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L'anarchie avec un grand A: Le Travail
--> Article paru dans le Le Trouble numéro 29 - Juin 2005
Lu sur letrouble : Comme tout le monde, les anarchistes haïssent les lundi matin. Pour qu’il n’en ait plus jamais, on veut tout simplement abolir le travail. À première vue, cette phrase peut sembler absurde. Si on ne travaille pas, comment est-ce qu’on peut espérer avoir de quoi se nourrir, se vêtir ou bien s’amuser? Cela dépend de ce que l’on veut dire par travail. Ce que prônent les anarchistes c’est une conception du travail radicalement différente de celle que l’on connaît aujourd’hui. Celle qui nous opprime, nous rend triste et malade et ne nous donne comme seul choix que celui d’y retourner demain ou de vivre dans la misère.

Le travail tel qu’on le connaît

Le système capitaliste, lorsqu’il s’est étendu et a conquit le monde, a radicalement changé la nature du travail. De nos jours, ce qu’on veut dire quand on utilise le mot « travail », c’est le salariat. Cela veut dire que celui ou celle qui ne possède rien d’autre que sa force et/ou ses connaissances n’a pas le choix de se vendre à un patron et travailler en échange d’un salaire. Le produit de notre travail ne nous appartient pas, il appartient au boss. En échange d’une journée de labeur, ce que l’on nous propose, c’est un salaire. Bien sûr, ce que l’on reçoit comme salaire n’égale jamais la valeur réelle que l’on aura produit. Ce surplus, que le patron se met dans les poches, s’appelle la plus-value, et c’est la base même de notre système. C’est comme ça que la classe des capitalistes fait son argent sur notre dos. C’est aussi comme ça que le travail, au lieu d’être l’activité créatrice par laquelle on change le monde autour de nous devient la chose triste et abjecte que l’on connaît trop bien.

Le capitalisme dans sa quête de profit a également emmené l’industrialisation. Ce n’est plus un artisan qui fabriquera les souliers, c’est une série d’ouvriers sur une chaîne de montage. La division du travail permet une plus grande productivité, en contrepartie, elle enlève la part individuelle et valorisante au travail. Non seulement le produit du travail nous est volé, mais en plus on nous enlève la possibilité de décider du comment faire ce travail. En fin du compte on nous vole aussi la possibilité de décider par nous-même ce que l’on veut faire de notre temps. L’employé moderne peut facilement être remplacé par un autre. Il y a donc très peu de valorisation personnelle dans la majorité des jobs que l’on se trouve obligé de faire. Que ce soit dans les usines, les bureaux, les centres d’appels ou tout autre lieu, le travail devient monotone et répétitif. Les dépressions et les tendinites suivent de près.

Le fait que le système fait de nous des commodités qui se vendent et s’achètent sur le « marché du travail » nous mets en compétition les unEs avec les autres. Nous avons tous et toutes vécu l’humiliation de devoir quêter une job, de déposer un CV, de répondre à des questions débiles en essayant de « se vendre » devant un gros crisse pour avoir le privilège de se faire chier pour quelques piasses de l’heure. En plus, la sous-traitance nous met en conflit les unEs avec les autres, la job allant à ceux et celles qui la feront pour le salaire le plus bas. C’est ce qu’on appelle la « flexibilité ». C’est homme VS femme, syndiqué VS non-syndiqué, immigrant VS « pure laine », pleins de concepts inutiles qui nous divisent face aux patrons. Les fermetures des usines de textile de Huntingdon nous rappellent une fois de plus que cette compétition existe de plus en plus à l’échelle planétaire. Si on refuse de travailler encore plus à rabais, le boss ira ailleurs, est la menace qu’on nous sert de plus en plus.

Ce que l’on veut changer

Par opposition au salariat, les anarchistes proposent le travail comme activité humaine socialisée. Ce que cela veut dire, c’est qu’au lieu de travailler à des jobs minables pour engraisser des patrons et des actionnaires, on travaille en commun pour produire ce que l’on veut. De chacun selon ses habilités à chacun selon ses besoins comme disait l’autre… Le travail reprend donc le rôle de répondre à notre besoin de créer, d’être productif et de s’entraider.

Une société anarchiste pourra subvenir aux besoins de tous ses membres en ne produisant que ce dont nous avons besoin. Combien de jobs inutiles gaspillent aujourd’hui notre force productive collective? Combien de bébelles inutiles fabriquées dans le seul but de remplir les poubelles une fois qu’on s’en est servi cinq minutes? Il n’y a qu’à penser au monde qui appellent à l’heure du souper pour nous vendre des cossins ou nous demander notre opinion sur la marque « mardeencanne extra plus », il y a des centaines d’autres exemples. Il y aussi l’armée de huissiers, fonctionnaires, flics, militaires, politiciens, avocats, juges, curés et autres dont le travail parasitaire sera rendu passée date par l’abolition de la société capitaliste. Il n’y a pas que les jobs inutiles qu’on enverra aux oubliettes de l’histoire mais aussi celles qui sont dangereuses pour notre santé ou celle de la planète. Sans la carotte du salaire et le bâton de la misère, il va être difficile de convaincre du monde de risquer leurs vies pour miner l’amiante qui nous empoisonne. Le travail dangereux et nuisible devra être aboli s’il n’est pas nécessaire, sinon automatisé ou bien partagé si on considère qu’il doit être fait.

La logique du profit pousse actuellement les compagnies à produire des choses dans le but qu’elles ne durent pas trop longtemps, soit parce que ça brise, soit qu’une « innovation » technologique rend la dernière périmée. Il est facile de concevoir qu’avec notre degré de connaissances techniques on serait capable de produire des objets qui auraient une durée de vie calicement plus longue que l’actuel trois mois après la fin de la garantie. Une utilisation intelligente des ressources, en plus de libérer de la force de travail, permettra de réduire énormément le gaspillage qui caractérise notre société. Une autre forme de gaspillage, humain celui-ci, est le fait que par exemple, il y ait plein de monde ayant les connaissances et les capacités en construction qui se retrouvent au chômage forcé alors qu’on vit une crise du logement. Tout cela parce qu’il faut attendre le bon vouloir d’un « promoteur » pour construire ce qui nous serait essentiel. Ce constat s’applique à toutes les facettes de notre économie de merde, que l’on parle de logement, de nourriture décente ou autres besoins vitaux.

Nous avons vu que l’industrialisation, sous le capitalisme, rendait les travailleurs interchangeables. Dans une société sans classe, cette état de fait nous permettra de mieux se partager le travail à faire. Nos lieux de travail sèment donc, sans le savoir, les germes du communisme en nous faisant travailler ensemble. Le capitalisme fige également la production. La machinerie installée, qui pourrait produire plein de choses différentes, est obligée à ne produire que des souliers (par exemple) car une compagnie ne pourrait pas se lancer dans 42 produits différents. Libérée des impératifs du « marketing », on pourrait changer la production au gré de nos désirs et de nos besoins.

L’activité humaine telle qu’on la veut

Une fois notre force collective libérée des entraves qu’elle connaît aujourd’hui, il n’est pas utopique de croire que l’on pourrait grandement réduire la durée du travail que chacunE aurait à faire. Le concept même de « temps de travail » disparaîtra. On produira non sur la base abstraire du « temps » mais sur la base de nos besoins concrets. Nous aurons donc la possibilité de faire les choses que l’on voudrait et que l’organisation actuelle du monde nous empêche par l’éternel « manque de temps ». Les sportifs feront du sport, les artistes de l’art, les gosseux de chars gosseront sur leurs chars… La distinction entre le travail et les loisirs deviendra de plus en plus floue, les gens choisissant ce que leurs aptitudes et intérêts naturels les poussent à faire. Pensez à celui ou celle qui voudrait dessiner des plans d’édifices mais que le prix de l’université empêche de devenir architecte, pensez à ceux qui trippent sur la cuisine, qui aiment construire de leurs mains, qui jouissent du jardinage, qui vivent pour programmer des ordis. Il y a plein de bénévoles qui donnent actuellement de leur temps et réalisent que l’activité humaine est subitement très différente lorsqu’elle est faite en-dehors du salariat.

Une société anarchiste s’occuperait également de ses membres plus âgés, de ses enfants ou bien de ceux et celles trop faibles ou malades pour travailler. Les capitalistes considérent les retraités comme improductifs ou superflus et s’affolent devant le soit-disant « vieillissement de la population ». Une vision socialisée du travail réalise qu’on ne serait pas où l’on est aujourd’hui sans l’apport des générations de producteur-trices du passé. Il n’y a que les bourgeois et leurs gestionnaires pour voir les « vieux » et les « malades » en termes de coûts et de dépenses.

On entend régulièrement comme objection que sans patrons et sans salariat, personne ne fera rien ou bien qu’il va y a voir plein de monde qui voudront profiter du travail collectif sans participer à la charge de travail. Cela est vrai dans le contexte actuel où travailler nous fait tous chier. Dans une société où le produit du travail nous appartiendrait, où les besognes répétitives ou désagréables seraient minimisées, automatisées ou simplement abolies, le travail aurait une toute autre signification. On n’aurait plus à se soumettre à la cadence d’un « foreman » ou d’une « carte de punch ». Plus de patron parasite pour nous dire qu’on ne va pas assez vite ou qu’il va falloir rester faire de l’ « overtime ». Plus de lieux de travail insalubre où l’air est vicié. On travaillerait parce qu’on en a besoin pour nous, parce qu’on aime faire ce qu’on fait, parce que l’on aura décidé ensemble que cela doit être fait. Dans le système actuel on tolère sans problème qu’une minorité profite du travail collectif de la majorité. On appelle ça des patrons. Ils s’imaginent que sans salariat rien ne fonctionne vu que dans leurs têtes, on est tous aussi minables qu’eux.

L’abolition du travail dont nous parlons est donc l’abolition de ce qui rend nos jobs plates et misérables. Libéré des chaînes de la recherche du profit et recanalisé vers la réponse à nos besoins, le travail devient une activité valorisante et utile, un loisir permanent. C’est à travers nos luttes que l’on pourra espérer un jour récupérer le fruit de notre labeur quotidien, récupérer notre temps perdu, pour que dans une société sans classe ce soit tous les jours dimanche!
Ecrit par rokakpuos, à 05:29 dans la rubrique "Economie".

Commentaires :

  Didier
24-11-06
à 16:32

Le travail et les travailleurs

Si le travail existe c'est du fait des hommes qui y participe et qu'on nomme travailleurs. Donc l'abolition du travail passe par le refus de ce rôle de travailleur. A chacun de prendre sa part de responsabilité et d'engagement et d'en finir avec ce rôle. D'autant que le travail n'est pas la meilleure manière de gagner sa vie mais le plus sur moyen de perdre son temps de liberté.
Répondre à ce commentaire

  toto2
24-11-06
à 20:52

impressions



je trouve ce texte pas mal du tout. Ce que j'aime bien c'est le ton peu théorique en depit
de la presence de theorie la dedans.

ça sent le vecu au detour de plusieurs phrases. ça parle.

Ce que je trouve à redire c'est sur la causalité : une fois la revolution accomplie, une fois les entraves detruites, alors tout se transformera.

Causalité usuelle pour evenement qui est tout sauf habituel.

je crois plus que ça marche comme ça.

Il y a un truc qui n'est plus descriptible avec la logique d'Aristote ou de Platon :
ni reforme, ni revolution, ni statu quo capitalite, ni guerre de classe ni paix de classe ni classe moyenne
ni progres ni regression sociale, ni causes ni consequences, ni avant ni apres, ni d'abord ni ensuite, ni enfin, mais plutot une singularité , une catastrophe comme on dit en epistemologie et en theorie de systemes.

Un truc d'apparence absurde qui domine tous les acteurs ; je pense à une grossessse, un accouchement mais avec tout ce que ça peut avoir de bizarre pour quelqu'un qui n'en aurait jamais entendu parler, qui vivrait ça pour la premiere fois, sans se douter de ce qui va se passer, sans possibilite d'anticiper ou de se referer à quelque chose de connu. Du point de vue du bébé par exemple.
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