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L'En Dehors


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Une réponse à l'appel de Onfray et Youloutas
Lu sur Indymédia Paris: "L'hebdomadaire Politis du jeudi 1er février 2007 consacre sa "une"et un dossier important à la candidature de José Bové. Il faut dire que ce même jour, l'ex-porte parole de la Confédération Paysanne, annonçait dans un meeting qu'il serait candidat à la présidentielle 2007.

C'est à l'occasion de ce lancement de campagne qu'un appel intitulé "Peut-on être libertaire et soutenir la candidature de José Bové ?" (1) paraissait sur le site internet du journal Politis. Cet appel est cosigné par le philosophe et essayiste bien connu Michel Onfray, et par Yannis Youlountas, écololibertaire, poète, philosophe et écrivain.

Ouvrant l'appel en s'adressant directement aux abstentionnistes, "et notamment les libertaires", la candidature de Bové est valorisée comme un acte en dehors des partis politiques et de leurs stéréotypes, et inspirée par les mouvements sociaux où libertaires et non-libertaires sont coude à coude. Ce sont ensuite ses talents de tribun associés à ses actes courageux, désobéissants et non violents, ses inspirateurs (Bakounine, J. Ellul), et son humanisme qui le fait mondialiser les questions nationales qui convaincraient "les libertaires" en faveur de son élection. Enfin, pour résumer, la présence de nombreux libertaires dans les réseaux favorables à la candidature de José Bové, et les "circonstances exceptionnelles" de notre histoire sont des éléments qui font se poser la question : "L'heure est-elle à résister jusque dans les urnes avec nos compagnons de lutte ?".

Que l'on permette donc à un simple abstentionniste libertaire de faire part de ses ressentis à la lecture de ce texte. Si la question du courage et de la sincérité des engagements de José Bové ne se posent évidemment pas, c'est sur la pertinence de son geste, en rapport avec l'objectif que nous poursuivons, qu'il faut nous interroger.

Les références communes aux libertaires découlent d'un tronc commun. Si les lectures et les interprétations en varient inéluctablement, il y a des constances -malgré des adaptations- dans les stratégies et les finalités anarchistes que l'on ne peut passer sous silence. Parmi ces stratégies, la prise du pouvoir : que José Bové relise Bakounine, cette lecture de jeunesse. Il y relira l'antinomie avec une démarche de pédagogies et d'autonomies des luttes qui permet les prises de conscience de la force collective que nous représentons, et du clivage entre ceux qui possèdent l'argent, les moyens de production et d'échanges, les moyens de coercition, de répression. Cette recherche pour arriver en haut de l'affiche, au nom de l'efficacité -toujours-, n'est pas des plus originales, mais continuera à fracasser les espoirs de changer le monde, même par touches, contre l'écueil de la real-politik composée dans la sphère politique par l'Etat -gardien du temple- et dans la sphère économique par le capitalisme qui s'est payé le temple et tout ce qu'il y avait autour. Car cette "gauche qui a démissionné", est une gauche de gestion : de Mitterrand à Tony Blair, de Lula à Kirchner... Et tous sont montés à l'assaut du rocher de Sisyphe avec les meilleures intentions du monde. Alors quelle raison nous ferait aujourd'hui rompre avec cette conviction profonde que la société ne prend vraiment conscience d'elle même que lorsqu'elle décide de se donner les moyens de lutter et d'inventer ses lendemains ?

Les libertaires n'étant pas des hommes et des femmes de main, s'engagent pour un projet politique. C'est pourquoi ils se reconnaissent sous des vocables, des cultures, des histoires... "libertaires". Il n'a pas échappé aux cosignataires de l'appel que les libertaires luttaient au coude à coude avec les non-libertaires. Cette démarche va logiquement avec la compréhension que l'on peut -et que l'on doit- s'engager dans des luttes qui trouvent un ou des points communs convergeant avec la finalité des adeptes du socialisme libertaire. Or le projet libertaire, et là aussi, malgré des différences d'approche, reste une finalité de socialisation des moyens de production et de distribution, d'autogestion généralisée, de fédéralisme libertaire..., ceci dans le but d'abolir les dominations, à commencer par les inégalités sociales, le capitalisme. Et de ce point de vue, les propositions de José Bové ne m'inspirent ni plus ni moins d'intérêts que celles de ses concurrents de LO, de la LCR, du PCF ou des Verts. Je ne m'y retrouve pas : nous sommes encore sur la route d'une harmonisation du capitalisme.

Vieillotes conceptions auxquelles on s'arcbouterait ? Moins discutables pourtant que votre chimère de la prise de pouvoir pour changer radicalement l'ordre des choses. Mieux : c'est cette illusion dramatique -le bonheur passe par l'Etat- qui a hypothéqué durablement dans l'esprit de nos compagnes et compagnons d'injustice tout projet de transformation sociale. Aujourd'hui, les zapatistes ne disent pas autre chose en réorganisant la vie de manière horizontale. L'essayiste irlandais John Holloway (qui n'est pas anarchiste) ne dit rien de plus lorsqu'il explique que l'on doit "changer le monde sans prendre le pouvoir", parce que le modèle révolutionnaire qui passe par la prise du pouvoir est en crise.

Nous sommes, nous aussi, libertaires, malgré notre ténacité, nos efforts quotidiens, notre impatience... de plus en plus acculés par un capitalisme qui resserre les mailles du filet marchand, par des Etats qui font très bien le jeu des financiers, par un environnement dégradé à un niveau jamais vu à ce jour. Nos efforts ne vont pas se relâcher. Avant, pendant, ou après les urnes. Dans cette lutte là, chaque acte a du sens. Pour moi, l'appel politique à l'abstention libertaire, est déjà un acte politique fort, de transgression, de désobéissance, d'encouragement à chercher les voies du changement radical de civilisation autrement que par la personnalisation médiatique, et la structuration verticale de l'organisation politique (ce qu'est l'Etat) et du changement espéré, qui ne viendra pas.

Pour finir, je voudrais dire que je ne comprend pas l'idée selon laquelle il y a urgence aujourd'hui -plus qu'hier- à prendre position pour Bové, vu l'état de la situation. C'est ce que l'on nous a dit en 2002, pour le deuxième tour des présidentielles. Faut-il faire remarquer ici que la multiplication des listes ne va certainement pas inquiéter droite et extreme droite ? Si pour l'instant votre liste ne roule pas pour le PS, que déciderez vous au 2ème tour ? Et si l'état d'urgence est d'ordre écologique, Nicolas Hulot faisait aussi partie des gens pour qui il fallait voter "vu l'urgence"...

En conclusion, le dialogue est toujours salutaire, la lutte continue mais rien, aujourd'hui, ne me permet de penser que la candidature que vous soutenez est plus porteuse de ruptures qu'une autre. Je ferais donc campagne pour l'abstention libertaire, l'autogestion, la transformation sociale.

Salutations libertaires,

Daniel

Notes

1 - voir la rubrique "les tribunes" du site www.politis.fr
Ecrit par libertad, à 17:22 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires :

  Rakshasa
03-02-07
à 17:57

"c'est cette illusion dramatique -le bonheur passe par l'Etat- qui a hypothéqué durablement dans l'esprit de nos compagnes et compagnons d'injustice tout projet de transformation sociale. Aujourd'hui, les zapatistes ne disent pas autre chose en réorganisant la vie de manière horizontale. L'essayiste irlandais John Holloway (qui n'est pas anarchiste) ne dit rien de plus lorsqu'il explique que l'on doit "changer le monde sans prendre le pouvoir", parce que le modèle révolutionnaire qui passe par la prise du pouvoir est en crise"

Voilà ce que les électoralistes ne semblent pas vouloir entendre et comprendre en nous assénant leur crédo représentatif.
Répondre à ce commentaire

  Alain
04-02-07
à 09:40

Elections ou Abstentions

 
On peut aussi utiliser les élections  comme  une tribune  permettant  de faire connaitre ces idées, de faire connaitre les modes alternatifs qui sont possibles... Pour l'instant, la prise de pouvoir par les élections ne se posent pas pour José Bové.

Pour la plupart des gens, des concepts telles que l'autogestion , les coopératives sont tout simplement inconnues. On les enferme dans l'idée que face au capitalisme, la seule alternative était le communisme qui a déjà échoué. L'abstentionisme ne permet malheureusement pas dans le mode de fonctionnement des médias aujourd'hui de faire connaitre nos idées. On ne peut raisonnablement pas s' attendre à ce que les idées libertaires naissent spontanément dans l'esprist des gens.

C'est dans ce sens que je pense que la candidature de José Bové me parait nécessaire. Pour réveiller le peuple, pour redonner un espoir, un  esprist de lutte.

Alain

Répondre à ce commentaire

  Allah Pouet Pouet
04-02-07
à 10:33

Re: Elections ou Abstentions

J'l'aurais point dit comme ça
Mais c'est point faux

Les anarchistes sont souvent de très mauvais communiquants... c'est la fougue, la passion et le petit vent de folie qui souffle en chacun d'eux qui fait ça. Et sans doute le fait qu'y'en ait pas un sur cent, et qu'à force d'isolement, on s'habitue à devoir être le loup solitaire ou bien la meute de loups, méfiante.
Mais le communisme libertaire est bien un projet de société. Et pour diffuser les idées dans la société, il n'y a pas trente six solutions, il faut co-mu-ni-quer (prendre la voix de Ségogolène). Non, pas co-mu-ni-quer de cette façon-là en faisant du débat ci-to-yen et par-ti-ci-pa-tif... pas comme ça...
Il faut briser, comme le dit Alain, les croyances des masses telles que "L'alternative au capitalisme est le communisme autoritaire" ou "Tout communisme est autoritaire" ou "L'autogestion... c'est un peu comme le libéralisme sauvage, non?" etc etc etc
La voie de l'anarcho-syndicalisme est bien souvent vue comme la voie royale (sans jeu de mot)... mais comment faire quand on a face à soi un mur d'incompréhension, soigneusement bâti par un système qui efface de la mémoire collective la signification de tant de mots et qui déchire conscieusement des pages d'Histoire... ou les réecrit à sa façon? Parfois, il faut débroussailler le terrain, même si je suis intimement convaincu que c'est surtout dans les luttes que l'idée anarchiste se diffuse.
Et comment débroussailler le terrain uniquement à l'aide de slogans courts, en lettres capitales, terminés par des points d'exclamation?
Bon, c'est un point de vue personnel, qui va sans doute être taxé de "confusionniste". Je pense qu'on peut avoir ce débat d'idées et ce type de confrontation en dehors du cadre électoral et je préfère personnellement que ce soit en dehors.
Mais on ne peut pas nier par contre qu'énormément de gens sont à la fois mobilisés par la politique politicienne durant cette période (avec toutes les frustrations que ça engendre, de se voir promettre la lune pour pas un rond) et extrêment saoulés par elle. Et on sait bien que le ras-le-bol est un sacré ferment libertaire, non?

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  Anonyme
04-02-07
à 12:11

Re: Re: Elections ou Abstentions

pauvres naifs rester dans vos certitudes electoralistes,abreuver vous de promesses et d'illusions.

 vous connaiser bien mal l'anarchisme et les anarchistes et vos commentaires frisent le ridicule.

                                               @BSTENTION

 

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  Anonyme
04-02-07
à 12:32

Re: Re: Re: Elections ou Abstentions

Anonyme de 12:11, pourrais-tu prendre le temps de nous expliquer ce qu'est l'anarchisme et ce que sont les anarchistes ? Je pense que tes connaissances pourraient largement contribuer au débat.
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  ibubolo
04-02-07
à 12:36

Re: Re: Re: Elections ou Abstentions

et toi ? super anarchiste, t'as pas l'impression que de dégueuler tes slogans de la sorte est une prise du ridicule à bras le corps ?

t'as l'air aussi intelligent qu'un autocollant de no pasaran collé sur un placard de la rue amelot.

 
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  ibubolo
04-02-07
à 12:36

Re: Re: Re: Re: Elections ou Abstentions

anonyme de 12:32, je sens comme une pointe d'ironie dans ta requête
Répondre à ce commentaire

  Allah Pouet Pouet
04-02-07
à 14:05

Re: Re: Re: Elections ou Abstentions

Monsieur anonyme passe beaucoup de temps devant son ordinateur, quand même.

Je vais essayer:

" Ah ah le grand cirque electoraliste de la politique politicienne vient déballer son étalage dans un site qui se préten anarchiste
Rester dans vos certitudes
Vous n'etes que des naifs bobos crétiens. L'anarchisme est à des années-lumière de vos combas dérisoires

ABSTENTION REVOLUTIONAIRE!

                                                           @                                                               "

J'ai bon, là?

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  Le Furet
04-02-07
à 15:49

Re: Elections ou Abstentions

C'est exactement ce que disaient les trotskistes de la ligue il y a 30 ans... A force de dépenser leur énergie dans des campagnes électorales, ils ne veulent plus le faire seulement pour "une tribune", maitenant ils veulent y croire. Ils  sont des cautions de la démocratie bourgeoise, pour ne pas dire des "idiots utiles"...
Le Furet
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  Anonyme
05-02-07
à 17:46

Re: Re: Elections ou Abstentions

Niveau "idiotie utile", on n'a rien à envier aux trotskards avce tous nos boutonneux li-li en plein meurtre du père...
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06-02-07
à 17:52

Re: Re: Re: Elections ou Abstentions

"c'est cette illusion dramatique -le bonheur passe par l'Etat"

Les caméras, les puces sous-cutanées, l'utilisation qui sera faite des nano-technologies, la surveillance en général sont là qui nous le prouvent. Je tiens Orwell pour plus essentiel que Michel Onfray. Cela va sans dire.

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