dire sent
le vieux, le renfermé, j’avoue que j’aurai du mal à ne pas abonder dans
son sens. Un siècle et demi s’est écoulé depuis l’émergence des
socialismes marxiste et libertaire. Et si je pense que la lecture des «
grands anciens » peut nous servir encore à appréhender le présent, il me
semble important de confronter collectivement certaines de nos analyses et
certains de nos principes que certains voudraient intangibles et
inaltérables à la situation actuelle, au « capitalisme d’aujourd’hui ».
Dans les pays capitalistes modernes, à la sortie de la deuxième guerre
mondiale, la bourgeoisie et les sociaux-démocrates ont échangé le Grand
soir contre l’amélioration des conditions de vie des travailleurs : congés
payés, salaires moins indécents, droits syndicaux, couverture maladie… En
clair, la classe dominante, sans remettre en cause les bases mêmes du
système capitaliste, a été mise dans l’obligation de composer avec les
représentants des classes laborieuses. Même si nous vivons aujourd’hui
dans un pays comptant plusieurs millions de travailleurs pauvres, de
chômeurs et de précaires, la partie la plus importante de la population,
celle qui fait les gouvernements, fait partie de la classe moyenne : une
classe moyenne très hétérogène, qu’il est impossible de réduire à une
figure centrale mais dont on pourrait dire qu’elle a plus à perdre que ses
chaînes : elle a un statut social qui lui permet de se différencier de la
classe ouvrière, elle consomme, est propriétaire. Elle attend de l’Etat
qu’il lui garantisse la sécurité de ses biens. Le résultat du premier tour
des élections présidentielles nous a montré que les discours sécuritaires
et xénophobes avaient trouvé des oreilles attentives de son côté : petits
patrons, commerçants et artisans évidemment soit l’électorat classique de
la droite réactionnaire, mais également des employés souvent modestes
effrayés par les risques de prolétarisation qui pèsent sur eux. Marx avait
en ce sens raison d’écrire que « la sûreté est le plus haut concept social
de la société bourgeoise », que « le concept de police, c’est l’idée que
la société toute entière n’existe que pour garantir à chacun de ses
membres la conservation de sa personne, de ses droits et de sa propriété
». En ce sens un Etat qui se recentrerait sur une de ses fonctions
régaliennes, ici le maintien de l’ordre, les satisferait assez ; de même
que cela satisferait tous les libéraux désireux de libérer l’entreprise
capitaliste du compromis fordiste, du droit du travail et des mécanismes
de redistribution des profits. Quand une partie de cette classe moyenne
s’engage à gauche, elle s’affiche citoyenne et démocrate, partisane d’un
Etat social, providence, protecteur. Bref, elle défend l’Etat qui la fait
vivre et lui donne une identité sociale ; elle défend ses intérêts de
classe. Or c’est cette fraction social-démocrate qui anime aujourd’hui la
plupart des mouvements sociaux. Et je ne crois guère en la capacité de la
classe moyenne salariée à remplacer le prolétariat industriel au titre de
« sujet révolutionnaire », bref d’être porteuse d’un projet d’émancipation
sociale et politique.
Et cet Etat que nous voulons détruire, quelle est sa nature ? Est-il
seulement une superstructure aux mains des dominants ? Est-il un
organisme parasitaire, reflet passif des transformations de
l’infrastructure et des luttes sociales, ou bien est-il « autre chose »,
un « autre chose » beaucoup plus complexe à cerner et à combattre ? Cette
question se pose de façon toute particulière en France où l’Etat a sans
cesse étendu son emprise sur la société civile, se constituant une immense
machine administrative capable de le servir ; une machine dirigée par une
caste de hauts fonctionnaires peuplant les ministères, les entreprises
nationalisées et les services publics, et jouant un rôle essentiel dans
l’évolution de la structure industrielle du pays ; une machine tellement
puissante qu’elle fait vivre ou survivre bien au-delà du cercle des
fonctionnaires et travailleurs de l’Etat ; une machine qui contrôle en
fait la totalité de la vie sociale. La société disciplinaire d’hier qui
visait à cadrer, domestiquer les classes laborieuses et dangereuses pour
leur faire admettre la tutelle étatique et l’ordre industriel à céder la
place aujourd’hui à une société de contrôle qui repose sur
l’intériorisation par les individus eux-mêmes de la domination.
Il est évidemment fini le temps du « militantisme de caserne » pour les
uns, de « l’engagement fort » pour les autres. Les sociologues comme Nonna
Mayer ou Jacques Ion qui ont travaillé sur cette question-là ont dressé le
tableau suivant : « l’engagement est plus distancié, plus individualisé,
moins englobant. On s’engage sur une cause ponctuelle et précise, quitte à
abandonner quand on en trouve de plus attirantes ». Certes il est plutôt
rassurant de savoir que ceux qui s’engagent recherchent des espaces plus
conviviaux, moins autoritaires et plus souples dans lesquels ils puissent
s’y retrouver. Le problème est que ces pratiques militantes moins
sacrificielles sont, mais est-ce étonnant, typique de l’ère du temps
marqué par un individualisme fort : certes on fait entendre ses
convictions, mais on consomme également du politique et de la radicalité,
et on a du mal à inscrire sa militance dans la longue durée.
J’imagine que certains se demandent où je veux en venir et trouvent
peut-être que je me suis éloigné bien loin de la question de l’abstention
révolutionnaire. C’est vrai, mais pas tant que cela.
Nous sommes entrés dans une nouvelle phase du développement capitaliste
marquée par le caractère hyperconcurrenciel du marché et la volonté
d’abolir au maximum les restrictions à l’échange des productions
matérielles et immatérielles, les restrictions à la marchandisation de
tout ce qui existe. Ce « nouveau capitalisme » bouscule et entend
redéfinir la place et la fonction de l’un des piliers sur lesquels «
l’ancien » s’était établi : l’Etat-nation, là où s’exerce le jeu
démocratique, le cirque électoral, bref la souveraineté populaire.
Nous nous retrouvons dans une situation très inconfortable qui fait dire à
Noam Chomsky par exemple que « face aux énormes concentrations de pouvoir
privé (qui) existent et qui n’ont aucun compte à rendre à la population »,
« il n’y a qu’une seule manière de défendre les droits bafoués et de les
accroître : maintenir la seule forme de pouvoir illégitime qui soit
sensible au public et sur lequel celui-ci puisse avoir quelques influence
: l’Etat ».
Ce nouveau monde en gestation qui s’annonce sans contrepoids véritable
autre que la défense du compromis fordiste, doit à mon sens nous amener à
redéfinir ce que peut être un anarchisme pour ce siècle, ce que peut être
une rupture révolutionnaire et quelle forme peut prendre la subversion
aujourd’hui. Bref, comme l’écrivait Berneri en 1922, élaborer « un
anarchisme critique qui ne se contente pas des vérités acquises, des
formules simplistes, un anarchisme qui soit à la fois idéaliste et en même
temps réaliste, bref un anarchisme qui greffe des vérités nouvelles sur le
tronc des vérités fondamentales, tout en sachant tailler ses vieilles
branches ».
Et peut-être que la centralité de l’abstentionnisme dans la théorie
libertaire est une de ces vieilles branches. En clair, cette question doit
être détabouisée. C'est à mon sens une question de tactique qui doit
prendre en compte à la fois l'état des rapports de classes dans la société
et celui des forces révolutionnaires. Ce ne peut être qu'un positionnement
défensif qui ne serait que le constat lucide de notre incapacité à faire
de l'abstention révolutionnaire une arme politique mobilisatrice, que le
constat lucide de notre faiblesse face à l'adversité et de notre isolement
au sein du mouvement révolutionnaire.
Patsy
<patsy-alternantes(a)internetdown.org>
Texte issue de l'émission de radio "Le Monde comme il va"
Hebdo libertaire d'actualité politique et sociale, nationale et
internationale
Tous les jeudis de 19h à 19h50
Alternantes FM 98.1 Mgh (Nantes) / 91 Mgh (Saint-Nazaire)
Alternantes FM 19 rue de Nancy BP 31605 44316 Nantes cedex 03
http://www.alternantesfm.net/sommaire.htm
à 22:36