lu sur
ainfos : " Les adhérents et adhérentes à la Otra Campaña impulsent une série de
mobilisations à travers le Mexique, dans le but de libérer les près de
240 prisonniers politiques.
Le vendredi 5 mai, soit un jour après la terrible répression orchestrée
par la police mexicaine dans le village de San Salvador Atenco - situé à
moins d’une heure de la capitale, Mexico -, près de 5000 personnes
manifestaient contre la répression, pour la liberté de tous les
prisonniers politiques capturés la journée passée, plus ou moins 240, et
pour la réapparition de la quarantaine de personnes disparues lors de
cette même journée.
En effet, le jeudi 4 mai, la police mexicaine (police fédéral, locale et
de l’Etat) entrait avec 3000 de ces membres pour procéder au "nettoyage"
d’Atenco. L’objectif officiel, libérer les 11 policiers capturés le jour
antérieur lors des affrontements entre habitants d’Atenco et police de
Texcoco et de l’Etat de Mexico (un des 32 Etats du Mexique). Ces
affrontements se produisirent suite à l’expulsion d’un groupe de
fleuristes de la ville de Texcoco (située à quelques kilomètres de San
Salvador Atenco) de leur lieu de travail, la place du centre-ville. Mais,
au-delà, la police, dirigée par le directeur de la PFP (Police fédérale
préventive) et suivie de près par le gouverneur de l’Etat de Mexico, venue
à Texcoco, cherchait à éradiquer le FPDT, Front des villages en défense
de la terre, de San Salvador Atenco, dont les membres avaient largement
participé aux affrontements, et ses sympathisants et sympathisantes qui
étaient venus dans la nuit soutenir les habitants d’Atenco, en préparant
la résistance.
Vers 6 h 30, la police entra dans le village. En l’espace d’une heure,
elle gagne l’ensemble du village et pousse les personnes résistant à
l’avancée (avec bâtons, pierres et cocktails Molotov) à se cacher dans
les maisons. Commence alors une chasse aux sorcières terrible où les
policiers, sans aucun ordre d’appréhension ni recours juridique,
extrairont plus de 130 personnes des maisons, en frappant nombre d’entre
elles. Parmi elles, des personnes âgées pouvant à peine marcher et des
enfants.
La marche qui partit le lendemain, de Chapingo à Atenco, fut organisée
par des adhérents et d’adhérentes à la Otra Campaña. Parmi les un peu plus
de 5000 manifestants répétant "Nous sommes tous Atenco" ou "Vous n’êtes
pas seuls", s’adressant aux prisonniers politiques, se trouvait le
sous-commandant Marcos, représentant l’EZLN. A la fin de la manifestation,
il prit la parole et dénonça le rôle qu’avaient joué les médias. "Hier
(le 4 mai), nous avons été témoins d’une véritable campagne de mensonges
et de lynchage contre le Front des villages en défense de la terre et le
peuple de San Salvador Atenco. En manipulant les images, les photos et
paroles, les médias se mettent au service du mensonge", affirma le
"Délégué Zéro" de la Otra Campaña, en référence à l’attitude des grands
médias, "les médias d’en haut", qui entonnaient tous ensemble, avec les
grands leaders politiques du pays, que ces délinquants n’ont eu que ce
qu’ils méritaient.
Par la suite, il précisa que l’appui donné par le FPDT aux fleuristes
menacés d’expulsion était un reflet de ce qu’est la Otra Campaña : "Les
compañeros du FPDT sont adhérents à la Otra Campaña et comme tels
accomplissent notre parole, qui dit que nous devons nous aider. Les
compañeros de Texcoco demandèrent de l’aide parce qu’ils allaient les
expulser. Ces compañeros demandèrent à dialoguer avec le maire de
Texcoco, du PRD, ce droit leur fut refusé et ils furent menacés
d’expulsion." Enfin, il informa qu’il allait rester à Mexico jusqu'à ce
que les
prisonniers politiques soient libérés et qu’il allait se joindre aux
actions qui se feront pour leur libération, la réapparition des personnes
disparues les 3 et 4 mai et l’annulation des ordres d’appréhension contre
les personnes ayant participé aux actions des 3 et 4 mai près d’Atenco.
Il
promit aussi de donner une conférence de presse (chose qu’il n’a jamais
faite depuis sa sortie, le 1er janvier) aux journalistes qui apporteraient
des balles que portaient la policiers lors des affrontements du 3 mai. Car
l’autopsie de l’adolescent de quatorze ans tué le 3 mai montre que sa
mort n’est pas due à l’explosion d’une grenade lacrymogène (première
hypothèse soutenue) mais à un tir d’un pistolet de calibre 38, en pleine
poitrine. Ce calibre est de ceux qu’utilisent les policiers de l’Etat. Le
gouverneur de l’Etat de Mexico nie toujours la possibilité que ce soit
un policier de l’Etat qui ait commis le meurtre, car la loi n’autorise
pas ces policiers à porter des armes à feu dans ce genre de situation. De
son côté, la police fédérale rejette aussi toute responsabilité, affirmant
par la voix de celui qui planifia et mena l’attaque contre Atenco,
Roberto Madrid, qu’ils n’utilisent pas ce genre d’arme.
A cette marche se sont ajoutées d’autres manifestations, barrages de
routes et prises de places publiques dans quelque 25 villes du Mexique.
La très grande majorité de ces mobilisations avaient été convoquées par
les adhérents et adhérentes à la "Otra".
Le jour suivant, le samedi 6 mai, un peu plus de 300 membres de la Otra
Campaña de tout le pays se réunissaient à Atenco afin de voir quelles
avaient été les actions réalisées la journée passée et envisager les
futures mobilisations.
Cette assemblée adopta le programme suivant :
Dimanche 7 mai : journée nationale d’information sur la répression à
Atenco et ses conséquences.
Lundi 8 mai : bloquage de la route Mexico-Morelos et réunion à la faculté
de sciences de l'UNAM (Université nationale autonome du Mexique) pour
élaborer des bulletins d’informations.
Mardi 9 mai : journée nationale d’information sur la répression à Atenco
et la situation des prisonniers politiques et des disparus.
Mercredi 10 mai : arrêt national des activités des universités mexicaines
en soutien aux prisonniers politiques.
Jeudi 11 mai : bloquages de routes au niveau national.
Vendredi 12 mai : marche du secrétariat de gouvernement (que l’on peut
rapprocher de Matignon) à Los Pinos (résidence du président Fox).
Samedi 13 mai : assemblée nationale contre la répression. Elle se
déroulera à partir de 12 heures à Atenco et élargira la participation aux
non-adhérents à la Otra Campaña.
Lundi 15 mai : manifestation prévue avec la CNTE, Centrale unitaire des
travailleurs de l’éducation. Les familles des prisonniers politiques et
de disparus prendront la tête de la manifestation.
Vendredi 19 mai : marche de Toluca à Almoloyita (lieu ou se trouvent la
plupart des prisonniers politiques).
Il s’est aussi décidé, lors de cette assemblée, d’ouvrir toutes les
actions aux personnes n’étant pas adhérentes à la Otra Campaña. Ainsi que
d’installer un campement permanent à côté de la prison d'Almoloyita où
sont présents la majorité des prisonniers politiques.
Ce même jour, le 6 mai, se réunissait aussi le CNI, Congrès national
indigène, qui prit la décision d’apporter son soutien dans la lutte pour
la libération des prisonniers politiques d’Atenco.
Les actions exigeant la libération des prisonniers politiques et la
réapparition des personnes disparues dépassent les frontières mexicaines.
A travers toute l'Amérique et l'Europe, s'organisent des protestations qui
visent principalement les ambassades mexicaines.
Concernant les blessés, une dizaine d’entre eux sont à l’hôpital, dont
quatre menottés et près de cinquante autres, emprisonnés, ont des lésions
graves et nécessitent des soins médicaux important (selon la commission
de droits humains de l’Etat de Mexico). Un grand nombre de prisonniers
politiques ont souffert des violences policières et, les visites
autorisées restant, pour l’instant, réduites, il est difficile de savoir
combien de personnes ont subi les coups de policiers. Combien de femmes
ont été violées (plusieurs cas de violences sexuelles ont déjà été
identifiés, allant jusqu’au viol). Plusieurs organisations de droits
humains dénoncent cette situation, en affirmant que cela va contre la
Constitution mexicaine.
Quant à Ignacio del Valle, leader du FPDT, il est accusé d’avoir séquestré
deux fonctionnaires de Texcoco, entre février et avril, dans le cadre de
la lutte contre l’expulsion des fleuristes de leur lieu de travail. La
peine pourrait aller jusqu'à cent ans de prison.
Franck Zapatiste, depuis Mexico-DF.
(après quelques corrections par le subcorrector pour le CSPCL)
[ info transmise par le COMITE DE SOLIDARITE AVEC LES PEUPLES DU
CHIAPAS EN LUTTE :
http://cspcl.ouvaton.org ]