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Anarchisme et végétarisme
Lu sur Libertad : "Je suis végétarien depuis une vingtaine d'années.Au début, c'était pour des raisons de santé et écologiques. En 1989, la lecture de la brochure « Nous ne mangeons pas de viande pour ne pas tuer d'animaux » m'a fait découvrir l'existence du mouvement de libération animale et de l'antispécisme (combat contre ceux qui refusent de prendre en compte les intérêts des animaux non humains).
Il y a toujours eu des anarchistes végétariens mais, comme dans le reste de la population, ils restent ultra-minoritaires. Je me suis toujours demandé pourquoi le végétarisme avait si peu de succès chez les libertaires, alors que le combat pour la libération animale me semble tout à fait faire partie de la philosophie anarchiste.

Pour la plupart des anarchistes, le contenu de leur assiette ne regarde qu'eux-mêmes et il s'agit pour eux d'une question de liberté individuelle. Il ne faut surtout pas se poser de questions sur la somme des souffrances qui ont abouti à ce morceau de viande et ne considérer que son propre plaisir à en manger.

Mauricius écrivait que « les animaux doivent être utilisés ou détruits par l'homme ». Henri Zisly, anarchiste naturien trouvait que le végétarisme était antiscientifique. D'après lui, « il n'est pas intéressant de rechercher la paix entre les hommes et les animaux » et « si les animaux pullulent, ils nous mangent à leur tour ». Henri Beylie, autre naturien, pensait que « chacun était libre de manger ce qu'il veut ».

Récemment, un débat interne a eu lieu à la Fédération anarchiste. Pouvait-on parler ou non d'antispécisme ? Certains pensaient qu'il s'agissait d'une théorie fasciste, d'autres mystique. Bref, il fut décidé de ne pas aborder ce sujet dans les colonnes du « Monde libertaire ».

Peu d'anarchistes ont parlé du végétarisme à l'exception notable d'Elisée Reclus et de certains naturiens comme Louis Rimbault et Georges Butaud.


ELISEE RECLUS
Reclus a exposé ses idées sur le végétarisme dans un article de la revue La Réforme alimentaire paru en 1901. A la suite des philosophes utilitaristes, il défend le bien-être des animaux. Il trouve que la violence qui leur est faite est répugnante. Leur développement et leur épanouissement, possibles à l'état sauvage, sont gravement compromis quand ils ne servent que de nourriture.

Il écrivait : « Pour la grande majorité des végétariens, il s'agit de reconnaître la solidarité d'affection et de bonté qui rattache l'homme à l'animal ; il s'agit d'étendre à nos frères dits inférieurs le sentiment qui déjà dans l'espèce humaine a mis fin au cannibalisme ». Les animaux ne doivent pas être considérés comme de la « viande sur pied » mais comme des « êtres qui aiment comme nous, ressentent comme nous et sous notre influence, progressent ou régressent comme nous ».


LE MOUVEMENT NATURIEN
Entre 1895 et 1938 environ, les anarchistes naturiens purent s'exprimer dans de nombreuses revues « L'Etat naturel », « La Nouvelle Humanité », « La Vie naturelle », « Le Flambeau »... Ils pensaient que la civilisation urbaine était la cause principale de nos souffrances. Un retour à la nature était nécessaire. Ils condamnaient la science, le déboisement, le machinisme et s'opposèrent ainsi à d'autres anarchistes tels que Reclus ou Kropotkine. Ils pensaient qu'une bonne hygiène corporelle et alimentaire les aideraient à lutter contre le capitalisme.

Tous les naturiens n'étaient pas, comme on l'a vu, végétariens. Mais on trouve dans leurs revues plusieurs articles défendant le végétarisme, le végétalisme et le crudivégétalisme.

Le problème de la défense des animaux n'est pratiquement jamais abordé. Dans Le Libertaire, Vegetus écrivait cependant : « Nous ne voulons pas que l'on tue. Nous voulons supprimer la cruauté si déshonorante pour l'humanité ». Les raisons invoquées pour devenir végétarien sont avant tout psychologiques et médicales. Dans L'Encyclopédie anarchiste, Sophie Zaïkowska définit le végétarisme comme un « système d'alimentation excluant tout ce qui est de nature à compromettre l'équilibre physiologico-mental et par voie de conséquence la vigueur de l'homme ». A côté de la viande et du poisson, il faut aussi exclure de son alimentation le sucre, les alcools, le chocolat, le café...


GEORGES BUTAUD (1868-1926)
Il était partisan de la création de colonies anarchistes. Il participa à plusieurs d'entre elles : en 1899 à Saint-Symphorien-d'Ozon dans l'Isère, de 1902 à 1906 à Vaux dans l'Aisne avec sa compagne Sophie Zaïkowska, en 1913 à Saint-Maur puis à Bascon dans l'Aisne.

Il pratiqua le végétalisme à partir de 1918. Pour lui, il ne servait donc à rien d'élever des vaches et des volailles. Il participa à des revues telles que « Le Végétalien » ou « Le Néo-Végétalien ». Il pensait que ce mode d'alimentation devait être propagé « pour le bien de l'humanité et de l'animalité ». Il était opposé à la chasse et faisait l'éloge des « camarades singes » qui vivent une vie saine et non falsifiée.

En 1923, il fonda un foyer végétalien à Paris. On pouvait y manger et y dormir pour des sommes modiques. On pouvait également y assister à des conférences. Plusieurs foyers de ce type existaient alors à Paris et en province. Léo Malet, dans « Brouillard au Pont de Tolbiac », raconte son expérience dans un foyer végétalien. Georges Navel évoque le foyer de Butaud dans son livre « Parcours ».


LOUIS RIMBAULT (1877-1949)
Louis Rimbault était issu d'une famille nombreuse où l'alcoolisme faisait des ravages. Il participa également à plusieurs colonies libertaires : Pavillons-sous-Bois, Bascon, Luynes (Indre-et-Loire). Il fut emprisonné au moment de l'affaire Bonnot. Les membres de la Bande à Bonnot fréquentaient les colonies anarchistes et étaient végétariens.

Dans « L'Encyclopédie anarchiste », il écrivit plusieurs articles sur la médecine. Il pensait que seul le végétalisme pouvait sauver l'homme. Il est l'inventeur d'une salade appelée La Basconnaise. C'était le plat de base dans les milieux végétariens de l'époque. Elle se composait de 34 variétés potagères : chou vert, verdures variées, tubercules, carottes, pommes de terre cuites, oignons... Il était également opposé à l'alcool, au vin, au tabac et la cocaïne !

Le végétarisme n'est pas synonyme de tristesse et d'austérité. Le refus de la viande n'est pas un refus des plaisirs de la table. Le végétarisme actuel doit se baser sur l'antispécisme. La consommation d'alcool ou de stupéfiants en tous genres est donc un autre problème.

Alors qu'en Grande-Bretagne, près de 10% de la population est végétarienne, en France le végétarisme se développe très peu. Des expériences isolées ont lieu ici et là. Dans les années 70, à Toulouse deux compagnons anarchistes, Etienne et Rose tenaient un restaurant végétarien nommé « Le Pissenlit ». En 1996, à Marseille, le collectif Dissensus a organisé chaque semaine un repas végétarien avec une trentaine de personnes. En ce qui concerne l'antispécisme, il faut signaler l'excellent travail des « Cahiers antispécistes » qui ont publié 13 numéros entre 1991 et 1996.
Philippe Equy



Ecrit par libertad, à 16:32 dans la rubrique "Pour comprendre".



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