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L'En Dehors


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Max et moi
--> par (Moi) An-ok Ta Chai
J'ai eu une proposition intéressante qui m'a fait réfléchir, quelque chose que j'avais évité d'examiner pendant longtemps. Comment établir un lien entre la philosophie du fameux anarchiste individualiste allemand Max Stirner et l'approche "verte" en général ou anticivilisation de l'anarchie ? J'étais intimidé par cette question, premièrement, parce que Stirner est tellement vieillot - un intellectuel européen mort depuis longtemps - alors que l'anarchie anticivilisation, dans son expression courante, est de mon point de vue tout à fait percutante. D'autre part Stirner est complètement tourné vers l'individualisme, certains peuvent même dire le "narcissisme", alors que les analyses anarchistes vertes concernent toute l'histoire du monde, l'éco-sphère globale et tous les aspects de la vie. Et au demeurant, j'ai vu tout un tas de gens différents aimer Stirner, des Plateformistes aux Libertariens et jusqu'aux anarchistes verts - et tous me frappent comme étant des individus intenses et étranges, et je ne suis pas tout à fait certain de vouloir attirer leur attention.


Néanmoins, je dois l'admettre - J'aime Max Stirner. Et cela depuis aussi longtemps que j'ai connu ce type. Alors je réalise que - Je n'aime pas vraiment Stirner comme personne ou même comme auteur. C'était un professeur dans une école de filles allemande qui a trainé avec des intellectuels arrogants comme Karl Marx et Friedrich Engels, s'est marié à une épouse qu'il a admis n'avoir jamais aimée ou respectée. Dans écrits il s'est souvent laissée aller à déblatérer inutilement au sujet de l'histoire européenne ou d'un autre type de philosophie et il a fréquemment informé ses lecteurs de la façon dont il s'était comporté en faux-cul, en raison de la liberté et de l'intransigeance qu'il supposait avoir. Ce n'est pas pour tout cela que j'aime Max Stirner. J'aime Stirner en raison de ce que je trouve personnellement dans ses écrits ou les idées qu'on lui attribue. Je résumerai cela en disant - expérimentez votre vie par vous-même, pas en tant que n'importe qui ou n'importe quoi d'autre. Dans la mesure où vous savez que c'est la seule vie que vous avez. Par conséquent, vous devriez vous assurer que toutes les relations et idées qui croisent votre chemin, vous aident à vivre votre vie d'une manière plus libre, agréable, plus pleine et dans l'ici et maintenant. Et merde à n'importe qui ou n'importe quoi qui barre votre chemin.
Pas mal de merde commercialisée chaque jour par des groupes d'entraide ont vaguement le même message, mais à moins de devenir le gourou d'un de ces groupes, Stirner a quelque chose d'iconoclaste dans sa philosophie de la vie. Stirner a adopté une approche anarchiste en disant que toutes les formes de gouvernement, de capitalisme et d'autorité détruisent les gens, éliminant de ce fait la possibilité de réaliser un but auto-suffisant dans la vie. Stirner a aussi un point de vue amoraliste en soutenant que les concepts de bon/mauvais, vrai/faux, devoir/engagement opacifient la vision du centre de soi. Il en est arrivé à une orientation individualiste parce qu'il pensait que la société place conceptuellement le collectif et/ou le groupe en premier et décourage ainsi d'évaluer sa propre vie tout d'abord. Et il a pris une position existencielle en disant que les concepts, les systèmes de croyance et les idées n'ont aucune signification inhérente en eux-mêmes - que c'est vous qui donnez la signification en vous et qu'ils agissent en conséquence. Quand vous mettez tout cela ensemble, vous avez alors une vue directe et claire de vous-même - que faites-vous ici et pourquoi le faites-vous ? Stirner a précisé quelles sont vos chances dans n'importe quelle situation donnée si vous n'essayez pas de vous débrouiller tout seul - vous vous êtes alors perdu dans le processus.
Stirner m'a aidé à trouver mes convictions anarchistes et dans ma façon de voir les choses. Il m'a aidé à me situer clairement au milieu de toute cette société de merde qui m'entoure. Le gouvernement et le capitalisme me baisent aussi bien ici qu'en ce moment, ainsi si je veux vivre libre personnellement, pleinement une vie agréable, alors, il faut y aller.
Encore plus saisissante pour moi, c'est la façon dont Stirner a aidé à exposer la nature fantomatique de toutes ces idées que sont la moralité, l'obligation, la famille, la propriété, le gouvernement et la société elle-même ( et à les considérer juste des concepts dans ma tête ) et en conséquence, je les vois comme des exigences et des menaces envers moi. Stirner m'a rappelé que ce sont les gens et le monde physique qui me blessent ou m'obstruent, ce sont toutes les pensées et relations basées sur des idées dans mon esprit, ainsi pourquoi ne pas choisir de penser et agir différemment d'une manière qui m'aide ?
Un problème qui est évoqué dans l'approche de Stirner, en particulier quand on la considère en conjonction avec l'anarchie verte, c'est qu'elle peut être utilisée comme excuse à la consommation, à la goinfrerie et à faire des excès. A cela, je peux seulement répondre qu'il y a une certaine joie qui se produit dans une expérience humaine et que celle-ci est plus profonde et importante quand la santé et l'équilibre sont atteints, que lorsque la consommation et la goinfrerie sont de mises. Je crois que le corps est un organisme naturel et que nous pouvons faire confiance à un sens intérieur ( par opposition au caprice ou à l'habitude ) pour nous guider à trouver notre propre santé personnelle et l'équilibre et à qui nous pouvons faire confiance pour prendre des décisions.
Mais la partie la plus délicate consiste à essayer d'appliquer les idées de Stirner pour établir des rapports de soutien mutuel et de respect avec d'autres personnes et avec la vie non humaine. Stirner a eu l'intuition que les rapports de soutien mutuel et de respect des autres étaient possibles mais en réalité il ne savait pas comment faire*. Ses rapports avec son épouse en sont le parfait exemple. Tant que la vie non humaine continue, Stirner considérait plus qu'il faut "dominer la nature, faites la vous servir", le genre de type - pas exactement éco-conscient.
C'est là où je pense qu'il est important de prendre des idées de Stirner et "run wild"(1), façon de parler. Je vois cela comme en conservant tout d'abord à l'esprit quelques principes de base de la dynamique sociale humaine - si vous négligez ou baisez d'autres personnes, alors il est peu probable qu'elles pensent à vos intérêts. Par conséquent si vous voulez des rapports sociaux qui vous aident, vous devez aussi avoir en tête de dépanner d'autres personnes. Respect et soutien mutuels, coopération volontaire; aka-anarchie.
Après si vous voulez que les gens vous aident d'une manière complète et personnelle, alors vous avez besoin de réellement les connaître et de leur faire confiance. Au delà d'un certain nombre de personnes, la qualité de la relation commence à diminuer et par conséquent la facilité et la profondeur de la confiance mutuelle aussi. Cela met une limite au nombre de personnes que peut avoir un groupe, pour maintenir ce genre d'intégrité. Par conséquent, il est souhaitable de choisir personnellement d'organiser des groupes de petite taille, basés sur la confiance et l'affinité - des "tribus".
Si vous voulez vivre pour vous-même, respecter votre propre plaisir avec satisfaction et liberté et si vous voulez y inclure des domaines souvent négligés comme la sensualité et la spiritualité, tous les aspects de la vie comme vous les ressentez - il y a des chances que vous ne choisirez pas de travailler en usine, ni aux champs, de vous retrouver dans le trafic ou d'aller faire la guerre, de faire la queue, engourdi par le bruit de fond incessant et discordant de la société industrielle, traversant les tas de détritus toujours croissant ou d'autres signes distinctifs de la vie Civilisée. En vivant d'une façon différente, le travail lui-même est clairement vu comme un choix indésirable.
La domestication, pilier essentiel de la Civilisation, est clairement en opposition avec l'approche philosophique de la vie d'après Stirner. La domestication exige le remplacement de ce qui vous soutient naturellement. L'approche de Stirner est de se trouver et de suivre ce qui vous soutient effectivement. Comment pouvez-vous accepter tacitement la programmation et la formation en dehors de vous-même quand tous vos choix choix de vie doivent clairement s'effectuer selon vos propres normes, hypothèses et actions, pour mieux vous soutenir ?
Vivant avec d'autres qui choisissent également de vivre leurs vies de cette façon, se respectant et se soutenant chacun dans ces choix, alors s'établit une norme sociale qui en soi est antithétique à la force d'entraînement de la société agricole et industrielle, "ergo", de la Civilisation elle-même. Cette norme sociale pourrait s'étendre comme mode généralisé d'interaction parmi les gens où elle pourrait servir de base à ceux qui attaquent la Civilisation ou se défendent contre ses empiètements. De toute manière, cette forme de relation sociale et de vivre sa vie est en soit un accomplissement et un soutien pour vous-même, donc ça a de la valeur. La philosophie de Stirner devient alors antagonique à la Civilisation.
Vivre une vie non civilisée, non domestiquée consciemment choisie et significative, pour moi, dans le contexte d'un petit groupe de personnes connues et de confiance, engagées dans des rapports mutuels et respectueux de soutien et ce jusqu'à la fin - c'est l'anarchie verte stirnérienne. Cette idée comme pratique appliquée dans ma vie me fait frissonner. Cette idée généralisée au reste de l'humanité - sans aucune Civilisation du tout - est tout simplement grisante. Ce vieux fou de solitaire solitaire allemand ne savait pas ce qui lui prenait.

*Stirner nommait sa notion des rapports sociaux anarchistes "union des égoïstes" et ses idées sont devenues, plus tard, une base pour construire des modèles d'insurrection post-anarchistes de gauche  par des groupes décentralisés et autogérés.

Lecture recommandée :
Pour plus d'information sur Max, notre gars, vous pouvez lire le livre le plus connu et le plus influent de Stirner : "L'Unique et sa propriété" actuellement disponible en librairie, édité par Cambridge University Press et par les éditions anarchistes Rebel Press. Ce titre et d'autres écrits sur et au sujet de Max Stirner peuvent également être trouvés en ligne à : http://www.nonserviam.com
Et pour une histoire vraie de quelques anarchistes stirnériens qui ont complètement adopté sa philosophie, je vous recommande de lire : "La bande à Bonnot" de Richard Parry, publié aussi par Rebel Press.

Traduction par Libertad d'un texte paru en anglais dans Green anarchy # 21 automne-hiver 2005-2006

(1) NdT : expression non traduite car le sens m'échappe

Ecrit par libertad, à 22:47 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  tetatutelle
27-02-07
à 17:40

Et la propriété corporelle

Nouvelle membre de l’équipe de la rédaction, par ce second article de commentaire je commence en beauté par une polémique (je vous avais bien prévenus par mon premier article que c’est ma spécialité !). Si la philosophie stirnerienne est pour son côté très individualiste celle que j’ai choisi de soutenir, je dirais même bien devant les autres doctrines anarchistes plus collectivistes, c’est parce que justement je ne partage pas l’interprétation qu’en donne « Green Anarchy ». La lecture de ce genre d’argument aurait tendance à me pousser au découragement (j’ai bien entendu la force de me ressaisir !), ma réaction spontanée étant celle-ci : « Décidément, même dans le cercle stirnerien, je réussis encore à tomber sur quelqu’un qui ne partage pas exactement mes idées et mon combat considéré des plus farfelus ! » Si Stirner fait de la propriété individuelle un absolu, il n’est pour moi nul doute qu’aucune chose alors ne doit être exclue du droit de propriété et que la propriété corporelle devrait bien être logiquement la première revendiquée. Mais c’est que contrairement à la définition partielle donnée à ce terme, être propriétaire de son corps ne doit pas se limiter à mon sens à l’autoprotection contre les rapports sexuels imposés autoritairement par « le devoir conjugal » et violemment par le viol. Ce principe doit concerner le corps tout entier des cheveux aux orteils, c'est-à-dire qu’on doit avoir le droit d’en faire ce qu’on veut, y compris de « se laisser aller à la surconsommation et la goinfrerie » si ça nous chante ! Même considérée communément comme le bien le plus précieux, la santé n’a pas à s’autoproclamer déesse légitime sur l’autel de laquelle on contraindrait chaque humain au sacrifice de tout ou partie de ses plaisirs gourmands. Cela ne ressemblerait-il  pas de près à une forme laïque du fameux « péché de gourmandise », idée abandonnée même par la religion depuis plusieurs années ? Et d’abord, quelle définition donner à la goinfrerie ? A partir de quelle quantité consommée est-on considéré comme goinfre ? Pour moi, cela signifie manger au-delà de sa faim. Or, chacun ayant un appétit différent, l’estomac de certaines personnes va éclater après deux cuillérée à soupe de pâtes, alors qu’il en faudra dix pour en rassasier d’autres. Et bien désolée, je ne prends pas ces derniers pour des goinfres,  considérant leur attitude des plus légitimes. Quant au fait de surpasser sa faim deux ou trois fois dans l’année en des occasions exceptionnelles (fêtes), je ne vois pas non plus en cela matière à se culpabiliser. Il y a aussi le cas particulier, vraisemblablement très peu connu, du problème psychosomatique, dont le symptôme est un rejet du goût de certains aliments. C’est mon cas, je n’arrive pas, malgré la bonne volonté que j’y ai mise, à supporter le goût de 98 % des légumes hors féculents. Je les recrache dès passés dans ma bouche car mon palais les rejette. Je considère pour l’avoir vécu non comme une méthode éducative mais plutôt une forme de torture le fait de forcer une personne dans ces conditions, quel que soit le soit disant « bien fondé » du principe justifiant ce comportement. Ces deux parenthèses utiles fermées, je déclare sans honte m’accorder le droit de refuser pour moi-même l’hygiène alimentaire ainsi même que partiellement l’hygiène de vie puisque mon corps n’appartient qu’à moi. En mangeant du sucré et du nourrissant en trop grande quantité, je ne nuis à personne. « Si, peut-on me rétorquer, car si cette attitude débouche un jour sur une maladie nécessitant une intervention, ce sont bien les autres, contribuables, qui devront en prendre le coût à leur charge ! ». C’est effectivement ce que me répondent les non-anarchistes dans ma vie de tous les jours. Force est malheureusement de constater qu’ils ont raison puisque c’est bien ainsi que ça fonctionne actuellement. Mais anarchistes, vit-on conformément au système actuel ou pour défendre celui que nous souhaitons instaurer ? Puisque ce dernier abolira l’argent, plus personne n’ayant alors à payer pour personne, cette question sera de fait résolue, sauf à peut-être rétorquer encore la mobilisation laborieuse des médecins que cette liberté continuera à nécessiter.  Penser ainsi constamment  « l’autre » montre l’impasse et oblige à se résigner à cette réalité que l’individu ne pourra jamais être à 100 % indépendant et propriétaire de sa vie. Je refuse pour ma part de céder à cette résignation, vous invitant avec moi à ce refus.

Têtatutelle

Répondre à ce commentaire

  provisoire
27-02-07
à 19:15

Re: Et la propriété corporelle

Salut, sur la question de la nourriture en société anarchiste, reste quand même que cette nourriture, il faut bien la produire, ou au moins la trouver quelque part... Que tu revendiques le droit à te groinfrer, fort bien, et dans une société sans argent, personne ne payerait les soins liés à ton état de santé éventuel, jusque là, j'arrive à suivre. Mais, à ma connaissance, le sucre ne pousse pas sur les arbres... Alors soit tu produis toute seule (ou tu cueilles et chasses toute seule) ce qui est nécessaire à ta groinfrerie, soit cela dépasse tes capacités personnelles et à ce moment-là, t'es bien obligée de demander à d'autres de "t'aider" à faire en sorte que tu puisses te goinfrer... Le minimum, en société anarchiste, serait quand même de leur demander leur avis... et il est possible qu'ils soient pas d'accord pour bosser plus... On aspire aussi éventuellement à une société où on sortirait du travail...

Parce que pour l'instant, j'imagine que tu payes pour te nourrir, et je connais peu de personnes qui ne sont pas dans ton cas. Celles que je connais ne pratiquent pas beaucoup la goinfrerie, le travail de la terre donne pourtant un solide appétit, et même pour des gaillards et gaillardes, la paysannerie occupe quand même une grande partie de la journée et de l'année, sans parler des conserves, salaisons, etc... bref tout ce qui permet de se nourrir sans payer... Ceux-là, ils seraient peut-être pas d'accord pour t'accueillir si tu ne fais pas attention que les réserves de nourriture qui sont là, elles sont quand même là pour permettre à X personnes de se nourrir pendant tant de mois (en gros, jusqu'à la récolte suivante...) et elles seraient peut-être pas d'accord pour manger moins pour que tu puisses manger plus... au minimum, il faudrait en discuter ensemble, et s'attendre à ce que la décision ne donne pas priorité à ta goinfrerie...

Y en a qui pensent qu'on pourrait tenter le coup des chasseurs-cueilleurs (c'est le cas des green anarchistes), mais bon, en France, aujourd'hui, je suis quand même un peu sceptique (et l'hiver est long... même avec le réchauffement climatique).

A l'heure actuelle, je crois quand même que le problème de la goinfrerie ne se pose peut-être pas de la même manière pour une très grande partie de la planète... Malheureusement, nos possibilités à nous de nous goinfrer dépendent également du fait que, un peu plus loin, y en a chez qui on va se servir et qui ont le ventre vide... C'est pas pour dire "finis ton assiette, y en a là-bas qui crèvent la dalle"... Mais examiner les conditions réelles d'une société anarchiste, et donc de l'autonomie (qui ne soit pas l'autonomie des uns sur le dos de l'aliénation des autres) c'est aussi se questionner sur ce qu'on est capable d'assumer et d'assurer concernant ses besoins fondamentaux (se loger, se nourrir, se chauffer, se vêtir), donc à l'échelle de territoires plus réduits et sans exploitation...

Enfin, je vois mal comment on pourrait éviter, en tant qu'anarchiste, de penser "l'autre", et pour ma part, je ne crois ni ne souhaite qu'on soit à 100% indépendant. Je n'ai pas la mentalité de "propriétaire", ni de ma vie, ni de quoi que ce soit. Le mot "propriété" ne se réfère pas nécessairement à ce dont on est "propriétaire", mais plutôt, me semble-t-il, à ce qui nous est "propre". Ce qui m'est propre, c'est aussi la qualité des liens qui me tissent, et des dépendances que j'ai choisies, encore faut-il que le choix soit possible, et qu'il ne soit pas aliéné. Je ne vis pas seule en ce monde.

L'anarchiste peut être Unique, mais tout seul, il n'ira pas bien loin... enfin, ce que j'en dis, moi...
Répondre à ce commentaire

  tetatutelle
28-02-07
à 18:00

Re: Re: Et la propriété corporelle

Bonjour,

Cette réponse ne me surprend pas du tout. Jusqu'à maintenant (j'ai 35 ans), je n'ai encore trouvé personne qui soit d'accord avec moi sur ce point. Mais ce "personne" se situe en-dehors du cercle anarchiste. Je ne peux incriminer aucun anar sur ce point puisque nouvelle dans ce mouvement, tu es mon premier contact et encore, un contact numérique. Merci quand même de t'être donné la peine de lire cet article qui fatigue les yeux (expérience faite personnellement) par sa petite écriture, les manques de gras, d'espaces etc...Ceux-ci viendront petit à petit avec mon apprentissage du logiciel. Cette réponse me donne donc aussi en même temps l'occasion d'un entraînement.

Parenthèse fermée pour répondre qu'il est malheureusement impossible de me convaincre sur ce point. Notons déjà quelques détails d'incompréhension de mon propos et quelques contradictions dans ce que tu dis. L'incompréhension sur la goinfrerie. J'évoque la difficulté voire l'impossibilité de lui donner une définition. Car je n'ai justement pas le sentiment de me goinfrer. La quantité que je mange n'est pas énorme, moi je la considère moyenne mais tel n'est pas l'avis de ceux qui mangent très peu. Car si je ne me satisfaisais pas d'une culture paysanne sur une année, j'aurais effectivement un petit problème. Car à l'époque où les pays ne vivaient que d'agriculture, les gens ne mangeaient pas moins que nous et les paysans étaient de loin les plus goinfres (justement parce que leur travail creuse). La mode du régime est venue avec la société moderne. Je ne me fais donc pas trop de souci pour convaincre ce genre de personnes. Je mange juste à ma faim mais elle n'est pas la même que celle de mon voisin d'en bas qui n'a pas non plus la même que celle de mon voisin d'en haut et ainsi de suite. Or, si on en est à exiger que tout le monde mange la même quantitié quel que soit son appétit "unique", il n'y a rien à reprocher à Staline ! Cela me paraît grave. Donc, si un accord est à trouver en la matière je pense qu'il est difficile, pour qui est logique et refuse un système stalinien, de ne pas reconnaître la réalité de cette diversité et l'obligation, bon gré mal gré, de faire avec.

Tu as l'air à la fois de souhaiter la fin du labeur et de donner en exemple la paysannerie. Là, il y a grosse contradiction. Le travail du paysan étant justement le plus dur, la fin du travail ne peut aller dans ce sens. Et je  pense qu'elle est impossible, justement parce que nous avons des besoins auquels il nous faut répondre. Chasser un déjà un travail. Alors, si tu penses ne pouvoir vivre que de la cueillette de fruits, essaie d'abord... Et je crois qu'en majorité les anars, tous courants confondus, ne la souhaitent pas. Nous évoquons bien le projet de fédérations industrielles, dont l'agroalimentaire ferait partie. Nous conserverions donc la possibilité de fabriquer du sucre ! Et  l'on doit quand même exiger que cette société anarchiste, au minimum donne du travail à tout le monde (si on garde notre problème de chômage, alors autant rester en démocratie parlementaire !), et dans ce cas, toujours question de logique : plus de gens pour travailler = moins de travail chacun pour la même quantité fabriquée.

Seconde contradiction. Tu es contre l'individu isolé mais tu parles bien de relations "choisies" et non contraintes. Donc tu es obligée d'y inclure la possibilité pour un petit nombre de rester seuls si tel est leur bonheur parce qu'ils ne réussissent à s'intégrer nulle part.

Je conclurais en t'invitant tout simplement à lire, mais en y mettant tout le temps nécessaire, "L'Unique et sa propriété" de Stirner. Tu te rendras vite compte de son niveau d'asociabilité qui est bien pire que le mien ; puisqu'il revendique y compris le droit au vol et au meurtre alors que moi je ne ferais pas de mal à une mouche. Je revendique juste le droit qu'on me laisse tranquille là où je ne me fais du mal qu'à moi-même si ça ne touche pas les autres : oui, être "propriétaire" de ma propre vie.  Sinon 'l'autre" et le collectif sont encore un chef pour l'individu.

Têtatutelle

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  provisoire
28-02-07
à 18:43

Re: Re: Re: Et la propriété corporelle

Salut,

comme tu dis toi-même que tu découvres le logiciel, je voulais juste te dire, parce que peut-être tu ne savais pas, mais sur internet, dans les forums, quand on écrit en gros et en gras, ou en capitales d'imprimerie, c'est un peu comme si on hurlait dans les oreilles de quelqu'un. C'est un code, une convention, si tu préfères...

Pour ce qui est de ton conseil de lire Stirner, il se trouve que je ne t'ai pas attendue.

Ce qui m'embête un peu, c'est que tu donnes l'impression d'emblée de te placer dans une position "seule contre tous", que tu poses a priori, que tu ne seras pas comprise, que ce n'est pas étonnant, que ce n'est pas la première fois... Je ne suis pas certaine que ce soit la meilleure approche pour engager une discussion... Mais bon, je vais essayer de te répondre, en espérant que tu ne me classeras pas d'emblée dans la case "encore une qui n'est pas de mon avis"...

Pour tes remarques sur le travail, je suis allée vite, estimant que sur un site anarchiste, je n'avais peut-être pas besoin de préciser les différences entre travail/activité/tâche/métier, donc je suis contre le travail salarié et l'aliénation de ma force de travail. Dans une société anarchiste, je considère comme allant de soi de participer aux tâches communes et aux activités définies ensemble comme nécessaires à la société que nous formerions, par un système de conventions par exemple, à l'échelle de groupes type petites communautés, villages, petites villes, par le fédéralisme pour les besoins dépassant ce qu'un petit groupe de personnes peut faire ensemble pour ses propres besoins. Je ne suis cependant pas du tout d'accord pour que cette nouvelle société m'impose des tâches ou activités sans mon consentement... à ce moment-là, j'estime que cela est à nouveau du travail...

Pour ce qui est de la cueillette, si tu me lis bien, je dis que j'ai des doutes, manière ironique de dire que je n'y crois pas.

Pour ce qui est de la paysannerie, je pense qu'il faut que tu fasses attention que les relations sur internet sont souvent faussées. De même que je ne sais rien de toi, tu ne sais rien de moi, de mon mode de vie, de mes pratiques... Sache juste que je ne parle de communautés paysannes et anarchistes de manière abstraite...

Je ne cherche pas à te convaincre de quoi que ce soit... J'espère que c'est réciproque... sinon, pourquoi es-tu ici ? Si tu dis quelque chose ici, il faut t'attendre à ce que certaines personnes ne soient pas de ton avis... et qu'elles le disent... C'est la même différence que l'individu isolé et le groupe... Ça ne me dérange pas du tout qu'il y ait des individus isolés, mais s'ils sollicitent d'autres personnes, il faut bien tenir compte desdites personnes, sinon de quoi parlons-nous quand nous parlons par exemple d'une "communauté des égaux" ? Ici, par exemple, tu commentes, je te réponds, tu me réponds, etc... Si c'est juste pour rester avec chacun sa posture, ça n'a guère d'intérêt. Cela s'appelle débattre, et par la discussion, on peut d'une part préciser sa pensée (la rendre plus juste sans la renier, parce qu'on se rend compte qu'on n'a pas été clair), et puis aussi évoluer, parce qu'on découvre des choses auxquelles on n'avait pas pensé par exemple... C'est toute la richesse humaine aussi que cette diversité, et c'est elle aussi qui nourrit nos pensées et nos vies...

Je le répète, je ne vis pas seule en ce monde... et heureusement... Mais je respecte tout à fait les solitaires, tant qu'ils me respectent aussi...

Amicalement

ps : si tu viens souvent ici, tu t'apercevras que j'interviens "régulièrement" et que je suis en général assez longue...
Répondre à ce commentaire

  tetatutelle
02-03-07
à 18:17

Re: Re: Et la propriété corporelle

Alors on a au moins cette petite chose en commun : moi aussi je suis longue et même ça, ça m'est reproché. Donc ça ne me dérange pas du tout et c'est bien là le gros avantage des journaux sur Internet : la place est illimitée ; et c'est bien la moindre des choses à attendre d' un service payant !

Loin de moi de crier dans les oreilles de quelqu'un. Je cherche simplement à me faciliter la tâche de lecture et surtout de saisie ainsi qu'à tous ceux, nombreux dans ma situation : les myopes et astygmates, qui pourraient apprécier. Alors ne t'inquiète pas, surtout que je ne te demande pas d'en faire autant. Et je crois que chacun aussi apprécie que les idées clés ou principales soient mises en gras, peut-être que tout le monde ne lis pas systématiquement mot à mot chaque article (nous ne disposons pas de toutes nos journées entières au débat sur le net) ; alors dans ce cas, il est important d'en avoir compris l'essentiel. Mais peut-être est-ce aussi une déformation de bachelière littéraire ?

Revenons au sujet qui nous préoccupe. 35 ans, c'est la moitié de la vie "en santé correcte" (en prenant comme point de repère l'âge de la retraite). Donc si j'ai fait jusqu'à présent le constat de mon incapacité à l'évolution, il y a peu de chances que ça puisse encore changer. Je m'explique sur cette incapacité. Par autoanalyse de moi-même (comme quoi j'ai quand même essayé de me remettre en question), j'en ai tiré la conclusion suivante : à la moindre contrariété, ça n'est plus ma raison mais mes sens qui me dominent. Je suis une ultra sensorielle, si tel est le mot adéquat. C'est cette défaillance (ou déficience ? Mets le qualificatif que tu veux...) qui provoque une incapacité à la concession. Car la concession, ce n'est pas du cotton ni de la paumade confortable, ça fait mal ; psychologiquement et ça peut même se ressentir physiquement selon le degré. Dans ces cas-là, le relationnel avec les autres qui dans leur énorme majorité (du moins ce que j'en connais) n'ont pas ce problème ne peut forcément pas faciliter les choses. Et alors dans ce cas, ils ont l'une trois attitudes : soit ils m'obligent de force à surmonter ça (en me lançant à la figure que je n'en ai pas la volonté), soit ils ne me laissent que l'alternative (à laquelle tu me sembles quand même adhérer d'une certaine façon) : c'est ça... ou alors reste dans ton coin ! Ou alors ils me disent de consulter un psy (donc me faire soigner !) ! Alors je prends la première attitude pour une forme de violence psychologique (psychosensorielle, psychocorporelle, là encore peu importe les termes...), la seconde pour de l'exclusion et la troisième pour de l'autorité (pour ressortir guéri ou transformé d'une thérapie, il faut bien pour cela "obéir" à la personne du psy c'est à dire accepter de céder en lui donnant raison à un moment ou un autre ; on retombe donc dans la même situation contraignante, dans la même douleur à supporter. Voilà pourquoi je ne crois pas dans ces thérapies "psy" : elles sont faites pour les personnes dociles qui elles n'en ont donc pas besoin !). Violence psychologique, exclusion, autorité...Mais dis voir en tant qu'anarchistes, nous sommes bien contre tout ça, non ! Nous prônons haut et fort la solidarité. Donc, conculusion logique, nous revenons bien à ma pensée, à savoir que nous ne pouvons pas, comme les non-anarchistes, exiger uniquement et encore et toujours des concessions de la part des "solitaires légitimes" (dirais-je) ; nous devrions aussi et surtout apprendre à supporter chacun tel qu'il est. Et ce qui me désole un peu, c'est de voir que ce projet n'a pas l'air d'être tellement à l'ordre du jour des différents courants actuellement. Les ultra sensoriels n'ont effectivement pas plus que les autres une capacité au 100 % système D pour l'entretien matériel de leur vie et à l'exercice de tous les métiers existants. Donc un peu de solidarité, c'est tout. Acceptons, quand ils sont obligés de faire appel à d'autres, qu'ils n'acceptent que les conseils qui ne leur font pas mal.

Je crois que maintenant ma pensée doit s'être beaucoup éclaircie pour toi même si, du coup, j'ai été contrainte pour ça d'être encore plus longue !

Je crois qu'à ce point, il ne devient plus très pratique de continuer ce débat sous cette forme car il nécessite logiquement que je fasse part à présent de mes attentes précises quant à la société anarchiste. Pour ça, je vais me lancer dans la rédaction d'un article que j'intitulerai "Contre l'exclusion, l'autogestion dualiste" que je mettrai dans cette même rubrique que je t'invite donc à consulter régulièrement ces jours-ci jusqu'à le trouver s'il est accepté par le comité de rédaction.

Amicalement

Têtatutelle 

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