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l'Humanité : "Libertés . Deux militants poursuivis pour avoir privé de télé la ville de Millau, le soir de la dernière présidentielle.
Poursuivis pour « association de malfaiteurs » et « dégradation de biens publics et privés en réunion », ils risquent entre cinq et dix ans de prison. Leur crime ? Avoir privé de télé et de radio la ville de Millau le soir du premier tour de la présidentielle en sectionnant les câbles des antennes relais alentour. Aujourd’hui, se tiendra à Millau le procès de Rémi et Guilhem pour lesquels viendront témoigner le cinéaste Pierre Carles, le philosophe et psychanalyste Miguel Benasayag et le ponte de l’action non violente, Jean-Baptiste Libouban. Quant à leur comité de soutien, il manifestera devant le tribunal et organisera le soir un débat. « Si on n’est pas là pour défendre l’acte en lui-même, explique Audrey, la présidente, nous ne pouvons que les soutenir. Car, une fois de plus, on assiste là à la criminalisation d’un acte militant. »
En effet, comme les coauteurs l’ont écrit dans une lettre publiée par Midi libre : « Nous préférons que nos "voisins" débattent entre eux plutôt qu’avec leur poste de télévision. » Pour Audrey, « les charges retenues contre Rémi et Guilhem sont totalement disproportionnées. S’ils sont poursuivis pour association de malfaiteurs, c’est uniquement parce qu’ils ont refusé de donner leurs complices. Quant à Guilhem, qui a subi vingt jours de préventive et risque une peine de prison deux fois plus lourde que Rémi, on le traite comme un dangereux récidiviste simplement parce il a déjà été condamné pour avoir participé à une opération antipub. En clair, la recherche de l’ennemi intérieur bat son plein. » Leur chance, finalement, c’est de s’être fait cueillir par un policier en civil qui faisait du VTT dans le coin et non par quelque escouade antiterroriste.
Sébastien Homer