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collectif-RTO : Pour nous guerir à tout jamais de la douce lenteur, de la rêverie indolente, de l’instant immobile ou s’encre la poésie....
touche pas à ma folie, touche pas à mes reves, touche pas à mes cris, touche pas à ma souffrance, ne me soigne pas de la vie !
Antonin Artaud alors ? ils vont en faire quoi ?
http://www.antoninartaud.org/
http://www.palais-decouverte.fr/actu/genetique/index.htm#travail
Une thérapie génique pour retrouver l’appétit de travail
Nous sommes souvent obligés de lutter contre la procrastination, c’est-à-dire la tendance à tout remettre au lendemain, à ajourner, à temporiser. Comme les êtres humains, les singes présentent naturellement cette tendance, du moins ceux qui vivent en laboratoire et apprennent à appuyer sur des leviers pour obtenir des récompenses (eau, nourriture, friandises…). Quand ils disposent de beaucoup de temps pour effectuer une tâche, ils préfèrent la remettre à plus tard. Inversement, ils travaillent d’autant mieux et plus vite que l’échéance (c’est-à-dire la récompense) se rapproche dans le temps (à la façon des étudiants qui travaillent « au dernier moment… »).
En inactivant un gène cérébral, des chercheurs travaillant au National Institute of Mental Health près de Washington DC affirment avoir transformés quatre singes en bourreaux de travail. Les animaux se sont mis en permanence à travailler très dur et en faisant peu d’erreurs, agissant comme si la récompense était toute proche, même lorsqu’un signal leur indiquait qu’ils avaient tout leur temps. Cette recherche a été publiée en août dans les Proceedings of the National Academy of Science. La manipulation génétique, adaptée d’une technique de génétique moléculaire mise au point chez la souris, a été pratiquée localement dans une région du cerveau appelée cortex rhinal. Elle avait pour cible des récepteurs dopaminer-giques(2) (D2) situés sur des neurones dont le fonctionnement est associé au plaisir et à la motivation. En injectant un ADN antisens spécifique du gène gouvernant la synthèse de ces récepteurs, les chercheurs l’ont rendu provisoirement inactif. L’effet de la manipulation génétique a duré dix semaines. Au terme de cette période, les quatre singes ont – heureusement – retrouvé leur état biologique normal, et leur comportement habituel de procrastination.
On pourrait penser que cette étude a été commanditée par un syndicat patronal ! Il n’en est rien. L’équipe de scientifiques, dirigée par le Dr Barry Richmond, affirme s’intéresser aux maladies mentales. « Cette nouvelle technique pourrait conduire à d’importantes découvertes ayant un impact en santé publique, soutient-il. En effet, la capacité à associer travail et récompense est perturbée dans des maladies mentales comme la schizophrénie, la dépression et les troubles obsessifs compulsifs. Aussi, notre découverte du rôle pivot joué par ce gène dans ces circuits cérébraux pourrait avoir un intérêt clinique. Les personnes déprimées, par exemple, ne trouvent aucune récompense dans le travail tandis que les personnes atteintes de troubles obsessifs compulsifs travaillent avec acharnement ; même s’ils parviennent au but, ils sentent qu’ils doivent continuer le travail. » Agir sur les récepteurs D2 de ces malades est certes une idée tout à fait rationnelle. Mais est-il permis, éthiquement, de procéder à de telles manipulations sur le cerveau des gens ? Le rationnel n’est pas toujours raisonnable…
(2) Récepteurs qui assurent la transmission de l’information entre neurones grâce au neuromédiateur dopamine.
M.-H. F. - novembre 2004