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L'En Dehors


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Le Centre d’accueil pour réfugiés de Traiskirchen, au Sud de Vienne (Autriche)

Lu sur Samizdat.net : "Je suis membre du Comité Tchétchénie de Paris et à ce titre j’ai rencontré beaucoup de réfugiés tchétchènes en France. En parlant avec les autres membres du Comité, avec les gens qui travaillent dans les centres d’accueil en France, à l’OFPRA, à la préfecture, et devant l’augmentation de réfugiés expulsés vers d’autres pays européens (vers l’Autriche pour la majorité des Tchétchènes), selon la Convention de Dublin (détermination de l’Etat responsable de la demande d’asile en Europe), j’ai eu envie d’aller voir ce qu’il arrivait à ces réfugiés refoulés.

Voilà ce que j’ai vu en Autriche à la fin du mois de janvier 2004.

En entrant dans le camp, ce qui frappe c’est le calme et l’aspect vide du camp. C’était un jeudi vers midi. Un grillage de 2m entoure tout le camp qui appartient au Ministère de l’Intérieur autrichien. C’est une ancienne caserne impériale, transformée en école militaire pour les SS pendant l’entre-deux-guerres, puis en camp d’accueil pour les réfugiés slovaques qui ont émigré en masse après le 2nde Guerre mondiale. Et depuis, les vagues de réfugiés se succèdent.

Il semble que tous les Tchétchènes soient dirigés dans celui-ci (il y a 5 centres comme celui-ci en Autriche, et Traiskirchen est le plus important en taille  ici ce sont majoritairement des Tchétchènes, des Afghans et des Africains). Géré jusqu’en 2003 par le Ministère de l’Intérieur, il était alors très difficile d’obtenir des informations sur les conditions d’accueil des réfugiés. Depuis février 2003, le gouvernement autrichien a cédé la gestion du camp (sécurité, entretien, hygiène et alimentation) à une entreprise privée ouest-allemande, European Homecare, entreprise qui avait pris en charge de nombreux logements sociaux en ex-Allemagne de l’Est à la chute du mur. Et depuis un an, les conditions semblent s’être dégradées. Beaucoup d’ONG ont vivement critiqué la gestion de European Homecare, et il y a eu de graves problèmes d’abus sexuels et de bagarres, tous liés, semble-t-il en partie, à un manque de surveillance dans le camp et à une trop grande négligence des paramètres de sécurité. Officiellement, le camp ne peut accueillir que 1500 personnes, mais le nombre de places a été porté à 1800 en décembre 2003, parce qu’il y avait trop de réfugiés dans les rues de Vienne. Augmentation de fait, mais aucune pièce n’a été ouverte en plus, aucun lit rajouté.

A l’intérieur de ce camp, les bâtiments sont tous d’époques différentes. Il y a 8 corpus, mais seulement 4 sont affectés à l’accueil des réfugiés, les 4 autres sont désaffectés.

- Corpus 1
- Corpus 2
- Corpus 7, Maison Liszt
- Corpus 8, pour les femmes et les enfants uniquement

Je suis rentrée dans le corpus 7 et le 8, avec l’aide d’un Tchétchène qui habite à Vienne depuis plus d’un an. Il a fallut faire vite, parce que tous les « non-réfugiés » qui pénètrent dans le camp risquent de se faire mettre à la porte bien vite (c’est paraît-il arrivé à plusieurs journalistes).

Nous sommes d’abord entrés dans le Corpus 7. Extérieurement, le bâtiment est ravalé et propre. Quelques jeunes jouent au foot devant. Deux femmes avec des enfants dans les bras sortent sur le pas de la porte. Nous entrons. Dedans, tout est vétuste. Les plafonds sont très hauts, on a l’impression de rentrer dans un vieux collège, style IIIème République, avec des grosses dalles de pierre froide au sol, des murs peints en verre clair, des portes qui ferment mal et des courant d’air dans les couloirs. Ils sont très larges, pas un bruit quand nous y pénétrons. Les portes en fer sont lourdes et donnent à l’ensemble un air de prison.

Et puis nous visitons une première « chambre. » Des lits en hauteurs, des lits collés les uns aux autres : dans 20 m2, au moins 8 personnes vivent là. Le deuxième chambre, juste à côté de la première m’impressionne énormément et je comprends enfin l’angoisse que je lisais sur les visages en entrant, la fatigue et la difficulté de vivre ici, comme en sursis : une pièce de 60 m2 où 40 personnes vivent entassées ! Certaines familles me montrent leur « chambre » : sur un lit double à étage ils ont tendu les couvertures grises qu’on leur a données. Plutôt que de se couvrir avec, ils s’en servent comme de « murs » pour préserver un peu d’intimité et circonscrire un lieu à soi. Quand ils écartent les couvertures, on trouve un lit fait de draps uniquement. Au-dessus, ils entassent leurs maigres bagages, souvent un sac et quelques habits, c’est tout.

Certains n’ont rien d’autres que les habits qu’ils ont sur eux : quand en France on les a expulsés, on ne leur a pas permis de prendre leurs affaires et leurs papiers restés à l’hôtel. La nuit, les hommes dorment en haut, « pour surveiller », et en dessous, sous les couvertures, les femmes et les enfants. Certains respirent mal, nous disent des mères. Et jamais les draps et couvertures ne sont lavés. On ne leur donne généralement qu’un paquet de lessive par famille pour 2 mois, et pas de savon. Pas de draps supplémentaires non plus. Et quand les femmes demandent des produits de nettoyage, du savon, le personnel leur « rit au nez. » Cette réflexion, beaucoup la font, beaucoup de femmes sont choquées par l’attitude des gens qui sont sensés s’occuper d’eux.

Comme un leitmotiv, dans chaque pièce que nous visitons, tous nous parlent surtout des queues pour les repas qui durent en moyenne une heure et demi. Et il faut faire la queue systématiquement avec tous les enfants pour pouvoir avoir à manger pour chacun. Si une vieille personne ne peut se déplacer, si un enfant est malade, bref si une personne ne peut pas attendre debout si longtemps, il n’obtient pas sa ration quotidienne. Aucune dérogation n’est possible. Et vers la fin du service, il y a généralement des bousculades que beaucoup ont du mal à supporter. Certains réfugiés ne peuvent plus y aller, ils ne peuvent plus supporter de devoir se battre pour un morceau de pain.

Dans le camp, il y avait en janvier une épidémie de varicelle, tous les enfants étaient malades les uns après les autres, et aucun réfugié n’a vu de médecin ni n’a obtenu de médicament. Dans la première chambre du corpus 7, le matin avant notre arrivée, une femme enceinte de 7 mois venait de partir à l’hôpital après avoir attrapé vraisemblablement la rougeole, sans traitement aucun depuis plusieurs jours. Il y a théoriquement 2 médecins pour tout le camp, mais de toutes les personnes que j’ai rencontrées, aucune n’en a rencontré un. Et les gens malades, sous traitement ou en attente d’opération, ayant fait traduire leurs certificats médicaux et leurs ordonnances en allemand avant leur départ pour l’Autriche n’ont jamais eu accès aux soins dont ils ont besoin. Et toujours le même mépris des seules personnes qu’ils croisent dans le camp.

Même chose pour les avocats, 2 pour tout le camp. Médecins et avocats sont envoyés dans le camp par Diakonie et Caritas, les ONG protestante et catholique. D’autre part, aucun enfant vivant dans le camp n’est scolarisé, et personne ne s’en soucie. Ces enfants qui ont parfois vécu de nombreux mois en Norvège, Belgique, France ou Allemagne, qui ont réappris à vivre avec des autres enfants et qui ont commencé une vraie scolarité en français ou en norvégien se voient replongés dans les soucis de leurs parents, sans espoir aucun pendant de longs mois de reprendre le chemin de l’école et d’apprendre une 4ème voire une 5ème langue.

Il y a une école dans la ville de Traiskirchen, non loin du camp, mais soi-disant par « manque de place », aucun enfant vivant dans le camp n’y a été scolarisé. Les ONG sur place ont mis en place une aide juridique pour les procédures de demande d’asile et les recours en justice et elles n’ont pour l’instant ni le temps ni les moyens de s’occuper des tous les problèmes de scolarisation, d’hygiène, d’aide médicale. Et les juristes que j’ai rencontrés (ONG Diakonie, bureau de Traiskirchen), surchargés de travail, ne savent absolument pas dans quelles conditions vivent les réfugiés dans le camp, alors que leur bâtiment est à 300 mètres !

Tout ça pour dire que personne ne sait rien, que ce qui se passe dans le camp n’est connu de personne d’autres que ceux qui y vivent. Et quand on parle d’abus sexuels, de meurtres, d’insécurité ou d’insalubrité, c’est parce qu’il y a eut généralement une plainte déposée.

Je n’ai pas rencontré ces gens-là, j’en ai vu d’autres. Et je sais que ce que j’ai vu et entendu n’avait encore jamais été vu ou dit à d’autres. Et si je n’avais pas voulu savoir, jamais personne n’aurait rien su de tous ces problèmes-là.

Avril 2004

Selon des informations récentes, le camp est encore plus surpeuplés qu’avant et l’Autriche est surchargée de demandeurs d’asile. De nombreuses familles dorment dans la rue. En décembre 2003, il y avait eu une situation similaire : parce que les réfugiés dormant dans les rues de Vienne étaient plus « visibles » – on en voyait trop en clair – le Ministère de l’Intérieur avait pris cette mesure d’augmenter la capacité d’accueil des centres d’accueil pour réfugiés, portant à 1800 places la capacité d’accueil de Traiskirchen. On ne peut pas parler des tr Mais l’Autriche, petit pays de 8 millions d’habitants, ne peut accueillir tous les réfugiés d’Europe, à la place de la France, de l’Allemagne, de la Norvège qui les refoulent dans les pays frontaliers. Tout le monde peut le constater, il suffit de regarder une carte.

Florence GRANDON, journaliste de profession, a pu se rendre dans un le camp de Traiskirchen et témoigne. Pour la contacter : florence (a) bk.ru

Ecrit par libertad, à 22:45 dans la rubrique "International".

Commentaires :

  isabelle h
23-11-04
à 21:20

réponse à l'article relatif au camp de Traiskirchen

je travaille dans un centre d'accueil de la Croix-Rouge en Belgique mais c'est à titre personnel que je vous fais part de quelques commentaires.
Il y a un an environs nous accueillions dans le centre où je travaille un nombre impressionnants de Tchétchènes en provenance d'Autriche ayant transité par ce fameux camp de Traiskirchen. Je ne peux que confirmer ce qui a été dit dans cet article. Tous étaient unanimes à son sujet . Ils faisaient tous l'objet d'une reprise Schengen vers l'Autriche et étaient dans l'obligation d'y retourner puisque l'Autriche était le premier pays de l'Union par lequel ils étaient passés.
Alors qu'ils avaient tous reçu un ordre de retourner là-bas poursuivre leur procédure d'asile, ils ont entamés un mouvement de protestation et aucun d'entre eux n'y est finalement retournés. Tous ont préféré tenter vainement leur chance dans un autre pays sous une fausse identité ou de rester dans l'illégalité en Belgique plutôt que de retourner là-bas.
Leur témoignage relatif à la vie dans ce centre correspond tout à fait à ce qui a été dit dans cet article.
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