Après une dizaine d'années d'activisme punk forcené, les p'tits gars de Tagada Jones
ont fait un sacré chemin. Le Feu aux poudres est leur nouvel album et force est de constater que les Bretons sont toujours aussi énervés. Le temps et les années, les milliers de bornes à sillonner l'Europe de concerts n'ont visiblement pas entamé leur combativité légendaire. Tagada Jones arrive à allier un punk-rock hyperspeed avec des influences électroniques et métal, sans pour autant aboutir à une bouillie sonore... et ce n'est pas chose évidente quand on a affaire à ce genre de musique !
Les thèmes de prédilection du groupe (l'écologie, l'esprit de révolte, (insoumission) sont toujours là : des marées noires à la nécessité d'agir pour nous libérer d'un système fondé sur le profit et le contrôle social, tout y passe. La nécessité de vivre en individus libres ne tombe cependant pas dans la victimisation et le misérabilisme : l'esprit est combatif et, loin de se plaindre et de se complaire dans une attitude résignée, les textes sont bel et bien des chants de lutte.
Chants hurlés mais textes compréhensibles et conscientisés, guitares saturées et batterie qui dépote : on a bien là un album comme les Tagadas savent le faire. Pourtant, le Feu aux poudres esquisse un virage vers une musique qui, tout en restant enragée, surprend par ses aspects mélodiques. Certains seront peut-être surpris, mais cette évolution permet au final d'avoir un album qui respire, loin de l'univers parfois oppressant et trop linéaire des albums précédents.
Ici l'ombre. Chroniques alternatives
Le monde libertaire #1434 du 13 au 19 avril 2006