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L'En Dehors


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Un individualiste solidaire
A QUI S'ADRESSE CE. TRAVAIL DE MÉMOIRE? André Arru à droiteAux jeunes générations militantes curieuses de notre passé récent, aux plus anciennes qui se replongeront dans notre . histoire complexe pour y découvrir des aspects qui leur avaient échappé, à ceux quine connaissent rien à nos idées et qui les découvriront, en action, portées par une vie de militant à la recherche « du meilleur accord possible entre son mode d'existence et ses idées ».
À Bordeaux, l'enfance d'André Arru n'est pas facile, son père mourra au front dès lé début de la Grande Guerre. Notre futur insoumis, pour échapper au désarroi de sa vie d'alors, sera tenté... de s'engager dans l'armée. Plus tard, il fera ses onze mois de service militaire et travaillera par la suite comme représentant.


C'est après avoir écouté, vers 1933, une conférence de Sébastien Faure, une « révélation », que le tournant est pris. Il fréquente alors un groupe « à tendance individualiste », lit l'Unique et sa propriété, puis, après l'affaire «des stérilisés de Bordeaux »,milite avec le groupe anarchiste. La-personnalité d'Aristide Lapeyre aura une importance primordiale sur son évolution ; Aristide qui sut faire vivre ensemble, anarchistes' individualistes, anarcho-syndicalistes et anarchistes communistes, mais aussi pacifistes et .libres-penseurs.
Mais nous sommes en 1938-1939, temps noirs, la Révolution libertaire espagnole a vécu, la Seconde Guerre mondiale approche. Les jeunes anarchistes bordelais songent à une insoumission collective, mais Arru se retrouvera seul à dire non. Il n'est pas objecteur; il ne veut pas « se laisser prendre » et vivra avec les papiers d'un ami réformé définitif. Après avoir détruit tout ce qui lui était personnel, il part pour Marseille avec le seul livret militaire de son copain, trouve du travail... et constitue avec des compagnons retrouvés, et d'autres (dont Valine), un groupe anarchiste clandestin qui, en pleine guerre, se manifestera contre le fascisme et la guerre, contre le capitalisme et la dictature stalinienne. Agitation qui se complétera par une intense activité pour regrouper les anarchistes du sud de la France et... la fabrication de faux papiers.
Arrêté en août 1943, il s'évadera en avril 1944.
En octobre 1944, c'est la rencontre d'Agen préparant le congrès constitutif du Mouvement libertaire ouvert à toutes les tendances de l'anarchisme. Arru militera pour l'«unité organique »des anarchistes, et s'opposera à l'«expérience » Fontenis qui fit disparaître momentanément la Fédération anarchiste, son journal et son local. La Fédération actuelle renaît fin 1953, mais Arru sort écoeuré de ces affrontements. Fin des années 50, début des années 60, il semble passer par des moments difficiles...
En 1958, il entreprend de regrouper de pacifistes provençaux. Pourtant, il est insatisfait, regrettant « de ne pas trouver chez nombre [d'entre eux] les préoccupations sociales qui étaient les siennes ». Par ailleurs, « tout en refusant de façon catégorique tout recours à la violence », il n'adhère pas pour autant à l'action non violente. Il faut dire que les « non-violents » d'alors étaient en majorité influencés par le christianisme, or Arru est libre-penseur. Est-ce l'explication? N'empêche, il a dû marcher sur le fil du rasoir pour tenir sa route. Dans < Un rassemblement anarchiste est-il possible? », article publié par Défense de l'homme en 1952, Arru ne craignait pas de citer le chrétien Tolstoï parmi les « pères de l'anarchie ».
Tout en m'interrogeant sur ce cheminement personnel, je note qu'en 1959, dans un texte intitulé le Pacte du pacifiste, il est écrit que < le pacifiste n'est pas un passif. Dans tous les cas d'agression collective, il préconise aux victimes l'emploi de la grève, de la non-obéissance, de la non-coopération, du boycott et tous autres moyens non violents qui peuvent porter atteinte à la situation morale et matérielle des agresseurs ». En 1976, dans la Libre Pensée des Bouches-du-Rhône, il intitulait un article: « La violence rie résout pas les problèmes », et le concluait par: « Il faut trouver autre chose. » Est-ce le « réformisme révolutionnaire », notion avancée quelque part dans le hure?
Libre-penseur donc, il crée en 1959 le groupe Francisco-Ferrer de la Libre Pensée des Bouches-du-Rhône: Sa militance anticléricale semble coïncider avec une moindre fréquentation des anarchistes, puis il quitte la Fédération. Ce départ est surtout le résultat de lassitudes, de doutes et d'interrogations
« Je me plains sans cesse du comportement dès autres, sur le plan militant exclusivement. Je n'arrive pas à comprendre que tel ou tel n'accomplisse pas ce qu'il a promis de faire, ou ne possède pas le sens de la responsabilité de la charge qui lui incombe... »
Il faudrait s'attarder à commenter le mot « solidaire » que les auteurs ont heureusement accolé au mot « individualiste », il faudrait attirer l'attention sur des textes d'Arru publiés en annexe: les Coupables, et sur ses commentaires de l'oeuvre de Stirner, il faudrait signaler l'échange de correspondance entre Arru et des compagnons connus ou inconnus, etc. J'ai lu ce livre avec mes lunettes, c'est sûr. Chausse les tiennes, lecteur, et vas-y voir toi-même...
En janvier 1999, Arru se donne librement la mort.

André Bernard

Jean-René Saulière, dit André Arru,un individialiste solidaire (1911-1999)
Les Amie d'André Arru, La libre Pensée autonome et le CIRA de Marseille éditeurs, 2004,
416 p, 21 euros.

Le Monde libertaire #1379 du 9 au 15 décembre 2004
Lire aussi André Arru sur Increvables anarchistes

Ecrit par libertad, à 22:43 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  marchal
29-12-04
à 20:18

La fin du désert ?


( La Fédération actuelle renaît fin 1953, mais Arru sort écoeuré de ces affrontements. )
J'ai un pif pas croyable ! Je nais en 53, et je sens déjà qu'il y a un problème : Alors je gueule !
( En 1958, il entreprend de regrouper de pacifistes provençaux. Pourtant, il est insatisfait, regrettant « de ne pas trouver chez nombre [d'entre eux] les préoccupations sociales qui étaient les siennes ». )
Depuis il y en a eu d'autres, mais ça n'a pas l'air de préoccuper davantage ! ( voir nombres de commentaires )
( Par ailleurs, « tout en refusant de façon catégorique tout recours à la violence », il n'adhère pas pour autant à l'action non violente. )
Il y a violence et violence, c'est une question de situation. Si tu ne tends pas assez la corde elle pend, si tu la tends trop fort elle casse (c'est dans Siddhârta ) À méditer en toute occasion.
< Un rassemblement anarchiste est-il possible? » ???????????????????!!!!!!!!!!!!!!???
( il est écrit que < le pacifiste n'est pas un passif. Dans tous les cas d'agression collective, il préconise aux victimes l'emploi de la grève, de la non-obéissance, de la non-coopération, du boycott et tous autres moyens non violents qui peuvent porter atteinte à la situation morale et matérielle des agresseurs ».)
Je dois me tromper lorsque je pense qu'il y en a ( je parle des agressions collectives ) Enfin, si vous en trouvez, pour ceux qui ne sauraient pas quoi faire, il y a là quelques idées à approfondir… ( Pas de crottes de chiens...)
Mais attention, pour ceux qui seraient " trop chauds " pensez à la révélation de Siddhârta
« La violence ne résout pas les problèmes » « Il faut trouver autre chose. » ( que des crottes de chiens ! )
( Est-ce le « réformisme révolutionnaire », notion avancée quelque part dans le hure? )
Je ne voudrais pas réveiller de vieux démons, et puis d'ailleurs je m'en fous je mets tout le monde d'accord : DES INDESCRIPTIBLES… ça pour être indescriptibles, y'en a certains…
( Ce départ est surtout le résultat de lassitudes, de doutes et d'interrogations )
Je suis né bien après lui et cependant j'ai pris de l'avance : Je ne suis pas encore entré…
(« Je me plains sans cesse du comportement dès autres, sur le plan militant exclusivement. Je n'arrive pas à comprendre que tel ou tel n'accomplisse pas ce qu'il a promis de faire, ou ne possède pas le sens de la responsabilité de la charge qui lui incombe... »
Je ne m'en plains pas, je constate c'est tout ! Il n'y a pas que les militants qu'on promis ( Je me doute aussi qu'il y en a qui y vont plein pot. Faîtes un effort ! Pas toujours les mêmes… ) et d'ailleurs pas de promesse personne n'est obligé :
« Ce n'est une obligation pour personne, bien sûr, de se vouer à l'extirpation de tel ou tel mal, aussi criant et injuste soit-il ; on peut très bien se consacrer à d'autres poursuites ; mais qu'au moins on ne s'en lave pas les mains : ne pas accorder à ce mal d'attention soutenue ne veut pas dire qu'il faille lui accorder un appui de fait. Si je me livre à d'autres activités, à d'autres projets, il me faudrait au moins veiller d'abord à ne pas les poursuivre juché sur les épaules d'autrui. Je dois d'abord en descendre pour permettre à mon prochain de poursuivre, lui aussi, ses projets. »
Il y a aussi les autres : ceux qui se plaignent tout le temps, qui vote un coup pour l'un, un coup pour l'autre…
(Il faudrait s'attarder à commenter le mot « solidaire » )
Il y pensait aussi…

Cela me fait penser, qu'un jour, comme ça, je posais ironiquement la question : y'en a-t-il d'autres ?
J'ai pas été déçu…
Alors, cette fois, ce n'est pas de l'ironie : Y'a t-il encore des gens qui tiennent la route comme celui-ci ?
Ne vous pressez pas pour répondre à ma question, ce n'est pas nécessaire qu'il y en ait beaucoup, juste de quoi conserver mon optimisme…
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