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Déterminés, les travailleurs pauvres se rebiffent
 Lu sur L'Humanité : « Depuis le début du mouvement, nous symbolisons une nouvelle famille, celle de la précarité. » Emmitouflé dans son blouson, Newton, un gestionnaire de stock, ne décolère pas. « Les fêtes, nous les passerons ensemble s’il le faut... Nous avons déjà prévu le sapin de Noël ! Nous sommes tous prêts à rester le temps qu’il faudra, jusqu’à début janvier peut-être. » Malgré des températures frôlant les négatives, la détermination est au rendez-vous. Cela fait dix jours maintenant que, se relayant nuit et jour, plusieurs dizaines de salariés ont planté le piquet de grève devant leur entrepôt au Bourget (Seine-Saint-Denis), qui répond aux commandes en vêtements des magasins. « Au début, nous étions une trentaine à peine ; une semaine à près, nous sommes entre 80 et 100 grévistes, soit le tiers de l’effectif », explique non sans fierté Jules Pelmar, délégué syndical CGT. « Cela fait plus de deux mois que nous prévenons la direction de notre mécontentement croissant, mais elle refuse toujours de nous écouter. Même si c’est difficile financièrement de faire grève en cette période, nous nous y sommes tous préparés et nous tiendrons. »

Seuls quelques-uns atteignent le SMIC

Depuis le lundi 13 décembre, plus aucun camion ne sort ni ne rentre de l’unique entrepôt français du groupe de confection suédois H & M, qui alimente aussi les magasins du groupe en Italie. Devant le refus de toute forme de dialogue du directeur de l’entrepôt Alexandre Melon, les salariés sont donc passés à l’action pour faire entendre leurs revendications : à savoir un salaire minimum de 1 400 euros, le paiement de l’intéressement, le versement d’un quatorzième mois de salaire, l’amélioration des conditions de travail et le droit au respect des salariés. Sur un effectif de 300 personnes travaillant à l’entrepôt du Bourget, les montants inscrits sur les feuilles de paie oscillent entre 650 et 1 150 euros, même pour les plus anciens. Selon Gemina, employée depuis 1998, « seuls quelques-uns atteignent le SMIC, dans ces conditions il est légitime de réclamer une augmentation de salaire de 11 % ».

Déjà à la fin de l’année 2000, une première grève avait éclaté pour les mêmes raisons. Après quelques jours de bras de fer avec la direction, une entente avait finalement été trouvée. En contrepartie d’un blocage des salaires sur trois ans, les employés avaient obtenu le paiement d’un treizième mois et une prime d’intéressement. L’accord ayant pris fin en décembre 2003, la prime d’intéressement a été immédiatement supprimée... pas le gel des salaires. Des renégociations devaient ainsi voir le jour dès janvier 2004. D’abord prévues en mars, puis reportées en juillet et finalement en novembre 2004, les syndicats s’y étaient préparés. Chacune des organisations (CGT, CFDT et FO) avait élaboré des dossiers étoffés pour expliciter les demandes salariales. « Mais sur nos dix pages de revendications, la direction n’a retenu que deux mesures dérisoires : arrondir les tickets restaurants à 7 euros [soit une augmentation de 10 centimes -NDLR] et accorder deux jours de congés pour garder un enfant malade », s’indigne Fofana Modibo, délégué syndical FO. En contradiction avec l’avis de la grande majorité des salariés, le nouvel accord est tout de même conclu fin novembre grâce à l’unique signature de la CFE-CGC. « Face à la montée de la grogne parmi le personnel, la direction a même fait appel à des maîtres-chiens pour nous empêcher de paralyser l’activité de l’entrepôt », insiste Jules Pelmar.

Une entreprise en bonne santé

En période de fête de fin d’année, cette grève est délicate à gérer pour la direction de H & M. « Nous constatons une perte sensible du chiffre d’affaires et un préjudice important pour notre image de marque », déplore Alexandre Menon, directeur logistique nommé à la tête de l’entrepôt du Bourget depuis un an. « Pour faire face au surplus d’activité provoqué par les achats des cadeaux de Noël, nous sommes obligés de faire livrer nos magasins à partir de nos établissements dans les pays limitrophes. » Pourtant, le groupe suédois de confection de vêtements n’a pas la tête dans le rouge. Ses marges de profits sont même très confortables. Connaissant un chiffre d’affaires en constante croissance depuis sa création, H&M vient de connaître un nouveau succès grâce au « coup commercial » très médiatisé lancé en novembre : la vente dans vingt pays d’Europe et d’Amérique du Nord d’une ligne dessinée par le couturier Karl Lagerfeld. « La collection « Lagerfeld for

H & M » s’est arrachée en quelques minutes et représente évidemment une part de l’évolution des chiffres », a déclaré Carl-Henric Enhoeming, porte-parole de l’enseigne. Dans ces conditions, le refus de la direction du Bourget d’augmenter les salaires semble difficilement compréhensible. « Nous représentons pourtant le coeur du groupe en France et en Italie », s’indigne Fofana Modibo.

« La direction prêtant être totalement surprise par cette grève. Or, nous l’avons commencé le lundi 13 décembre, à 9 heures du matin et vingt minutes plus tard, un huissier était déjà sur place. Il est impossible qu’il soit arrivé si rapidement sans en avoir été averti auparavant. » Pour contrer le mouvement de grève, la direction a préféré le recours judiciaire à l’ouverture du dialogue.

Délibéré le jour de Noël

En six jours, huit huissiers appelés par Alexandre Melon se sont déplacés au Bourget pour vérifier s’il était réellement impossible pour les transporteurs de livrer la marchandise. Lundi après-midi, 76 salariés ont été assignés au tribunal de Bobigny par la direction. De manière toute à fait arbitraire car certains employés accusés « d’entrave à l’activité économique » ne font pas partie des grévistes. Or, si l’initiative patronale de faire appel à la justice visait à prouver l’illégalité de l’action afin de faire immédiatement lever le piquet de grève par les forces de police, les magistrats en ont décidé autrement. La juge a fixé la date du délibéré au 24 décembre, et permet donc indirectement la continuité du mouvement de grève jusqu’à Noël. « Ce serait bien de trouver un médiateur car, si un blocage n’est dans l’intérêt de personne, il paraît légitime que la bonne santé d’H & M. puisse se répercuter sur les salaires des employés », a-t-elle ajouté au terme de l’audience. Le lendemain, le préfet de Seine-Saint-Denis Jean-François Cordet est intervenu personnellement pour demander à la direction départementale du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle « d’assurer une médiation afin de faciliter le dialogue et d’explorer les possibilités d’un règlement négocié du conflit ». Un véritable coupe de massue pour la direction, son objectif n’étant pas de trouver une entente avec les grévistes mais de « casser » le mouvement au plus vite pour tirer pleinement profit du dynamisme commercial des fêtes.

Ainsi, Alexandre Melon a refusé la proposition préfectorale d’une médiation et a même provisoirement délocalisé dans une plate-forme de Santely l’activité de redistribution de l’entrepôt en grève. Contourner le mécontentement salarial en attendant l’épuisement du mouvement, telle est la stratégie patronale. Mais c’est compter sans la détermination des grévistes qui, pour atteindre leurs revendications, sont capables de « tenir au moins juqu’au 12 janvier, jour de l’ouverture des soldes ». En attendant le début de l’année 2005, le nouveau délai accordé par la juge réjouit les grévistes, à l’instar de Mounia. « Nous sommes venus la tête haute, nous repartons la tête haute. Jusqu’à Noël, la direction ne peut plus rien nous dire. La pression est montée d’un cran et ce serait désormais dans leur intérêt. Sinon nous continuerons l’action jusqu’au délibéré le 24 décembre qui, espérons-le, nous apportera un joli cadeau de Noël ! »

Christelle Chabaud
Ecrit par libertad, à 22:48 dans la rubrique "Social".



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