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Sir Nicholas Stern ancien économiste en chef à la Banque mondiale s’est fendu d’un rapport de 600 pages (que peu de gens liront !) dont les médias internationaux n’ont retenu que l’aspect le plus spectaculaire et qui comme par hasard ne nous apprend rien sur le fond du problème et n’apporte pas le moindre début de solution.
Certains esprits chagrins me demanderont si j’ai lu ce rapport… Ce à quoi je répondrait très honnêtement NON, seuls quelques extraits…. Et comment puis je dire ce que je pense de ce que dit ce Monsieur sans l’avoir lu ?… Réponse : « Pour les mêmes raisons que je ne vais pas voir, et ne suis jamais allé voir, une cartomancienne persuadé quelle m’aurait pris pour un imbécile, ou que je n’écoute plus les discours des politiciens, sachant à l’avance ce qu’ils vont dire ».
Ce monsieur, en effet, comme la plupart des économistes n’est qu’un gestionnaire du système en place et ne conçoit l’évolution du système marchand qu’au travers des chiffres de sa calculette et des mécanismes de l’économie de marché qu’il tient pour intouchables. D’ailleurs, pour être « économiste en chef de la Banque Mondiale » – qui est tout de même un des organismes qui participe, ou du moins est complice – la main dans la main avec le FMI, les grandes firmes et les états les plus corrompus de la planète – au pillage des ressources naturelles, il faut avoir une conception de l’économie qui est celle des politiciens qui nous gouvernent. C’est à la demande de Tony BLAIR, grand écologiste et progressiste devant l’Eternel, comme tout le monde sait, que ce rapport a été rédigé.
L’ART D’ENFONCER LES PORTES OUVERTES…
Toutes les prévisions catastrophiques annoncées dans ce rapport le sont depuis des années et l’on ne compte plus les railleries des copains de Sir Nicholas Stern, appuyés par les gouvernements de la planète et les firmes multi et transnationales, qui ont accompagné depuis des lustres les avertissement des rares économistes et autres écologistes sérieux (pas des politiciens professionnels) qui « tirent la sonnette d’alarme ».
Sir Stern, pris d’un soudain vertige affirme doctement que l’action doit avoir lieu « maintenant et internationalement », ce qui est vous le reconnaîtrez d’une pertinence peu courante, d’une nouveauté criante et constitue une percée théorique. absolument fondamentale.
Mais comment se fait-il que personne n’y avait pensé plus tôt ?… Il faut au moins avoir été « chef des économistes de la Banque Mondiale » pour faire une telle découverte. C’est vrai que si ce monsieur ne lisait que ce qu’écrivait, et ce qu’écrit, la Banque Mondiale il ne risquait pas d’avoir une telle intuition.
Car, qu’à ce que l’on sache, la Banque Mondiale n’a jamais remis, et ne remet toujours pas, en question, bien au contraire, le modèle de développement marchand qui depuis le 19e siècle est entrain de conduire notre planète au désastre, elle en est même un pilier essentiel. De même qu’à ma connaissance, elle n’a jamais remis en question la déréglementation et la libéralisation des économies.
Non seulement elle ne l’a pas remis en question mais encore elle fait tout pour l’initier et l’imposer dans les pays dits « en voie de développement »… et un pays « sous développé » n’est-il pas justement, pour cette Banque, un pays qui n’a pas pu, ou su, développer un tel système ?
… TOUT EN LAISSANT ENTRER LES COURANTS D’AIR
« Mais, allez vous me dire, tu critiques tout le temps,…c’est tout de même bien qu’un personnage de cette importance finisse par reconnaître ces faits ! »
Certes, c’est une bonne chose et ça montre au moins que parmi les gestionnaires du système il y en a quelques uns qui voient, un peu tard tout de même, plus loin que leur porte feuille de titres et leurs titres et fonction honorifiques ; mais ne rêvons pas, ils ne changeront pas, sur le fond, pour autant. La manière, pour eux, de « sauvegarder » la situation passe d’abord, et avant tout, par la sauvegarde du système et de ses principes qui sont précisément la cause des bouleversements qui s’annoncent.
La manière de dire,, et de chiffrer, ce qui est une manière de dire, le coût des dysfonctionnements qu’entraînera un tel processus, en dit long sur la problématique posée et la conception qu’ils ont du fonctionnement de nos sociétés.
Aux dires de cette « sommité » de l’économie, « les pays devraient consacrer 1% du PIB mondial par an à la lutte contre la spirale de la hausse des températures, et toute passivité se traduirait à terme par une charge annuelle représentant 5% du PIB mondial. Dans le pire scénario, le coût représenterait "20% ou plus" du PIB mondial ».
Les conséquence d’un tel désastre serait un « ralentissement très grave » de l'économie mondiale dont le coût est estimé à « plus de 5.500 milliards d'euros »… la somme annoncée est telle qu’elle ne signifie plus rien !
Et d’ajouter en guise de conclusion : « La tâche est urgente. Retarder l'action, même d'une décennie ou deux, nous entraînerait sur un territoire dangereux", mais le Sir Stern se dit « optimiste car nous avons le temps et l'argent pour agir ».
A première vue, on ne peut être qu’admiratif devant autant de précision… les économistes officiels font d’ailleurs toujours de très grosses impressions avec ce genre de discours.
Pourtant, une fois ces chiffres connus, et en admettant, et admettons qu’ils soient juste,… qu’allons nous faire ? Car la vrai question est là et pas ailleurs.
Manifestement pour ce genre de personnage le problème, et surtout sa solution, seraient purement et uniquement du domaine de la comptabilité.
Pour lui la réponse se situe dans « le temps » et « l’argent »… et pour lui, « le temps c’est de l’argent ». Ils n’ont d’ailleurs aucun autre type de vision de la réalité économique et sociale…. Et c’est là où le « bas blesse »
Pour eux, la problématique est la suivante :« On chiffre les coûts et l’on essaye de voir combien chacun peut donner ». C’est effectivement un discours de banquier, de gestionnaire qui fait consciencieusement son boulot. Ce n’est certainement pas comme cela que se pose le problème dans toutes ses dimensions économique, sociale et politique… sans parler de sa dimension écologique.
La problématique posée par le rapport est bien sûr aberrante, en effet l’organisation sociale et la préservation de la planète n’est pas affaire d’argent. La société humaine n’est pas du tout un modèle imposé par la nature, comme chez les autres espèces, mais une production sociale fondée sur des choix et une éthique… ça n’a rien à voir avec la manière dont les « économistes-gestionnaires officiels » posent le problème.
Mais je reconnais que l’on ne peut pas en demander autant à un adepte de l’économie de marché et du capitalisme. Il ne reconnaîtra jamais que ce sont les principes même : l’accumulation du profit et la marchandisation généralisée de la production et de la force de travail qui sont à la base du désastre qui nous menace… C’est un peu comme si l’on demandait à un croyant de ne plus croire en son Dieu.
POSER CORRECTEMENT LE PROBLEME
Il faudra bien admettre un jour, sinon l’espèce humaine, suivie des autres, disparaîtra, que notre manière de produire et de distribuer les richesses (le salariat) est non seulement incompatible avec la dignité humaine, mais est aussi incompatible avec les capacités physiques de notre planète… et on est bien loin des problèmes d’argent.
Il s’agit de problèmes de relations sociales, d’intelligence sociale et d’éthique.
Ce n’est pas en donnant de l’argent aux pays pauvres que l’on échappera au désastre, pas plus qu’en conservant la conception du temps-marchand qui est fondé sur la rentabilité du capital (retour sur investissement, temps spéculatif,…). C’est, nous, en particulier, les pays dits « développés » en fonctionnant autrement, en mettant concrètement en place des structures de production et des circuits de distribution adaptés à l’environnement et à nos besoins que nous progresserons. Ceci implique bien sûr que l’on ai une réflexion et une pratique sur nos besoins qui sont aujourd’hui conditionnés et forcés par l’appareil de production qui n’a qu’un seul et unique objectif : faire de l’argent.
Ce ne sont pas les discours qui changeront quoi que se soit, mais en se mettant dès à présent à avoir un pratique économique et sociale alternative…
Ce changement de fonctionnement et d’attitude nous ne pouvons évidemment pas l’attendre des politiciens qui sont les garants de ce système absurde : la preuve ? ils ne parlent que de croissance, d’accumulation, de capital, d’enrichissement… le tout saupoudré, il est vrai, d’un peu d’écologie, c’est à la mode, pour faire bien et rassurer.
Aucun n’a le courage de remettre en question les principes de croissance, de rentabilité… tous tiennent un double discours mystificateur. Aucun n’a le courage de poser les bonnes questions et d’exposer les vrais problèmes. Toutes et tous sont trop préoccupés à séduire, à court terme, leurs électeurs.
Ainsi, quand, le centre d'études stratégiques de Chatham House, à Londres, considère que ce plan «place la responsabilité de l'action entre les mains de ceux qui gèrent l'économie et la politique étrangère» et non plus des scientifiques et des écologistes, c’est une vaste blague qui nous prend pour des imbéciles. De même que l’ex-mao, converti au libéralisme, le président de la Commission Européenne Jose Manuel Durao Barroso qui a, paraît-il « salué le rapport »(?).
Qui peut croire que les gestionnaires du système vont le remettre en question fondamentalement ?
Ce rapport, comme tous les autres va finir dans un fond de tiroir ou sur les rayons d’une bibliothèque. Les affaires vont continuer.
Si l’on veut réellement un changement social ce n’est pas à partir des « leçons » et « conseils » des gestionnaires du système marchand en place, même s’ils commencent à craindre pour son avenir, que l’on pourra procéder.
La mise en place dès aujourd’hui de formes de luttes et surtout de relations sociales alternatives est indispensable. Il ne s’agit plus d’une question d’appliquer un programme électoral, mais de vivre concrètement autrement,… et cela, personne, en dehors de nous, ne le décidera. C’est aujourd’hui une question vitale.
Patrick MIGNARD
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