Lu sur
Rebellyon : Contre le silence qui tue, le Comité Tchétchénie de Lyon informe : des dizaines d’inscriptions ont été grattées sur la peinture des murs des caves d’un ancien internat pour enfants sourds situé au cœur de Grozny, dans le quartier Oktiabrskii.
Dès le début, en 1999, de la seconde campagne russe en Tchétchénie, officiellement « opération anti-terroriste », des forces de sécurité russes, puis par la suite tchétchènes pro-russes se sont installées dans cet internat, les caves ont été transformées en cellules et en salles de torture.
Le 26 mai 2006 l’activité du « groupe opérationnel » a cessé et l’endroit a été abandonné.
Dès le lendemain, la destruction des bâtiments a commencé. Mais c’était sans compter sur l’obstination et la vivacité des défenseurs des droits de l’Homme tchétchènes, en particulier ceux de l’association Memorial, qui étaient sur les lieux dès le 29 mai, prenant des notes, photographiant, filmant ce qu’ils pouvaient, et qui se sont adressés à la justice en exigeant l’interruption de la destruction des bâtiments. Grâce à eux, l’affaire a été ébruitée, et le sujet a été abordé dès le 30 mai sur une chaîne de télévision locale, après quoi des représentants de l’administration locale, de la police, de la justice, mais aussi du FSB se sont rendus sur les lieux.
Le soir même, des militaires sont arrivés et ont ramassé tous les documents qui restaient et les ont emmenés.
Et dès le 31 mai, les inscriptions avaient disparu : des pneus de voiture avaient été brûlés dans toutes les cellules, et la suie, se déposant sur les murs, les avait recouvertes.
Le commissaire aux droits de l’Homme de la république de Tchétchénie Nourdi Noukhajiev a affirmé qu’aucune preuve de ces tortures ou meurtres n’a été trouvée.
Pourtant, les traces sombres sur les murs qui font penser à du sang, les inscriptions sur les murs, mais surtout les témoignages de survivants ne laissent pas beaucoup de place au doute.
A. S. a ainsi accepté de témoigner auprès de défenseurs des droits de l’Homme et d’une agence de presse locale. Il y fut détenu pendant 3 mois au printemps 2000.
Son récit glace le sang. En voici quelques extraits :
« Dans une des caves se trouvaient quatre cellules, une d’entre elle était « spéciale », c’était une chambre de torture. Là il y avait aussi deux petites pièces où on cachait les détenus les plus abîmés si par hasard une commission quelconque venait à visiter les lieux. Les hommes les plus costauds, ayant supporté les pires tortures, craquaient nerveusement et se mettaient à pleurer en entendant à travers les murs les cris des femmes torturées, violées.
Louiza (il s’agit de Louiza B., une habitante du quartier arrêtée avec deux de ses voisins le 17 avril 2000 par les troupes Khanty-Mantsi, elle avait alors 32 ans, ndr) était attachée au mur par des chaînes, ils la frappaient, la violaient, ils voulaient obtenir d’elle qu’elle avoue qu’elle nourrissait des combattants. »
Exigeons que la Russie qui a signé la Convention contre la Torture, qui préside actuellement le Conseil de l’Europe, respecte ses engagements ! Et le président de la république française va-t-il évoquer la question lors du G8 à Saint Petersbourg ?
Bleuenn Isambard (d’après un article de l’hebdomadaire « Chechenskoe obschestvo », du 13 juin 2006 et des informations d’une collaboratrice de l’association « Memorial » à Grozny.)
- Rassemblement "Une heure pour la Tchétchènie", chaque mardi de 18h à 19h, sur le parvis de l’Hôtel de ville, Place des Terreaux, Lyon 1er.
Comité Tchétchénie de Lyon :
comitetchetchenielyon(Arobase)hotmail.com
à 19:33