Bel exercice de bien-pensance offusquée ou attristée à laquelle se sont livrés divers éditorialistes et autres commentateurs médiatisés à propos des 34% de Français Ifop qui estiment que l’extrême droite enrichit le débat politique.
Accessoirement, qu’ils
soient 43%, les Français, à penser de même de l’extrême gauche ne semble pas
troubler les chiens de Pavlov prêts à trouver dans la populace -c’est ainsi in
fine qu’ils considèrent leurs concitoyens, on le sait depuis ze TCE affair-
plus de fachos qu’il y en a (et plus de gauchos aussi, mais ils font
manifestement moins peur à la nomenklatura médiatique, qui aime bien se
déclarer proche de Besancenot dans les pince-fesses entre copains, et intime de
Thierry Breton quand elle discute avec son banquier).
Eh bien non, il n’y a pas 34%
de fascistes ni 43% de gauchistes en France – et encore moins 77%
d’extrémistes-, il y a seulement, et c’est plus rassurant qu’inquiétant, une
forte proportion d’individus qui ne considère pas que « la richesse du
débat politique » se résume au duel libéral-capitalisme contre
social-libéralisme, un combat à fleurets mouchetés entre politiciens professionnels qui n’ont de
l’existence concrète* du peuple qu’une expérience livresque.
Oh ! ils ne sont pas si
bêtes que ça ! ils savent qu’un sondage n’est qu’un sondage - qui ne
reflète vraiment que l’opinion que le sondeur se fait des sondés- et que la
présence du FN enrichit effectivement le débat politique, qui se nourrit autant
de fumier que de pétales de roses, car la politique n’est pas que tendresse et
vaseline comme tendraient à le faire croire tant de tu et de toi échangés entre
supposés adversaires .
Le but recherché par l’émotion simulée est ailleurs : s’effrayer dès aujourd’hui de la persistance des
thèses frontistes dans l’opinion publique, plus spécialement chez les minus d’ouvriers
et d’employés, afin de convaincre toute la gauche et les frileux indécis de
voter « utile » dès le premier tour de la présidentielle en mai 2007.
Ce sera dans un an ;
autant dire qu’en matière d’information judicieusement orientée, autrement
nommée désinformation candide, on n’en est qu’aux prémices.
*ce « profond réalisme qui
caractérise le plus souvent le monde des dominés » qu’évoquait le regretté
Bourdieu (in Espace social et genèse des « classes » -1984)
Mathias Delfe