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Altair Algayer, chef de l‘équipe de la FUNAI (le département des affaires indigènes du gouvernement brésilien) chargée de la protection du territoire akuntsu, a fait valoir que ‘Ururú était une battante, une femme très forte qui a résisté jusqu’au dernier moment’.
Ururú a été témoin du génocide de son peuple et de la destruction de sa forêt après l’installation d’éleveurs de bétail et de leurs hommes de main sur son territoire dans l’Etat de Rondônia. Dans les années 1960 et 1970, le gouvernement avait ouvert cet Etat à la colonisation, notamment avec la construction scandaleuse de la route BR 364.
Ururú disparaît en emportant avec elle une grande part de la mémoire historique de son peuple. Bien que nous ne connaîtrons sans doute jamais dans toute son ampleur l’horreur qu’ont subie les Akuntsu durant ces cinquante dernières années, les survivants racontent que les membres de leurs familles ont été abattus par les fermiers qui détruisaient leurs maisons au bulldozer. Les deux hommes survivants, Konibú et Pupak, portent encore des traces de balles sur le corps.
L’équipe de la FUNAI a retrouvé les traces des maisons détruites ainsi que des poteaux, des flèches, des haches et des débris de poterie que les fermiers avaient tenté de dissimuler.
Lorsque la FUNAI entra en contact avec les Akuntsu en 1995, ils étaient sept. La fille cadette de Konibú a été tuée en janvier 2000 par un arbre qui s’est abattu sur sa maison.
Les Akuntsu vivent aujourd’hui sur un territoire reconnu officiellement par le gouvernement brésilien et protégé par la FUNAI de l’invasion des fermiers voisins.
Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré aujourd’hui : ‘La disparition de Ururú, préfigure la dernière étape d’un génocide du XXIe siècle. Contrairement aux horreurs de la Seconde Guerre mondiale ou aux meurtres de masse rwandais, le génocide des peuples indigènes se produit dans les régions les plus reculées du monde, à l’abri du regard et de la réprobation de l’opinion publique. Et même si ce génocide ne concerne que quelques individus, le résultat ultime est le même. C’est un peuple entier qui disparaît. Les peuples indigènes ne seront en sécurité que lorsque cette terrible injustice à leur égard sera élevée au même rang que l’esclavage ou l’apartheid’.
Un récent film brésilien de Vincent Carelli, Corumbiara, retrace l’histoire des Akuntsu, de leurs voisins les Kanoê et de l’‘homme dans le trou’, dernier survivant de son groupe. Les Akuntsu figurent également dans la vidéo Survival Peuples isolés.