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Iran, épouvantail de service (et fier de l’être*)

Parti de loin, 1979 et le retour triomphal de l’ayatollah Khomeiny, l’interminable guerre (1) d’un autre âge avec un Irak qui faisait alors figure d’allié aussi bien des Occidentaux que des Soviétiques, l’Iran incarne aujourd’hui mondialement au niveau politique ce que la grippe aviaire représente au niveau sanitaire : un épouvantail.

Un épouvantail, c’est-à-dire un artefact plus ou moins grossier ou rustique destiné à effrayer les masses naturellement supposées stupides qui confondent aspect menaçant et réalité de la menace.

Certes, l’Iran d’Ahmadinejad –qui, pour l’Ouest, est ce genre de type forcément douteux qui ne porte pas de cravate avec son costume- partage avec la Corée du Nord de Kim Jong-il l’envié statut de méchant institutionnel qui resserre derrière leurs dirigeants les citoyens pacifiques et prospères de la géographie libérale, mais Téhéran conserve malgré tout une posture de star internationale dans une pièce où Pyongyang ne fait que de la figuration régionale.

En effet, quoique les gouvernements des principales puissances de la planète s’y emploient opiniâtrement, l’ultime vraie dictature stalinienne ne parvient pas réellement à paniquer ni les Bourses ni les foules, sans doute parce que l’on sait le régime depuis longtemps exsangue, ses missiles tout justes capables de terrifier quelques poissons japonais et des surfeurs californiens enclins à gober tous les bobards, enfin et surtout parce que nul n’ignore que ce petit pays misérable et médiocrement peuplé n’est rien d‘autre qu’un pion de la Chine dans le jeu mondial des influences politico-militaires, pion que Pékin broierait quasi instantanément si nécessité s’en faisait sentir (2).

Au contraire, l’Iran est un électron libre qui ne réfère qu’à lui-même avec une suffisance arrogante qui prêterait d’ailleurs à sourire si les risques encourus par les peuples de la région –à commencer par le peuple iranien- n’étaient pas si graves.

Le nain, en termes économiques et militaires, se prend pour un géant et n’ambitionne rien d’autre que de jouer dans l’éternelle guerre froide ou tiède que se livrent les grandes nations du monde le rôle naguère imparti à l’URSS.

Cela n’aurait guère plus d’importance qu’un coq s’égosillant dans une basse-cour déserte si le bloc occidental, emmené bien sûr par Israël qui confond depuis sa naissance en 1948 ses intérêts avec ceux de la terre entière (3), ne contribuait pas pour beaucoup à donner à ce fantoche les dimensions virtuelles du plus grand défi que le monde libéral – et non Israël tout seul ou même les très lointains Etats-Unis- ait connu depuis l’ère brejnévienne.

Car il ne s’agit pas du rôle que voudrait interpréter l’Iran –si toutefois il parvient lui-même à y croire-, à savoir à la fois devenir le leader des non-alignés, le champion de l’Islam et une puissance nucléaire redoutée, mais de ce qu’il peut faire en réalité.

En effet, il y a loin avant que la théocratie persane ne se dote de l’arme nucléaire (4), même sans le contrôle de l’AIEA et encore plus loin avant qu’elle ne l’utilise contre son ennemi de référence, car s’en prendre à Israël reviendrait pratiquement à sacrifier non seulement les Palestiniens qu’on prétendait délivrer, voire un paquet de Libanais, de Syriens et d’Egyptiens, mais encore la plus grande partie des citadins iraniens eux-mêmes puisque l’Etat hébreu et le grand frère étasunien répliqueraient à l’agression avec le sens de la mesure qui les caractérise, à moins, et c’est le plus probable, qu’ils ne prennent tout simplement les devants en rayant au préalable l’Iran de la carte.

Le leadership musulman ?

C’est pour une part vrai dans la mesure où la République islamique d’Iran, verbalement intraitable avec l’Occident en général, a repris à son compte l’emploi que tint longtemps l’Irak de Saddam Hussein, qui était de proposer au monde musulman le mirage d’un Etat suffisamment sûr de sa force pour contrebalancer l’humiliante puissance israélienne, résister à l’hégémonie américaine et même être apte à défaire l’une et l’autre.

Illusion comme on le sait et il semble très probable que l’invincibilité de l’armée iranienne soit de la même médiocre facture que son homologue irakienne.

C’est aussi pour une autre part (de loin la plus large) faux, puisqu’à l’évidence la fusion entre l’islam sunnite et l’islam chi’ite ne semble pas d’actualité, ainsi qu’en témoigne, toujours en Irak, les violences intercommunautaires, à quoi s’ajoute le caractère très minoritaire du chi’isme dans la constellation musulmane.

Le phare des non-alignés ?

Là, il y a de la concurrence, depuis les dictateurs fourbus Castro et Khadafi jusqu’à un Luiz Inacio « Lula » da Silva qui n’en demande pas tant en passant par l’omniprésent colonel Chavez, qui se verrait très bien dans un rôle plus taillé à sa mesure baroque qu’à celle du falot président iranien et qui, de toute façon, pour moult raisons politiques, culturelles et religieuses, ne s’entendra pas bien longtemps avec un pisse-froid frustré du style de Mahmoud Ahmadinejad ou de ses ayatollahs de mentors.

Alors ? L’Iran, véritable bombe menaçant le monde libre et démocratique ou épouvantail commode à le fédérer derrière la bannière étoilée (5) ?

*l’épouvantail, hégélien jusqu’à l’absurde dans son besoin de reconnaissance, accepte souvent d’accomplir son destin jusqu’à se perdre soi-même ; parfois, la prise de conscience du caractère inéluctable de la distribution des rôles lui fait interrompre le jeu avant la fin pour préserver l’acquis, ainsi Khadafi a-t-il renoncé à être autre chose qu’un tyran de troisième zone, tout juste capable de terroriser une poignée de malheureuses infirmières bulgares.

(1) guerre de position et de tranchées de1980 à 1988 qui fit plus ou moins un million de victimes.

(2) vous croyez que l’arme atomique fait peur aux dirigeants d’un pays de 1300 millions d’habitants ? Les maîtres des lieux ont déjà montré par le passé qu’ils n’étaient pas à quelques dizaines de millions de morts près afin de parvenir à leurs fins.

(3) comme si le prix à payer pour la Shoah était que rien de ce qui concerne les Juifs ne pouvait demeurer étranger au reste du monde (ce qui se défend d’un point de vue éthique, mais éthique et politique font rarement bon ménage, ainsi qu’Israël n’est pas le dernier à l’illustrer).

4) des groupes terroristes non pas non plus besoin de ce pays pour les équiper ou pour se procurer de quoi fabriquer des « bombes sales » : le Pakistan et la Corée du Nord sont déjà des puissances nucléaires, sans compter avec les possibilités toujours surprenantes des mafias de la Russie et de ses ex-satellites.

(5) dont celle de David.

Mathias Delfe

Ecrit par MathiasDelfe, à 14:35 dans la rubrique "Pour comprendre".



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