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Sous l’assaut de courants intellectuels réactionnaires, l’Europe - comme les Etats-Unis - connaît aujourd’hui la mise en œuvre d’une véritable Société de contrôle dont les signes premiers apparaissent à travers l’organisation du tri et du classement de l’Humain.
Identification et classement apparaissent sous des formes les plus élaborées - fichiers, puces, enregistrements vidéos, fichiers ADN, contrôles des communications - font appel à la plus haute technologie et ce à une échelle insoupçonnée.
On annonce déjà des modalités de ce tri de l’Humain à partir de critères tout contestables : biologique, psychologique.
Ce tri s’accompagne bien sûr d’une régulation spatiale - on ouvre des camps - et de régulation temporelle - la « rétention de sûreté » permet l’enfermement à vie.
La peur de l’autre devient le ciment de ce basculement qui entraîne un véritablement bouleversement politique.
Tous les pans de l’activité humaine sont concernés : une immense entreprise de régulation tente ainsi de s’imposer.
Nous assistons alors impuissant à l’élaboration de règles visant à organiser le « Parc humain » - pour reprendre l’expression du philosophe allemand Peter Sloterdijk - aux conséquences immenses.
L’ère industrielle a produit Auschwitz.
Que produira la nouvelle ère de contrôle bio-technologique ?
La mise en œuvre de cette société de contrôle - annoncée par Michel Foucault - a déjà ses cobayes tout désignés - d’abord le faible.
Et le faible, c’est aujourd’hui cet autre, l’immigré, l’étranger.
Ainsi, les modalités de tri que nous imposons - et qui font injure à deux siècles d’émancipation de l’Homme portée par la pensée des Lumières - ne sont que la phase première de ce contrôle généralisé.
Aussi, pouvons-nous remarquer que ce glissement général n’est pas à proprement parlé un glissement « xénophobe » mais bel et bien un glissement anti-humaniste.
Nous sommes - à très court terme - tous visés.
Ne sommes-nous pas d’ailleurs d’ores et déjà cernés par un maillage technologique inquiétant ?
Ne manque plus que le basculement collectif.
Or, si le contrôle par l’Etat est une garantie de l’ordre, en revanche, la Société de contrôle généralisée opère un basculement vers l’inadmissible qui nous met tous en danger. Nous y sommes - bientôt, presque - Comment ne pas résister ?
Jean-Luc Pujo
Commentaires :
Totof |
salut,
oui, je crois qu'on y est, nous entrons dans la nuit des peuples. Maintenant il va falloir résister, et là, je souhaite bonne chance aux non-violents qui croient que l'inhumanité de leur manque de courage physique, de leur lâcheté, de leur incapacité a identifier un ennemi et de le combattre, est le signe d'un haut niveau de civilisation. Et puis deux trois détails sur cet article. il est écrit: "L’ère industrielle a produit Auschwitz. Que produira la nouvelle ère de contrôle bio-technologique ?" Je crois que nous sommes encore dans l'ère industrielle. La bio technologie est une technologie industrielle. Auschwitz avait pour but la fabrication industrielle de cadavres, les "technologies convergentes" (qui sont le vrai projet des nanotechnologies) veulent standardiser le vivant. Nous sommes toujours dans un projet industriel, c'est-à-dire d'artificialisation de l'étant. Il est écrit: "Ainsi, les modalités de tri que nous imposons - et qui font injure à deux siècles d’émancipation de l’Homme portée par la pensée des Lumières - ne sont que la phase première de ce contrôle généralisé." Le monde industriel est un avatar de la pensée des Lumières. Les philosophes des Lumières étaient grosso modo des platoniciens, donc des salauds. Pour eux, les sociétés traditionnelles étaient des merdes qu'il fallait nettoyer. Et puis ils étaient constitutionnalistes. Bref la grande classe. Ils voulaient un ordre nouveau. On voit où on en est maintenant avec ce genre d'idées. Et puis je ne comprends pas le passage sur les deux siècles d'émancipation. C'était quand? Pendant la préhistoire? Raapelons quand même que nous avons été dépossédé de tout durant les deux derniers siècles. Je trouve que la lecture de Theodor W. Adorno est très éclairante pour comprendre ce phénomène de dépossession de l'humanité. Et puis dernier détail. Pour Michel Foucault, la société disciplinaire est en place depuis déjà bien longtemps, plusieurs siècles. tchao Totof Répondre à ce commentaire
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Totof 05-04-08
à 11:39 |
Re:Ha oui, encore un mot que tout ça m'évoque. Un peuple (genre le peuple français, mais finalement tous les peuples artificialisés que sont les occidentaux) qui voit la vie comme valeur la plus haute est un peuple d'esclaves. Je crois qu'on en est là et préférons être en vie plutôt qu'être libre.
Répondre à ce commentaire
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satya 06-04-08
à 01:30 |
Re:là, je souhaite bonne chance aux non-violents qui croient que l'inhumanité de leur manque de courage physique, de leur lâcheté, de leur incapacité a identifier un ennemi et de le combattre, est le signe d'un haut niveau de civilisation.permets moi de ne pas être d'accord sur ces propos. je sais qu'il existe - ici en france en particulier - des soit disants non violents qui ne font rien d'autre que de l'angélisme de salon pour gonfler la baudruche de leurs égos démesurés ! mais il existe une autre non violence, qui elle est active, qui demande beaucoup de courage physique et moral, qui démontre justement la capacité à définir l'ennemi et trouve des moyens de le combattre: je l'ai connu et vu (dans le passé et pas en france). par contre, ou plutôt justement parce que je sais que cela existe (ou a existé), je peux t'affirmer aussi que je comprends et respecte totalement ceux et celles qui font le choix de la lutte "violente". je ne renie pas la violence et je la respecte et reconnait sa dangerosité. sur beaucoup de points il est possible que ces deux formes soient sur la même longueur d'onde mais les méthodes utilisées ne sont pas les mêmes par choix: les effets de la violence sont bien connus et chaque personne qui s'engage dans cette voie doit savoir qu'il/elle récoltera la violence, la prison voire la mort: c'est la conséquence directe et immuable. dans des actes choisis de non violence, les conséquences sont souvent les mêmes dans les faits, mais je pense que ce qui est important c'est le regard que l'on porte sur soi en soi qui fait la différence, c'est justement la volonté de conserver son humanité. se battre avec violence à un certain niveau d'utilisation "d'outils" est d'une facilité "enfantine" mais justement coupe la personne en révolte de sa part d'humanité; c'est la condition essentielle pour pouvoir le faire: cela demande une déconnexion de ses émotions. une chose est absolument certaine: c'est l'immense violence des dominants qui n'hésite jamais à l'utiliser pour maintenir leur dominations et leur pouvoirs. bon courage! Répondre à ce commentaire
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baccata 06-04-08
à 11:31 |
Re:résistance violente ou non violente, le principale est d'une part que les forces de luttes n'aillent pas au sacrifice inutile afin que celles ci puissent continuer à conscientiser autour d'eux de plus en plus d'individus, et d'autres part si la non violence est accompagné d'une attitude radicale envers les structures de pouvoir, alors les deux formes d'actions non violentes et violentes ne me semblent pas du tout en opposition mais complémentaires. par contre pour approfondir l'avis de totof, j'établie un abime entre deux formes de non violence qui pour moi n'ont strictements rien à voir, d'une part celle qui est accompagné d'une revendication radicale et émancipatrice refusant tout compromis ou concessions avec les structures de représentativité et de domination poussants ainsi les individus à reprendre confiance en leurs capacité autogestionnaire, et d'autres part la "non violence" que je qualifie de "réformiste" et défouloir, et qui n'à pour fonction que de récupérer, d'encadrer et de négocier la fin des luttes en permettant d'autoréguler la colère sociale au plus grand profit du renforcement du capitalisme lui même, et dont le résultat concret à toujours été de maintenir les individus dans un état de sommeil et d'allégeance à l'ordre établi, favorisé et renforcé ensuite par l'illusion d'un état au service de l'interêt commun générale grâce à l'obtention de cadeaux sociaux provisoires. si la résistance violente et légitime tel qu'elle fut par exemple pratiqué lors des barricades du 19éme siècle ou par la prise du maquis contre les fascistes, et par certains blacks blocs actuellement, à pour résultat concret de nous amener à plus d'émancipation tout en préservant leurs acteurs de l'enfermement, alors il ne faudrait pas que les non violents radicaux la rejette car il faut bien avoir à l'esprit que quel que soit l'extrême violence dont nous pourrions faire preuve sur les biens affichants la domination capitaliste ou sur les collabos défendants le vol de nos vies par l'état et le capital, celle ci ne sera jamais comparable à la violence qu'exerce chaque jour les structures de concentration des pouvoirs économiques et politiques sur des milliards d'individus humains ou non humains à travers le monde et sources de souffrances morales et physiques inimaginables. en disant cela je pense non seulement à la souffrance morale poussant des adultes et enfants au suicide, lui même renforcé par l'autoculpabilisation qu'exercent sur eux des agents de l'état que l'on nomme "psy", mais aussi aux individus, hommes, femmes et enfants qui dans certains pays subissent les conditions du chaos et de la guerre engendré par les interêts de domination et de contrôle du vivant sous toutes ses formes, mais je pense aussi à la violence qu'exerce les structures de domination sur les individus non humains qui chaque jour sont enfermés et disséqués vivants, ou encore sur lesquelles ont injecte différents produits chimiques sources de souffrances attroces. N'oublions pas non plus que ce qui du point de vue des interêts de l'état et le capital fait une différence entre les animaux non humains et humains, c'est notre "pouce préhenseur" qui nous donne provisoirement un statut de rouage principale dans la machine de destruction massive de domination totale. Donc imaginons que si pour notre plus grand malheur, il advenait qu'une grande partie de l'humanité devienne "inutile" pour l'expansion du capitalisme en perdant ce fameux pouce préhenseur quel serait désormais notre nouveau statut et comment serions traités à votre avis ? Répondre à ce commentaire
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baccata 06-04-08
à 12:23 |
Re:mais tout ces propos sur la résistance violente ne doivent pas nous faire oublier de la mépriser de toutes nos forces pour ce qu'elle est, c'est à dire une contrainte imposé, et parfois un suicide collectif favorisé par les structures de domination et le manque de perspectives lié à la réduction stratégiques de nos libertés permettant à l'état de faire taire les têtes qui dépassent du troupeau. je crois que la bonne attitude fut celle de l'anarchiste durutti qui contraint de prendre les armes contre les fascistes méprisait et haïssait la guerre et la violence au plus profond de lui même. d'ailleurs un petit texte : http://anarchismenonviolence2.org/spip.php?article62 « Entreprendre une révolution (…) au moyen de la violence extrême, apparaît aujourd’hui comme affreusement absurde. Tout autant que la guerre. La dépendance entre les États (…) ainsi que la monstrueuse efficacité des instruments de destruction, rendent catastrophique le recours à la violence extrême collective. Non seulement cette dernière supplicie le peuple qui s’y livre mais aussi menace la paix des autres peuples. (…) Il nous semble donc nécessaire, non tant point de la condamner, mais d’en montrer les risques trop gros, la folie, et de conseiller une autre méthode de lutte pour supprimer le capitalisme ou abattre le fascisme. Méthode de lutte collective pour ainsi dire basée uniquement sur la non-coopération la plus intégrale possible. » (1) Répondre à ce commentaire
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baccata 06-04-08
à 12:37 |
Re: suite sur la violencesur la violence, il faut avoir conscience et savoir qu'historiquement lorsqu'un mouvement optient des résultats concrets par des actes de résistances violents envers des tyrans ou les structures de dominations, celui ci prend aussi le risque que l'état puisse commettre en son nom différents actes visants des innocents en se servant de cette image, dans le but de retourner la colère populaire non contre les tyrans mais contre la résistance elle même. c'est une pratique et une stratégie extrêmement machiavelique maintes fois éprouvé par plusieurs états. Répondre à ce commentaire
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baccata 06-04-08
à 13:15 |
Re: suite sur la violenceil faut savoir aussi que pour obtenir les conditions du replis sur soit des individus et de la peur permettant à l'état de jouer le rôle de "sauveur" providentiel alors qu'il est lui même la source et la cause du chaos, pour celui ci tout les moyens inimaginables sont bons, c'est à dire que pour l'état la fin justifie toujours les moyens. nous l'avons vu non seulement par l'intégration stratégique du FN dans le jeu electorale ayant permis de renforcer le chantage démocratique évitant à l'état une trop forte abstention lié à la désullusion de la population envers les partis réformistes. Chantage démocratique ayant lui même fait suite à l'intégration et au financement machiavelique et stratégique d'une certaine forme "d'opposition" dans le jeu electorale par l'état lui même, et ainsi incapable de remettre en question les structures mêmes de représentativité. il faut savoir que tout de suite après la deuxième guerre mondiale les conditions d'acceptation par la population n'étaient pas encore réunis pour que l'intégration de mouvements populistes d'extrême droite permettent la mise en place de ce fameux chantage démocratique, et que seul l'extrême machiavelisme d'un président socialiste pouvait intégrer en utilisant la fumisterie cynique d'un état prônant encore plus "de démocratie" mais cachant un réel interêt stratégique permettant ainsi d'obtenir l'allégeance continuelle des populations asservis et exploités. tout cela pour dire que dans toutes nos luttes nous ne devrions jamais sous estimé non seulement notre aliénation aux fausses valeurs républicaines mais aussi la capacité de l'état générer lui même de nouvelles conditions de chaos et d'alienantion. si j'en suis arrivé à cette reflexion c'est notamment grâce à l'ouvrage indispensable de maurice joly "dialogues aux enfers entre machiavel et montesquieu" qui d'ailleurs fut censuré pendant plus d'un siècle par l'état français, avant que celui ci ne comprenne qu'elle était son propre interêt de ne plus mettre à l'index certains ouvrages en les rendants accessibles, car la censure est aussi une forme de publicité certes non désiré mais pouvant parfois attirer bien plus les regards. En supprimant officiellement la censure l'état compris aussi qu'il pouvait s'en servir pour renforcer l'illusion d'une "évolution du progrés démocratique" dans les esprits d'une population déja aliéné et corompu par l'illusion d'un état au service de l'interêt commun générale correspondant à son degré d'embrigadement par les fausses valeurs républicaines bourgeoises. Répondre à ce commentaire
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satya 06-04-08
à 14:36 |
Re: suite sur la violencebonjour,
baccata, je soutiens en grande partie ce que tu dis et effectivement je considère que les luttes violentes et non violentes peuvent se rejoindre. d'ailleurs il y a un article sur le dernier s!lence très intéressant: quelles bases communes entre anarchisme et non-violence. je pense que totoff a partiellement tord et je n'avais aucune envie que les non violents soient limités à ce qu'il exprime car je sais qu'il y a d'autre façons de vivre et d'agir dans des actions non violentes même si je suis bien d'accord pour dire qu'aujourd'hui en france il s'agit d'"angélistes mous". Répondre à ce commentaire
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baccata 06-04-08
à 15:08 |
Re: suite sur la violencesalut satya, oui d'ailleurs concernant ces "angélistes mous", hakim bey l'auteur de "taz" à trés bien expliqué l'inutilité des manifs défouloirs et à même proclamé que dans ces cas la, les gens feraient bien mieux de s'enfermer chez eux en gardant leurs colères pour mieux réflechir ensuite à la mise en place de moyens concrets permettant de nuire au système, tout en ne se mettant pas en danger. d'autres part dans un documentaire d'arte sur des manifs aux états unis, parmis la foule des manifestants il y a avait un cadre supérieur qui témoigna devant la caméra en disant au journaliste qu'il ne connaissait absolument pas le but de la manif, mais qu'il était la tout simplement pour crier et se défouler après une dure journée de travail lui permettant d'évacuer son stress.. révélateur non ? ... Répondre à ce commentaire
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Totof 07-04-08
à 18:31 |
Re: suite sur la violenceSalut,
bon, il y aurait des pages à faire suite à vos commentaires! Je voudrais te répondre, Satya, quand tu affirmes que derrière la question de la violence, il y a le regard que l'on porte sur soi et pour le choix de la non-violence, la volonté de conserver son humanité. Je ne suis pas vraiment d'accord avec toi et je voudrais présenter ici un raisonnement un peu provocateur mais qui me semble tenir la route. Je pense que la violence est un phénomène profondément humain, même s'il ne me plaît pas parce que je suis un occidental du 21ème siècle et que j'ai été discipliné (au sens de Foucault) par les institutions. En cela, je suis un individu castré. Mais observons les enfants, observons les fous, lisons de l'ethnologie ou de l'histoire et l'on voit que les humains sont à la fois tendres et violents. Chez les peuples traditionnels ou au Moyen âge, les fêtes pouvaient tourner en un clin d'oeil en violence mortelle. De même, la violence traditionnelle pouvait se résoudre parfois en un amour débordant pour l'ennemi (à l'image de certaines formes de cannibalisme ou de mariage). Donc, Satya, l'humanité n'est pas du coté de la non-violence puisque cette dernière est le résultat d'une contrainte de la spontanéité. Il me semble plutôt que la non-violence est du coté du contrôle social, de la discipline, éléments dont on sait qu'ils sont à la base du contrôle total qu'essaye d'exercer la mégamachine sur les peuples. Nous sommes dans un tel état de manque de confiance en nous (merci à l'école et au monde du travail...) que nous pensons prendre le risque d'être « contaminé » par le moyen. Nous avons peur de devenir des bêtes sauvages si nous utilisons la violence contre le système qui nous violente. Avons-nous si peu confiance dans l'honnêteté de notre démarche d'émancipation? Et pour étayer notre croyance, nous regardons l'histoire et voyons de multiples exemples révolutionnaires où la violence a dépassé ceux qui en étaient les auteurs. Ce type d'argument remplit d'ailleurs très bien le vide laissé par notre manque de confiance en nous. Mais pourtant bien souvent, il s'agissait de mouvements révolutionnaires qui essayaient de prendre le contrôle de l'Etat et donc perdaient le mode d'autolimitation qu'autorisait la mentalité traditionnelle pour passer sur le mode comportemental découlant de l'adoption des catégories de fins et de moyens qu'implique la gestion d'un Etat. C'est sûr que tout n'est pas aussi clair que je le dis et il y a bien des situations qui vont dans ton sens. Ainsi quand certains mouvements révolutionnaires ont recours à la terreur par peur du retour des forces réactionnaires. Et là, effectivement, le risque d'une violence illimitée est réel du fait de la paranoïa. Je ne dis pas que le moyen de la violence est sans risque mais il ne me semble pas nous faire perdre automatiquement notre humanité. Avec la violence arrive la possibilité de l'illimité, de l'injustice qui fait des morts. Je trouve assez frappant le fait que le risque d'une violence illimitée ne se produise que dans le cadre des révolutions modernes, politiques. C'est-à-dire d'une pensée qui conscientise l'indicible, qui réfléchit les gestes anodins et rend compliqué la complexité. Je vous renvoie à la fin de cet article http://endehors.org/news/centralite-du-travail-et-projet-politique-d-emancipation. C'est la même idée. Et finalement, on touche là à la tragédie de notre condition à la fois humaine et moderne. La violence fait partie de nous et dans le même temps ne nous satisfait pas. C'est pourquoi les sociétés traditionnelles ont inventé mille et une manières de la contenir. Avec la Modernité, la violence individuelle est contenue par une entité, la mégamachine, qui la confisque à son profit pour maintenir un ordre moribond. Et pour l'humain moderne, la tragédie se mute en la fatalité d'une vie sans aventure. Bon, ce que j'essaye de dire (je sens que c'est le bordel quand j'écris), c'est que la chose qui me semble être le plus en danger dans ce que tu poses, Satya, dans le passage auquel je fais référence, ce n'est pas notre humanité mais notre être civilisé par les institutions modernes. Enfin, pour terminer, je comprends ce que vous dites, avec Baccata, sur les deux formes de non-violents, et je suis d'accord avec ça. Mais, bien que n'ayant pas de boule de cristal, je pense que la forme radicale de non-violence mène, si elle est efficace, à la violence étatique ou des entreprises (puisqu'il semble que les armées modernes aient de plus en plus recours aux entreprises de mercenaires). Les non-violents, s'ils mettent réellement en danger le système, sont alors soumis à un choix : soit se défendre contre la violence, soit être exterminés. Désolé, tout ça est brouillon mais c'est certainement le reflet de là où j'en suis sur cette question. Tchao Totof Répondre à ce commentaire
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Totof 07-04-08
à 18:34 |
Re: suite sur la violencele lien que je donnais est celui-ci http://endehors.org/news/centralite-du-travail-et-projet-politique-d-emancipation
maintenant, ça devrait marcher Répondre à ce commentaire
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satya 07-04-08
à 20:50 |
Re: suite sur la violencesalut totof :)
je comprends ce que tu dis et je suis d'accord pour dire et reconnaitre que la violence fait partie de notre humanité et de chaque être humain. ce que je pense profondément et cela n'engage que moi c'est qu'il est possible aussi de se dégager du pouvoir des institutions afin justement d'accepter ma propre violence mais qu'ensuite la non violence (pour moi radicale) est un choix donc une expression de ma liberté. cela ne signifie pas que ce choix est .. je dirais "totalitaire" dans le sens où il serait unique (ce qui est souvent le cas pour des gens avec des aspirations non violentes basées sur du spirituel ou du religieux), je sais qu'il est possible que confrontée à certaines situations la violence soit l'unique réponse que je donnerais. donc tu vois je suis à la fois plus radicale mais aussi je considère être plus libre dans la mesure où je ne m'enferme pas dans ce choix. je pense qu'il s'agit d'un développement tout personnel mais aujourd'hui je peux affirmer que j'assume autant ma violence que ma non violence et je pense qu'il est important de rester ouvertEs. Répondre à ce commentaire
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baccata 07-04-08
à 23:25 |
Re: suite sur la violencejuste une question que je me pose.. arts martiaux et anarchisme ne seraient ils pas pour cela complémentaires ? dans le sens d'un apprentissage permettant de connaître encore mieux sa propre individualité .. Répondre à ce commentaire
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ThierryLode 10-04-08
à 09:38 |
Re: Le siècle des lumières ?Salut Totof
J'ai été très intéressé par ton intervention très critique. Maisje crois vraiment que le siècle des lumières a été pluriel et bien plus émancipateur que tu ne le penses, et ne serait ce que sur la médecine, l'égalité et l'esclavage bien différent de la pensée de Platon. Au milieu de nombre de contradictions de l'époque, vois JJ Rousseau dire dans le contrat social "dès l’instant qu’un peuple se donne des représentants, il n’est plus libre, il n’est plus" , ou encore la constituition de 1793 "Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs" sans compter le travail subversif du curé athée Jean Meslier dans son testament philosophique. Certes, notre siècle semble s'effondrer dans une barbarie lente, mais la révolte existe...et le passé a peu à peu infiltré les idées lbertaires... Répondre à ce commentaire
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baccata 10-04-08
à 13:33 |
Re: Le siècle des lumières ?je pense que le siècle des lumières n'avait pas encore réflechi à l'implication de l'évolution des techniques industrielles permettant à l'état de rompre totalement l'équilibre dans le rapport de force violent et historique ayant toujours opposé le "peuple" aux structures de pouvoir et aux possédants, et c'est bien pour cela que dès le 19éme siècle et après 1789 cette phrase de rousseau "Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs", n'était déja plus d'actualité dans le sens ou le développement d'armements de plus en plus précis, puissants et destructeurs, eux mêmes lié à une connaissance de plus en plus aboutie du comportement sociale des individus, ne pouvait que favoriser la naissance non seulement d'une pensée an-archiste, mais aussi du syndicalisme ouvrier comme moyen d'émancipation pouvant éviter un bain de sang, mais aujourd'hui lui aussi obsoléte de la perte de conscience de classe lié à l'illusion d'un état au service de l'interêt commun générale. Il aurait peut être suffit que les lumières envisagent ce paramètre pour que leurs reflexions aillent jusqu'à une remise en question totale de l'état lui même qui avec le facteur industriel de l'armement aurait permis à rousseau d'en arriver à cette conclusion qu'une société émancipé de toutes structures hiérarchiques ayant permis aux individus de ne produire que par nécessité, aurait été la moins pire.. Répondre à ce commentaire
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Totof 12-04-08
à 18:08 |
Re: Le siècle des lumières ?salut,
pour répondre sur le siècle des Lumières, je dois dire que je suis proche de ce que tu dis Baccata. C’est d’ailleurs souvent le cas quand je lis tes commentaires (sauf sur les arts martiaux et l’anarchisme : si un flic me fait chier, je tape tout de suite dans les couilles ou en traître, par derrière). Blague à part, par rapport à ce que tu dis Thierry, je ne sais pas. Il me semble quand même que dans l’ensemble, il y a une cohérence à promouvoir l’asservissement et la discipline chez ces penseurs des Lumières. Tu évoques l’esclavage mais les Lumières n’ont rien inventé puisque Platon était contre (à la différence d’Aristote, peut-être pensais-tu à lui). En ce qui concerne l’égalité, je les trouve souvent bien ambigu, ces philosophes. Ainsi, ils la voulaient mais dans le même temps, ils mettaient en place le contraire. Par exemple, les physiocrates annonçaient déjà les théories économiques à venir, et finalement le règne du commerce. De plus, tous ces philosophes étaient des républicains. Je ne connais pas Jean Meslier mais tu cites Rousseau. S’il y en a bien un que je ne trouve pas émancipateur, c’est celui-là. Il reprend les préceptes platoniciens en étendant la violence du foyer à toute la société (le père, les enfants, etc.) (je te laisse deviner qui est le papa et qui sont les nenfants). La clause principale de son « pacte social » (vous avez signé quelque chose, vous ? Moi pas, on ne m’a rien demandé) est « l’aliénation totale de chaque associé avec tous ces droits à toute la communauté ». Niveau émancipation, on a fait mieux. Rousseau explique par ailleurs que la société tient par l’intérêt. On est au niveau zéro de la sociologie (qui n’existait pas tu me diras mais tu vois quand même la conception de l’humain qui se dégage de ces écrits. Ces mecs n’avaient pas confiance en l’humain). Je continue puisque j’ai le bouquin devant moi. Pour lui, si les citoyens n’ont aucune communication entre eux, leurs décisions sont bonnes. C’est la meilleure configuration. Donc il est pour interdire toute association. C’est un républicain, il veut que tout le monde soit égal devant le furher. Allez, encore une ou deux particulièrement corsées. « Comme la nature donne un pouvoir absolu sur tous ses membres, le pacte social donne au corps politique un pouvoir absolu sur tout les siens ». Donc, logiquement, il est pour la peine de mort : « qui veut conserver sa vie au dépends des autres doit la donner aussi pour eux quand il faut. Or le citoyen n’est plus juge du péril auquel la loi veut qu’il s’expose ; et quand le prince lui a dit : « il est expédient à l’Etat que tu meures », il doit mourir, puisque ce n’est qu’à cette condition qu’il a vécu en sûreté jusqu’alors, et que sa vie n’est plus seulement un bienfait de la nature, mais un don conditionnel de l’Etat ». Etc. Ce type était un furieux. Quant à la constitution de 1793, les révolutionnaires ont, ne l'oublions pas, instauré le droit à la propriété, dépossédé les peuples de leurs us et coutumes, etc. Je me demande dans quelle mesure les révolutionnaires ne pensaient pas à eux-mêmes en parlant d'insurrection et à un possible renversement politique qui leur serait défavorable en écrivant cela (donc ils s'autorisaient la révolte). Ca a été une révolution des villes contre la campagne. Pour reprendre ce que tu dis, Baccata, je pense que ces philosophes des Lumières étaient des humanistes (ce qui est loin d’être un compliment, venant de moi) et qu'ils ont contribué à instaurer un rapport social qui alourdissait le joug : Une pensée organisatrice, bienveillante, qui allait éduquer le peuple pour le sortir de la boue. A force d’organiser le monde, l’hétéronomie a remplacé l’autonomie et des institutions bienveillantes veulent un homme nouveau, mais pour son bien. Rousseau écrit : « Afin que le pacte social ne soit pas un vain formulaire, il renferme tacitement cet engagement, qui seul peut donner de la force aux autres, que quiconque refusera d’obéir à la volonté générale, y sera contraint par tout le corps ; ce qui ne signifie autre chose sinon qu’on le forcera à être libre [...]. » Nous forcer à être libre... Vraiment génial ce mec... Tu as raison, Baccata, les Lumières n’avaient pas prévu la suite de l’histoire. Mais la mégamachine naît du rapport social qu’elles mettent en place. Quand même, les écrits de Rousseau contiennent tout de ce qui nous oppresse actuellement. Il aurait certainement considéré que nous sommes actuellement totalement asservi mais il aurait cherché (je suppose) la solution dans l’approfondissement de la logique républicaine. C’est l’erreur que font actuellement tous les intellos (genre un collabo comme Laurent Mucchielli). Tout ça se termine en parc humain, en camp de rétention, en gestion de la vie par les institutions... Je suis d’accord avec toi, Thierry, quand tu dis qu’il ne faut pas oublier le passé. Mais alors se pose la question de « quel passé » ? Le passé officiel, celui des Lumières, où celui des luttes du peuples dont il ne subsiste presque plus rien ? Nietzsche disait que la catastrophe peut être daté de l’Antiquité. Quelque chose me dit qu’il avait certainement raison. Désolé d'avoir encore été si long. Tchao Totof Répondre à ce commentaire
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Totof 13-04-08
à 23:19 |
campssalut,
juste une quesiton encore à Baccata. Sur la page http://endehors.org/news/l-equipement-des-policiers-s-alourdit-encore-apres-les-emeutes-de-villiers-le-bel, tu écris: "en ce moment même aux états unis des citoyens américains s'étonnent de la construction de nombreux camps vides sans que personne ne sache à quoi ils serviront" Peux-tu en dire plus là dessus? Quelle est ta source? à bientôt Répondre à ce commentaire
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à 11:19