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Prologue : le démon de minuit
L’autre samedi, il était minuit moins vingt comme nous finissions de dîner entre copains et copines dans un cabaret transformiste (les travestis sont aussi des cop(a)in(e)s car j’ai de drôles de fréquentations) et, alors qu’on pouvait se dire considérant l’heure tardive qu’on passerait sans anicroche au jour suivant, un des convives, possédé par on ne sait quel démon, ne put s’empêcher de déclarer à l’assemblée : « Tiens ! vous avez remarqué qu’on n’a pas encore entendu parler de Sarkozy aujourd’hui ? »
Enfer ! c’était chose faite !
Une journée ordinaire dans la vie de Nicolas Sarkozy
A 6H, il petit-déjeune avec le chien de Nicolas Hulot car ce dernier est en reportage chez les sous-développés à bord d’un hélicoptère écorigolo très propre mû par pédales et élastique. La caméra est en carton recyclable et le 4X4 qui l’attend à destination fonctionne à la godille et au jus de papaye.
A 6H15, il s’entretient avec l’ambassadeur du Maroc, à qui il reproche poliment de nous envoyer trop de maçons pères de familles nombreuses et pas assez de ces toubibs célibataires qu’on rétribue deux ou trois fois moins que les nôtres pour un même service. Menace de faire appel à des praticiens polonais.
A 6H30, il termine de déguster café, croissants et jus d’orange issus du commerce équitable avec Cécilia, à qui il confie le chien de Hulot, sympa mais un peu tannant à la longue avec ses histoires de respect de la diversité animale et son baratin antispéciste, que Nicolas confond avec anti-sexiste.
A 7H, il vient rendre compte à Chirac, encore en pyjama de pré-retraité. Premier point presse.
A 7H06, il s’envole pour Papeete, où a lieu l’inauguration en présence de Gaston Flosse du funérarium Oscar-Temaru architecturé par Christian de Portzamparc et designé par Andrée Putman. La cérémonie traditionnelle, avec vahinées roulant des hanches et colliers de fleurs garanties sans OGM, lui fait perdre un temps fou. Deuxième point presse.
A 8H09, il re-petit-déjeune à Djalalabad avec le commandant en chef des forces spéciales françaises en Afghanistan, histoire de bien signifier qui est le véritable patron de la Défense.
Au buffet, paupières de chèvre beurrées rance trempées dans du jus de chaussettes militaires. Bourrades viriles dans le dos et adieux sur l’air de « Tiens, voilà du boudin ».
8H17, son tapis de prière cadeau de bienvenue sous le bras, Nicolas repart un peu nauséeux pour New-York, où il doit s’exprimer devant les Nations-Unies.
A 9H34, jogging matinal à Washington en compagnie de ce vieux pote de W. qui a comme d’habitude attaché ensemble les lacets de ses Nike (il n’arrive pas à se faire à l’idée de ne plus courir avec ses bottes texanes, qui le désavantageaient face aux souples trainings Le Coq Sportif du Frenchy). Troisième point presse.
A10H12, à l’ONU, Nicolas renvoie dans les cordes le délégué des îles Tonga qui exige réparation parce qu’un voilier français a vidangé ses latrines en mouillant dans les eaux de l’archipel sans s’acquitter de la taxe locale. Fervents applaudissements sur les bancs, sauf celui de la Turquie. Avec Sarkozy, la France ne se laisse intimider par personne.
A 11H15, brève escapade à Montréal afin d’assurer nos cousins qu’il est toujours d’accord pour que le Québec devienne la 23ème région française et la France le 51ème Etat des Unis. Claque nourrie, à peine perturbée par quelques sifflets canado-gauchistes. Quatrième point presse.
A 12H13, inauguration à Calais de la mosquée Salman-Rushdie, puis, à Boulogne-sur-mer, de l’hôtel de police Maurice-Papon en présence du défunt, toujours bon pied, bon œil. Cinquième point presse.
A 13H, déjeuner sur le pouce à l’ambassade de Russie avec Vladimir Poutine. Au menu, cocktail thétchène à la vodka frelatée parfumé au polonium 210 et oligarque cuit. Digestion difficile.
A 13H17, court intermède musculation au club des Champs-Elysées avec David Douillet, dont l’avenir chez les Chirac semble du coup incertain. Petit massage entre amis de vingt ans et séance photo.
A 14H12, signature avec son éditeur du contrat relatif au tome 2 de ses mémoires, « Ma part de variétés », rédigé en collaboration avec Doc Gynéco, sur la base d’un tirage initial de douze millions d’exemplaires, dont trente rédigés en arabe courant.
L’impérissable ouvrage sera inscrit au programme scolaire des classes de 6ème.
A 14H21, escapade romantique en compagnie de Cécilia qui promène Utopia V12 turbo-compressé, dit « Uto », le chien de Hulot. Un garde du corps taquine gentiment à coups de matraque un paparazzo trop curieux.
A 14H23, séquence travail avec le fidèle Patrick Devedjian, le double de Nicolas en encore plus sympathique si c’est possible et Jean-François Copé, assez déplaisant puisqu’il réitère qu’il vaut mieux éviter avant les élections d’évoquer l’abrogation de ces 35H qui concernent 22 ou 23 millions de salariés pour faire plaisir à 2 millions de patrons, dont pas mal préfèrent Le Pen par mauvais goût.
A 15H, remise de médailles du mérite à une palanquée de CRS. Fines plaisanteries et rires distingués. Sixième point presse.
A 16H07, léger abus de gaz lacrymogène. Le coach personnel de Nicolas, un vrai médecin picard bien rémunéré, lui prescrit 3mn30 de repos.
A 16H08, allocution au siège de l’UMP. MAM en prend pour son grade, bizarrement élevé pour une femme dans la hiérarchie militaro-umpiste. On lui promet pour bientôt un super-ministère de la Cuisine et du Ménage. Saine bonne humeur dans l’assistance en dépit ou à cause de quelques vannes salaces.
A 16H14, petite visite à la mairie de Neuilly. Bises aux secrétaires et pinçage de joues des cantonniers.
A 16H19, pause thé avec Lolo Parisot, la madone du Medef. Nicolas insiste pour que les patrons du CAC 40 qui touchent chaque mois 400 fois le smic, revenus que ces salauds de rouges voudraient ramener à 240 fois, passent à 600 fois, comme les Américains du Dow Jones. Faut réduire les inégalités, non ? et puis, si on souhaite devenir le 51ème Etat des States, c’est plutôt dans le genre Californie que Nebraska, vous me comprenez ?
A 16H27, enregistrement de « Ma vérité » dans les locaux de TF1.
A 17H08, enregistrement de « Ma vérité, si je mens… » dans les studios de TF2.
A 18H, enregistrement de « La vérité, c’est mon choix » sur un plateau de TF3.
A 18H50, apéritif dansant -champagne light et canapés au caviar bio- au Lido en compagnie de trois prometteurs espoirs du spectacle, Line Renaud, Brigitte Bardot et Henri Salvador.
Le philosophe Pascal Sevran, un temps pressenti pour animer l’intermède, n’est plus persona grata depuis qu’il a remarqué avec stupéfaction puis relaté avec l’élégance d’expression qui le caractérise que les pauvres hétéros noirs produisent davantage de gosses affamés que les riches homos blancs.
A 19H, direct sur LCI. Questions du jour : le moral de nos soldats en Afghanistan, la super-forme de W. après la raclée démocrate, la mosquée Rushdie, la santé de Papon, l’avancée des Mémoires 2, les rayures du pyjam’ du Président, les prétentions ridicules de Mamie Alliot-Marie.
Pour ne pas agacer Nicolas, l’intervieweuse, pourtant pas encore mariée à un ministre mais tout juste fiancée à un vague secrétaire d’Etat, évite soigneusement d’évoquer Ségolène Royal, même en ironisant à son propos.
A 19H45, RDV avec Halliday au bord du lac Léman. Nicolas adjure le rocker ex-national de renoncer à s’expatrier pour économiser trois kopecks car la Suisse romande va devenir la 24ème région française. Johnny, qui s’est sévèrement planté en s’installant à Gstaad (prononcer « chtate ») en pensant qu’on y causait comme à Neuchâtel, le croit et rentre à Paris en se demandant toutefois avec inquiétude si ses fans vont le reconnaître avec son bonnet de laine et ses culottes de peau. Septième point presse.
A 20H, dîner macrobiotique avec Cécilia, Jean-Philippe et Hulot, ce dernier un peu pété puisqu’il vient de trinquer au rhum 100% canne avec Ségolène, au pastis pur gascon avec Bayrou, à l’hydromel au sel de La Trinité avec Le Pen et au gros rouge 93 avec Marie-Jo Buffet après qu’il a fumé un pétard avec Besancenot.
Promesse est faite d’offrir à l’écologiste à réaction un poste de vice-premier ministre comme dans les républiques bananières russes, avec bureaux au belvédère des Buttes-Chaumont et vélo de fonction à assistance électrique.
A 21H, soirée à l’opéra Garnier (Nicolas boude Bastille qui lui rappelle Mitterrand et le règne de la canaille). Comme La force du destin dure une bonne heure de trop à son goût –bien qu’il apprécie le titre-, il file voir le dernier spectacle de Sardou à Bercy, puis rejoint Cécilia pour le finale. Huitième point presse.
A 23H45, tournée des boîtes de nuit avec Arnaud Lagardère, qui le dépanne de 10 000 euros au casino d’Enghien moyennant que dalle en échange car sinon ce serait de la corruption. Rien de tel que de bien choisir ses amis.
Joue au poker avec Patrick Bruel et au baby-foot avec Fabien Barthez. Les laisse gagner malgré son évidente supériorité, ce qui prouve s'il le fallait qu’il est fin politique.
A 4H16, lit trois chapitres des souvenirs de Ronnie Reagan et deux de ceux de Maggie Thatcher avant de sombrer à regret une heure plus tard dans un sommeil rempli de rêves aussi flamboyants que constructifs.
A 6H, grâce à son portefeuille d’actions, se réveille plus riche qu’il ne s’est endormi. Interview pour la matinale de France Inter. Thème « Ma vérité vraie ou Ce que je crois que je pense en réalité : mes convictions ».
MD
Commentaires :
Anonyme |
MD, tu as oublié les lignes de CC et les coups de fil au Parti Républicain US pour le financement de la campagne.
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Simplet 18-12-06
à 15:33 |
Resi vraiment cet article a été écrit dans un cabaret transformiste, alors on s'étonnera que l'auteur aît omis de nous décrire le meilleur moment de la journée : le numéro d'interchangeabilité des rôles avec Ségolène Royal !
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Complexet 19-12-06
à 13:24 |
Re: ReNon, je m'inscris en faux! Ils ne sont pas interchangeables!!! Ils n'ont pas du tout les mêmes vêtements.
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Anonyme 19-12-06
à 14:39 |
Re: Re: Reoui mais : il lui a quand même chourré, ses talons à semelles compensées.
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Scoop 19-12-06
à 20:50 |
Re: Re: Re: ReDeuxième tour: Le Pen - Royal (ou Bové s'il changeait d'avis et s'y mettait avec une ambition sérieuse). Sarkozy n'y sera pas. Répondre à ce commentaire
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Anonyme 20-12-06
à 20:35 |
Re: Re: Re: Re: Refaut espérer qu'il y soit pas pcq ma grand-mère qui est allemande dis que quand elle l'a vu pour la première fois, il lui a fait penser à hitler! elle a plus peur de lui que de lepen!
qui lui aussi je l'espère ne passera jamais non plus! Répondre à ce commentaire
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Anonyme 21-12-06
à 11:35 |
la vie, n'est pas un long fleuve tranquilleet moi, c'est l'horreur, vu que mon père émigra de Hongrie. D'où les inévitables "ah bon, comme Sarkozy ?", dont je n'ai jamais vraiment réussi à les trouver drôles. En plus je suis né en Charente, ce qui m'aura valu en prime des "ah bon, comme Raffarin ?", qui heureusement ont fini par se calmer. Mais, avec l'entrée en piste de la madone de Poitou-Charente, je ne suis pas au bout de mes peines. (ceci est une histoire vraie) Répondre à ce commentaire
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Anonyme 22-12-06
à 13:47 |
Ah ben oui, là, c'est vraiment l'horreur...C'est quand même terrible ce que tu endures au quotidien! Tiens bon, courage! Avec un peu de témérité, tes souffrances seront prises en compte au même titre que celles du Darfour et de la Corée-du-Nord.
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Anonyme 22-12-06
à 14:21 |
Re: Ah ben oui, là, c'est vraiment l'horreur...oui mais : du côté des Deux-Chèvres, c'est rédhibitoire
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à 14:25