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Nanotechnologies : "Conférence" ou manipulation des citoyens ?
Lu sur les Amis de la Terre : Actuellement a lieu une consultation citoyenne sur les nanotechnologies qui doit produire une série de recommandations. Les Amis de la Terre ont lu les conclusions provisoires émanant des citoyens. Pour les Amis de la Terre, le fait que les aspects éthiques, sociaux, les libertés individuelles, la problématique de la "propriété intellectuelle" aient été d’emblée exclus de la discussion, discrédite cette conférence et fausse complètement les conclusions.

Avant de donner un quelconque feu vert aux industriels, il est indispensable pour les Amis de la Terre qu’ils fassent d’abord leurs preuves et s’attaquent à tous les problèmes sanitaires, sociaux, économiques, éthiques, environnementaux que posent les produits chimiques et encore plus les OGM .

Pour l’instant et dans l’état actuel des choses, un moratoire sur la recherche et la commercialisation des nanotechnologies est la seule attitude raisonnable.

Voici le texte des recommandations provisoires des citoyens et les remarques des Amis de la Terre.

Pour en savoir plus sur les nanotechnologies voir le site des Amis de la Terre et notamment l’article "Introduction aux nanotechnologies"


Recommandations Citoyennes issues de la Consultation Citoyenne EpE-APPA sur les questions environnementales et sanitaires liées au développement des nanotechnologies

[1]

PROJET

Recommandations citoyennes sur le développement des nanotechnologies par rapport à l’évolution actuelle telle qu’elle a été décrite par les différents experts intervenants à la session

1 - Le groupe de citoyens considère unanimement que le développement des nanotechnologies doit être poursuivi compte tenu :

- des bénéfices [2] escomptés dans les domaines

du progrès médical : amélioration du diagnostic, des traitements, diminution des effets secondaires, allongement de la durée de vie ; [3]

de l’environnement : facilité de dépollution, meilleure connaissance de la pollution, anticiper et prévenir les pollutions. [4]

- de la découverte fascinante “ d’un nouveau monde ” qui permet de repenser la nature et les mécanismes du vivant (voire l’origine de l’Homme). [5]

- de l’espérance d’un nouveau mode de vie (amélioration de la qualité de vie et réduction des inégalités entre pays riches et pays pauvres). [6]

- de l’obligation économique dans le cadre de la mondialisation et des avancées actuelles de certains pays concurrents (USA). [7]

2 - Le groupe de citoyens formule les recommandations suivantes :

- Créer une institution de régulation spécifique dédiée aux nanotechnologies dans le but d’optimiser la recherche, celle-ci étant aujourd’hui considérée comme “ bâclée ” pour satisfaire rapidement à des enjeux économiques et financiers. [8]

- Créer des normes contraignantes à faire respecter par les industriels, assorties de sanctions financières. [9]

- Rassurer par rapport aux risques sanitaires en démontrant l’innocuité des produits. Ceci compte tenu de l’existence aujourd’hui d’un réel problème de toxicité perçu au travers de risques dont les experts ont affirmé l’existence tout en précisant qu’ils ne sont pas tous identifiés. [10]

- Rassurer également par rapport à l’apparition éventuelle de nouvelles maladies générées par les nanotechnologies. [11]

- Obtenir des garanties émanant de chercheurs indépendants, des lobbies industriels et des politiques. [12]

- Renforcer le rôle des associations de consommateurs qui ont su générer la confiance. [13]

- Obtenir des garanties par rapport aux risques de toxicité concernant l’environnement, notamment la dispersion des nanoparticules sur leurs territoires d’action (air, eau, sol) ; se prémunir du “ dépolluant polluant ”. [14]

- Prévoir des conditions acceptables de recyclage des produits au moment de leur élaboration. [15]

- Rendre le citoyen partie prenante du développement des nanotechnologies : par l’information du grand public (éventuellement mieux communiquer sur le site actuel qui leur est consacré) dans un objectif de transparence concernant l’existence de risques et les résultats obtenus dans ce domaine. [16]

- Elaborer une charte de bonne conduite, notamment en vue des possibles “mensonges ” (par omission ?) des industriels et des politiques plus attachés aux enjeux financiers et aux profits réalisés grâce aux nanotechnologies qu’à la santé du consommateur. [17]

- Assurer la transparence, notamment en faisant porter une mention sur les produits fabriqués à partir des nanotechnologies (un avertissement du consommateur dont la formulation reste à définir). [18]

- Augmenter significativement les moyens accordés à la recherche concernant les risques (dix pour cent seulement du budget global à l’heure actuelle). [19]

- Dans ce sens, instaurer une taxe sur les produits concernés destinée à financer la recherche sur le risque. [20]

- Créer un organisme indépendant réglementant la protection des personnels sur les sites de production, par rapport à l’existant : les contrôles effectués aujourd’hui par la sécurité sociale sont jugés insuffisants. [21]



[1] Il est très étonnant de réduire le problème des nanotechnologies à leur seuls aspects environnemental et sanitaire, même s’il s’agit de domaines importants. Il y a aussi une dimension éthique dans ces nouvelles technologies : jusqu’où a-t-on le droit d’aller ? Les problèmes liés aux libertés individuelles sont essentiels aussi et ne sont malheureusement pas du tout abordés. Le problème de la propriété intellectuelle est un problème essentiel aussi car avec les nanotechnologie nous allons voir apparaître non seulement la privatisation du vivant mais ausi de la matière inerte, voire de la matière hybride. A eux seuls, ces trois "oublis" discréditent les résultats de cette consultation.

[2] Quand on voit les sommes colossales qui sont investies dans les nanotechnologies, on comprend bien qu’il y a des bénéfices escomptés. Mais s’agit-il vraiment de bénéfices pour les citoyens. L’expérience des OGM qui ne rapportent qu’à ceux qui les vendent, nous rend prudents...

[3] Comme pour les OGM, le vecteur d’acceptation de ces nouvelles technologies est la santé. Mais quel est l’apport réel des biotechnologies pour la santé ? Le Téléthon existe depuis des années mais jusqu’à aujourd’hui, aucune percée digne de ce nom n’a eu lieu. Entre les effets d’annonce et la réalité, il y a un monde. Une fois de plus, on fait miroiter à nos braves citoyens leurs propres bobos et la recherche ne s’intéresse qu’aux malades qui peuvent payer les soins. Dans le tiers monde, des millions de personnes continuent de mourir de maladies curables. De plus, il est quand même anormal qu’une moitié du monde meure de trop manger et que l’autre meure de faim. Il s’agit de problèmes politiques, pas de problèmes techniques. D’autre part, le professeur Belpomme, cancérologue de renommé mondiale, affirme que la moitié des cancers sont dus aux produits chimiques que l’on retrouve dans l’air, l’eau et les aliments. Au lieu de faire de la prévention, en éliminant des produits dangereux issus de technologies déjà anciennes, on va créer de nouveaux produits qui vont encore poser des problèmes.

[4] Au lieu de créer de nouveaux produits qui vont encore poser problème, il serait plus efficace de s’attaquer à ces milliers de produits chimiques non testés qui sont omniprésents dans notre environnement quotidien. Sous prétexte de lutter contre la pollution, on va l’aggraver. Ce thème de la lutte contre la pollution a été aussi avancé pour les OGM. Aujourd’hui, le seul résultat tangible est que les OGM ont contaminé l’environnement et la chaîne alimentaire dans les pays où ils ont été autorisés !

[5] "Repenser la nature et les mécanismes du vivant". Rien que cette phrase devrait faire réfléchir tous ceux qui la lisent ! Quand les humains se prennent pour des démiurges, la catastrophe n’est pas loin ! Il serait peut-être plus utile de repenser les rapports des Humains à leur environnement naturel.

[6] La qualité de la vie, les inégalités entre pays riches et pays pauvres sont des questions éminemment politiques. Penser qu’on puisse les résoudre par de nouvelles technologies, essentiellement possédées et developpées par les même multinationales qui ont dégradé nos conditions de vies et pillé sans scrupules le tiers monde, c’est être d’une naïveté incroyable ! Après les OGM, voici "les lendemains qui chantent" grâce aux nanotechnologies !

[7] Le même argument est avancé pour les OGM. Il faut en faire, pour être compétitif avec les Etats-Unis alors que là-bas, la contamination des cultures est généralisée, la consommation de pesticides augmente. Cet argument a au moins l’avantage d’être clair : si les Européens refusent les nanotechnologies comme ils le font pour les OGM agricoles, les Etats-Unis les attaqueront devant l’Organisation Mondiale du Commerce. Les OGM ne se sont pas répandus grâce à leurs qualités agronomiques mais à coup de pressions économiques. Va-t-on assister au même scénario avec les nanotechnologies ?

[8] On a vu ce que la CGB a donné pour les OGM. Quelle garantie a-t-on que des associations citoyennes seraient représentées et auraient leur mot à dire dans ce type d’institution ? D’autre part, le but d’une telle institution n’est pas d’optimiser la recherche mais de garantir que l’intérêt général passe avant l’intérêt de quelques multinationales ! Ce renversement dans l’ordre des priorités est inquiétant.

[9] Il y a actuellement une lutte acharnée au Parlement Européen pour essayer d’introduire quelques règles contraignantes sur les produits chimiques dans le cadre de la régulation REACH. Les industriels se battent bec et ongles contre toute régulation contraignante ! Au point où on en est, le texte initial qui prévoyait notamment la substitution des produits les plus dangereux est tellement édulcoré, qu’il risque de manquer son but. Même chose pour les OGM où les industriels de la chimie et des semences refusent tout réglement contraignant. Jusqu’à maintenant le principe de contaminateur-payeur n’est toujours pas accepté et n’est pas dans le projet de loi proposé par le gouvernement de Villepin. Quel crédit peut-on accorder à des responsables industriels et politiques pour nous protéger des nanotechnologies, alors qu’ils ont jusqu’à maintenant, complètement failli avec la chimie et les OGM ?

[10] Il ne s’agit pas de rassurer mais d’interdire les produits dangereux. Lorsque les risques existent mais ne sont pas identifiés, on applique le principe de précaution. C’est ce principe de précaution qui n’est appliqué ni dans la chimie, ni pour les OGM. D’autre part, notre objectif n’est pas de rassurer les citoyens mais de les protéger.

[11] Il est étonnant qu’une nouvelle technologie acceptée par les "citoyens" pour les bénéfices escomptés dans le domaine médical provoquent l’apparition éventuelle de nouvelles maladies... Là aussi, il ne s’agit pas de rassurer mais de protéger. De nouveau, une inversion des priorités.

[12] Il y a presque 20 ans, les Amis de la Terre faisaient les mêmes demandes pour les biotchnologies lors d’un colloque public en 1987. On voit avec quel enthousiasme les pouvoirs publics ont favorisé depuis 20 ans, l’expertise indépendante...

[13] Le problème des nanotechnologies, comme celui des OGM d’ailleurs, n’est pas un problème de consommateurs. Vouloir toujours réduire les problèmes de nos sociétés à de simples problèmes de consommateurs dans un vaste marché global, c’est nier notre droit de citoyens à choisir et décider.

Les nanotechnologies posent des problèmes socio-économiques, éthiques et touchent aux libertés individuelles. La discussion doit traverser l’ensemble de la société.

De plus, la formulation "association qui a su générer la confiance" laisse perplexe. Le but de cette conférence est-il de choisir les bons partenaires associatifs qui aideront les industriels à mieux faire passer leurs produits auprès du public ?

[14] Quelles garanties avoir dans des domaines qu’on ne fait que découvrir ? D’autre part, quand on voit ce qui se passe avec les produits chimiques et les OGM, comment croire que les industriels vont tout d’un coup faire preuve de vertu ?

[15] Et si avant d’introduire de nouveaux produits qui vont poser de nouveaux problèmes, on essayait d’abord de recycler ce que nous produisons aujourd’hui et de supprimer ou substituer les produits qui ne sont pas recyclables.

[16] Rappelons une vérité de base : communiquer n’est pas informer. Il semble bien dans ce paragraphe que le but de toute cette "conférence de citoyens" soit clairement exposé : "le citoyen doit devenir partie prenante du développement des nanotechnologies !" Les OGM ont été développés sans faire participer les citoyens. Les leçons ont été apprises. Une meilleure "communication" se met en place.

[17] N’y a-t-il pas opposition flagrante entre vouloir d’abord des règles contraignantes et ensuite un code de bonne conduite ? Soyons sérieux, est-ce que le conducteur automobile a un permis de conduire avec des règles strictes ou un code de bonne conduite... ?

Partout dans le monde, les groupes Amis de la Terre sont confrontés à des groupes industriels qui ne respectent ni droits environnementaux, ni droits sociaux, ni Droits Humains, mais qui ont élaboré de beaux codes de conduite.

Un des enjeux majeurs pour les Humains est d’obtenir des règles contraignantes internationales. Essayons d’abord d’obtenir gain de cause dans ces domaines là, avant de créer de nouveaux problèmes !

[18] Il a fallu une bataille immense dans l’Union Européenne pour que les élites politiques et industrielles qui nous dirigent, acceptent un étiquetage de certains produits OGM. Malheureusement, l’étiquetage des produits dérivés - oeuf, lait viande - d’animaux nourris par des OGM n’a pas pu être imposé. Pourtant, 80% des OGM sont consommés par des animaux, ceci expliquant cela... Certaines études sur les risques sanitaires des OGM sont toujours tenues secrètes par les industriels avec la complicité des pouvoirs publics. Réglons d’abord ces problèmes avant de demander que la transparence sur les nanoproduits soit réalisée !

[19] Aujourd’hui, cette partie est totalement sous développée pour les OGM car le meilleur moyen de pouvoir affirmer qu’il n’y a pas de problème avec les OGM est de ne procéder à aucune recherche. Aujourd’hui encore, des milliers de produits chimiques sont sur le marché sans qu’aucune étude n’ait été menée. Tant que les industriels ne nous ont pas montré qu’ils étaient dignes de confiance, on ne pourra accepter de nouvelles promesses.

[20] Une des raisons pour laquelle la réglementation REACH sur les produits chimiques est combattue aussi farouchement par les industriels, c’est le coût qu’elle est supposée faire peser sur les industriels. On peut aussi citer l’écotaxe pour lutter contre la destructions des climats qui a vité été enterrée ou le projet de loi sur les OGM qui évite bien de faire porter la responsabilité pénale et financière sur les industriels.

[21] Il est étonnant qu’on ne veuille avoir comme partenaires que des associations de consommateurs, alors que , comme dans tout processus industriel, les ouvriers sont les premiers exposés aux dangers. Il serait peut-être utile que les syndicats soient aussi considérés comme des partenaires à part entière.

En conclusion et au vu de toutes les précautions que les citoyens demandent pour les nanotechnologies, on peut vraiment se demander si le jeu en vaut la chandelle ! Alors qu’on connaissait les risques de l’amiante pour la santé depuis le début du XXème siècle, on a sacrifié des milliers de salariés pour favoriser les intérêts des firmes - notamment françaises - qui vendaient de l’amiante. Il est à craindre qu’au vu des enjeux financiers autrement plus importants, des nanotechnologies, le même scénario ne se reproduise, s’il n’a pas déjà commencé...

Aujourd’hui, les citoyens français n’attendent plus une liste de voeux pieux, mais des actes. Comme pour les OGM, c’est une mobilisation maasive des citoyens qui permettra d’obtenir des pouvoirs publics qu’ils ne favorisent pas uniquement les intérêts des multinationales...

Par Christian Berdot

Ecrit par satya, à 22:12 dans la rubrique "Pour comprendre".



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