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Lu sur Vegan Tekno : "Du 28 mai au 03 juin un village alternatif, anticapitaliste et anti guerre était installé à Annemasse (74) en réaction directe au sommet du G8 organisé à Evian. Ce village tentait de proposer une alternative concrète et active au capitalisme par le biais de principes tels que l'autogestion et la lutte contre toutes les discriminations et dominations. L'enjeu était de taille et le village a réussit à fonctionner - avec plus ou moins de mal - au niveau technique et logistique. De nombreuses actions se sont déroulées tout au long de la durée de ce village... On ne peut pas en dire autant de la réflexion. Comme le résume trop simplement ce passage d'un slogan scandé lors de toutes les manifs "Nous on ne change pas". Je pense que le vrai problème est là !
Ce village fut une expérience très intéressante, aussi bien au niveau de la tentative de réalisation de pratiques autonomes et alternatives qu'au niveau des limites visibles de ce type de pratiques. Le plus gros problème de ce type de rassemblement est de réussir à faire fonctionner un village alors que la majorité des personnes présentes sont là pour "de l'action" - quelle qu'elle puisse être - bien plus que pour faire vivre une alternative concrète basée sur une véritable remise en question de ses pratiques personnelles et politiques - ce qui n'est en aucun cas être inactif, ni même incompatible avec l'action ! Et quel genre d'actions...
L'une des premières actions "spontanées" du village fut d'aller gêner un congrès du PS qui avait lieu à Annemasse. Quoi de mieux pour se sentir "radical" que d'aller le crier à ceux et celles qui le sont un peu moins. Résultat : gazage en règle et retour au village très tendu escorté de très près par les CRS. Ce genre d'action n'a - à mes yeux - aucun intérêt sinon de se complaire dans une auto-proclamation de radicalité de surface : "Je suis radical car je suis contre le PS". Etre radical ce n'est pas que cela !
Car pendant que les "activistes" réfléchissaient à la prochaine action qu'ils/elles allaient faire le point G - village féministe non-mixte - devait faire la police pour chasser les anti-féministes de leur camps - l'une d'entre elle s'est même fait frapper. Des filles en train de s'embrasser au bar se sont fait traitées de "sales gouines" sans que personne ne réagisse. Cela sans compter les propos homophobes lors des réunions de barrios lorsqu'il était question de former un groupe pour les tentes (tantes, ah! ah! ah!). Ou encore l'espèse d'unanimité puante anti teufeurs et teufeuses qui émanait du village. Sans parler de la cuisine Grand Sud qui a servit du thon à manger sous prétexte que la charte définissait le végétarisme simplement comme "souhaitable". Pour chaque réunion de coordination au niveau des actions il y avait des centaines de personnes, pendant ce temps les débats sur le sexisme, la virilité en milieux militant, le spécisme, ... ne voyaient que difficilement se rassembler une centaine de personnes.
Bien sûr que l'action est importante, bien évidemment que le monde ne va pas changer uniquement à coups de grands discours. Mais ce n'est certainement pas non plus en traitant les flics "d'enculés" lors d'actions stériles que l'on va faire avancer les choses... Les "militant-e-s actifs/ves" allaient aux actions toute la journée - le travail militant - et pendant ce temps les personnes qui restaient au village - les "faibles", les "peureux/ses" - préparaient le repas et assuraient la sécurité du lieux. Une fois de retour d'actions il n'y avait plus qu'à mettre les pieds sous la table !
Et les blacks blocs me direz-vous ? Lors du retour vers le village de la manif officielle de dimanche un "casseur" a faillit se faire lyncher par la foule car il venait de casser la vitrine d'une station essence Total. Sans l'intervention de quelques individu-e-s cette personne se serait fait lyncher sur place, une personne lui ayant arraché sa cagoule au passage. Et je ne pense pas que ces personnes étaient du village intergalactique ou d'Attac comme on a voulu le faire croire ensuite. J'étais présent à quelques mètres de là et pour être intervenu pour protéger la fuite de cette personne je peux affirmer que ce n'était pas le cas puisque nous nous trouvions au coeur du cortège libertaire !
Il n'est absolument pas question ici de condamner les actions - ni même les personnes qui en sont à l'origine ou y participent - lorsqu'elles sont le fruits d'une véritable discussion, d'une volonté et de décisions collectives ou chaque personne a tous les éléments en mains pour se prononcer en connaissance de cause. D'actions ayant un but politique et collectif clair et revendiqué, autre que la simple affirmation de son égo-radicalité. Et d'actions coordonnées avec une remise en question politique de fond de ses actes de ses paroles et de respect des choix et pratiques des autres.
Hugh!