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Comme au festival de Cannes, « ça se remue dans tous les coins », « ça se bouscule pour être sur le devant de la scène, dans les médias,… »… et l’on veut nous faire croire que çà, ce truc ridicule c’est l’expression de la démocratie… On nous prend vraiment pour des imbéciles !
Il serait facile de se gausser des comportements de « petits marquis » ou de « divas évaporées » des prétendant -e-s à la candidature de la présidence de la République. Partagés entre la haute opinion qu’ils ont d’eux-mêmes et l’obligation de fréquenter la plèbe, qu’en secret ils méprisent, ils font un grand écart qui n’a rien d’esthétique et encore moins d’érotique… Ils sont tout juste ridicules.
LE SPECTACLE AFFLIGEANT DE LA POLITIQUE
L’élection présidentielle - comme toute élection aujourd’hui – a au moins un avantage : elle occupe, à défaut d’amuser le bon peuple…. Et comme il n’y a plus de « jeux du cirque », de sorties des princes, ou l’adoration Dieu, on a mis le foot, le cyclisme… et pour lui faire croire, au bon peuple, qu’il est de temps en temps citoyen, les élections.
Mais pour qu’un spectacle « marche », il faut qu’il soit « spectaculaire », qu’il y ai de l’action, du suspens, de l’émotion et un peu de cul… En regardant bien, tous ces ingrédients y sont. En cherchant bien vous les y trouverez, à dose variable bien sûr, mais c’est suffisant pour à la fois berner les naïfs et faire croire aux électeurs qu’ils sont citoyens…
L’ordonnance du défilé ne doit rien au hasard, les maîtres du spectacles et ceux du pouvoir agissent de concert, se fréquentent, s’organisent, dînent ensemble et/ou s’ignorent et le reste.. (faut-il citer des noms ?). Le programme est préparé à l’avance et bien entendu le résultat ne fait aucun doute… rien ne changera quel que soit l’élu/e… C’est toujours le système en place qui est gagnant et c’est toujours l’électeur qui est berné.
LA GENERALISATION DU SPECTACLE
Que les représentants des partis qui monopolisent le pouvoir et qui ont pour objectif avoué de gérer le système se fardent, se maquillent, bref se parent de ce qu’il croient être leurs meilleurs atouts et étalent leurs paillettes,… n’a rien de surprenant. Ils n’ont rien de sérieux à proposer, il est logique qu’ils ne s’en tiennent qu’à l’aspect superficiel des choses et çà, ils savent faire…
C’est en principe tout différent pour celles et ceux qui ont pour objectif de « penser politique », de réfléchir sérieusement sur l’évolution de notre société et qui se fixent l’alternative, le changement, le vrai.
Pourtant, le spectacle offert par les candidats « alternatifs », « révolutionnaires » et autre « altermondialistes » est des plus affligeants, de même que celui de leurs « supporters ». Certes, il y a les « intérêts de chapelles » et de « boutiques plus ou moins avouables, qui font préférer untel à untel, mais il y a plus tragi-comique.
On évalue celui ou celle qui est passé le plus souvent dans les médias, qui est connu, reconnu, quel est son look ?, un homme ou une femme ?, proche ou de quelle ou dans quelle organisation ?, est-il/elle un satellite ou un sous marin ?. Comme on le voit, des questions absolument essentielles qui vont bouleverser le monde, « leur » petit monde, généralement le cercle « parisien » de celles et ceux qui décident. Une vraie foire aux chevaux ou tout est soupesé, mesuré, évalué, estimé, observé testé et tâté (symboliquement s’entend).
On assiste aujourd’hui dans les « milieux alternatifs » à de véritables tests de popularité des uns et des autres qui, en intégrant les questions de préséances politiciennes, donnent un véritable bouillie dans laquelle, le militant Lambda ne s’y retrouve plus. On assiste à des manœuvres, des déclarations de « seconds couteaux » qui prêchent, écrivent, déclament pour leur champion… Si le ridicule tuait il n’y aurait plus, non plus, de candidats à la gauche de la Gauche… peut-être pourrait-on alors agir sérieusement ?
Finalement il y a peu de différence entre le comportement des candidats « sérieux » (au sens qu’ils peuvent être élus) et les candidats « secondaires » (qui ne le seront pas… mais qui font tout pour faire croire qu’ils pourraient l’être).
Pas de différence ? Ah oui, bien sûr, il y a le programme. Mais là il y a une différence sérieuse :
- les candidats « sérieux » font certes des promesses mais font tout de même attention car, étant susceptibles de passer, ils seront jugés (encore que !...) sur leurs promesses.
- les candidats « secondaires » peuvent quand à eux se « lâcher »… ils ont peu de chance d’être obligés de rendre des comptes sur leurs promesses.
Tout est joué d’avance. Le système « électoro-médiatique » ou « médiatico-électoral », dont on ne sait plus très bien s’il est plus l’un que l’autre, ne laisse rien au hasard et assure parfaitement son rôle de gardien de l’ordre en place : médias, sondages, commentaires, chroniques, politologie de bazar sont mis à contribution pour qu’il n’y ai aucune surprise… et faites leur confiance, il n’y en aura pas.
TO BE OR NOT TO BE
Le plus affligeant c’est que les “alternatifs” ont sauté à pieds joints dans le piège tendu.
ETRE pour eux, EXISTER POLITIQUEMENT, c’est être vu, être considérés, être soudés, unis, être interviewés, être à la télévision, être le soir d’élections (qu’ils auront perdu !) sur les plateaux de télé avec les autres candidats (qu’ils accuseront de division et autres joyeusetés),….
Leur ETRE, leur EXISTENCE POLITIQUE est conforme à l’existence que dicte le système médiatique.
Et toutes les déclarations des « anti libéraux » qui crient, à qui veulent les entendre, qu’ils ne cèderont pas à la « média mania » sont bien peu convaincantes… La tentation est en effet bien forte pour ne pas y céder, et on peut le comprendre puisque tout le système électoral est basé non pas sur le contenu mais sur l’image. Ils ont, du moins pour certains, il faut le reconnaître le scrupule douloureux et la volonté sincère mais ils sont pris dans une logique qu’ils ne maîtrisent plus. On sent en effet transparaître dans les dialogues, les échanges, les forums, l’angoisse qu’ils ont de « ne pas ETRE à la hauteur médiatique » de leurs adversaires… et ils ont raison d’être angoissés parce qu’ils n’y seront jamais, à la hauteur… Ils n’en ont ni les moyens financiers, ni certainement, du moins pour certains, le souhait. C’est tout à leur honneur quoiqu’à leur total désavantage. Quand on marche dans le fumier il faut avoir conscience que l’on n’en ressort pas indemne.
Le système politico-médiatique dicte sa loi et a une conception particulière de l’ETRE et du NEANT. On ne peut-ETRE qu’au travers de lui, et uniquement de lui… sinon c’est le NEANT, on n’existe pas du moins dans le système convenu de la caricature de démocratie que nous offre et nous impose le système. Cette dialectique perverse de l’ETRE et du NEANT dictée par le système médiatique constitue la seule référence en l’absence de toute autre pratique. Le piège est sans issue.
Pourtant, ETRE aujourd’hui en politique ce n’est certainement pas être dans le système politique. La lutte doit se mener essentiellement sur un autre terrain qui lui n’est pas « piégé » mais qui est déterminant pour valider nos idées, nos valeurs, nos principes. Un terrain où le discours s’adosse à une pratique et est totalement étranger aux promesses et « grandes » déclarations creuses qui n’ont qu’un seul objectif, séduire l’électeur.
Ce terrain déserté par toutes les organisations politiques est à réinvestir, c’est sur lui que se mènera, se gagnera ou se perdra, le combat de l’avenir.
Patrick MIGNARD
Voir également : « SE REAPPROPRIER L’ECONOMIQUE ET LE SOCIAL »