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La relocalisation de l'économie par les monnaies locales
Lu sur Jean Zin : "La régulation monétaire entre inflation et chômage
L'argent fait tant de ravages que l'on se prend à rêver d'un monde sans argent mais lorsque l'argent vient à manquer c'est la misère qui s'étend dans toute l'Argentine, l'économie qui se bloque, la circulation des biens qui s'arrête, les pénuries qui s'installent, la faim qui gagne... La solution ne s'est pas faite attendre et pour relancer les échanges les Argentins ont très vite créé des monnaies locales qui ont permis à la population de survivre même si la plupart ont été abandonnées depuis que la devise nationale a été de nouveau utilisable.

Rien de plus naturel que la monnaie. N'importe quoi peut servir de monnaie d'échange selon les époques et les climats : du chocolat, du sel, du sucre, des pierres, de l'or, des billets, du travail, du temps, etc. Toute monnaie est convertible dans une autre monnaie, et c'est pour cela que la mauvaise monnaie finit toujours par chasser la bonne. La monnaie remplit classiquement les fonctions d'unité de compte (prix), d'instrument de transaction (échange) et de réserve de valeur (capital). Cependant, la monnaie n'est pas un intermédiaire neutre des échanges car trop de monnaie produit de l'inflation et ruine les rentiers en diminuant la valeur du capital et des dettes du passé. Tant que cette inflation reste maîtrisée, c'est d'ailleurs largement à l'avantage des jeunes, des investisseurs et des travailleurs actifs dont les emprunts se réduisent alors que les salaires et les profits suivent en général la hausse des prix.

Par contre, lorsque la génération dominante vieillit, c'est la lutte contre l'inflation, la défense du capital (des "économies") qui devient prioritaire pour les propriétaires, organisant la rareté de la monnaie. Cette politique de rigueur a pour conséquence mécanique le chômage de masse que nous connaissons. Lorsqu'il y a plusieurs millions de chômeurs, de capacités de travail inemployées qui ne trouvent pas à se valoriser, c'est largement par manque de capacités financières et non pas à cause d'une prétendue inemployabilité ou paresse des chômeurs comme les libéraux le prétendent depuis toujours.

Il n'y a rien de plus injuste que de vouloir transformer les conséquences catastrophiques de politiques macroéconomiques restrictives en condamnation morale des exclus qu'elles produisent, comme si la masse des chômeurs n'était constituée que de l'addition de tares individuelles se multipliant soudain alors qu'on peut constater souvent qu'une baisse des taux d'intérêt d'1/4 ou d'un demi point est suffisante pour inverser le mouvement ! La monnaie est un instrument essentiel de la "puissance" publique et la base de toute politique économique. Les politiques keynésiennes ont démontré leur efficacité sur le niveau de chômage depuis le New Deal jusqu'à la "stagflation" de 1974 au moins (mais encore aujourd'hui aux Etats-Unis), par simple création monétaire, "injection de liquidités" dans l'économie. Comme par "miracle", dès que les affaires vont mieux les millions de prétendus inemployables retrouvent de plus en plus les emplois qu'ils méritent. C'est un fait mille fois vérifié (mais pas toujours) qu'aucun économiste ne peut ignorer. Le problème, c'est que moins il y a de chômage et plus les salaires augmentent, plus l'inflation s'emballe et les anciennes richesses fondent comme neige au soleil... Ce sont donc les pauvres et les plus fragiles qu'on préfère sacrifier à la préservation des richesses accumulées, des avantages acquis, de l'héritage du passé, en pratiquant une politique de monnaie forte qui se traduit par une confiance surévaluée dans la stabilité d'une société qui se déchire. Non seulement la monnaie n'est pas neutre mais elle est l'enjeu majeur de la politique et du partage entre générations. Il y a urgence à revenir vers un meilleur équilibre et retrouver les instruments d'une régulation économique, la maîtrise de notre environnement économique et humain.

Bien sûr, on ne peut faire n'importe quoi. Il ne suffit pas de créer inconsidérément du pouvoir monétaire car les mécanismes inflationnistes sont déclenchés par n'importe quel type de monnaie, fut-elle locale, dès lors qu'elle prend une réelle ampleur. Ainsi, il faut être conscient qu'un pouvoir d'achat supplémentaire permettant d'acquérir des produits locaux provoque immanquablement une certaine inflation sur ces produits (une raréfaction et une augmentation des prix) ce qui est la contrepartie de l'amélioration du revenu des producteurs. Il ne faut voir rien de magique dans la monnaie. C'est un outil de régulation économique, toujours menacé d'en faire trop ou pas assez, entre inflation et chômage. Il n'est donc pas question d'appliquer une règle rigide comme le voudrait la Banque Centrale Européenne qui sera bien obligée d'assouplir ses critères (indispensables certes en leur temps pour assurer la crédibilité d'une nouvelle monnaie). Une monnaie se gère au jour le jour par corrections incessantes comme tout phénomène chaotique. C'est le principe des régulations cybernétiques par rétroactions (et que Greenspan pratique de façon très réactive à la réserve fédérale américaine). Le niveau local étant le plus près de la réalité vécue, c'est à ce niveau qu'une régulation par rétroaction, une correction des dérives constatées peut être le plus efficace et le plus immédiat. Normalement, plus l'organisation est petite et plus les régulations ou adaptations y sont rapides. Un des intérêts majeurs de monnaies locales serait de ne pas pouvoir nourrir l'inflation immobilière qui semble une caractéristique des sociétés d'abondance (l'inflation des hauts revenus se traduit en inflation immobilière diminuant les salaires réels).

Le plus important, c'est de comprendre qu'une monnaie ne vaut pas en soi, sa valeur représente un pourcentage de la richesse sociale. Il ne suffit pas d'accumuler de la monnaie ni d'ajouter de nouvelles monnaies, la seule chose qui compte c'est le montant global de monnaie et surtout sa répartition. La richesse du riche mesure la pauvreté du pauvre (à nouvelle richesse, nouvelle pauvreté). C'est pour la monnaie que le concept de fétichisme s'applique le mieux, sa valeur n'est jamais dans sa matière, fut-elle de l'or, mais dans le rapport social qu'elle exprime. L'illusion est tenace devant l'apparente objectivité de l'argent. Comme le fétiche, son pouvoir est pourtant entièrement social, représentant une valeur commune, reconnue et acceptée par tous, entièrement basée sur la confiance et les représentations collectives. On peut croire posséder un capital solide et le voir fondre ou disparaître. Il suffit d'un afflux d'or soudain ou d'un krach immobilier. Les immeubles restent pourtant debout, ce qui craque c'est la demande, la valorisation sociale. Toutes les valeurs sont relatives, les monnaies locales sont un outil de redistribution de la richesse, créateur de richesse en cela même qu'elles permettent à la fois la valorisation de compétences inemployées et le renforcement de la solidarité sociale, c'est-à-dire la réduction des inégalités.

Le capitalisme c'est le pouvoir de l'argent sous la forme de sa concentration (le capital) mais cela signifie dès l'origine le pouvoir aveugle d'un argent anonyme, de marchés financiers lointains qui décident de nos vies sans nous demander notre avis. Les monnaies locales, en général à durée de vie limitée et donc non capitalisables, sont tout le contraire et l'instrument du développement local, de la reterritorialisation de l'économie et de la valorisation des capacités disponibles. L'injection de liquidités a pour finalité la dynamisation des échanges locaux en même temps que le financement à moindre coût de l'aide sociale (la décentralisation de la gestion du rmi devrait en renforcer l'évidence) mais répétons qu'il faut toujours ajuster les politiques à leurs résultats. L'économie de la gratuité chère à Bertrand de Jouvenel doit garder toute sa place là où c'est profitable à tous (supprimant les coûts de transaction), en particulier pour les biens immatériels (information, logiciels libres, musiques, formation, santé, etc.). Il ne s'agit pas de vouloir tout monétiser mais la monnaie doit être considérée comme un "système d'information" permettant d'ajuster l'offre à la demande, d'orienter les ressources et de les répartir, de manifester les pénuries et les surproductions, de corriger les inégalités et les déséquilibres. La monnaie locale est l'instrument de la relocalisation de l'économie et de la maîtrise de notre développement local comme une monnaie nationale était l'instrument de l'indépendance nationale et de la politique des nations.

Les Systèmes d'Echanges Locaux (SEL)

Conscients de ce rôle crucial de la création monétaire, de multiples tentative de monnaies alternatives ont vu le jour jusqu'aux monnaies virtuelles actuelles. Le privilège de battre monnaie n'est plus du tout réservé aux Etats, contrairement à ce qu'on pourrait croire. Il peut donc y avoir toutes sortes de monnaies mais l'important est de savoir quel est le pouvoir qui la contrôle (banques, Etat, entreprises, associations, individus ou communes) et il semble bien évident que la monnaie dont nous avons besoin pour relocaliser l'économie, c'est une monnaie locale. Les SEL, (Systèmes d'Echanges Locaux, LETS en anglais) basées sur une monnaie fictive (le Sel) pour s'échanger des services, en démontrent la viabilité et l'efficacité sur la dynamisation des échanges locaux, mais à une échelle encore bien insuffisante. Il faudrait en faire une véritable monnaie municipale, sous contrôle démocratique, au service d'objectifs de développement humain et local. L'expérience des SEL montre que la création monétaire n'est en rien suffisante, ce n'est qu'un élément d'un dispositif destiné à développer les échanges locaux. La monnaie locale doit impérativement être couplée avec une coopérative municipale ou, du moins, des bourses locales d'échange (BLE) permettant de multiplier les opportunités de valoriser des compétences inemployées. Tout ceci est faisable immédiatement.

Ce n'est pas dire qu'une monnaie locale ne pose aucun problème, on a vu qu'elle peut produire les mêmes effets inflationnistes que toute monnaie, mais ce sont des problèmes qu'on peut traiter au plus près et de façons différenciées, selon les situations, les équilibres locaux, les populations ou les activités concernées. La plus grande partie des problèmes rencontrés par les SEL concerne plutôt leur trop grande réussite dans la dynamisation des échanges locaux et la valorisation des compétences disponibles. Cela signifie, en effet, l'ouverture à de nouveaux concurrents de divers services (qui, de plus, échappent aux charges), ce qui entraîne plutôt une baisse des prix et une déqualification des prestations, se traduisant par une baisse de revenu des professionnels qualifiés (et par les protestations des artisans installés contre cette concurrence déloyale). C'est bien pour protéger certaines professions qu'il y a actuellement des "barrières d'entrée" à certaines activités (exigence de diplômes ou charges forfaitaires obligeant à un chiffre d'affaire important si on ne veut pas perdre d'argent en travaillant!). Ainsi, il faut être conscient qu'on empêche actuellement les gens de travailler (au noir) pour ne pas faire concurrence aux professionnels et préserver leurs revenus, ce qui peut s'avérer effectivement indispensable dans un certain nombre de cas. Ce sont des "effets pervers" qu'il ne faut pas prendre à la légère mais qui peuvent être corrigés localement de façon plus souple qu'au niveau national (bien qu'avec des risques de corruption et de clientélisme).

Des monnaies plurielles

Comme intermédiaire de l'échange, une monnaie a plusieurs faces. On peut l'aborder par les services qu'elle rémunère, comme on vient de le faire, par ses effets inflationnistes sur les prix mais aussi par le mécanisme de fixation des prix lui-même, qui n'est pas forcément celui du marché (monétariser c'est reconnaître la valeur d'un service, ce n'est pas forcément le marchandiser). De fait, la détermination du prix des prestations locales peut devenir un véritable casse-tête qui empoisonne les SEL dès lors qu'on ne veut pas laisser le marché décider de la valeur des choses ou des personnes et faire un barème (comme il y a un barème des salaires dans les conventions collectives). Il n'est pas toujours mieux de laisser les gens se mettre d'accord entre eux, alors que celui qui a besoin d'un service peut n'y rien connaître ou ne pas disposer des capacités sociales nécessaire à toute négociation.

Afin d'éviter ces marchandages, les américains ont inventé un type de monnaie qui n'en est pas vraiment une, se rapprochant un peu plus du troc, ce qu'on appelle le "time dollar" permettant de simples échanges de temps (1 heure de ménage ou de bricolage contre 1 heure de langues étrangères, de garde d'enfants, etc.). C'est un principe facilement compréhensible et qui a sa pertinence dans la sphère domestique notamment mais qui n'est pas généralisable car beaucoup trop favorable au travail non qualifié (les travailleurs qualifiés n'y trouvent pas leur compte). Il est tout-à-fait impossible de l'appliquer au "travail virtuose" dont le temps de formation ou de préparation est disproportionné par rapport au temps de la prestation elle-même. Il y a aussi un nombre de plus en plus grand de services qui relèvent de la "résolution de problèmes" (comme l'informatique) et ne peuvent se mesurer au temps passé, impossible à prévoir. Cela ne veut pas dire qu'on pourrait se passer de tout échange de temps mais qu'il faut se situer dans le cadre de monnaies plurielles plutôt qu'une monnaie alternative unique.

La manière la plus simple de créer une monnaie locale et dynamiser les échanges locaux, c'est de créer une coopérative municipale utilisant sa propre monnaie, sur le modèle des SEL mais de façon plus officielle et avec plus de moyens. Cela n'empêche pas de créer d'autres monnaies en dehors de la coopérative, selon les priorités locales, les publics qu'on veut toucher et les services qu'on veut développer. C'est ce qu'on appelle les "monnaies-affectées" dont les tickets restaurants sont l'exemple le plus courant. On peut créer par exemple des monnaies spécifiques à un grand ensemble ou un quartier, pour y favoriser les échanges de voisinage (bricolage, formation, ménage, soins). Il peut y avoir une monnaie réservée à l'économie solidaire (le SOL) ou qui fonctionne comme carte de réduction (le "Robin", monnaie associative, peut ainsi donner droit à un rabais de 20% sur les prix en Euros, le reste étant payé en Robins gagnés dans le bénévolat). On peut allouer des allocations en monnaie locale à certaines catégories de résidents et déterminer les prestations auxquelles elles peuvent servir (ce qui n'est pas sans risque de stigmatisation), ou bien essayer de gagner des artisans, des commerçants, des entreprises à cette monnaie qui n'est pas utilisable hors d'un territoire donné et n'est pas entièrement convertible dans les autres monnaies (la conversion doit être possible dans certains cas, au moins annuellement, mais avec une perte plus ou moins forte de 75% à 50%, ce qui constitue une économie d'autant pour le budget municipal). De toutes façons, la circulation monétaire sur le territoire concerné doit rendre inutile une bonne part de la conversion en devises "extérieures". C'est tout le pari des monnaies plurielles. Des mutuelles pourraient utilement participer à la gestion, la convertibilité et la crédibilisation de ces monnaies. On est encore dans l'expérimentation même si on dispose déjà de toute une histoire riche et variée.

Entre régulations locales et globales

Il ne s'agit pas de présenter les monnaies locales comme un remède miracle qui résoudrait tous nos problèmes mais de mettre en place un dispositif complet d'échanges locaux (coopérative municipale) avec une politique monétaire gérée démocratiquement par les municipalités, au service de l'intérêt commun et de l'amélioration du sort des plus démunis. Des arbitrages sont constamment nécessaires entre intérêts opposés, selon les équilibres locaux, les périodes ou les dynamiques en cours. Non seulement la monnaie est un pouvoir, mais c'est toujours la monnaie du pouvoir, incarnant un compromis social, des choix de société. La monnaie est la base d'une repolitisation de l'économie en même temps que de sa reterritorialisation. Etant donné ce caractère local, on ne peut rêver qu'un schéma identique s'applique partout, par contre cela renforce la nécessité d'une coordination entre municipalités puisque les résultats d'une politique sont étroitement liées à son environnement immédiat. Les politiques locales dépendent inévitablement d'entités plus globales (Nation ou Europe) et ne peuvent s'y substituer ni vivre en autarcie d'aucune façon. Une monnaie locale dépend étroitement du territoire qu'elle couvre mais aussi de son environnement extérieur et ne saurait remplacer les devises convertibles.

Il y a plusieurs niveaux de régulation et donc des projets plus larges de monnaies solidaires ont leur utilité mais à condition de s'appuyer sur de véritables monnaies locales et de nouveaux rapports de proximité, une citoyenneté locale, une économie communale et solidaire. Le but premier des monnaies locales, c'est une reterritorialisation de l'économie protégée des marchés financiers, c'est de servir de valeur d'échange pour les services de proximité et d'être au service du développement humain et local, d'une alternative au productivisme qui ne peut se construire que par le bas, au niveau de la "communauté de communes".

Enfin, il faut souligner que les monnaies locales pourraient peut-être faciliter la mise en place d'un revenu garanti, de plus en plus indispensable avec le développement du travail immatériel et intermittent, même si cela devrait être un droit universel et relève plutôt de l'Europe ou des gouvernements nationaux, mais on ne peut nier que le niveau de revenu a aussi un caractère local (l'accès aux ressources du territoire). Il ne faudrait pas pour autant en demander trop aux monnaies locales, et, surtout, ne pas oublier que les résultats dépendront de la politique menée, de sa justesse et de sa prudence. Du moins, on doit être persuadé que l'offre de monnaie constitue un outil puissant de régulation des échanges. C'est un élément qui devrait être pris en compte par toute politique locale aussi bien qu'européenne.

Jean Zin 01/02/05
http://perso.wanadoo.fr/marxiens/politic/monnaies.htm
Ecrit par libertad, à 09:35 dans la rubrique "Projets alternatifs".

Commentaires :

  libertad
02-06-07
à 09:51

La complémentarité des approches

Ce texte me semble renouer avec la réflexion de Proudhon sur la banque du peuple. Créer une nouvelle monnaie locale ne me parait pas en contradiction avec la volonté de voir les espaces de gratuité se multiplier et agir pour que la gratuité soit la plus large possible quand à ce qui ne peut trouver à s'échanger gratuitement ( nous parlons d'aujourd'hui et pas d'une société à venir ) les monnaies locales seraient une réelle alternative au capitalisme en sortant du système oligarchique du prêt à intérêt, crée à partir de rien par les banques et qui ne sert qu'à engraisser les rentiers qui nous gouvernent ( voir la vérité sur la dette)
La reflexion sur les monnaies locales me parait donc complémentaire à l'appel lancé sur le site Prenons le maquis économique qui préconise ( à juste titre car c'est vers quoi il faut tendre dans la perspective d'une autre société ) le développement des espaces de grauité
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  ibubolo
02-06-07
à 12:24

La parité des proches

je sais pas, perso, je pense que la monnaie est une négation du lien social...

On peut imaginer des groupes sociaux qui partagent leurs richesses sur la base de leurs liens sociaux ; comme cela se fait encore dans certaines familles, par exemple.

A l'inverse, l'argent crée une communauté de biens qui n'a que cette monnaie en commun ; et on connaît bien la suite...
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  Rakshasa
02-06-07
à 13:15

Quizz pour économistes: "Quel est le plouc qui a dit ça ?"

A toute époque, la répartition des objets de consommation n'est que la conséquence de la manière dont sont distribuées les conditions de la production elles-mêmes. Mais cette distribution est un caractère du mode de production lui-même. Le mode de production capitaliste, par exemple, consiste en ceci que les conditions matérielles de production (cad les instruments de production: terre, bâtiments, outillage, etc..) sont attribuées aux non-travailleurs sous forme de propriété capitaliste et de propriété foncière, tandis que la masse ne possède que les conditions personnelles de production: la force de travail. Si les éléments de la production sont distribués de la sorte, la répartition actuelle des objets de consommation s'ensuit d'elle-même. Que les conditions matérielles de la production soient la propriété collective des travailleurs eux-mêmes, une répartition des objets de consommation différente de celle d'aujourd'hui s'ensuivra pareillement. Le socialisme vulgaire (et par lui, à son tour, une fraction de la démocratie) a hérité des économistes bourgeois l'habitude de considérer et de traiter la répartition comme une chose indépendante du mode de production et de représenter pour cette raison le socialisme comme tournant essentiellement autour de la répartition. Les rapports réels ayant été depuis longtemps élucidés, à quoi bon revenir en arrière ?


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  Rakshasa
02-06-07
à 14:35

Le SPI: Service Public Individuel

Pourquoi toujours ce besoin de notion d'échange ? La peur de se faire enfler ? ok, c'est compréhensible dans une optique de valorisation.
Mais, imaginons maintenant une sorte de collectif de savoirs-faire. Chaque individu annonce ses domaines de compétence et combien de temps il est disposé à en fournir, par jour, par semaine, par mois. Une sorte de Service Public Individualisé, de participation à la collectivité. On me répondra, "et si personne ne veut rien faire ?". Et bien dans ce cas, il n'y a même pas à discuter d'une alternative au monde marchand, parce que si personne ne veut rien faire dans ce cadre-là, personne ne le fera dans un autre cadre.
Bref, revenons au service public individuel: il n'y a pas d'échange, ni besoin de monnaie. On peut même imaginer une double liste, avec des contacts en cas d'urgence. Ici, ce sont les individus qui auto-évaluent ce qu'ils peuvent fournir à la société.

Au passage, le "time dollars" est un système inéquitable. Ici, l'inéquité est dénoncée par la qualification, mais cette critique marche sur la tête. Le "time dollars" serait favorable aux travail non-qualifiés ? Quand on sait que la plupart des travaux ne demandant pas de qualification sont les plus pénibles, ceux qui usent le plus le corps, on se marre à l'idée de qui a pu écrire que ce système profitait aux non-qualifiés. Sous prétexte en plus, que les qualifiés auraient eu à apprendre plus longtemps ? Non, le problème est que les études ne sont pas rémunérées, mais en quoi cela devrait se reporter sur les non-qualifiés. Aux qualifiés de réclamer le paiement de leur apprentissage à qui de droit !
Depuis le XIXème la mesure au temps est dénoncée comme injuste parce qu'elle ne prend pas en compte la pénibilité d'une tâche par rapport aux forces et capacités de l'individu.

Pour paraphraser Jan Zin: "Il ne s'agit pas de présenter le Service Public Individuel (SPI) comme un remède miracle qui résoudrait tous nos problèmes mais de mettre en place un dispositif complet de services locaux (coopérative municipale) avec une politique gérée démocratiquement par les assemblées de municipalité, au service de l'intérêt commun et de l'amélioration du sort des plus démunis."

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  Patrick MIGNARD
02-06-07
à 21:24

Re: La complémentarité des approches



Libertad, dans un de tes commentaires à propos de l’article, fort intéressant, « La vérité sur la dette », le 06-05-07 à 18h17, tu disais en substance : «  … les questions économiques étant trop peu débattues chez les anarchistes depuis Proudhon et sa banque du peuple … »… et tu as tout à fait raison.

Ne pas traiter sérieusement, je veux dire dans tous leurs aspects, les questions économiques c’est se priver d’une « porte d’entrée dans la réalité sociale », c’est passer un peu vite sur des instruments, des phénomènes soit que l’on juge pervers, secondaires voire dérangeants. C’est avoir une fausse vision de ce qu’est réellement l’économie que l’on confond trop souvent avec la gestion du système marchand… et je sais de quoi je parle.

Je pense que là sont très probablement les désaccords et les divergences que j’ai avec les anarchistes. Je trouve en effet que, sur nombre de questions essentielles, comme par exemple la monnaie, les anarchistes, du moins la plupart d’entre eux, partent d’a priori qui dénotent, excuse moi des termes, d’une soumission curieuse à des apparences en laissant le fond de la question dans l’ombre. Je dis curieuse car pour des personnes qui se targuent de ne pas être victimes des apparences produites par le système marchand, c’est effectivement fort curieux. Soumission, parce qu’ils n’en démordent pas et restent sur leurs positions sans pouvoir imaginer qu’ils puissent faire fausse route. Ils sont victimes, à rebours, du fétichisme de la monnaie, comme d’autres le sont de la marchandise.

Le cas de la monnaie est, en effet, très révélateur de cette attitude. « La monnaie étant la manifestation la plus visible du système capitaliste,… et bien il est logique de la supprimer et de penser des rapports sociaux sans monnaie ». Ceci peut paraître formellement juste, mais je pense la réalité plus complexe. Si la monnaie est l’expression d’un rapport social, c'est-à-dire qu’elle structure le fonctionnement du capital , elle n’est pas que cela, elle est aussi l’instrument qui permet l’échange dans des collectivités où règne la division du travail.

Cette négation de la monnaie a un grand « avantage », elle permet de poser d’emblée la question de l’échange dans des termes évidemment radicalement différentes. Mais là surgit un nouveau problème, celui du don ou de la définition de nouveaux termes de l’échange.

Le don, voire la gratuité, c’est bien, mais croire que spontanément il/elle va s’imposer comme instrument de fonctionnement social, ce n’est pas très réaliste. Certes, dans quelques communautés restreintes, ou de groupes composées de personnes très au clair là-dessus, et encore, ça peut marcher, mais l’instaurer du jour au lendemain, ou presque, comme système de fonctionnement social, c’est l’incompréhension et la catastrophe garantie.

Reste la définition de nouveaux termes de l’échange. Mais alors, on retrouve, comme je l’ai vu et analysé dans certains SEL, un instrument d’équivalence générale qui, n’en déplaise à ses utilisateurs a le statut de monnaie.

Créer alors une monnaie locale ? Pourquoi pas ! C’est vrai qu’elle permet de se déconnecter de ce qu’est la monnaie officielle, de ses mécanismes et de ses dérives… Mais là aussi je me pose la question de la pérennité et de la fiabilité de celle-ci dans une période de transition, et même avant la transition,… aujourd’hui par exemple. Pourquoi ? Parce ce que le plus grand nombre ne peut pas comprendre ce type de chose, est méfiant, attaché à sa monnaie,… La monnaie est au yeux de la plupart, j’ose le dire, une garantie sociale… ceci est ancré au plus profond du conscient et de l’inconscient de l’immense majorité des gens… Et cela ne se dépasse pas par un vrai bon discours, aussi convainquant et pédagogique soit-il… A moins, comme je le disais précédemment, que l’on se place en situation in vitro d’un groupe particulier. A moins aussi, et alors là OK, que la collectivité prenne conscience collectivement de la nécessité de trouver un nouvel instrument d’échange et le crée… Je pense que sur cette question il ne faut pas être théoriquement strict, au sens de plaquer un modèle de fonctionnement que l’on juge bon.

Conclusion de tout cela. On ne peut pas avoir une vision restreinte de ce qu’est la monnaie, même la monnaie officielle peut avoir son utilité dans les structures alternatives à mettre en place – et je ne me place pas dans la situation in vitro déjà évoquée. Qu’il y ai des risques de dérives, c’est vrai, c’est même certain… et alors ?, vivre en société c’est prendre des risques, essayer de dépasser les situations, les conflits,… à moins de croire que l’accès au « pays des merveilles » est seulement affaire de volonté et de foi, on ne fera pas l’économie de ce type de situation. Je pense que toutes les expériences sont intéressantes, parce qu’elles correspondent à des degrés d’engagement, de confiance différents… et de ça non plus, on ne peut pas en faire abstraction.

Je sais que ce commentaire va me valoir « excommunication », sarcasmes voire insultes… de la part de celles et ceux que je n’hésite pas à qualifier d’ « intégristes de l’anarchie » (j’en ai rencontré et j’en rencontre encore), ce qui me laisse parfaitement indifférent. Si je dis cela ce n’est pas pour exciter, et encore moins convaincre, celles et ceux qui campent farouchement et frénétiquement sur leurs positions, sur leur dogme idéologique, quoiqu’ils aiment bien mordre, mais pour le dire et échanger avec celles et ceux, et j’en connais qui s’interrogent sur des positions qui sont difficiles à tenir et dénotent des blocages dans les pratiques et les stratégies à mettre en place.

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  Rakshasa
02-06-07
à 22:14

Réponse au Quizz Economie

Voilà qui ne va pas plaire aux intégristes de l'anarchie: c'était tout le monde l'avait bien reconnu...Karl Marx ! on applaudit, Messieurs Dames !!!! Les intégristes de l'anarchie peuvent bien-sûr s'abstenir d'applaudir !
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  Rakshasa
02-06-07
à 22:25

Quizz histoire et économie !

 En quelles années l'anarchiste Andrews propose-t-il d'édifier la nouvelle société au sein même du monde à partir de principes différents en échangeant sur la base du temps-travail ?
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  libertad
02-06-07
à 22:49

Re: Réponse au Quizz Economie

Je crois qu'il est toujours bon de rappeller que le fondateur de l'anarchisme, Proudhon, mettait l'économique au centre de sa pensée et n'a pas hésité à mettre les mains dans le camboui en créant sa propre banque : la Banque du peuple. Certe ce fut un échec et malheursement la tentative fut sans lendemain mais Proudhon pensait que le mutuellisme ne pouvait exister sans une banque mutuelle et donc sans monnaie.
Je crois que les anarchistes doivent reprendre cet aspect des choses qui a été abandonné depuis Proudhon et les expériences économiques alternatives devront être financées d'une manière ou d'une autre, le mutuellisme garde toute son actualité. L'idée de monnaies locales contrôlées par les communes peut tout à fait s'insérer dans un projet de société anarchiste.
Quant à la gratuité, je trouve le principe tout à fait excellent et d'ailleurs dans la société actuelle il tend à se développer dans tout le secteur immatériel et pourrait s'étendre encore plus dans la récupération d'objets. Le domaine associatif est également celui de la gratuité et il s'y produit un travail considérable et utile socialement.
Mais notre projet social est anti-autoritaire et ne peut donc vouloir imposer la gratuité à tous, nous pouvons la mettre en oeuvre avec tous les volontaires, celà peut certainement servir d'exemple mais en aucun cas sa généralisation ne peut être imposée, elle se fera d'elle-même comme celà se produit déjà car ceux qui pratiquent la gratuité on trouvé un autre moyen de valorisation que l'argent et donc l'achat d' objets : la reconnaissance sociale. C'est cette reconnaisance sociale qui peut faire abandonner à une fraction de plus en plus grande de la population, le principe marchand. Bien sur cela sera facilité lorsque les besoins vitaux seront satisfaits.
Reste que l'argent sera encore naissance dans bien des domaines, ne prenons que l'exemple de l'industrie classique. Des américans veulent fermer une fonderie qui fabrique des baignoires en fonte, les salariés veulent reprendre l'entreprise en coopérative ouvrière : quels financements ? Si cela se fait demain, les founisseurs n'accepteront pas la gratuité. Pour tourner la fonderie ouvrière devra trouver de l'argent auprès d'une banque. Si la banque du peuple de Proudhon existait, elle appuierait la création de la coopérative ouvrière. On voit que la question de la monnaie n'est pas étrangère à l'alternative économique d'autant que le coeur du système marchand se trouve aujourd'hui dans le système bancaire.
Le reflexion sur la monnaie est bien au coeur du projet de changement de société, bien sur pour tout ce qui pourra être gratuit, la question ne se posera pas, mais il y a tout le reste.
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  Rakshasa
03-06-07
à 14:38

Réponse Quizz histoire et économie !

Et oui, l'idée et la pratique du temps-travail ne sont pas nouvelles ! C'est aux alentours de 1850 ! Les intégristes de l'anarchie devraient abandonner cette pratique qui disons le, n'a pas fait ses preuves et a reçu en plus de 150 ans une somme de critiques tout-à-fait justifiées.
On applaudit mesdamesmessieurs ! A bientôt pour un nouveau quizz !!!!
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  Marc El-Mauss
03-06-07
à 17:19

Sauter pour mieux reculer...

Comprendre l'économie et mettre en place des perspectives économiques viables et autogestionnaires, voilà une chose intéressante, en effet. Mais penser, comme Proudhon, Marx, et finalement tous nos politiciens depuis deux siècles, qu'en réglant la question économique, on aura tout arrangé d'un coup de baguette magique, c'est sombrer une fois de plus dans le même écueil. Finissons-en avec le primat de l'économie. Mort à l'homo œconomicus!

Notre avenir n'est pas chez Proudhon, ni chez Marx, mais chez Serge Latouche.

PS: pendant qu'on y est, ce n'est pas non plus dans l'hystérie qu'on avancera...

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  Rakshasa
03-06-07
à 17:32

Re: Sauter pour mieux reculer...

A la fois, Serge Latouche c'est un économiste...
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  ElVirolo
03-06-07
à 19:24

Re: Sauter pour mieux reculer...

Ah oui, il a la mauvaise étiquette. Il aurait pu tenir exactement le même discours (très intéressant, du reste) mais être anthropologue, ou sociologue ou je ne sais quoi encore, cela irait encore ... Mais ce salaud de Latouche est un "économiste" ! Ça casse tout.
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  Rakshasa
03-06-07
à 20:36

Re: Sauter pour mieux reculer...

Non, moi je pense qu'il faut tenir compte, et de Marx, et de Proudhon et de Latouche entre autres, c'est là toute la différence.
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  ElVirolo
03-06-07
à 21:07

Re: Sauter pour mieux reculer...

Tout à fait d'accord (même si je n'apprécie guère Proudhon). Refuser Marx en bloc relève selon moi de l'idiotie. Certes il y a des choses très critiquables chez lui, mais il a aussi des aspects passionnants.
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  Rakshasa
04-06-07
à 15:59

Demande de suggestion

Et sinon, chez les penseurs, théoriciens anarchistes, vous conseilleriez qui ou quoi comme lecture ?
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  Anonyme
04-06-07
à 23:07

Re: Demande de suggestion

Aucun.
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  Rakshasa
05-06-07
à 02:16

Re: Demande de suggestion

Tout à jeter alors dans les écrits anarchistes?
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  Anonyme
09-06-07
à 20:31

Re: Demande de suggestion

Concernant l'économie, presque tout. Marx (anarchiste? cf. Rubel; et puis on s'en fout!), Proudhon (même remarque, si on y pense bien...) & Latouche (contrairement aux apparences, peut-être le + anarchiste des trois!) ont déjà été cités. Que reste-t-il en-dehors de Latouche et des "grandes figures" du XIXème? Rien de bien sérieux, rien de bien nouveau ou... rien de bien anarchiste.

A moins de considérer comme anarchistes ceux, comme Latouche, qui ne prétendent pas "être de la famille".

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  Jean-Bo Drillard
11-06-07
à 19:41

Re: Sauter pour mieux reculer...

« Faute de concevoir un autre mode de richesse sociale que celui fondé sur le travail et la production, le marxisme ne fournit plus, à long terme, d’alternative réelle au capitalisme (....) puisqu’il est clair que toutes les perspectives ouvertes à partir des contradictions du mode de production nous enfoncent désespérément dans l’économie politique » (Jean Baudrillard, Le miroir de la production ou l’illusion critique du matérialisme historique, Galilée, 1975, p. 15).

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  Jean-Bo Drillard
11-06-07
à 19:42

Re: Demande de suggestion

« Faute de concevoir un autre mode de richesse sociale que celui fondé sur le travail et la production, le marxisme ne fournit plus, à long terme, d’alternative réelle au capitalisme (....) puisqu’il est clair que toutes les perspectives ouvertes à partir des contradictions du mode de production nous enfoncent désespérément dans l’économie politique » (Jean Baudrillard, Le miroir de la production ou l’illusion critique du matérialisme historique, Galilée, 1975, p. 15).
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  Juan-Beautiful Drillard
14-06-07
à 21:09

Oineugaine

cf. Karl Polanyi; en-dehors de la doxa anarcho-anarchiste, mais pas en opposition non plus, à l'instar d'un Latouche ou d'un Debord.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Polanyi

http://www.karlpolanyi.org/

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