C'est l'hiver, le vent s'engouffre sous ma porte. Je suis seul !
Personne ne le sait encore, je vais mourir. Mais pas comme vous l'imaginez. Je vais mourir de solitude !
Devrais-je ressentir une quelconque tristesse ? Devrais-je alerter quelqu'un à propos de mon funeste avenir ?
Qui pourrait comprendre que l'on puisse laisser un état d'âme décider de son sort ?
Je suis seul
devant cette plage peuplée de chats, de chiens et de quelques personnages de la
vie courante. Des familles entières attirées par les rayons du soleil unique.
Des filles en string dodelinant de la tête ou prenant quelques poses
lascives ou même suggestives pour les jeunes adolescents à la recherche de
pulsions sexuelles.
Quel drôle d'endroit pour ressentir le mal être mais est
ce le mal être ou une vue de l'esprit ?
Les jours moroses forment comme une
farandole, m'entourent, m'affaiblissent puis s'envolent me laissant amer et
triste.
Que la terre s'arrête pour que je puisse en descendre maintenant
!
Je suis seul et cela ne demande aucune force juste de l'abandon. Je suis
seul et ne ressens rien, est ce possible ?
Mes blessures ne saignent pas ? Le
crois-tu ?
La plage se vide quand le soleil descend et je reste là attendant
mon heure. Rien ne me presse, rien ne m'oblige, rien ne me manque. J'attends
seulement que le temps se renouvelle !
Je pourrais questionner la nuit et les
étoiles, chercher la solution dans l'ivresse et le déseuvrement,
il n'y a que
le désespoir qui saurait me comprendre tout à fait !
Et la fuite pour
échapper !
La fuite comme manière de vivre, la fuite pour
aboutissement.
D'autres visages, d'autres langages remplissent ma vie,
éclipsant ainsi ce mal profond qui germe en moi.
Ma solitude n'est que la
partie immergée de cette iceberg de désarroi qui compose mon
existence.
Comment un être sensible, intelligent pourrait ne pas percevoir
cette injustice, cette inégalité, ce drame qu'est la vie quotidienne
?
Comment ne pas s'isoler, se replier devant les jours qui passent, les
visages qui se rident et ces gens en courant d'air qui ne savent pas qu'un jour
ils vont mourir ?
Je suis seul ! Et alors !
La solitude est une blessure à
laquelle on s'habitue, qu'on aime caresser parfois pour se rappeler qu'elle est
aussi une partie de la vie. Elle est invisible à l'oeil nu sauf pour les rares
personnes qui ont déjà expérimenté ce dégoût de la vie qui submerge les plus
fragiles.
Je parle du vertige véritable non du chagrin passager. Je parle de
cet abîme duquel on ne remonte jamais car, à ce moment, le virage est pris et
rien n'est plus pareil !
La nuit a couvert l'étendue de sable et ne luisent
au loin que les reflets des fenêtres et quelques lampadaires isolés.
Assis
sur un rebord, mon bloc à la main, j'écris. Je livre mon âme aux tourments. Je
me perds dans ce labyrinthe de questions sans chercher de réponses
définitives.
La solitude est ancrée en moi si fortement, si profondément que
même entouré d'une foule de proches ou d'anonymes, je reste seul devant
l'éternité.
Est-ce que, à jamais, je manquerais à quelqu'un ?
Pourtant je
dois avouer qu'il existe une forme d'exception ! .
Ce pays du bout du monde
dans lequel j'évolue à mon aise, en douceur, en pleine harmonie avec la
population.
Cette Thaïlande aimée, ce royaume de Siam qui sera sans doute
mon dernier port avant le grand départ vers l'inconnu !
Encore seul
!
Abbas
à 01:20