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Lu sur Actualité de l'anarcho-syndicalisme : "Incarcérée depuis le 29 avril 2004 sous l’accusation d’avoir étouffé son bébé à la naissance, Stéphanie est innocente : une expertise de laboratoire le démontre. Pourtant, elle reste en prison. Pourquoi ?
Le 22 mars 2004, Stéphanie, qui est déjà mère d’un enfant de trois ans, accouche à l’improviste. Elle n’avait pas conscience d’être enceinte. Elle présentait ce que les médecins appellent un "déni de grossesse". Il s’agit d’un état pathologique dans lequel non seulement la femme ne se sait pas enceinte mais, de plus, ne présente aucun des signes habituels de grossesse (ni "masque de grossesse", ni "gros ventre", ni fatigues particulières...). Il s’agit d’une maladie connue des spécialistes et parfaitement documentée. Les experts psychiatres et psychologues mandatés par le juge d’instruction ont reconnu que Stéphanie souffrait de ce syndrome. N’ayant pu prendre la mesure de son état, elle accouche seule dans les toilettes de sa maison dans des conditions épouvantables, avec une hémorragie massive. Le nouveau-né ne donne aucun signe de vie, il est ou mort ou en état de mort apparente. Pour que son autre fils -qui à ce moment là est la seule autre personne présente dans la maison- ne voit pas le corps, elle le met dans un sac plastique et le cache dans la machine à laver. Son hémorragie continue. Sa propre vie n’est sauvée qu’in extremis par l’arrivée de son compagnon qui alerte immédiatement le SAMU. Hospitalisée en urgence, Stéphanie, au sortir de l’hôpital, est admise dans une clinique psychiatrique. Le 29 avril, les gendarmes se présentent à la clinique. Les perfusions lui sont pratiquement arrachées. Elle est incarcérée pour infanticide car, d’après le scénario élaboré par la police puis repris par la justice, elle aurait étouffé volontairement son nouveau-né en l’enveloppant dans ce fameux sac en plastique. Sa famille et ses amis ont très rapidement mis en relief les incohérences de ce scénario en établissant que Stéphanie ne présentait aucun signe de grossesse , qu’il n’y avait aucun mobile pour qu’elle tue son bébé ...
Au cours de l’été, un examen de laboratoire, une expertise anatomopathologique (c’est-à-dire l’étude au microscope des différents tissus organiques) est venu effondrer totalement le scénario policier.
L’experte, Professeur à la faculté de médecine, choisie par la juge d’instruction, a en effet établi de façon irréfutable, "l’absence de stigmates pouvant évoquer une asphyxie ou une suffocation", apportant ainsi la preuve scientifique que Stéphanie n’avait pas étouffé son bébé. De plus elle a établi la présence de liquide amniotique dans les poumons du nouveau-né, ce qui est tout à fait compatible avec les descriptions de Stéphanie concernant l’état de mort au moins apparente du nouveau-né. Ajoutons que l’inhalation de liquide amniotique est en soi une cause potentielle de décès spontané d’un nouveau-né par détresse respiratoire quand il n’y a pas une prise en charge spécialisée en urgence.
Comme il n’y a par ailleurs aucun signe de violences ou de cause provoquée de mort, la conclusion s’impose d’elle-même : Les causes du décès sont naturelles.
Ce rapport d’expertise tout à fait essentiel a été remis à la justice au mois de juillet. La juge d’instruction serait à ce moment-là partie en vacances sans en avoir connaissance ou sans le lire semble-t-il, et ce jusqu’au 6 septembre. Aucun autre magistrat n’a pris sur soi de faire libérer notre amie, malgré une demande de mise en liberté très argumentée. Voilà l’explication off, très légère il est vrai, que l’on nous a donné sur le "fonctionnement" de l’institution judiciaire pour nous faire patienter. Mais cette explication n’est qu’une explication de circonstance qui empêche d’aller au fond du problème. A savoir de réfléchir sur la nature de cette institution judiciaire. Tout le monde se doute bien que si Stéphanie avait été l’épouse d’un notable proche du pouvoir, elle aurait été cru sur parole. Elle a d’emblée décrit l’état de mort, au moins apparente, du nourrisson, elle a présenté indubitablement un déni de grossesse, il n’y avait aucune raison pour ne pas la croire en attendant que les expertises sur les causes de la mort arrivent. D’autant qu’elle était hospitalisée en clinique, les deux psychiatres immédiatement consultés (dont un expert) ayant conclu à la nécessité d’un long traitement. Il n’y avait donc aucune “urgence” à l’emprisonner. Pourtant, on est allé la chercher à la clinique. C’est bien une justice faite pour les puissants qui s’exprime dans ce cas comme dans tant d’autres. Stéphanie est en prison parce qu’elle est coupable en tant que femme de n’avoir pu mener jusqu’au bout sa grossesse. C’est vraiment encore la justice “des hommes” dans toute sa splendeur ! Circonstance aggravante pour une magistrature réactionnaire elle vit en union libre, et le couple milite à la CNT-AIT.
Stéphanie, innocente du crime dont on l’accuse, est en prison en tant que femme et en tant qu’opposante à la société et au système capitaliste. Ni prévenue, ni encore moins condamnée, ayant maintenant la preuve scientifique de son innocence, de la même façon que d’autres sont otages des talibans ou de la maffia, elle est un OTAGE de l’Etat français
Autre élément trouble du dossier : ce sont les fuites qui ont permis de manipuler l’opinion publique. Dans les heures suivant le drame elles ont permis aux journalistes de La Dépêche du Midi de diffuser les propos, pourtant confidentiels, tenus pendant la garde à vue par le couple victime de cette tragédie. Rappelons que ces propos étaient tenus séparément, l’un ne sachant ce que disait l’autre, mais en même temps. Qui donc pouvait diffuser ces propos tenus en concomitantes aux dates des 23 et 24 mars 2004 [1]. L’article du 24 mars 2004 de la Dépêche du Midi ne pouvait être qu’orienté et culpabilisant, car il reprenait un montage des morceaux choisis par ceux qui ont organisé ces fuites. Ces derniers ont soufflé à l’oreille des journalistes leur version du drame. D’après eux Stéphanie aurait étouffé son bébé à l’aide du sac en plastique dans lequel on a retrouvé le corps. Nous l’avons vu, l’expertise scientifique citée plus haut rejette cette thèse paranoïaque. Mais tout ceci apporte la preuve que les fuites ont bien lieu quand cela arrange le pouvoir : Plus de six semaines après la remise de l’expertise anatomopathologique, aucun article de presse n’en a évoqué les conclusions. Si à l’inverse ce rapport avait "enfoncé" Stéphanie nous pouvons êtres sûrs que des fuites "miraculeuses" auraient eu lieu dans les 24 heures ! Dans cette affaire, le rapport anatomopathologique est un élément essentiel. Il est curieux que ceux qui se retranchent derrière le devoir d’information du public n’en ait pas soufflé mot à ce même public !
Volontairement ou non La Dépêche du Midi a participé à la tentative, qui a échoué, de salir et de détruire des opposants politiques a ce système [2].
[1] L’article en question a été publié dans l’édition du 24 mars, ce qui laisse entendre que “les informations” sont arrivées en fin de soirée du 23 [1 bis] Que fait le parquet ? Son rôle est pourtant de poursuivre la moindre infraction au Code Pénal, dans le cas présent les faits sont sanctionnables par les articles 226.1 et 226.2 or le parquet ne se préoccupe pas pour l’instant de savoir quels sont les coupables de cette violation flagrante de la loi qu’il est chargé de faire respecter.
[2] Le directeur de la prison a d’ailleurs empêché Stéphanie de recevoir les journaux suivants : "Courrier international" et "Lutte Ouvrière", sans doute jugés trop subversifs...
Commentaires :
ordre nouveau |
PEINE DE MORT POUR LES ASSASSINS D'ENFANTS!
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à 12:48