Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





Crée le 18 mai 2002

Pour nous contacter : endehors(a)no-log.org



D'où venons-nous ?


Nos références
( archives par thèmes )


Vous pouvez nous soutenir en commandant nos brochures :

Les éditions de L'En Dehors



Index des rubriques

Les collaborateurs et collaboratrices de l'En Dehors

Liens

A noter

Recherche

Archive : tous les articles

Session
Nom d'utilisateur
Mot de passe

Mot de passe oublié ?

STEPHANIE LIBEREE : retour sur image et reflexions autour d'une lutte
Le mardi 19 octobre, Stéphanie a été libérée. Cette libération est, dans ce cas douloureux, une première victoire morale. Mais, elle ne veut pas dire, loin de là, que l’affaire soit achevée. C’est pourquoi, si nous tenons à remercier toutes les personnes qui ont participé à cette lutte d’une manière ou d’une autre, nous les appelons à rester vigilantes et prêtes à reprendre la mobilisation si besoin en était. Bien donc que l’affaire ne soit pas close, il nous a semblé important, à ce stade, de faire connaître une analyse de militants sur les questions soulevées par cette lutte (“Réflexions autour d’une lutte”) mais aussi de rappeler les principaux points du dossier et de donner un rapide compte-rendu de l’action du 16 octobre (“Retour sur image”)



RETOUR SUR IMAGE

http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=1039

Le 22 mars 2004, Stéphanie, déjà mère d’un enfant de trois ans, accouche à l’improviste. Elle n’avait pas conscience d’être enceinte, victime d’un “déni de grossesse” [1]. N’ayant pu prendre la mesure de son état, elle accouche seule dans des conditions épouvantables, avec une hémorragie massive. Le nouveau-né ne donne aucun signe de vie, il est ou mort ou en état de mort apparente. Alors qu’elle est encore sous perfusion, le 29 avril, les gendarmes viennent pour l’incarcérer sous l’inculpation d’infanticide car, d’après le scénario élaboré par une certaine presse et la police, elle aurait étouffé volontairement son nouveau-né. Sa famille, ses copains, les militants de la CNT-AIT de Toulouse dont Stéphanie et son compagnon sont membres, regroupés au sein des “Amis de Stéphanie” ont très rapidement mis en relief les incohérences de ce scénario.

Au cours de l’été, un examen de laboratoire, une expertise anatomo-pathologique (c’est-à-dire l’étude au microscope des différents tissus organiques) est venu effondrer totalement le scénario policier en établissant de façon irréfutable, “l’absence de stigmates pouvant évoquer une asphyxie ou une suffocation”, et en mettant en évidence des stigmates de liquide amniotique. Malgré cette expertise qui l’innocentait, Stéphanie était toujours en prison à la rentrée. Cette situation étant de plus en plus insupportable, les “Amis”, qui n’étaient pas restés inactifs jusque là (voir notre précédent numéro), ont décidé de médiatiser l’affaire et d’organiser le samedi 16 octobre une marche de protestation tout le long des 23 kilomètres séparant la Place du Capitole de la prison de Seysses. Dans des conditions météorologiques épouvantables, environ cent cinquante personnes ont pris, vers 11 h 30, le départ d’un cortège qui a parcouru la rue Alsace, le pont St Michel puis la route de Seysses. Une soixantaine de participants sont arrivés jusqu’au bout et se sont retrouvés vers 17 heures sur le parking de la prison, à quelques mètres de la porte d’entrée, contenus par un petit cordon de gendarmes. Une prise de parole a eu lieu à la sono et des slogans bien sentis ont été repris en chœur par les marcheurs.

Inutile de dire qu’en tant qu’ “Amis de Stéphanie” nous remercions chaleureusement tous ceux, connus et inconnus, qui ont fait acte de présence ce jour là, tout particulièrement les copains venus de l’extérieur (Montpellier, Perpignan, Gard, Landes, Bordeaux, Gers, Bayonne) ainsi que les camarades qui ont mis à notre disposition leur autobus, facilitant ainsi le retour de nombreux marcheurs.

Maguy

[1] On trouvera toutes les précisions utiles sur cette maladie sur le site de l’ARDG (Association pour la Reconnaissance du Déni de Grossesse) : http://deni2grossesse.free.fr/wiki



Articles précédents:

STÉPHANIE EST INNOCENTE
http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=1019

AVEC TOI STEPHANIE ...
http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=989



REFLEXIONS AUTOUR D’UNE LUTTE

http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=1040

La mobilisation pour la libération de Stéphanie a symboliquement débuté le 1er mai 2004, au lendemain de son incarcération. Les moyens utilisés ont été dans un premier temps de s’adresser massivement à la population puis, dans un deuxième temps, aux médias. Aucun recours n’a été effectué auprès de personnalités, d’élus politiques ou syndicaux. L’objectif poursuivi par les “Amis de Stéphanie”, qui ont mené ces actions, était ponctuel, loin des objectifs globaux de la CNT-AIT, mais l’implication importante des militants de la CNT-AIT parmi ces “Amis” rend nécessaire un aller-retour entre la pratique et la théorie. Il s’agit de savoir dans un premier temps en quoi cette action a été utile, puis d’en faire une analyse critique. En effet, quels que soient les résultats obtenus, nous ne devons pas occulter une réflexion critique, celle-ci étant, en tout état de cause, indispensable à toute analyse sérieuse.

Quelle victoire ?

Bien que notre amie ait été libérée le 19 octobre 2004, soit trois jours après la marche sur la prison, nous ne sommes pas en état de dire quel a été le poids véritable de la mobilisation dans cette libération. D’une part, la réalité du dossier pénal -et en particulier l’existence d’une expertise anatomo-pathologique qui, corroborant de nombreuses autres pièces du dossier, doit amener à conclure à la mort naturelle du nouveau-né- a été certainement un élément déterminant. Mais, d’un autre côté, avec une inculpation très lourde (homicide sur mineur), le mandat de dépôt pouvait être prolongé sur trois ans. L’actualité montre malheureusement qu’il est fréquent qu’un “mis en examen” reste en détention provisoire alors même que son innocence a éclaté en cours d’instruction ou que des innocents soient tout de même condamnés.

Si donc, sur le point strictement procédural, il est difficile de se prononcer, il reste que le 16 octobre 2004, point d’orgue de plus de 5 mois de mobilisation, fut une réussite.

Réussite d’abord que celle d’une organisation autogérée sur un parcours qui comptait 23 km de long. Tout s’est déroulé sans incident, sans l’intervention des habituels organisateurs de manifs ; partis et syndicats institutionnels étaient d’ailleurs totalement absents. Réussite ensuite car cette manifestation était une première. La prison de Seysse a été construite loin de la ville, probablement avec l’arrière-pensée de décourager toute démonstration de solidarité avec les prisonniers. Mais les 23 km, pas plus que la pluie diluvienne qui est tombée sans discontinuer et le froid glacial qui l’accompagnait, se sont révélés très insuffisants pour décourager l’ardeur des marcheurs.

Réussite encore parce que, au soir de ce samedi, les participants et de nombreux prisonniers -nous l’avons su par la suite- étaient plus que satisfaits que cette marche ait eu lieu. Malgré la fatigue, les participants au cortège ont eu “la pêche” jusqu’au bout, et encore plus après. C’est qu’on était loin, ce 16 octobre, de ces mobilisations consternantes, de ces cortèges mortifères, dont le principal résultat est de démoraliser les manifestants et de les conduire dans des impasses. Qu’on se souvienne simplement de la façon dont la “gauchunie” (et une grande partie de l’extrême-gauche, y compris certains libertaires) ont mis des foules immenses en marche en mai 2002 pour leur faire voter Chirac et légitimer ainsi, pour sept ans, une politique particulièrement anti-sociale et répressive. Qu’on se souvienne également de la façon dont les mêmes spécialistes de l’anti-lutte ont conduit le mouvement des retraites à un échec programmé.

Dès le 16 octobre, au contraire, il y a eu, à la modeste échelle des 4 000 personnes qui se sont manifestées auprès du comité de soutien, un retour de confiance en la lutte collective et autogérée. Ce retour de confiance, c’est évidemment après le 19 octobre 2004 qu’il s’est renforcé.

De la restriction du domaine de la lutte

Ainsi donc, il y a eu une incontestable victoire morale, mais, concernant une lutte partielle, d’une part cette victoire -comme toute victoire dans ce cas- ne peut être elle-même que partielle et d’autre part, elle soulève inévitablement des contradictions par rapport à un projet qui repose sur une critique globale de la société.

Prenons un exemple : nous ne reprenons pas à notre compte l’idée méprisante, et pourtant commune à toute la classe politique, qu’il y aurait une différence de nature entre les prisonniers politiques et les prisonniers de droit commun, entre les “bons prisonniers”, dignes d’un soutien et les “mauvais prisonniers” qu’il faudrait oublier dans le fond de leur cellule. Notre analyse nous conduit en effet à considérer que l’immense majorité de ceux qu’on appelle “droits communs” sont en fait des prisonniers sociaux qui méritent un soutien en tant que victimes de la morale dominante et d’une justice de classe. Mais notre réalité militante fait que nous n’avons pas les moyens de mener campagne pour faire libérer les quelques 60 000 prisonniers sociaux qui croupissent en prison. Par conséquent, le choix est forcément arbitraire de soutenir un prisonnier parmi 60 000 autres. C’est, au fond, commettre une injustice supplémentaire.

“Pourquoi un tel est-il soutenu et pas moi ?”, “Pourquoi exiger sa libération et pas la mienne ou celle des autres ?”, “Pourquoi proclamer qu’il est innocent ?”... Ces questions, tout prisonnier isolé face à la répression peut se les poser. Son questionnement est d’ailleurs du même ordre que celui que peut se poser tout ouvrier isolé face à l’exploitation, quand éclate un conflit limité contre un autre employeur que le sien. C’est, dans le cas du prisonnier comme dans celui de l’ouvrier, la conscience de classe, la compréhension entre ceux qui subissent les mêmes fléaux (répression, exploitation) qui peut permettre -grâce à la solidarité- le soutien des luttes et leur extension. Le militant peut-il espérer que la lutte et la victoire parcellaires renforceront cette conscience, ce sentiment commun de solidarité ? Dans un monde où l’idéologie dominante repose sur la guerre de tous contre tous, la question constitue un pari qui devient rapidement un paradoxe. En effet, pour garder le parallèle avec le monde du travail, on constate trop souvent que la restriction de la lutte à des objectifs limités reflète plus souvent la défense d’acquis catégoriels qu’une volonté de faire partager ces mêmes acquis au plus grand nombre. Quand ce n’est pas la défense de ces acquis au détriment des autres catégories sociales. On peut donc se poser la question : une lutte limitée constitue-t-elle un passage vers des objectifs globaux ?

Répondre par l’affirmative, c’est accepter les inconvénients consécutifs à tout choix limitatif ; répondre par la négative, c’est se cantonner à rester dans la théorie. Eternel dilemme. Dans le premier cas, on entame plus ou moins rapidement une dérive vers le réformisme, peau de chagrin qualitative ; dans le deuxième cas, on entame une dérive sectaire, peau de chagrin quantitative. Nombre d’organisations révolutionnaires se sont déchirées sur ce grand écart et, historiquement, nombre de politiciens ont su utiliser ce talon d’Achille pour neutraliser l’anarchosyndicalisme, le vidant à la fois de son corpus théorique, de ses capacités réflexives... et finalement de ses militants.

Dans l’exemple qui sert de point de départ à cet article -la libération d’un compagnon- cette contradiction entre argument avancé et projet global est patente. Pour obtenir une telle libération, il nous semble en effet que la principale possibilité réside, dans l’état actuel des forces, à porter à la connaissance du grand public des éléments qui sont à même de justifier cette demande. Ces arguments sont de différents ordres. Ils font appel à la raison, à la logique ou à la sensibilité... Dans tous les cas, ils visent à faire pression sur le pouvoir en mettant en évidence, aux yeux du public, la contradiction flagrante qui existe entre le maintien en prison de telle ou telle personne et les valeurs affichées par ce même pouvoir (“justice”, “humanité”, “égalité de tous devant la loi”,...). Mais, de ce fait, ces arguments sont factuels et par la-même contestables par ceux qui développent une vision globale du problème. C’est le cas de l’”innocence”. En effet, dire qu’un prisonnier doit être libéré car il a apporté les preuves de son innocence, cela peut être compris, a contrario, comme la légitimation de l’enfermement des “coupables”. C’est tout autant le cas de la “maladie” et de tous les autres arguments individuels. Demander, comme nous l’avons fait parmi d’autres, la libération de Joëlle Aubron au motif qu’elle est gravement malade, peut être compris comme la légitimation de la détention des non-malades et pose les mêmes problèmes théoriques.

Pourtant, bien que nous ayons clamé l’innocence de Stéphanie et fait état de la maladie de Joëlle, on l’aura compris, nous ne sommes pas plus pour l’enfermement des “non-malades” que des “coupables”. Nous ne savons que trop que la catégorie “coupables” est, comme disent les sociologues, un “construit” tout à fait artificiel. Le système criminalise en effet les plus modestes, d’une part en tournant les lois essentiellement contre eux [1], d’autre part en les soumettant systéma-tiquement à une grande tension et en les “poussant à la faute” [2]. De plus, ils sont l’objet d’une surveillance constante dont sont exemptés les grands de ce monde. Finalement, on a une probabilité bien plus forte de se faire attraper et condamner lourdement en volant une mobylette qu’en détournant des millions d’euros des caisses publiques. C’est d’ailleurs pour de telles raisons que nous parlons de “prisonniers sociaux” et non de “droits communs”. Seulement, nous n’en sommes pas, faute des moyens matériels et humains nécessaires, à exiger l’élargissement de tous ces prisonniers sociaux. Nous en sommes à faire sortir une copine inculpée d’homicide, ce qui peut sembler peu de chose mais qui est encore beaucoup au regard du rapport de force réel. Et il faut malheureusement constater que ce combat, pour petit qu’il paraisse, est loin d’être toujours gagné : de nombreuses personnes, en France et dans le monde sont, quoique innocentes, toujours sous les barreaux (Mummia Abou Djamal, aux USA, pour n’en citer qu’un).

SORTIR DE LA CONTRADICTION

Ainsi, les “Amis de Stéphanie” ont porté une revendication très partielle. La CNT-AIT, organisation globaliste, ne saurait porter, en tant que telle, des revendications de ce type. Comment, pour les militants qui participent aux deux, résoudre cette contradiction ?

Ce qui nous semble important pour cela, c’est l’appréciation du rapport entre l’objectif ponctuel poursuivi et les contradictions à assumer. Cette appréciation se fait au cas par cas par un aller-retour entre le comité de lutte (quel que soit le nom qu’on lui donne, ici, c’était les “Amis”) et le syndicat CNT-AIT. Dans notre façon de voir les choses, chaque entité (le comité tout comme le syndicat CNT-AIT) conserve son indépendance. L’aller-retour dont nous parlons n’a pas pour objet de discuter dans la CNT-AIT de la stratégie à mettre en œuvre pour influencer plus ou moins “discrètement” le comité de lutte (ce qui constituerait tout simplement une manipulation) mais d’analyser la position et le fonctionnement de ce comité au regard des positions globales de la CNT-AIT, et par tant, de permettre au syndicat positionner vis-à-vis de lui. Les compagnons de la CNT-AIT de Perpignan nous ont fourni pendant plusieurs années un exemple remarquable de ce mode de fonctionnement, dans leur relation avec les habitants du village de Vingrau en lutte contre l’ouverture d’une carrière [3]. Nous avons expérimenté nous-même ce fonctionnement à plusieurs reprises, et il nous semble résoudre effectivement le paradoxe.

De la Médiatisation

C’est un fait bien connu -et cela a bien été vérifié par la facilité qu’ont eu les journalistes à contacter les “Amis de Stéphanie”- que plus on restreint le domaine de la lutte plus on médiatise facilement. L’explication est simple : objectif restreint et argument restreint conviennent tout à fait au système. Celui-ci peut d’ailleurs prouver ainsi qu’il ne fonctionne finalement pas si mal en relâchant une personne innocente ou malade. Il y trouve son compte en exhibant ses capacités d’écoute, d’introspection et son humanité.

On l’a vu dans l’affaire d’Outreau, l’État se rachète une image, accueille les victimes de son institution judiciaire à grands renforts de caméras, tombe une larme et prétend s’exonérer à coups de millions d’euros. Mais on attendra longtemps une remise en question de la politique sécuritaire, répressive et arbitraire et de son aboutissement carcéral. En attendant le “citoyen” peut se contenter d’une histoire pour laquelle il a tremblé mais qui, au milieu d’un océan de vies broyées, déchirées et oubliées, finit comme un conte de fées. On peut donc compter sur les médias dés qu’il s’agit de diffuser un message étroit et pour répercuter n’importe quelle “bonne cause” pourvue qu’elle ne permette pas de remise en question globale.

Dans quelle mesure utiliser cette propension ? Là encore revenons à notre expérience. Par le passé, nous avons participé à des luttes ponctuelles, comme celle des travailleurs de Newell contre des licenciements. Ces travailleurs ont trouvé naturel d’emblée d’apparaître dans les médias. Cela n’a pas été pour nous un motif de rupture avec eux. Si la décision du groupe, du comité de lutte d’utiliser les médias est bien pesée, en adéquation avec les buts poursuivis, elle peut favoriser la réalisation de ces buts.

Mais un groupe en lutte, un comité, se détermine sur des objectifs ponctuels et normalement éphémères A l’inverse une organisation ou des militants révolutionnaires, qui, par essence, remettent en cause les structures du système capitaliste, ne se placent ni dans le champ du ponctuel ni dans celui de l’éphémère. Dans le premier cas l’utilisation des médias est du ressort de la tactique, définie par la poursuite d’un but immédiat, mais dans le deuxième cas cette utilisation deviendrait une stratégie ... qui fait le jeu du pouvoir. Voici pourquoi :

Les médias institutionnels, dominants, ne répercutent que le discours dominant ou bien, comme nous l’avons vu, un fragment infime (et déconnecté de sa globalité) du discours contestataire. Ce qui est une façon de le récupérer à son profit. Une organisation révolutionnaire qui veut passer dans les médias, se trouve rapidement -volontairement ou non- dans la situation de restreindre considé-rablement la portée idéologique de son message, et perd de facto, son caractère révolutionnaire. La “tactique” qui était d’apparaître dans les médias a les conséquences d’une stratégie. Mais, pour le pouvoir c’est objectivement une stratégie que de favoriser l’intégration des organisations contestataires à sa mise en scène démocratique. D’autant qu’ayant la haute main sur les médias, il garde toujours la possibilité de contrôler ou de censurer le discours de ces porte-parole ou de ces organisations. Au fond, ce n’est ni plus ni moins qu’une version moderne du substitutisme.

A ce stade du débat, il nous semble que le comité de lutte, parce qu’il est éphémère et ne poursuit que des buts restreints, peut utilement avoir recours à des pratiques médiatiques mais que le mouvement révolutionnaire, en tant que tel, ne saurait les mettre en œuvre sans se dénaturer. Par ailleurs, et ce n’est pas le moindre de ces intérêts, un comité de lutte, lorsqu’il fonctionne sur des bases directes (démocratie, action...) et solidaires, permet à des personnes qui arrivent dans la lutte de découvrir des valeurs-clef de l’anarcho-syndicalisme. Enfin, comme nous l’avons écrit plus haut, l’aller-retour entre comité de lutte et syndicat CNT-AIT, permet de résoudre certaines contradictions débattues ici.

Ce texte a été rédigé à la suite d’une réunion de militants de la CNT-AIT membres des “Amis de Stéphanie”.


[1] Un très bel exemple nous en est fourni par une loi de Monsieur Sarkozy qui punit de prison le simple fait de stationner en groupe dans un hall d’immeuble. Ce n’est pas dans les villas de Neuilly qu’on prend ce risque...

[2] Rappelez-vous cette mère de famille, condamnée pour avoir volé un peu de nourriture et des jouets à la veille d’un Noël, pour que ses enfants soient, pour un jour, comme tous les autres.

[3] Pour faire très bref, au risque d’être simpliste : soutien effectif à la lutte quand les habitants s’inscrivaient dans une dynamique de gestion directe de leur conflit et d’action directe, retrait de la CNT-AIT lorsque ces mêmes habitants se fourvoyaient dans des stratégies électoralistes, de compromission. Avec chaque fois une expression claire et éventuellement critique de la CNT-AIT sur le pourquoi de son aide ou de son retrait.
Ecrit par electron-libre, à 23:31 dans la rubrique "Actualité".



Modèle de mise en page par Milouse - Version  XML   atom