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Demain, chaque produit manufacturé sera équipé d’une puce RFID. Ces dernières communiqueront par radio avec des ordinateurs qui pourront analyser les déplacements de chaque consommateur. La police disposera d’un moyen supplémentaire de surveillance de la population. Quelle société engendrera une telle généralisation de systèmes d’espionnage de la vie privée ? Que restera-t-il des libertés individuelles ? Le spectre de Big Brother est-il en train de ressurgir sous la forme de Small Brothers ?
L’auteur
Michel Alberganti est journaliste scientifique au journal Le Monde et producteur de l’émission Science Publique sur France Culture. Spécialiste des nouvelles technologies, il a publié, chez Le Monde Mitions, Le Multimédia, la révolution au bout des doigts (1997) et, chez Calmann-Lévy, A l’école des robots. L’informatique, l’école et vos enfants (2000)
11/9. Jamais deux chiffres n’ont eu pareille signification. Le 11 septembre 2001, quatre avions de lignes sont détournés par 19 pirates de l’air. Deux s’écrasent sur les tours du World Trade Center à New York et les détruisent. Le troisième tombe sur le Pentagone, à Washington. Le quatrième, qui visait la Maison Blanche, s’écrase en Pennsylvanie grâce à la bravoure des passagers. Bilan : 2986 morts. L’événement laisse la planète entière stupéfaite. Les terroristes d’Al-Quaida ont osé s’attaquer aux Etats-Unis, en visant les symboles même de sa puissance : le commerce et la finance, l’armée et la présidence.
Soudain, le pays qui domine le monde se révèle vulnérable sur son propre sol, jusqu’alors inviolé. De cet acte inimaginable, les conséquences sont considérables. On a pas fini, aujourd’hui, de mesurer leur étendue et leur profondeur. Il y a la guerre, bien sûr, en Afghanistan et en Irak, la division en Europe, le durcissement en Israël, la suspicion sur l’Islam. Mais au-delà de ces contrecoups très apparents qui continuent d’ébranler le monde six ans après l’onde de choc du 11/9, date dont on ne mentionne plus l’année, une mutation plus discrète, plus insidieuse, plus psychologique aussi, est à l’œuvre. La côte de la sécurité, telle une valeur boursière, s’est envolée. Elle ne semble plus avoir de prix. Pas même celui de la liberté.
Dans ce contexte planétaire, le hasard veut que les progrès de la technologie donnent aux thuriféraires de la sécurité des armes nouvelles dont la puissance leur permet d’espérer parvenir à leur fin : contrôler les faits et gestes des dizaines de millions d’individus qui vivent dans chaque pays. Déjà, les systèmes de surveillance prolifèrent.
(...)
Parmi les technologies qui se perfectionnent, il en est une dont les effets sur la société pourraient se révéler particulièrement inquiétants : la RFID, la Radio frequency identification en anglais, c’est à dire l’identification par radiofréquence. Elle se présente sous la forme anodine et discrète de puces de la taille d’une tête d’épingle munies d’une antenne.
Ces étiquettes radio devraient être intégrées, au cours de prochaines années, dans la plupart des objets quotidiens : vêtements, chaussures, produits alimentaires, tickets de transports, cartes bancaires, automobiles, appareils électroniques, téléphones mobiles, ordinateurs portables... Les prévisions tablent ainsi sur l’introduction de milliards de milliards de puces RFID qu’il n’est pas bien difficile d’assimiler à des mouchards.
Bien entendu, ces puces radio à vocation commerciale n’ont, en apparence, aucun lien avec la lutte contre le terrorisme, ni même avec le contrôle policier de la population. Pourtant, elles vont créer le plus formidable réseau de surveillance des individus jamais imaginé. La probabilité de les voir envahir la vie quotidienne est renforcée par leur quasi invisibilité, leur fonctionnement insensible, leur coût bientôt négligeable et leur mode de prolifération via la consommation. En effet, ce ne seront ni la police, ni l’armée, ni les services de renseignement qui prendront en charge leur mise en œuvre. Les principaux vecteurs de la dissémination des puces radio seront des acteurs beaucoup plus discrets mais également beaucoup plus puissants sur le plan financier : les entreprises de la grande distribution.
Chaque consommateur, chaque citoyen, portera bientôt, souvent sans le savoir, des puces communicantes qui permettront de le suivre à la trace, de reconstituer ses moindres mouvements au cours de sa vie professionnelle comme de sa vie privée. Ces puces sont présentées comme les simples remplaçantes des codes barres déjà présents sur la quasi-totalité des produits manufacturés. En réalité, leur potentiel dépasse de très loin celui de ces séries de lignes qui permettent de connaître le prix d’un objet à la caisse d’un supermarché.
La puce radio contient une quantité d’informations bien supérieure à celle de ce code numérique élémentaire. De plus, l’information qui y est enregistrée peut être modifiée à tout instant. A la caisse d’un magasin, par exemple, la puce du produit acheté peut être enrichie du nom de l’acquéreur, de la date et du lieu d’achat. Enfin, l’information stockée dans la puce pourra être lue à distance à tout moment. Sans doute la propriété la plus préoccupante de la technologie RFID.
Avec son processeur, sa mémoire et son antenne, la puce radio n’est autre qu’un minuscule ordinateur capable de communiquer avec d’autres machines. A ce titre, elle sera rapidement reliée à Internet afin de faciliter le suivi des produits manufacturés. Et la Toile se verra alors envahie par une multitude de nouveaux internautes : les objets porteurs de puces. Les experts travaillent déjà à l’adaptation du réseau mondial à cette nouvelle population. Le nouveau protocole de communication d’Internet permettra, entre autres améliorations, de créer un nombre d’adresses presque infini. L’objectif n’est plus, en effet, d’être capable d’accueillir sur la Toile les 6,5 milliards d’êtres humains vivant sur Terre mais bien de bâtir un nouvel Internet dans lequel les objets seront largement majoritaires, se comptant rapidement en milliers de milliards, voire en milliards de milliards... Malgré leur apparence inoffensive, les puces radio disposent ainsi d’un potentiel préoccupant. Elles offrent la possibilité de créer une nouvelle Toile dont la fonction ne sera plus de permettre aux êtres humains de communiquer entre eux à travers la planète mais bien de donner les moyens aux commerçants de traquer les internautes.
Bien entendu, les autorités pourront, en cas de nécessité, accéder aux informations collectées par ces puces radio. Dans un contexte sécuritaire et sous la menace du terrorisme, ces occasions risquent fort de se multiplier. Pour ceux qui s’y feront prendre, la Toile se transformera en une véritable nasse. Mais est-ce si inquiétant ? Pour les fabricants d’objets et leurs distributeurs, les puces radio ne représentent qu’un perfectionnement technique dont ils attendent une amélioration du fonctionnement et de la rentabilité de leur chaîne de production et de vente. Les puces radio existent déjà dans les usines et les entrepôts. Il ne s’agit, finalement, que d’étendre leur usage. Aux magasins eux-mêmes mais également à la rue et au domicile. Ce faisant, les industriels ne font que généraliser l’informatisation de leur activité. Outre les gains financiers qu’ils en espèrent, ils mettent en avant les avantages pour le consommateur. Le service après-vente, par exemple, sera sensiblement amélioré grâce aux puces qui contiendront toutes les informations nécessaires à la réparation ou au remplacement d’un objet endommagé. La santé, également, peut bénéficier des données stockées dans les dossiers médicaux électroniques.
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Commentaires :
Takpi |
biblio complémentairesur ce thème, le texte de 12 pages de www.piecesetmaindoeuvre.com du 28 février 2007 intitulé = Grenoble Institut des Neurosciences ou comment nous manger le cerveau. sur les neuro-nano-technologies ... et un livre sur la dictature technologique, à paraître dans une semaine aux éditions "L' Echappée", librairie Quilombo, 21 ter rue Voltaire, métro rue des Boulets, puis un mois plus tard, plusieurs brochures du groupe OBLOMOFF ... Répondre à ce commentaire
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à 15:36