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Silence gêné
Sous la pression, le principal renoncera à aller au bout de la démarche. Hier, il demeurait injoignable. De son côté, le commissariat d’Annonay faisait savoir qu’il ne communiquerait pas sur l’affaire. Silencieux, les services préfectoraux s’en tenaient apparemment au même principe. Sans commenter, le rectorat reconnaissait, lui, la réalité des faits. « Cela s’est produit uniquement l’an passé. À notre connaissance, il s’agit d’un cas isolé, dont nous n’avons appris l’existence que cette semaine », expliquaient ses services, contactés par téléphone.
Bref, rien qui soit susceptible de réconforter les parents d’élèves et les enseignants du collège. Élaborés par les professeurs principaux, les trombinoscopes sont un outil utilisé en début d’année afin d’aider les profs à reconnaître leurs élèves et dont l’usage est strictement interne. Leur diffusion externe, a fortiori auprès des - services de police, suscite au mieux de lourdes interrogations, au pire une réelle colère. Une pratique jugée inadmissible. « Le fait que cela puisse paraître banal relève d’une conduite inconsciente », commente un membre de la FCPE d’Annonay. Le SNES-FSU, qui s’apprête à interpeller le ministre de l’Éducation nationale, n’est guère plus tendre dans ses commentaires. « Il y a au minimum une atteinte à la vie privée et au droit à l’image des élèves », estime Francis Berguin, responsable national de l’action juridique pour le syndicat. À voir, aussi, s’il n’y a pas constitution illégale de fichiers. Quoi qu’il en soit, selon lui, l’affaire relève d’une atteinte majeure aux libertés publiques à laquelle les parents d’élèves peuvent légitimement donner des suites juridiques.
Des versions variées
Personne ne semblait en être là hier après-midi. Choqués, beaucoup cherchaient avant tout à comprendre. Un conseil d’administration devait se tenir dans la soirée. « J’attends des explications, commentait le président de la FCPE d’Annonay, qui se disait étonné d’un tel acte de la part du principal. Sans l’excuser, je suis prêt à comprendre si, par exemple, il a subi des pressions extérieures. » Sur ce point, les versions ont varié. Contacté par les professeurs, le commissariat aurait, dans un premier temps, assuré que la demande avait été faite dans le cadre d’une enquête locale. Dans un second, il aurait nié, argumentant qu’un fichier de 600 personnes serait, somme toute, contre-productif.
Quoi qu’il en soit, le président de la FCPE n’est pas le seul à s’interroger sur le contexte général dans lequel s’inscrit l’affaire. « Si les consignes de l’État étaient claires, personne ne serait amené à faire de telles choses, estimait ainsi un parent d’élève. On ne peut pas ramener tout cela à quelque chose de strictement personnel. » Certains évoquent ainsi le climat sécuritaire qui s’installe nationalement et localement. Annonay est loin d’être comparable à Chicago. Pourtant, quelques faits divers ont eu vite fait d’être montés en épingles. Situé en réseau d’éducation prioritaire (REP) et dans le quartier populaire de cette cité industrielle, le collège Les Perrières est, lui, souvent, stigmatisé. Un parent d’élève le note : « Je connais des gens qui ne trouvent pas ce fichage choquant. Ils estiment que tant qu’on n’a rien à se reprocher... » Et sont prêts à accepter de vendre un peu de leur liberté pour acheter la sécurité dont on ne cesse de leur faire la pub.
Marie-Noëlle Bertrand