Quotidien anarchiste individualiste
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"OUI à l'Europe sociale!"
Le peuple français, fidèle à ses traditions démocratiques et révolutionnaires, vient d’infliger une défaite cinglante à son aristocratie financière en disant NON à la dernière tentative néolibérale de lui enlever ses droits : le CPE. Cette victoire défensive vient un an après une autre victoire défensive historique : le NON au projet d’une Constitution Européenne néolibérale. De nouveau, l’audace des travailleurs français donne l’exemple au monde. Contre le dogme libéral selon lequel il faut se soumettre à la globalisation et la compétitivité capitaliste, la jeunesse française a répondu qu’elle refusait de vivre un tel monde. Un autre monde est donc possible.
Mais deux NON ne font pas un OUI, et les maîtres de l’économie et de la politique française ne manquent pas de projets auxquels il faudra encore dit NON. Tous se demandent, comment construire un mouvement social sur la défaite du CPE ? La même question s’était posée l’année dernière pour celle de la Constitution libérale, après l’étonnante victoire des NON -- non seulement chez les français mais aussi chez les hollandais. C’était donc déjà un mouvement social européen, mais cette unité s’est vite dissipée faute d’un projet concret.
Or, pour construire un mouvement européen, il faut proposer un but positif à l'imagination des travailleur/euses. Après le ‘NON’ au CPE et le 'NON' à l'Europe libérale, le 'OUI' à l'Europe sociale. Le vieux rêve internationaliste des Etats-Unis de l’Europe (conçu en 1848 et renouvelé en 1945) reste si puissant chez les travailleurs, que beaucoup ont hésité à voté 'NON' à cause des arguties d'un Le Pen et contre une Europe unie, même libérale ! Il faut leur proposer une alternative positive: une Constitution européenne sociale.
Facile de l’imaginer, cette Constitution européenne sociale. Il suffit de prendre la contrepartie de celle qu’on nous a proposée ! Au lieu de dix volumes incompréhensibles, dix pages lisibles. Un SMIG et un salaire social européens. Protection des droits des travailleur/euses, des jeunes des femmes, des immigré/es, des enfants. Protection de l'environnement, de la santé, des villes, des services publics. Responsabilité fiscale, sociale et écologique des entreprises. Interdiction d'importation en Europe de tout produit venant de pays ou entreprises non-conforme aux règlements de l'Organisation mondiale du travail de Genève – mesure de solidarité avec les travailleur/euses du Tiers monde qui servira à décourager les délocalisations.
Pour la formuler, on pourra imaginer d’organiser une assemblée constitutionnelle des peuples représentant syndicats, associations, partis et mouvements de dix pays. Elle pourra se tenir à Maastricht en honneur du 'NON' hollandais et aussi pour y remplacer le Traité libéral de 1992 – toujours en force -- auquel la gauche n'a pas su dire 'NON.' Puis, des referendums dans tous les pays pour faire voter « Oui à l’Europe sociale. »
Aujourd’hui, les capitalistes européens, en déroute, se mangent et se bagarrent (par exemple entre la France et l’Italie). Le Conseil de l’Europe vient de l’enterrer sans cérémonie son projet de Constitution à Bruxelles (IHT 28 avril).
L'heure du "OUI" à l'Europe sociale a sonné. Un mouvement européen est à construire. Contre la course aux plus bas salaires au nom de la compétitivité, la solidarité entre travailleur/euses de dix pays. Contre le nivellement des salaires par le bas (le coup du plombier polonais) le nivellement par le haut. Pour une Constitution sociale européenne.
Visionnaire ? Peut-être, mais surtout réaliste et pratique. L’offensive du capitalisme prédateur contre les droits de travailleurs est globale. Nous ne pouvons pas éternellement défendre la social-démocratie ‘dans un seul pays’ grand comme la France à coup de NON. Pour ne pas se faire bouffer les uns après les autres, les petits poissons doivent s’unir. Le moment est à saisir. Nous vivons la mondialisation. L'internationalisme, le principe de départ du socialisme ouvrier au 19e siècle, s'avère encore plus pertinent au 21e. "Travailleur/euses de tous les pays unissez-vous et vous aurez un monde à gagner!"
Richard Greeman
Si vous avez trouvé mieux, écrivez-moi. rgreeman(a)laposte.net