Lu sur
Altermonde-le-village : : "Plus c’est gros, mieux ça passe !... Le geste est divin et confine au sublime !... On est effaré par le courage et l’audace sans borne dont sont capables les gens d’avoir et de pouvoir !... Le cadeau de Noël gouvernemental aux chômeurs est énorme et d’une générosité sans pareil. Il s’agit de renforcer une nouvelle fois les contrôles les concernant. Après avoir fourbement cet été déjà, pendant les effets lénifiants de la sieste aoûtienne pris un décret donnant le pouvoir aux Assedic de suspendre les allocations et institué une gradation dans les sanctions, voici pour fêter dignement l’avènement du divin enfant un nouveau décret tout aussi perfide permettant aux agents de pousser l’inquisition jusqu’à leur donner accès aux dossiers fiscaux des demandeurs d’emploi pour le cas ou leurs lucratives prébendes leur auraient permis de devenir d’immondes fraudeurs du fisc en même temps que d’ignobles profiteurs du système capitaliste...
En effet, ce 22 décembre 2005, notre cher gouvernement néolibéral de droite (non, ce n’est pas un pléonasme, il existe des néolibéraux de gauche !) présidé par un individu que son statut dispense et protège, lui, du tribunal et donc de rendre des comptes à ses concitoyens éprouvés et appauvris, ces inénarrables larrons étatiques unis et ravis donc, ont de concert, de connivence, complices comme cochons et moralement sans aucun complexe, tripatouillé et modifié par le décret n° 2005-1624 la sous-section 4 de la section 1 du chapitre 1er du titre V du livre III, c’est-à-dire l’article L. 351-18 du code du travail concernant le contrôle de la recherche d’emploi par les agents publics de l’A.N.P.E. ainsi que les agents relevant des organismes de l’assurance chômage, précisant que les articles R. 351-30 et R. 351-31 ont été remplacé par les dispositions suivantes : "les agents vérifient les déclarations souscrites par les demandeurs d’emploi. Pour cela ces agents ont accès aux données et documents nécessaires à l’accomplissement de leur mission et peuvent, sur leur demande, se faire communiquer par les administrations fiscales, en cas de présomption de fraude, toutes données et documents nécessaires."
Oui, je sais c’est très aride comme texte, mais c’est à cette sauce d’étouffe-chrétien là qu’on est mangé et nul n’est censé l’ignorer !...
Et tout cela bien entendu avec l’approbation, l’assentiment, l’accord, le consentement, le sourire béat et les yeux fermés d’après clin d’oeil complice, de la section "sociale" ( !) du Conseil d’État et de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (avis délivré dixit le J.O. en date du 21 septembre 2005).
Ce décret a de quoi assurément rendre fier le crâne d’oeuf qui l’a pondu dans l’intention généreuse d’empêcher ces salauds de pauvres de tenter de s’engraisser injustement sur le dos de ceux qui font naturellement du lard sans effort, par la naissance, le privilège, le pouvoir ou la spéculation boursière. Il est passé aussi subrepticement et furtivement que son précédent estival, le jour du réveillon pendant que les économiquement faibles tentaient de remplir leur caddie, dans les grandes surfaces de vente à bas prix, de produits cancérigènes ou cancérogènes (même les malades ne font pas la distinction)... Ces commerces démentiels dits de proximité qui sont généralement dirigés par de grands managers dont le panier retraite comporte de solides stock-options et autres parachutes fiscaux éprouvés...
Quand on sait le nombre d’officines officielles et autres cabinets conseils juridiquement et fiscalement spécialisés pour enseigner, professer voire prêcher et catéchiser comment tricher légalement pour payer le moins possible d’impôts et comment échapper élégamment à la curiosité déplacée de l’administration fiscale quand on est riche et bien portant, on croît rêver éveillé face aux leçons de morale et aux précautions législatives que prend ce gouvernement fantoche entaché de forfaiture pour se prémunir des improbables et dérisoires malversations des pauvres.
Oui, vraiment le geste est auguste et noble !... Et on n’ hésiterait pas à crier "vive l’ampleur..." si l’on ne s’attendait à mieux encore... Si, si, ayez confiance dans ce régime et dans la capacité de ses ressources humaines, l’année nouvelle qui s’annonce nous réserve certainement encore quelques trésors d’agréables surprises toutes plus inédites et réjouissantes les unes que les autres... Sous l’égide de telles élites, on se demande même en frémissant par qui, en 2007 de notre ére, Gugusse et son orchestre d’autistes mal-entendants vont-ils bien pouvoir être remplacés... Sont-ils même seulement remplaçables ?... Vraiment on ne voit pas... A part le tourbillonnant petit proconsul qui se prend d’ailleurs déjà pour l’ampleur elle-même... On ne voit pas bien qui pourrait faire mieux !...
Michel Berthelot le 26 décembre 05