Le mot "technologie" englobe les procédés et objets inventés par l'homme pour faciliter sa vie. La technologie apporte aux hommes des capacités et des conforts supplémentaires, mais aussi des changements de société ou de l'environnement, parfois imprévisibles, qui nuisent ou toutefois contraignent l'homme à s'adapter à une nouvelle donne. Certains disent que-ces changements sont inévitables ou des "progrès" souhaitables, tandis que d'autres s'opposent à ces innovations à cause de leurs côtés négatifs. Dans tous les cas, la réalité nous plonge dans notre incapacité à maîtriser nos désirs, à acquérir toutes les informations nécessaires pour un choix raisonné, et à plus forte raison, à convaincre les autres ou à protéger le monde.
Le sens que nous attribuons au monde détermine notre attitude envers la technologie.Est-ce que nous choisissons de vivre "ici et maintenant, et après nous le déluge" ou selon un système plus altruiste ? Notre réponse conditionne notre attitude envers la technologie : est-ce que nous choisissons d'être responsables face à notre ignorance ou d'être des apprentis sorciers qui pourraient être à la source de la prochaine vague d'extinction sur notre planète ? (1) Et si nous choisissons d'être responsables, est-ce que nous cherchons seulement à ne plus participer à cette décadence et à nous extraire d'une civilisation vouée à disparaître (mais qui risque de nous entraîner derrière elle) ou est-ce que nous cherchons à influer sur les choix de la civilisation, position que les plus pessimistes considéreront comme utopiste ? J'écris pour ceux qui gardent un espoir de pouvoir infléchir la direction prise par notre civilisation.
Quand est-ce qu'une technologie peut être considérée comme un progrès ?Il y a une tentation de ne voir que l'excessive consommation des ressources que notre civilisation engloutit. Mais il y a aussi le problème qualitatif de comment cette technologie est employée. Faut-il abandonner les technologies en bloc ou apprendre à mieux les gérer et les limiter ?
Le bilan ne sera pas le même entre un emploi restreint et un emploi sans limite par 6 à 10 milliards d'individus. Imaginons les voitures réservées pour les ambulances, les handicapés et les artisans... les camions limités aux livraisons locales à partir de la gare du chemin de fer, un seul petit réacteur nucléaire pour l'Europe, consacré aux recherches fondamentales sur la physique et la médecine, une population mondiale qui descend progressivement en dessous d'un milliard d'individus...
Quels critères déterminent si une technologie est un progrès ? Côté positif, est-ce qu'elle fait gagner en temps, effort, richesse, plaisir, bien-être, beauté, poésie, recentrage spirituel, solidarité, amour, respect, paix, relations riches et profondes, bonne humeur, convivialité, partage ? Côté négatif, quels effets nuisibles provoque-t-elle en termes de déstructuration sociale, maladie, exclusion, stress, aliénation, violence, comportements antisociaux, dilapidation des ressources et l'environnement, le climat, etc. ? Comment comparer et évaluer des critères si hétéroclites, puisqu'une technologie peut être très utile et avoir un impact socio-environnemental exécrable ?
L'exemple de l'eau courante illustre cette difficulté. Marcher des heures pour apporter l'eau est pénible, mais alors on ne la gaspille pas. Chez les Romains, elle exigeait la construction d'aqueducs, l'esclavage, des guerres de conquête, l'inégalité sociale. Elle employait la technologie du plomb qui provoqua l'intoxication des Romains. L'eau courante, de nos jours, exige une technologie de cuivre, d'acier et de plastique, donc celles du pétrole, du charbon et du chlore, et une consommation élevée d'énergie pour la fabrication des matériaux, le pompage, la purification avec les pollutions qui en résultent. Elle s'appuie sur le colonialisme et le pillage des ressources des pays du Sud avec l'exploitation des minéraux, de la main-d'oeuvre et de la nature que cela implique. Elle permet des pratiques de gaspillage, notamment avec l'irrigation du maïs, des élevages hors sol, des techniques de refroidissement industriel et nucléaire, et le tout-à-l'égout qui génèrent de la sécheresse, des pollutions des rivières et des nappes phréatiques, l'augmentation de consommation de l'eau en bouteille et des bouteilles en plastiques, etc.
Mais cette innovation permet en même temps l'existence de villes, des centres de commerce, une meilleure hygiène, la longévité et donc une plus longue expérience de vie (et une augmentation de la population humaine avec tout ce que cela implique pour notre empreinte écologique). Elle gagne du temps pour un meilleur niveau d'éducation et de culture et une plus grande productivité, mais éloigne l'homme de la nature et produit donc une forme d'aliénation, ce qui masque aux hommes un peu plus ce qu'ils sont et ce dont leur vie dépend à la base.
Ce tableau incomplet montre qu'il est très compliqué d'en faire un bilan et de déterminer si une innovation constitue un progrès, d'autant plus qu'il faut du temps pour voir se dessiner les impacts que l'on n'imagine pas... Une fois ancrée dans les pratiques d'une société, l'innovation sera difficile à arrêter : les gens s'y attachent, les personnes qui en vivent la défendent - Pour voir une manifestation géante de gens en colère, interdisons tout de suite la télévision, la voiture, la viande, les CD, les ordinateurs, les téléphones portables, les guitares électriques... tous pourtant ayant un bilan des plus douteux. Il faudrait que la population soit sensibilisée à cette complexité et à ces dangers, invitée à se poser des questions sur leurs valeurs et leurs priorités afin de rendre possible un consensus sur une gestion raisonnable de la technologie.
Quelques observations sur l'histoire de la technologieComme l'ont observé Gandhi et Marshall MacLuhan, les moyens dictent la fin, la forme affecte la substance. Notre technologie nous conditionne à vouloir un certain style de vie (et nous rend aveugle aux alternatives). Nous ne pouvons pas préconiser une technologie sans réfléchir à où cela nous mène, même si cette tâche reste difficile.
Beaucoup de technologies stimulent une recherche de perfection qui ignore la notion de modération, essentielle à l'équilibre de l'organisme. Extension de nos capacités, les technologies nous donnent une illusion de puissance et une soif d'en avoir encore plus : excès de consommation de nourriture (obésité) et de l'énergie dans cette course effrénée à éprouver, sentir, déguster toujours plus. Les sportifs drogués, les forcenés du travail, les accumulateurs de richesses, les assoiffés de nouvelles sensations, les voyages touristiques, la surenchère de la technologie médicale, démontrent comment les technologies déséquilibrent notre vie.
La télévision est exemplaire à ce titre. Elle réduit le spectateur à la passivité, sélectionne et censure les informations, développe les attentes de la vie, substitue le voyeurisme au vécu, divertit plus qu'elle ne forme l'esprit, et apprend à l'individu qu'il ne peut pas influer sur le destin car tout est si loin. Vaccinés contre la participation, contraints à suivre en temps réel, sans le temps de réfléchir à ce que l'on ingurgite, certains spectateurs finiront par voir les êtres humains comme des objets virtuels à consommer. De plus, gavés d'images et de désirs suggérés, ils ne peuvent' plus se contenter du quotidien qui leur paraît pâle à côté. Blasés, ils cherchent quelque chose de plus fort, comme des drogués.
Ceci peut paraître contradictoire, mais il est peu probable que l'on pourra susciter une conscience généralisée et durable des enjeux planétaires sans un certain niveau de technologie. Bien que l'industrialisation planétaire ait engendré une destruction sans précédent, elle a aussi généré pour la première fois dans l'histoire de l'humanité un excédent de productivité qui permet le financement de l'éducation de masse qui semble un préalable d une prise globale de conscience (même s'il y a beaucoup à redire sur cette éducation... voir plus loin...). Peut-on maintenir un niveau d'éducation généralisée suffisant sur la planète sans l'industrialisation, sans un retour en arrière par manque de transmission des connaissances et de la conscience généralisée ? La conscience écologique que certains attribuent aux Amérindiens et à d'autres "indigènes" (2) n'a pas été suffisamment transmise pour les faire résister aux sirènes ou bulldozers de la technologie pathologique.
De même, la spécialisation du travail qui date de la préhistoire nous interroge comment se fait-il que la femme ne se soit pas libérée plus tôt dans l'histoire ? Et que cette libération toute relative soit encore moins avancée dans les pays non-industrialisés ? Quelles conditions de vie économiques, sociales et médicales (parmi d'autres) sont nécessaires pour favoriser l'émancipation des femmes ? Dans quelle mesure l'industrialisation a-t-elle posé les bases de ces changements ?
Dans le même genre de questions, estce que la guerre en Europe pouvait s'arrêter avant que l'industrialisation rende la guerre suicidaire ? Sans l'industrie spatiale, avec ses gaspillages et ses armements dévastateurs, aurait-on acquis cette conscience de la Terre comme un lieu fragile, perdu dans l'espace où nos destins sont tous liés ?
Renoncer à trop de technologies peut nous empêcher d'avancer vers une société écologique ou nous rendre vulnérable à des retours en arrière.
Cela nous livre aussi à la domination de ceux qui ne s'y renoncent pas.. Depuis que des traces de l'homme existent, on constate sa prédation : les chefs de file de Pâques ont complètement rasé leurs forêts . dans une compétition guerrière. Les Egyptiens et les Grecs ont décimé leurs forêts, eux aussi à la recherche d'une domination. Lorsque l'Occident a commencé à dominer le monde, ses dirigeants n'hésitaient pas à utiliser leur technologie pour écraser toute opposition et ils l'utilisent encore aujourd'hui (voir l'Inde coloniale hier ou l'Irak aujourd'hui).
Jusqu'à ce que l'on parvienne à établir une véritable démocratie mondiale, tout pays qui tente une expérience de "détechnologisation" ou qui tente de se retirer du monde risque fort de se faire dominer ou écraser. Voir les Amérindiens, les Amish, l'autosuffisance de Gandhi non reprise par l'Inde...
Que faire pour gérer la technologie?Se mettre en cohérence n'est pas assez généralisé pour faire basculer le monde. Boycotter des technologies aux conséquences inacceptables modifie la donne, mais force est de constater que la plupart des gens font peu d'efforts ; même les plus motivés font des compromis : ils refusent le portable, mais pas l'ordinateur, prennent leur vélo tous les jours, mais ont tout de même une voiture pour transporter du matériel lourd, etc.
£interdiction et la réglementation sont parfois possibles. Pour interdire ou réglementer des technologies, il faudrait d'abord que les décideurs ne soient pas sous l'influence des entreprises et que la population ne subisse pas la propagande, car cela donne des lois sur les OGM ou la sécurité nucléaire hallucinantes d7incompétence et d'inapplicabilité. Les mentalités ont besoin de changer pour ce faire et, parfois, interdire et réglementer détruit la liberté d'innover nécessaire pour trouver de meilleures solutions techniques comme dans le cas des énergies renouvelables, des modes de démocratie participatifs, des transports alternatifs, des recherches sur la santé, de la biodiversité, (voir ce qui se passe avec les semences des variétés anciennes...). Qui établira et appliquera les critères qui séparent les recherches acceptables de ce qui ne l'est pas ? Si le rapport de force est mauvais, ce seront des obscurantismes ou des profiteurs... et ces derniers iront de toute façon là où il n'y a pas encore d'interdiction, par ailleurs (3).
Tant que notre société crée des personnes attirées par l'appât du gain, si blasées et saturées d'expériences qu'e11es veulent se dépasser et se griser, qui veulent tout dominer, avoir, et faire, nous ne pourrons pas empêcher le détournement de la technologie à des fins douteuses. Il ne faut pas se voiler la face sur le fonctionnement actuel des êtres humains - y compris moi-même face au chocolat!
Il faudrait sûrement des principes, des institutions plus démocratiques (démocratie fondée sur quelles technologies ?) et l'évacuation du pouvoir des riches, des médias et des institutions politiques par un ensemble de dispositions comme
• La limitation de la publicité. Les désirs stimulés par la publicité induisent une surconsommation, et les mensonges véhiculés trompent les plus crédules (une voiture "écologique:.."). Plus de pub dans les boites aux lettres plus de panneaux, plus de publicité à la télévision ni à la radio (et interdiction de financer des films en échange d'exposition de produits pendant le film...) avec une réflexion sur un autre financement de ces technologies si l'on choisit de ne pas les interdire.
• Un étiquetage obligatoire dans les rayons aux points dé vente avec explication de l'emploi du produit, mais aussi des conditions de production et un écobilan (4) pour amener progressivement à une conscience des enjeux.
• l'interdiction en Europe de tout produit qui ne respecte pas une charte de protection sociale et environnementale prévoyant au minimum des preuves d'un avancement chiffré annuel vers des conditions correctes de production, où toute entreprise et tout sous-traitant impliqué dans la production d'un bien ou d'un service vendu sur le territoire européen paie correctement les travailleurs, fournit des conditions de travail saines et sans dangers excessifs, et ne dégrade pas l'environnement ; des preuves que les pays d'origine de ces produits fournissent à tous une éducation, une couverture santé, des versements chômage et retraite... ou que des organismes, (firmes, tribus, clan...) autres que le gouvernement assurent effectivement ces protections.
• L'exigence d'expertises et tests indépendants et contradictoires concernant chaque nouvelle technologie et ses effets sur l'environnement, la société et la santé (financés par des entreprises impliquées dans une technologie et par le gouvernement). Ceci va ralentir l'innovation même dans des zones alternatives qui sont déjà sous-financées.
• Une transparence financière pour contrer l'opacité des pots-de-vin et autres tentativés de corruption. L'élimination des paradis fiscaux, la publication des comptes bancaires et des feuilles d'imposition de tout être humain qui a de hautes responsabilités politiques, sociales, culturelles ou économiques.
• Une loi qui permette par un vote blanc majoritaire au deuxième tour de rendre inéligibles pendant 10 ans tous les candidats restant en lisse... pour vider la vie politique des corrompus et,laisser la place à l'intégrité qui doit tenir ses promesses électorales (5). Les hommes politiques se méfieraient de leur propre duplicité face à un tel pouvoir de sanction.
• Des écotaxes pour faire payer les pollueurs et des subventions massives pour les recherches et la mise en place de technologies propres.
De telles mesures sont actuellement utopiques ; les bureaucraties écoutent plus les riches, et les contrôles coûteront très cher. Comment modifier les mentalités pour obtenir de telles mesures ?
Les chemins de la conscienceBien des gens croient que ces technologies sont souhaitables ou même nécessaires à leur bonheur. Ils ne savent plus trouver du plaisir sans consommation à outrance, ou préfèrent la facilité à la sagesse. Mais comment donner envie aux gens de se serrer la ceinture - surtout les plus aisés - et de le vivre positivement ?
Les adultes résistent aux tentatives de changer leur façon de voir les choses. Mais alors, qui peut aider les enfants à évoluer, si ce n'est les adultes ?
Le système éducatif actuel, au niveau familial et scolaire, reproduit le système technologique : bien des enfants sortent aliénés du milieu familial et de l'école
non consultés sur leur propre destin, qui leur a été imposé pendant 12 ans ; prêts à consommer pour soulager le manque d'estime de soi produit par une compétition insensée ; leur imaginaire sous-développé ; prêts à se laisser prendre en charge par la technologie et à fuir dans la consommation pour éviter d'affronter le manque de sens auquel ils se sont habitués ; prêts à obéir sans poser de questions, ayant pris l'habitude se taire afin d'éviter des conflits ; prêts à rester passifs face aux difficultés, car habitués à voir les solutions venir d'en haut.
Afin de développer leur savoir-vivre, leur conscience des risques technologiques, la recherche d'un sens à attribuer à l'existence, leur attitude citoyenne, il serait important que les parents et professeurs conscients de ces lacunes s'emploient à remettre en cause, à chaque occasion, les ressorts qui produisent l'inconscience; et qu'ils proposent alors des alternatives :
• Suppression ou atténuation de la compétition, et encouragement de la coopération et de la promotion collective (refus des notations, évaluation repensée, projets en groupes hétérogènes pour que chacun puisse y trouver sa place, groupes de besoin pour développer les capacités et surmonter les lacunes de chacun).
• Désacralisation du rôle du professeur et du programme afin d'encourager l'expression, la participation démocratique et la prise en compte des besoins des élèves dans le choix des sujets et de la manière de procéder, et l'établissement de règles bien comprises d'une vie en société scolaire.
• Développement de l'initiative des élèves et des occasions de faire des choses qui ont un sens pour eux, avec emprise sur le monde au lieu des apprentissages souvent trop abstraits et sans implication citoyenne.
• Partage du temps entre imagination/ création, savoir-vivre/connaissance du monde ; construction active d'un savoir plus équilibré.
• Interdisciplinarité et liens avec le monde qui entoure l'école, pour développer un esprit critique qui voie les conséquences sociales, économiques, politiques, environnementales et culturelles des technologies et d'autres phénomènes.
Tout ceci contribuerait à former les enfants pour qu'ils pratiquent la vie citoyenne, qu'ils explorent la technologie et ses risques, qu'ils apprennent à se faire plaisir sans consommer dé manière excessive, qu'ils développent leur imaginaire et des solutions alternatives pour inventer des façons de se divertir dans un monde où le bien-être dépend moins de la technologie, qu'ils trouvent un sens à leurs apprentissages, qu'ils aient envie de lutter pour une vie sensée et qu'ils trouvent déjà un plaisir profond dans leur travail, qu'ils questionnent l'autorité, les informations, les procédés proposés...
I1 n'y a pas assez de parents, de professeurs, et de responsables politiques prêts à aller dans ce sens, mais je ne crois pas qu'un changement significatif face à la technologie soit possible sans une telle remise en cause de nos systèmes d'éducation, qui sont au centre du développement de l'esprit dans notre société.
Gregg West
professeur d'histoire.
(1)Les scientifiques estiment que la terre a déjà subi au moins sept grandes vagues d'extinction, peut-être causés par des impacts de météorites, éruptions volcaniques, changements climatiques, rayonnements des éruptions solaires gigantesques, etc. (cf. A Short History of Nearly Everything, Bill Bryson, Doubleday Publishing, 2003).
(2)L'extinction des petits équidés à cause de la chasse, il y a 20 à 30 000 ans aux Amériques, et les massacres de troupeaux de bisons par des Amérindiens qui provoquaient leur fuite pour les faire tomber en masse d'une falaise, gaspillant 90% des carcasses, trop nombreuses et trop lourdes pour être transportées, ne sont que deux exemples qui font douter de ce mythe. Selon le cours de l'université du Kansas, professeur Griffin.
(3)Voir l'excellente trilogie sur l'Atlantide de Bemard Simonay Ed. du Rocher.
(4)Style NESO, décrit dans Silence.
(5)Note de la rédaction : et que fait-on de ceux qui, au premier tour, font encore moins ? Sont-ils moins corrompus pour autant ?
S!lence #338 septembre 2006
à 13:43