La Seconde Guerre mondiale et ses horreurs, notamment à l’encontre des Juifs et des antifascistes, n’auront été qu’une progression amorcée dès les années trente, par des décrets et des lois xénophobes de tout genre, tel que des quotas d’étrangers dans les entreprises, des expulsions forcés, une police des étrangers, etc.

Les années Giscard relanceront cette logique xénophobe, alors que durant les Trente glorieuses la politique des gouvernements successifs avait incité l’immigration d’une population ouvrière précaire, vivant en bidonvilles.

1980 : le contrôle du séjour des immigrés est intensifié.

Juin 1981 : la gauche au pouvoir depuis un mois réprime une manifestation d’étudiants étrangers.

1986 : les conditions d’immigration et du droit d’asile se durcissent, obligeant nombre d’immigrés à entrer en clandestinité.

1991 : Alors que la gauche avait tâché de nous faire croire « qu’on ne peut pas accueillir tout la misère du monde », le Parti socialiste banalisa l’enferment des étrangers en centre de rétention, ainsi que leurs expulsions par charters.

La droite de retour en 1993 ne fera que renforcer la chasse aux sans-papiers avec les lois Pasqua et Debré. Jospin, malgré ses promesses, ne les abrogera pas. Chevènement alors ministre de l’Intérieur aggravera même la situation.

Les lois Sarkozy sont un pas de plus dans la politique répressive et xénophobe de la France.

Ne soyons pas dupes : toutes les lois sur l’immigration sont xénophobes et déshumanisantes, leur objectif consistant, quoi qu’il arrive, à exclure des étrangers de tous les droits, même les plus fondamentaux tels que la scolarisation, l’hospitalisation, les différentes aides sociales, le droit au travail, etc. Tout contrôle de l’immigration se traduit par la discrimination et l’humiliation envers toute personne d’une autre nationalité, qu’elle soit homme, femme, enfant, voir même nouveau-né.

Les gouvernements nient le droit à la libre circulation, celui de vivre et de travailler où on le désire, de pouvoir rejoindre ses proches, d’acquérir un peu d’aisance, dans le simple but de décourager les futurs migrants. Pire encore, ils créent un marché de la clandestinité incontrôlable organisé par des mafias sans scrupules.

La droite comme la gauche ne font qu’inonder les médias de propos mensongers, dans le but de justifier leur actes et de diviser la population, et pour ne pas reconnaître leur incapacité à partager les richesses et fournir le minimum vital à toutes et tous. Les immigrés sont loin de vivre dans le luxe en « nous ôtant le pain de la bouche », les statistiques nous montrent même qu’ils sont les plus touchés par la précarité. L’invasion des habitants des pays les plus pauvres n’est qu’un mythe. La libre circulation au sein de l’Union européenne n’a pas eu pour conséquence l’immigration massive des défavorisés de Grèce ou du Portugal vers les pays scandinaves où l’on bénéficie pourtant d’une bien meilleure protection sociale.

Ce ne sont pas les immigrés qui sont la cause de nos problèmes, mais ce système qui précarise les uns et enrichit les autres : les patrons et leur allié l’État qui institue la précarité comme légale et légitime. Immigrés ou Français, ce sont toujours les mêmes qui nous contrôlent, nous imposent, et nous appauvrissent ; ce sont ceux-là que nous devons combattre. Nous ne pourrons supprimer la misère et la précarité sans remettre en cause le salariat, qui n’est rien d’autre que le vol du fruit de notre travail, sans exproprier les patronats de tous les pays. Nous ne pourrons conquérir l’égalité économique et sociale sans supprimer l’État, garant des privilèges et de l’injustice.

On ne peut faire confiance à aucun parti politique, de droite ou de gauche, pour rompre vraiment avec les logiques xénophobes : la question de « l’immigration » est trop juteuse pour qui veut se faire élire. Étrangers ou Français, nous devons lutter ensemble, rester solidaires, et ne compter que sur nous-mêmes pour gagner l’égalité et la liberté.

Ni centres de rétention, ni chasse aux sans-papiers, ni immigration choisie : personne n’est illégal ! Solidarité internationale !

Fédération anarchiste

13 mai 2006

www.federation-anarchiste.org