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Le langage engage
--> Esquisse d'analyse des discours produits lors des deux récents mouvements sociaux : du langage de la domination à la résistance langagière
Lu sur Dissidence Le langage, s’il constitue un ensemble de signes permettant la communication, ne se réduit pas à cette simple fonction. Dans le quatrième chapitre de Ce que parler veut dire, Pierre Bourdieu fait le constat d’une domination ayant pour instrument, entre autres, l’emploi d’un discours structurant. Car « on peut agir sur le monde social en agissant sur [la] connaissance de ce monde »[1], postulat qui motive d'ailleurs le travail sociologique de ce chercheur : mieux connaître les mécanismes sociaux de la domination doit fournir des armes pour lutter contre. De plus, « le pouvoir constituant du langage (…) et des schèmes de perception et de pensée qu’il procure ne se voit jamais aussi bien que dans des situations de crise : ces situations paradoxales, extraordinaires, appellent un discours extraordinaire »[2].

Dès lors, il peut être intéressant de revenir sur ces deux mouvements sociaux qu’a récemment connu la France : octobre/novembre 2005 et mars 2006. Il s’agit d’interroger les différents discours produits durant ces événements à la lumière des analyses théoriques sur les fonctions du langage dans les rapports de domination, développées chez des auteurs comme Pierre Bourdieu, Roland Barthes ou encore Herbert Marcuse.

Il est d’abord nécessaire de s’interroger sur la façon dont ont été désignés ces événements. Nous sommes nous-mêmes déjà pris par des effets de langage : parler de « mouvements » ou d’ « événements » n’est pas neutre (la notion de « mouvement social » s’inscrit dans une histoire des luttes en France, etc.). Mais force est d’abdiquer devant la nécessité d’employer un signifiant, l’important étant d’attirer l’attention critique dessus. Pour le mouvement de novembre 2005, l’on a entendu parler d’« émeutes des banlieues », de « révoltes des quartiers populaires », de « crise des banlieues ». Les acteurs de ce mouvement ont été nommés « jeunes des cités », « banlieusards », « émeutiers », « révoltés ». En ce qui concerne le mouvement de mars 2006, le mot « crise » fut également employé, le terme s’imposant au fur et à mesure, dans les médias et dans le discours gouvernemental étant celui de « crise du CPE ». On a aussi entendu parler de « mouvement étudiant », de « contestation étudiante »… Les acteurs ont quant à eux suscité des appellations diverses : « opposants au CPE », « grévistes », « manifestants », « étudiants anti-CPE », « jeunes mobilisés »…

Deux sources irriguent ce discours « officiel » : le pouvoir politique, ses représentants ; et les médias, qui sont non seulement les plus à même de relayer ces divisions et classifications opérées par le politique, mais qui peuvent également en produire.

Dans chaque cas, il est primordial de se poser les questions suivantes : qui émet ce discours ? A qui s’adresse t-il ? Quelle représentation du monde social cette parole suppose t-elle ? Dans quelle mesure ce même discours contribue-t-il à donner forme au social ?

Quant aux mouvements, reprennent-ils la phraséologie dominante ou cultivent-ils une rupture déjà politique avec le langage imposé ?


Précisons ce que signifie chez Bourdieu le terme de « dominant », largement repris ici. Est dominant celui qui jouit d’une légitimité et d’une certaine reconnaissance au sein du monde social, en raison de l’importance de son capital économique, culturel ou symbolique.

Il semble que les médias aient traité les deux événements de façon différente : ils ont systématiquement jugé, attaqué, méprisé les jeunes révoltés en 2005, alors qu’ils ont parfois pu être relativement favorables au mouvement de révolte contre le CPE en 2006. S’il faut garder à l’esprit cette différence majeure, elle ne fera pas l’objet de notre analyse qui cherche plutôt à repérer les analogies dans les mécanismes du discours dominant, particulièrement issu des politiques.

Il faut donc saisir les différentes modalités d’un langage qui accomplit selon Bourdieu la fonction suivante : « prescrire sous apparence de décrire et dénoncer sous apparence d’énoncer ».

lire la suite
Ecrit par provisoire, à 23:28 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires :

  Yul van Leed
05-04-07
à 12:40

Autorité et domination autoritariste: ne pas confondre

"Précisons ce que signifie chez Bourdieu le terme de « dominant », largement repris ici. Est dominant celui qui jouit d’une légitimité et d’une certaine reconnaissance au sein du monde social, en raison de l’importance de son capital économique, culturel ou symbolique."

On touche là à une des (LA?) grandes lacunes de Bourdieu: la confusion entre "autorité naturelle" et "autorité oppressive". Bourdieu (et souvent les mouvements "anti-autoritaires" eux-mêmes) confondent "autorité" et "autoritarisme". Pourtant, Bakounine faisait déjà la distinction (certes rapide) entre l'autorité légitime de celui qui a un savoir et un savoir-faire particulier et l'autorité comme domination oppressive. (cf. la pensée sur "l'autorité du cordonnier")

On me rétorquera que l'une est utilisée comme justification de l'autre. C'est vrai. Mais ce n'est pas pour autant que l'on doit sombrer dans la bêtise consistant à confondre ces deux notions et jeter le bébé avec l'eau du bain. Car de cette confusion découle un échec: le "libertaire" devient alors malgré lui "libéral", l'anarchiste devient alors ultra-relativiste ("tout se vaut"), l'autogestionnaire devient le propagateur d'un nivellement par le bas, et la liberté de l'autre conduit au laxisme le plus lâche; bref, la pensée la mieux intentionnée produit un enfer tout-à-fait contraire à l'effet recherché. D'où un dossier dans la presse (Le Magazine Littéraire?... je ne me souviens plus), il y a une bonne dizaine d'année, qui posait en couverture la bonne question à propos de Bourdieu (mais pas nécessairement les bons développements dans ses pages): "et si la pensée unique, c'était lui?"

Lorsque l'on veut penser sérieusement la complexité humaine, on ne peut pas se satisfaire d'une conceptualisation superficielle et simpliste. Néanmoins, une fois bien condidéré les limites bourdieusiennes, le travail de Bourdieu redevient un élément potentiellement intéressant.

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