L'En Dehors

Lu sur Rebellyon : "Rendez-vous dans un café avec une amie qui découvre depuis peu le réseau de la décroissance lyonnais. C’est le jour de la manif contre les nano-technologies, et le forum Bio-vision qui réunit le gratin mondial du délire scientifique non contrôlé, dans une opacité médiatique soigneusement préparée. Nous croisons un lutin de la guérilla jardinière. Il nous faut quelques victuailles pour le pique-nique de midi, et comme nous sommes place du Pont, nous passons nous approvisionner « de l’autre côté de la rue ». Je me souviens d’un article déposé sur Rebellyon annonçant l’ouverture, censuré parce que trop commercial, et je me souviens d’avoir proposé une interview à l’équipe de cette épicerie bio non-conventionnelle.
L’équipe se prête au jeu, et comme il fait très beau pour un mois de mars, nous improvisons une mini-terrasse sur le trottoir, avec une petite table, des chaises et de quoi boire un peu tout en discutant.
D’abord, ce nom plutôt bien trouvé « De l’autre côté de la rue », qui évoque la proximité, et la marche à pied : tout le contraire des supermarchés, bio ou pas, qui supposent la voiture obligatoire et toute la violence qui va avec. C’est aussi un clin d’œil au cousin « De l’autre côté du pont », bar-restaurant associatif situé à proximité de la place du Pont, sur le cours Gambetta.

L’idée de départ consistait à proposer dans une épicerie les mêmes produits vendus « de l’autre côté du pont ». Elle est venue en même temps que le bar, mais plusieurs projets ont été lancés sans aboutir, notamment un projet d’AMAP.

La décision a été prise en décembre 2005, l’association créée en février, et le local a été trouvé en avril 2006. Les travaux ont été menés de façon amicale, par des échanges et des coups de main sur d’autres chantiers. Le bar a permis d’obtenir des conseils, des rencontres, et la connexion à différents réseaux de production et de vente. La philosophie est héritée de « Contresens », une association montée pour financer des spectacles, qui met en place des buvettes bio pour les festivals. Contresens produit un petit concert à l’épicerie tous les deux mois.

L’épicerie et le bar ont des intérêts croisés : commandes groupées, échanges de produits, logistique. Ils partagent le même statut coopératif : la SCOP ! Une Société coopérative de production, c’est un autre projet de société, puisqu’elle propose un modèle d’entreprise réellement démocratique, qui privilégie l’homme sur le capital. Tous les membres sont salariés, sur le principe « un associé = une voix », quelque soit son apport en capital. Les actionnaires externes sont toujours minoritaires.

L’épicerie croise plusieurs idées :
le commerce éthique,
une épicerie de quartier,
des produits de base,
proposer de tout,
donner la priorité aux producteurs locaux.

De l’autre côté de la rue se reconnaîtrait plutôt dans la charte MINGA, beaucoup plus complète que celle de Max Havelaar, qui fixe les principes de fonctionnement dans l’entreprise, et notamment les conditions de travail. On est loin de la grande distribution.

La clientèle est diversifiée : ceux qui sont déjà habitués aux petits commerces pour la qualité des produits (viande, fromage), le réseau militant, mais aussi beaucoup de gens qui découvrent, qui passent par hasard et apprécient l’ambiance conviviale. L’ambiance est bien différente d’un commerce habituel. A noter également une grosse clientèle pour les vins bios.

Des amis qui se rendent à la manif s’arrêtent à notre table, et notre interview se noie dans la discussion et les verres d’apéro.