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L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





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Récit du blocage pink&blackblok sur la route, Annemasse, Evian

Lu sur Indymédia Paris : "Récit du blocage par le cortège "pink-silver&blackblok" issu des villages VAAG/Intergalactique, dimanche 1er juin. C'est après avoir suivi un training intensif samedi que trois mille activistes ont décidé d'engager leurs corps dans un piquet intense. Toute la journée, des AG se sont succédées sous une chaleur écrasante pour constituer les divers cortèges de blocage de la région. La méthode est simple et en même temps pas évidente à faire fonctionner ; tu choisis ton cortège suivant tes pratiques, et tu y envois un délégué représentant ton groupe affinitaire après avoir préalablement choisi le rôle que ton groupe a choisi dans ce cortège. En vrac, construction de barricades, musiciens, constitution d'un corps (personnes qui s'enchaînent les unes aux autres), catering, coups de main aux Légal Team, Médical team, etc. Si tu n'as pas de groupe affinitaire, on t'invite à en inventer un avec les autres personnes isolées. Un groupe affinitaire, c'est entre 8 et 15 personnes, ayant choisi d'avoir une pratique commune.

Dimanche

4h00 : Dans le camp, il fait tout noir et on n'y croit pas : nous sommes des milliers de piqueteros. Le "pink-silver&blackblok" démarre au son de la samba. On marche vers là-bas pour bloquer la nationale 206 et empêcher le passage entre Annemasse et Évian, histoire de compliquer la tâche aux délégations et retarder les sessions un maximum. Au centre du cortège, de superbes majorettes roses argent dansent la samba, sur les flancs ; on arrache les panneaux de signalisation, on tire les poubelles ou vole les barrières nadar traînant sur les bas-côtés. D'autres portent des tripodes construits la veille et en tête, un corps d'individus bras-dessus/bras-dessous marche comme un seul homme. Nous avançons d'un pas décidé, nous sommes beaux.

Lacrymogènes vs samba.

6h00 : nous avons marché 7 Kms avant de voir les premiers gyrophares, au loin, sur le premier rond-point stratégique à occuper. Ca n'étonne vraiment personne, il devait avoir des taupes lors de nos ag de la veille. Face à nous, une pompe à eau, et près de 200 crs armés de lacrymogènes. On se tient tout serré/e/s les uns contre les autres et on avance. Arrivés à 50 mètres des robots, ils tirent les premières bombes sans sommation. Impossible de passer. Les masques à gaz, les lunettes de piscines, les gants sortent de nulle part, tout le monde se masque le visage. Ca commence à avoir de la gueule notre performance. Les danseuses de samba, lunettes et masque sur le visage se remuent sous un épais nuage de gaz. Et c'est la samba qui rythmera les allers-retours aux bosquets avoisinants qui servent de réserve de bois. Le cortège recule de 100 mètres et nous commençons à installer les barrières nadar et tout le bric à brac pris sur le chemin, que nous mélangeons aux bois pour bouter le feu à notre barricade. Une cinquantaine de blackboules resteront devant la barricade, cherchant les failles et lançant des projectiles sur les forces de l'ordre. D'autres énervés courront dans les champs avoisinant la route histoire d'attirer les flics à eux et déforcer le barrage. Rien n'y fait, les robots tirent lacrymos en restant bien compacts sur la route. Visiblement, ils ne veulent pas l'affrontement, ils ne veulent pas qu'on les approche.

Surréalisme no-global

Toute une partie de la journée les activistes intergalactiques bloqueront la nationale, en pleine campagne, sous le regard affolé des vaches et avec la complicité des habitants du hameau tout proche. Ceux-ci d'abord rassemblés au bord d'un champ pour observer la scène nous indiquent où trouver du matériel supplémentaire pour la barricade et de l'eau potable en grande quantité avant de nous conseiller d'aller bloquer des départementales proches qui pourraient servir de déviation (tout de suite, quelques centaines d'entre nous partent installer deux autres piquets). On a même vu une mamie aller expliquer aux crs que leur véritable ennemi était derrière eux en réunion à Évian et certainement pas devant eux en train de danser la samba.

Roulement des équipes

Il y a ceux qui jettent des pierres, il y a ceux qui courent après les lacrymos pour les neutraliser à coup de mottes de terre, d'eau, ou en les rebalançant aux flics. Au fur et à mesure que les heures passent, les flics nous envoient des lacrymos plus puissantes ainsi que des bombes assourdissantes. Mais les rebelles véritables sont braves et tiennent les positions. Au lieu de se disperser quand la grenade arrive, tout le monde saute dessus (ils ont peut-être mis un truc en plus dans leur produit ?) un pompier arrête une capsule éjectée après l'explosion de la grenade, le suivant la recouvre d'une motte de terre, le troisième arrive avec la bouteille d'eau. Magnifique, la coopération intergalactique. Les infirmier/e/s ne cessent de réparer les activistes les plus endommagés. On compte deux blessés graves emmenés par ambulance. Les ravitaillements arrivent, des personnes se promènent sur tout le long du cortège qui doit faire 500 mètres avec des caisses de nourriture, de fruits (pomme ou citron ?) : des repas et du café sont servis à l'arrière, près du car des autonomes néerlandais qui mixent du ska quand la fanfare fatigue.

Tout au long de la manifestation, des réunions de délégués se forment pour essayer de synthétiser l'ambiance et la motivation générale des troupes, une pratique rarement utilisée auparavant. Le mouvement mûrit.

Vers 14 h, alors que nous essuyons les tirs depuis près de 8 heures, la fatigue commence à se faire sentir. Ca fait près de deux heures qu'on nous promet des renforts mais au dire des gens du catering les camps intergalactiques et VAAG sont désespérément vides, la plupart des gens étant, soit à la grande manif, ou à d'autres barrages. Les délégués des premières lignes informent qu'ils ne tiendront plus des heures et le flot de fourmis allant dans les bosquets chercher des matières inflammables se fait plus épars. Entre-temps, quelques intrépides ont quand même réussi à faire une deuxième barricade, vingt mètres devant, histoire de faire un second écran de fumée. L'assemblée dégénère quelque peu lors qu'un délégué affirme qu'un autochtone veut bien lui prêter un marteau-piqueur, il propose donc de détruire du macadam. Mais un des organisateurs pête un câble en hurlant que c'est impossible. On ne comprend pas pourquoi il prend comme ça sur lui, en décidant d'étouffer une initiative personnelle en gueulant. Peut-être la fatigue. Des infos arrivent ; nous sommes le dernier barrage à tenir, et des traducteurs bloqués auraient retardé une séance ; hourra dans la foule (l'infos sera démenti plus tard par une certaine presse).

On décide donc de lever le camp, les deux centaines d'activistes coupant les départementales sur les flancs nous rejoignent, sous une pluie d'applaudissement et de lacrymos. Sur le chemin du retour, la samba a repris, des groupes sur les flancs ramassent cannettes et détritus laissés sous le feu de l'action. Aucune personne n'a été arrêtée ; seconde victoire.

Décision et responsabilité collective.

Pendant deux jours toutes les décisions ont été prises en assemblées. Divisés en groupes affinitaires et déléguant au moins une personne pour chaque assemblée, les informations circulaient en permanence entre les groupes et l'assemblée, les rôles ne se sont jamais fixés : il n'y a pas de responsable, tout le monde est délégué.

Pour en finir avec la dichotomie du pour ou contre notre participation aux contre-sommets

Alors que le mouvement NoGlobal, amorcé en 1994 par les zapatistes mexicains et consolidé en 1999 par le peuple de Seattle commencent à peine à avoir un visage crédible, certains de nos "théoriciens" - peut-être victimes de cette sensation de vitesse bien de notre époque - clament déjà haut et fort que ce genre d'évènement est dépassé.

Nous, nous disons après cette expérience, qu'au contraire, ce genre d'événement est une source inépuisable de pratiques à échanger, entre nationalités et groupes affinitaires. Que ce genre d'événements de masse nous apprend à nous organiser avec plus de sérieux. Que ce genre d'expérience nous apprend à déjouer le climat de terreur que nous impose le pays hôte aux G8 et autres organisations non-légitimes. On voit l'Empire de près, et on le comprend mieux quand on rentre dans nos contrées travailler localement,… La pratique piqueteros, même si cette année était encore un peu faible, nous parait être une des initiatives à explorer."

Ecrit par libertad, à 22:24 dans la rubrique "Pour comprendre".



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