De Charybde en Scylla ! Après les « malheurs de Juppé », les « traîtrises de Sarkozy » voilà les «conneries de Gaymard », le fils de cordonnier « sans fric » . Les retombées risquent d'éclabousser large. Et si le cumul des frustrations populaires se concrétise par un non massif au référendum, il sera tentant de l'interpréter comme un désaveux à la présidentielle personne. Il fallait vite contre-attaquer. Les maisons individuelles à 100 000 euros de Borloo pour les bas revenus n'ont pas enthousiasmé les foules. C'est qu'il faut les trouver les 6 mois de loyer de la famille Gaymard pour l'investissement de départ. Non, ce n'était pas la bonne solution et le gouvernement de s'angoisser sur le moral du peuple rotant tout seul dans sa mangeoire, avec ses salaires bloqués et ses inquiétudes sur l'emploi, qui peuvent le mener directement dans la rue (ça c'est déjà vu). Bref, la débâcle.
Et soudain, le miracle: le Thierry Breton nouveau arrive à Bercy, avec un joli CV, sous l'oeil absent d'un Gaymard, star d'un jour, repartant vers sa Savoie natale avec une nuée de paparazzi. Mais qu'on se rassure, avant d'accepter la place, le nouveau ministre a immédiatement démissionné de ses mandats chez France Telecom, Axa, Thompson, Dexia et Schneider (ouf!) et s'est précipité chez son homme d'affaires pour liquider ses 11000 titres détenus chez l'opérateur, un tout petit pactole de 250 800 euros. Allégé, il a juré craché qu'il ne se mêlerait pas des participations de l'État dans France Telecom, parole de ministre UMP! Et puis, on peut compter sur son nouveau petit camarade de classe et ennemi sarkoziste Devedjian, pour jouer les garde-fous, au cas où il serait tenté. Donc, sans état d'âme et en bon libéral, le nouveau a commencé les promesses pour redresser « l'entreprise française »: en 2006, réduction du chômage sous la barre des 10 %, du déficit public en dessous de 3 % du PIB et sans problème! Il faut dire qu'il s'y connaît en réduction de coût, il a fait ses preuves par le licenciement chez France Telecom. Et puis il a une recette miracle: les indicateurs de dépenses publiques. Un de ceux de Bercy consiste à « décrire la part des agents du ministère ayant accès à une solution de restauration collective » et celui du ministère de l'Écologie s'intéressera « à la production d'ordures ménagères par habitant ».Vaste programme politique, nous voilà rassurés. D'autant qu'il s'engage à venir nous les commenter tous les 6 mois: «Si on y arrive, c'est tant mieux et si on y arrive pas, je vous expliquerai pourquoi. » Nous voilà définitivement rassurés. Et presque rien en échange: continuer à voter pour eux et à leur confier nos affaires, car ils s'y connaissent en affaires !
Sommaire :
Le 10 mars, il s'est passé quelque chose ?, par Fabrice, page 3
Le sabotage est nécessaire, par M. Rajsfus, page 4
Femmes toujours coincées entre le sabre et le goupillon, par le Claaaaaash, page 5
Appelez-moi France, ou poubelle nucléaire ?, par Daniel du Gard, page 6
Un pape qui cause, qui cause, par Paul Thiry, page 7
Et l'oiseau de Fred qui ne se tait pas, par F. Ladrisse, page 7
Se loger, un luxe, squatter, un droit, par Jef, page 8
Jésus n'a pas existé, nous dit François Roux, page 9
L'Europe, yen a qui vont voter..., par Jacques Langlois, page 11
L'Europe ? Et un café, un, par Pierre Sommermeyer, page 14
Ne laissons pas les autres voter à notre place, par Le Furet, page l6
Quelle info ? on voudrait juste un peu de vérité, par Jean Monjot, page 18
Quand Dadoun découvre l'anarchisme à Mons, par lui-même, page 20
Théologie, la science du rien, par Nicolas, page 21
Radio libertaire, page 22
Agenda, page 23
Rendez-vous à Mont-Saint-Aignan, page 24
Monde libertaire #1389 du 10 au 16 mars 2005
