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La nouvelle édition du Bip 40 : un avis d’alerte sociale
Lu sur BIP40 Quoi qu’on en dise, l’économie française se porte bien ! Elle produit aujourd’hui 60 % de richesses en plus qu’il y a vingt ans. Le Cac 40 a doublé, les revenus financiers ont triplé leur part dans le revenu des ménages, et le nombre de grandes fortunes n’a jamais été aussi élevé. Ce n’est donc pas la crise pour tout le monde... En même temps, Rmistes, salariés pauvres et SDF semblent n’avoir jamais été si nombreux. L’accroissement de l’extrême richesse et de l’extrême pauvreté devrait logiquement signifier une hausse massive des inégalités dans notre pays. Pourtant les chiffres de l’Insee, ne montrent aucune augmentation des inégalités, bien au contraire.

Taux de pauvreté monétaire (Insee)

Source : Insee. Taux de pauvreté monétaire (au seuil de 50%) calculé par l’Insee à partir des enquêtes portant sur les revenus fiscaux. Le champ retenu est celui des individus vivant dans des ménages dont le revenu déclaré au fisc est positif ou nul et dont la personne de référence n’est ni étudiante, ni militaire du contingent.

La nouvelle édition du Baromètre des Inégalités et de la Pauvreté (Bip 40), que publie le Réseau d’Alerte sur les inégalités (Rai), propose un diagnostic alternatif à celui de l’Insee, et constitue un signal d’alarme pour tout le corps social. Il en ressort qu’après une brève amélioration en 2000 et 2001, les inégalités et la pauvreté sont vigoureusement reparties à la hausse dès 2002.

Source : Rai. Si chacun des indicateurs élémentaires qui composent le BIP se situait à son plus bas niveau d’inégalité observé sur la période, le BIP afficherait une valeur de 0 ; réciproquement avec la valeur maximale d’inégalité pour chaque indicateur élémentaire, le Bip 40 plafonnerait à 10.

Clin d’œil - inamical - au Cac 40, l’indice Bip 40 est construit sur la base de plus de 60 séries de données (produites d’ailleurs dans leur très grande majorité par la statistique publique) regroupées en six grands domaines : revenus, emploi, éducation, logement, santé, justice. Il veut offrir un « portrait social » en profondeur de la réalité des inégalités, de la pauvreté, des conditions d’emploi, de travail et de vie dans la France d’aujourd’hui. Pour chacun de ces domaines, le Rai, avec ses modestes moyens, a tenté de recueillir les données pertinentes pour calculer un indice élémentaire qui traduit l’évolution de la « misère du monde ». Ces indices sont ensuite combinés dans un indicateur synthétique : le Baromètre des inégalités et de la pauvreté, résume ainsi une grande quantité d’information sur les tendances de la cohésion sociale - ou plutôt de la fracture sociale.

La fracture sociale s’élargit

Un premier constat s’impose sans ambiguïté à la lecture du graphique : le Bip 40 a fortement progressé depuis 1983. Notre indicateur est manifestement mieux en phase avec l’opinion publique que les indicateurs officiels. Un deuxième constat, au moins aussi intéressant, suit immédiatement : la dégradation du tissu social n’est ni continue ni inéluctable. Rapide dans les années 80, elle s’est interrompue au début des années 90. Elle a repris de 1993 à 1999, puis a reculé en 2000 et surtout 2001, avant de repartir à la hausse en 2002.

L’explication de ces mouvements est complexe, et ne renvoie pas uniquement à la croissance économique. Bien sûr, quand l’économie va mieux, les salaires augmentent, le nombre de chômeurs ou de RMIstes recule, la précarité de l’emploi se stabilise, les expulsions de locataires ou les chèques impayés sont moins nombreux. Le Bip 40 peut alors diminuer, d’autant que nous avons choisi de donner un fort poids à l’indicateur de chômage, de précarité et de condition de travail (il pèse 25% du Bip 40, de même que l’indicateur d’inégalités de revenu et de consommation, chacun des quatre autres domaines - santé, éducation, logement et justice - pesant pour 12,5%).

Mais en même temps, d’autres facteurs jouent de façon assez indépendante de la croissance économique. Ainsi les inégalités en matière d’éducation se sont nettement réduites jusqu’en 1993, grâce au développement de la scolarisation, mais elles se maintiennent depuis. L’indicateur dans le domaine du logement augmente quand les hausses des loyers sont très supérieures aux hausses des prix, ce qui reflète largement les cycles spéculatifs de l’immobilier. L’indicateur en matière de justice dépend très clairement des politiques pénales des gouvernements en place : le virage sécuritaire de 2002 a fait s’envoler les taux d’incarcération et la proportion de détentions préventives, alors que la proportion de demandeurs d’asile qui obtiennent le statut de réfugié continue à baisser. Ces facteurs contribuent fortement à la récente dégradation du Bip 40.

Revenus et conditions de travail : les salariés trinquent !

La pression patronale et gouvernementale sur les salaires et les cotisations, continue depuis 20 ans, a contribué au développement des emplois à bas salaires, majoritairement occupés par les femmes et les jeunes : les bas salaires concernent 16,2 % des salariés en 2002 contre 11,4% en 1983. Sur cette période le salaire moyen s’est rapproché du Smic : il est passé de deux fois et demi le Smic à seulement deux fois le Smic. Le gouvernement Raffarin, tout en sortant des Smic multiples laissés par les lois Aubry, en a profité pour supprimer l’indexation du Smic sur le salaire moyen : l’écart devrait donc se creuser plus rapidement encore dans la période à venir.

La part de la population vivant de minima sociaux (6 % en 1980) approche désormais les 10 %. Rien qu’au cours des dix dernières années, le taux de surendettement des ménages et le nombre de chèques sans provision augmentent de plus de 50 %. En même temps, les revenus financiers font plus que tripler, et le seul impôt redistributif, l’impôt sur le revenu, est raboté par tous les gouvernements : l’indice d’inégalités de revenus, qui combine ces données, contribue à faire grimper le Bip 40, dont il constitue l’une des six composantes.

Pour autant, les conditions de travail ne se sont pas améliorées. Loin de là ! Ainsi, le travail de nuit, dont on connaît les nombreux effets négatifs sur la santé, augmente fortement surtout pour les ouvriers. Les salariés déclarent de plus en plus devoir réaliser un travail répétitif ou supporter des postures pénibles. Les accidents du travail déclarés, après avoir diminué jusqu’en 1996, sont repartis à la hausse, et les maladies professionnelles (surtout les troubles musculo-squelettiques) ont explosé, à cause de la pression excessive exercée sur les salariés pour qu’ils soient plus productifs. Entre 1990 et 2002, la dégradation des conditions de travail tire aussi le Bip 40 à la hausse, c’est-à-dire dans la mauvaise direction.

Le chômage enraciné

Malgré les vingt milliards d’euros gaspillés chaque année par l’Etat pour les exonérations de cotisations sociales, le taux de chômage demeure élevé. Pourtant la statistique médiatisée a été « nettoyée » de toutes sortes de demandeurs d’emplois, en particulier ceux qui ont travaillé quelques heures dans le mois. Si l’on tient compte, comme le fait le Bip 40, de l’ensemble des salariés inscrits à l’ANPE, le chômage a augmenté de plus de 60 % au cours des vingt dernières années. Et, n’en déplaise à ceux qui dénoncent les fraudeurs ou les paresseux, il ne fait pas bon être chômeur : la part des chômeurs non indemnisés dépasse encore les 40 % en 2002, même si elle avait un peu diminué au tournant des années 2000. Les effets de la défunte convention Unedic de fin 2002 ne se feront pourtant sentir dans le Bip 40 que pour les chiffres de 2003.

Outre le niveau du chômage (tous chômeurs confondus), notre indicateur de chômage prend en compte les inégalités de chômage entre les salariés (entre les femmes et les hommes, les jeunes et les moins jeunes, les ouvriers, les employés et les cadres). Il tient compte aussi de la durée du chômage et de la part des chômeurs non indemnisés. Sur l’ensemble de la période 1983-2002, c’est cet indicateur de chômage qui a le plus contribué à la hausse du Bip 40, même si une amélioration sensible a été observée entre 1998 et 2001.

Une précarité multiforme

Parmi les salariés qui ont officiellement un emploi, la précarité a développé plusieurs visages, que le Bip 40 s’efforce de décrire. Le « sous-emploi » concerne ceux qui travaillent malgré eux à temps partiel : ils sont un million aujourd’hui, notamment dans des secteurs tels que la restauration ou l’hôtellerie. Le nombre d’intérimaires comptabilisés par l’Insee est multiplié par quatre entre 1985 et 2002 : si à court terme l’augmentation de l’intérim peut refléter une reprise de l’activité et se transformer en embauches fermes par la suite, une telle augmentation sur longue période apparaît comme un facteur important de précarisation de la main-d’œuvre. En même temps le nombre de salariés sous contrat à durée déterminée a été multiplié par trois. Au sein du Bip 40, l’indice reflétant la précarité n’a cessé de croître sur toute la période, hormis une légère baisse en 2002 liée au léger recul de l’intérim avec la récession.

Santé : l’inégalité la plus radicale

La répartition des richesses, l’organisation de la protection sociale, le niveau des inégalités ont un effet bien plus important en matière de santé que les progrès de la médecine. Le Bip 40 confirme ce constat : de toutes les statistiques mobilisées, celle qui reflète l’inégalité la plus criante, s’il en faut une, concerne les écarts d’espérance de vie. En 1982, un cadre vivait en moyenne presque cinq années de plus qu’un ouvrier. Vingt ans plus tard, l’écart atteint un niveau record de huit années. Outre l’amélioration des conditions de vie et de travail, l’accès égal aux soins (qu’il s’agirait aujourd’hui de mieux gérer) ou la prise en charge collective des dépenses médicales (que M. Douste-Blazy a prévu de réduire) s’avèrent essentiels pour que la lente progression de la part des soins de santé dans la richesse créée puisse bénéficier également à tous. Ainsi, la création de la CMU a pu constituer un progrès, même si, notamment en raison de ses conditions d’accès, certaines populations en restent exclues. Cependant, parmi les 100 mesures de la récente loi de santé publique, une seule porte directement sur les inégalités. La volonté de « responsabiliser » les patients qui s’affirme aujourd’hui avec les projets de réforme de l’assurance maladie ne peut conduire qu’à un accroissement des inégalités, puisqu’il s’agit de laisser à la charge des patients une part plus grande de la dépense de santé. Après de réels progrès, il ne faudrait pas que le droit à la santé redevienne un droit inaccessible à une part importante de la population.

Un toit, c’est un droit ?

La réalité du droit au logement a été sérieusement remise en cause au cours des vingt dernières années. La part de la dépense des ménages consacrée au logement est en forte augmentation depuis vingt ans, pour atteindre 20 % aujourd’hui. Le récent rapport de l’Observatoire de la pauvreté remarquait d’ailleurs que ce taux d’effort est encore bien plus important pour les ménages pauvres. L’évolution du Bip 40 dépend également de la confrontation de l’indice des prix des loyers à l’indice global des prix à la consommation (tous deux calculés par l’Insee). En 2002, les prix des loyers augmentent deux fois plus vite que la moyenne des prix, alors que dans le même temps était prise la décision de geler les aides personnelles au logement. La politique du logement adoptée dans la période récente ne semble pas favorable à une réduction des inégalités : alors que depuis 1999 le nombre d’expulsions est de nouveau en hausse, l’action gouvernementale se concentre sur l’accès à la propriété et la relance du logement locatif privé.

Les trous noirs de la statistique publique

Constituer une telle base de données est un exercice instructif également quant aux questions qu’une société préfère ne pas se poser. On l’a dit, le système statistique public ne donne aucune vision d’ensemble de la distribution des revenus dans notre société, ce qui est proprement incroyable. Mais d’autres lacunes sont criantes, par exemple sur les discriminations. On n’évoquera ici que les inégalités hommes - femmes : le seul domaine où il est relativement aisé de les retracer est celui du travail. Nous avons retenu trois indicateurs sexués : le taux de chômage relatif des femmes (qui connaît une nette baisse sur l’ensemble de la période), le rapport entre les salaires moyens féminin et masculin (qui s’est lui aussi amélioré mais n’évolue plus guère depuis 1993), et la part des femmes dans les contrats à temps partiel (qui reste désespérément à plus de 80%). Pour le reste, il n’existe aucune statistique sexuée permettant de décrire les évolutions de long terme, qu’il s’agisse d’éducation, de santé, de logement... Pourtant, la question des familles monoparentales, pour la plupart dirigées par des femmes, est certainement une dimension majeure de la précarité dans notre pays. Ajoutons que le Bip 40 ne comporte malheureusement pas d’indicateurs de la participation citoyenne à la vie politique et associative, faute d’avoir pu trouver de tels indicateurs annuels ; a fortiori nous n’avons pas d’indicateurs des inégalités de genre dans ce domaine...

Le Bip 40 conduit aujourd’hui à tirer la sonnette d’alarme

On peut bien sûr, comme pour tout indicateur synthétique, discuter des coefficients et pondérations accordés à telle ou telle de ses composantes . On peut même contester le principe d’un indicateur synthétique, qui est forcément réducteur. D’autres séries auraient pu être choisies, et nous ne prétendons aucunement avoir constitué un instrument parfait. L’étendre à d’autres pays de l’Union européenne serait une avancée considérable. Il reste que sur les six indicateurs par domaines qui composent le Bip 40, cinq décrivent une augmentation des inégalités et de la pauvreté sur l’ensemble de la période 1983-2002. Seul l’indicateur d’éducation s’est légèrement amélioré, surtout d’ailleurs au cours des années 1980.

L’intérêt de l’outil réside surtout dans sa fonction politique. Contrairement aux pauvres statistiques de la pauvreté que publie l’Insee, il permet aujourd’hui de lancer un avis d’alerte sur l’état de la société française, sur le manque d’ambition des politiques sociales mises en œuvre, sur le caractère multiforme et envahissant des manifestations de la décohésion sociale dans notre pays. Nul doute que la crise de la démocratie ne se nourrisse de tous ces éléments de décomposition. En même temps il est frappant que le 21 avril 2002 soit survenu à l’issue d’une période de nette amélioration du Bip 40. Peut-être les électeurs avaient-ils déjà compris la grande fragilité de cette embellie, en l’absence d’une réorientation radicale des politiques économiques et sociales, à l’échelle française et européenne, qui seule pourrait durablement inverser la dangereuse croissance du Bip 40.


Michel Maric, Anne Fretel, Thomas Coutrot

Cet article est paru dans Politis du jeudi 27 mai 2004.





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> BIP 40 - 28/5/2004 - 16 h 11
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Ecrit par libertad, à 16:22 dans la rubrique "Social".

Commentaires :

  Anonyme
28-05-04
à 16:32

Il y a quoi de plus beau qu'un monde différent et inégalitaire...(enfin parfois) Admire comme les petits africains qui ne vivent avec 2franc par jour ont un sourire grandiose et apporte la joie... Heureusement qu'il y a des inégalités et que le monde n'est pas un clonage d'une personne a qui tout va bien n'a pas de problème de tune a un travail et qui est malheureux car il n'est pas partie en Martiniqque ou en Guade loupe pour ses 20ans de mariage...
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