L'En Dehors

Lu sur : UCBerkley « Parfois, après un abus de société humaine et de commérage, ayant épuisé tous mes amis du village, je partais vagabonder plus loin encore, vers l’ouest au-delà d’où je vais habituellement, dans les parties les plus reculées du bourg, « vers des bois frais et des pâtures nouvelles », ou alors que le soleil se couchait, soupais d’airelles et de myrtilles sur la colline de Fair-Haven, en en amassant une provision pour plusieurs jours.

Les fruits n’offrent pas leur vrai parfum à qui les achètes, et non plus pas à qui les cultives pour les vendre. Il n’y a qu’une seule façon de le connaître, et que peu utilises.

Si vous désirez savoir quelle saveur a l’airelle, demandez au petit berger ou à la perdrix. C’est une erreur grossière que de supposer y avoir vraiment goûté sans jamais les avoirs cueillies vous-même.

Une airelle n’atteint d’ailleurs jamais Boston ; il n’y en a plus depuis longtemps, depuis qu’elles ont  disparues de ses trois collines. La part essentielle, son ambroisie, s’évapore à cause des frottements de la peau des fruits dans la charrette qui va au marché, et en deviennent alors de simple provende.

Aussi longtemps que la Justice Eternelle régnera, pas une seule airelle ne pourra y être transportée de toutes les collines du pays sans perdre son innocence. (…) »

Henry David Thoreau, Walden Or life in the woods – The ponds. 1854

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