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Souveraineté alimentaire et coup d'état au Paraguay : quand Monsanto s'est acheté un pays.
Le Paraguay est un pays apparemment pauvre : des 6,5 millions d'habitants qui le peuplent, plus de 10% souffrent de malnutrition chronique. Pourtant, en 2010, ce pays méditerranéen, comme il aime s'appeler au milieu des ses grands espaces, a exporté 12,5 millions de tonnes de grain, assez pour donner à manger à 50 millions de personnes. On comprend mal devant une telle production que tant de gens puissent encore souffrir de la faim.
La question de la souveraineté alimentaire pose la faim en termes politiques, quand sa solution doit se trouver chez ceux qui produisent et ceux qui consomment, qui prennent des décisions et déterminent les politiques et les pratiques alimentaires. Au Paraguay, le gouvernement a adopté un modèle agraire d'exportation, destructeur de la nature, sous la forme de monoculture (surtout de culture du soja), et d'élevage extensif - un modèle de redistribution des terres mis en place à force d'expulsion des indiens, les propriétaires originels.



Monoculture du soja

Le Paraguay s'est intégré dans le marché mondial quand la dictature de Stroessner a pris fin en 1989, avec l'exportation de produits agricoles; celle-ci s'est développée en 1999 avec l'introduction de la monoculture de soja, d'abord d'une manière irrégulière avant d'être légalisée officiellement en 2004.

De 1999 à 2004, la production du soja a augmenté en surface de quelque 150%, jusqu'à atteindre 7,4 millions de tonnes, faisant du Paraguay le 4ième exportateur mondial de soja, sans y avoir jamais été auparavant une culture traditionnelle, avec les implications de transplantations indigènes que l'on peut imaginer. Cette monoculture et le système capitaliste mondialisé ont colonisé le territoire paraguayen, et désormais 80% des terres se trouvent concentrées dans des mains étrangères, essentiellement brésiliennes, et quand les grandes propriétés sont paraguayennes, elles sont en majorité détenues par des capitaux étrangers. Non seulement, ils ne paient pas la TVA et on ne leur demande pas d'investir à long terme dans l'exploitation des terres du pays, mais l'état a pris également une part active dans la mise en place d'un système de commerce agricole exportateur en modifiant les installations portuaires de manière à améliorer la fluidité du marché.

En plus de la monoculture du soja, destiné surtout à devenir biocombustible, on cultive aussi le maïs et le coton transgéniques. Les cultures transgéniques n'ont pas été très bien accueillies par les collectifs indigènes et paysans, qui accusent Monsanto de s'approprier des semences paysannes et de contaminer la production bio. De plus, l'agriculture transgénique rend ses utilisateurs dépendants de ces mêmes multinationales importatrices : une fois que la semence est introduite, il faut aussi faire venir les produits écotoxiques adaptés, et les machines correspondantes de la même origine, des machines qui ne seront certainement pas conduites par des gens du cru, mais par des employés des grandes propriétés qui emploient leur propre personnel à travailler avant et après la récolte. Quand elles emploient de la main d'œuvre locale, cela se fait dans des conditions dangereuses, insalubres et précaires.

Et si la dépendance de la production, si l'invasion des terres et si la précarisation des vies paysannes et indigènes ne suffisaient pas, l'introduction des transgéniques entraine des campagnes de fumigation massives avec des herbicides comme le Roundup et l'agent orange qui renforcent les mauvaises herbes, qui abîment les récoltes et affectent gravement la santé, comme certaines études l'ont montré (1), provoquant des cancers, des malformations embryonnaires et des leucémies chez la population locale affectée. L'introduction du coton BT et du maïs transgénique a été approuvée au Paraguay peu de temps après le jugement politique qui a condamné le président Lugo et installé à sa place l'ancien vice-président, le libéral Federico Franco, d'une manière tout à fait irrégulière. Franco est désormais le meilleur défenseur de Monsanto dans le pays, son apologie de l'agriculture transgénique le conduisant au point d'interrompre les homélies des évêques qui se permettent de questionner une telle pratique. (2)



Elevage extensif

L'élevage extensif est un autre secteur enthousiaste du coup d'état qui a porté Franco au pouvoir et, ces dernières années, l'exportation de viande bovine a fortement augmenté. Les terres dédiées à l'élevage se sont installées dans le Chaco dont la majeure partie est passée à la propriété de quelques propriétaires, surtout uruguayens, brésiliens et mennonites qui contrôlent l'eau disponible, forçant ainsi la population indigène à s'éloigner par expropriation des ressources. Alors que les grands éleveurs applaudissaient à l'affranchissement des graines transgéniques et réclamaient plus d'armes pour l'armée, le ministère de l'industrie prévoyait d'augmenter la production bovine à l'exportation.



Réponse paysanne

Les populations paysannes ne sont pas restées les bras croisés devant le développement des transgéniques ou l'occupation de leurs terres, qui a pris place à cause du refus des autorités de reconnaître leur droit historique à la possession. Leur contestation s'étend contre les transgéniques, en faveur d'une réforme agraire et de la propriété de leurs terres (dont les expulsions sont advenues en dépit des lois promulguées par le gouvernement Lugo), contre la loi antiterroriste et sur la délation qui permet d'accuser les dirigeants paysans d'association criminelle et d'occupation de terrains appartenant à autrui, comme cela s'est passé lors des occupations massives par les paysans, à Curuguaty, où – on s'en souvient – a eu lieu le massacre qui a conduit au jugement politique ayant porté au coup d'état. Sous cette même loi, on a pu récemment accuser les paysans qui chassaient avec autorisation sur les terres des grands propriétaires d'appartenir à l'EPP (Armée du peuple paraguayen), et cette menace plane aussi sur la tête de tous ceux qui osent mettre en question la politique favorable au grand commerce agraire, comme ce fut le cas pour Monseigneur Medina dans sa divergence avec le président actuel.

En conclusion, le coup d'état des partis 'Liberal' et Colorado' n'a pas changé grand chose, sinon qu'elle a signifié la défaite complète de l'équipe de Lugo, qui avait essayé de freiner l'avancée néo-libérale. Les accords de libéralisation des graines transgéniques ont rapidement été mis en place et les grands lobbies du commerce agraire et de l'élevage extensif les ont applaudis des deux mains. Le Paraguay a été vendu et on déploie désormais un tapis rouge au commerce international sans prêter attention à la faim de la population, aux cas toujours plus fréquents d'empoisonnement écotoxiques ou aux avertissements d'experts reconnus dans le domaine de la santé. Les conditions de vie de la population rurale et indigène se trouvent dégradées quand celle-ci devient tributaire du système agro-industriel. Une partie même de cette population se trouve contrainte à émigrer vers les quartiers urbains, dans la misère et sans plus aucun soutien de l'état.

[1] Comme dans les cas rassemblés pour la publication de ce livre. Ortega, G. et al “Empresas transnacionales y violación de DDHH: el caso de tres comunidades”. BASEIS 2012

[2] http://www.abc.com.py/nacionales/fr...

 

Mercredi 3 octobre 2012. paru sur Nodo50

de María Bilbao Traduit de l'espagnol par Borogove

 

Ecrit par libertad, à 21:10 dans la rubrique "International".



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