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L'En Dehors


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Roméo, Juliette, et Polanski
Si l'on en croit William "Bill" Shakespeare, la victime (Giulietta Capuleti, also known as Juliette) avait 13 ans au moment des faits :

"scène III : 
Lady Capulet : (...) Tu sais que ma fille est d'un joli age.
La nourrice : Ma foi, je puis dire son age à une heure près.
Lady Capulet : Elle n'a pas quatorze ans."

Le prédateur (on l'a vu s'introduire nuitamment chez cette pauvre enfant en passant par la fenêtre), se nommait Romeo Montecchi (aka Roméo Montaigu).
Old Bill Shakespeare n'a pas précisé son age, mais d'après lui il s'agissait d'un "jeune homme", sans barbe apparente, mais avec déjà l'épée au côté : peut-être 16, et plus probablement 17 ans.

Je ne m'étendrai pas sur l'évidente illégalité du rapport sexuel commis cette nuit-là.
Selon le code pénal californien (1re Partie, Titre 9, Chapitre 1, Viol, rapt, abus sexuel d'enfant et séduction, Paragraphe 261. 5) :

 a) « Un rapport sexuel illégal est un rapport sexuel avec une personne qui n'est pas le conjoint de l'auteur de l'acte, si la personne est mineure. Pour la compréhension de ce paragraphe, un/une mineur(e) est une personne âgée de moins de 18 ans et un adulte si elle est âgée de 18 ans ou plus. »

Enfer et damnation! me direz-vous, à quoi ça sert qu'on les arrête? Le détraqué (Romeo Montecchi, ces gens-là, il faudrait leur couper les couilles quand on les sort de taule) va pleurer devant les juges qu'il est aussi une victime et, aussitôt relâché, séduire, corrompre et violer tout ce qui bouge entre 4 et 15 ans!
Point du tout, rassurez-vous. La loi est bien faite :

(b) « Toute personne qui est mêlée à rapport sexuel illégal avec un/une mineur(e) qui n'est pas âgé(e) de plus de trois ans ou de moins de trois ans par rapport à l'âge de l'auteur de l'acte, est coupable d'un délit. ».

17  moins 13 égale 4, inutile de vous faire un dessin, je n'aimerais pas être à sa place :

(c) « Toute personne qui est mêlée à un rapport sexuel illégal avec un/une mineur(e) qui est de plus de trois ans la puînée de l'auteur de l'acte est coupable de délit ou de crime et sera incarcéré pour une durée d'au maximum un an dans une prison du comté ou dans la prison de l'état. ».

Espérons que ses co-détenus n'aient aucun a priori à l'égard des pointeurs, ou j'en connais un qui aura mal au cul dans pas longtemps.

Pour ce qui est de Roman Polanski, on lui souhaite bien du plaisir :

(d) « Toute personne âgée de 21 ans ou plus qui est mêlée à un rapport sexuel illégal avec un/une mineur(e) de 16 ans est coupable d'un délit ou d'un crime et sera incarcérée dans une prison du comté pour une durée maximum d'un an ou incarcérée dans une prison de l'état pour une durée de deux, trois, ou quatre ans. »

Et quatre ans c'est long, surtout lorsqu'on a du mal à s'assoir.

Personnellement, comme Daniel Cohn-Bendit et Jean-Marie Le Pen (mes idoles depuis toujours, il faudra qu'on les présente, je suis sûr qu'ils vont s'adorer), je me réjouis de ce qui arrive à Roman Polanski.
Et de ce qui pend au nez de Romeo Montecchi.
Car je déteste les crétins.
Ils n'avaient pourtant pas à voyager beaucoup pour commettre leurs crimes en toute impunité.
Mais tel est le violeur : c'est un être impulsif, il ne réfléchit pas.
Prenez le cas de Roméo, par exemple : Rome s'imposait.
Ce n'est pas vraiment loin de Vérone, il y a des bus pas trop chers qui s'arrêtent justement derrière la place St-Pierre.
l'Etat du Vatican est bien connu pour la licence de ses moeurs (ne l'appelle-t-on pas, parfois, la Prostituée de Babylone?) : la majorité sexuelle y est à 12 ans.
Sauter Juliette n'y constituait pas même un délit.
L'adultère (c'est-à-dire les relations sexuelles hors mariage) y est à peine un péché.
On s'en tire avec deux pater et trois ave en confession, c'est toujours mieux qu'un an de ballon.
Vous me direz, Rome, c'est un peu loin de Beverly Hills, pour Roman, ce n'était pas pratique.
Certes, mais il lui restait la solution du week-end au Mexique, à deux pas de Los Angeles :  presque partout (c'est un état fédéral, il y a des nuances), la majorité sexuelle est à 12 ans.
Comme au Chili, à Malte, aux Pays-Bas, en Argentine, etc..., c'est pas les pays qui manquent.
Ou alors l'Espagne, 13 ans, ça pouvait encore faire l'affaire (à 13 balais, il y a aussi le Guyana ou la Corée du Sud qui bénéficient d'une bonne infrastructure hôtelière).
Dans l'Union Européenne, il faut bien étudier la question, suivant l'age de la gamine  : c'est 12 ans, 13 ans, 14 (en Allemagne, Autriche, Estonie, Hongrie, Italie, Portugal, Roumanie, Slovénie), 15 (France, Tchéquie, Danemark, Grèce, Pologne, Slovaquie, Suède), 16 (Belgique, Finlande, Lettonie, Lithuanie, Luxembourg, Royaume-Uni), ou 17 ans : l'Irlande.
Dublin, c'est même pas la peine de se déranger, autant attendre un an de plus et rester à L.A.

Marie-Geoges Buffet, qui n'aimerait faire de la peine ni à Dany ni à Jean-Marie, ni à Luc Chatel (c'est des hypersensibles, un rien les chagrine), les a discrètement soutenu dans leur croisade pour envoyer Polanski en taule.
Oh, certes pas par méchanceté (la méchanceté, ce n'est pas le genre à Marie-Georges, elle, c'est plutôt le stalinisme), mais par souci de protéger l'enfance (en Californie, si j'ai bien compris, vu qu'en France, le violeur (selon Dany) pédophile (selon Jean-Marie) n'est accusé de rien).
Je suppose que si Luc, Dany, Marie-Georges et les autres montrent tant d'enthousiasme à ce qu'on envoie Polanski aux USA pour qu'il y réponde de son acte, c'est parce qu'en France aussi cet acte est un délit.
C'est bien normal.
Il ne s'agit en aucun cas de délire répressif, m'ais d'une forme de patriotisme caractérisée par une croyance en la vocation universelle de la civilisation française et, dans le cas qui nous occupe, de son code pénal : ce qui est bon pour nous l'est pour la terre entière (The Whole World, in original contemporary french).
D'ailleurs, je n'ai point ouï qu'en Espagne ou aux Pays-Bas, il y ait une campagne en faveur d'une extradition par la Suisse du cinéaste pervers.
Et c'est bien naturel.
Chacun voit midi à sa porte, et règle ses actes en fonction des lois en vigueur dans son pays.

Faut-il préciser à Jean-Marie et ses petits copains qu'en France, les crimes sexuels sur mineurs sont prescrit 10 ans après que la victime ait atteint sa majorité, c'est-à-dire, en l'occurrence, depuis plus d'un quart de siècle?
(Cela n'a rien à voir avec une indulgence coupable à l'égard des malfaiteurs qu'on n'a pas autrefois arrêté : c'est en vertu du principe selon lequel la punition d'un crime ne doit pas causer plus de désordre qu'elle n'en répare, et le cas de Polanski, dont pas même la présumée victime ne demande le châtiment, en est un exemple parfait).
Et qu'ils n'ont, en conséquence, pas plus de légitimité à vouloir la peau de Polanski que n'en aurait un Hollandais ou un Madrilène?

Ou bien faut-il croire que cette joyeuse bande de Pères Fouettard et de Mère La Rigueur se fout absolument de notre droit, de ses principes, et du code pénal?
Et n'a d'autre souci que d'hurler avec les loups pour se faire resplendir le corps électoral.
Au prix, s'il le faut, de la liberté d'un homme.
C'est ce détail qui me chiffonne.
Ecrit par okounine, à 00:46 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires :

  cocodupe
03-10-09
à 22:50

Très cher okounine.
Ne vous en déplaise, être juriste ne s'invente pas. Pas plus qu'on ne le devient en traînant sur des blogs. Si la prescription commence en effet à courir à la majorité de la victime en matière de crimes sexuels sur mineurs (vous faites trop souvent l'amalgame entre crimes et délit, malgré une différence fondamentale, notamment au niveau de la prescription justement) celle-ci (la prescription) pour être suspendue (le délai déjà écoulé reste comptabilisé, mais le temps "s'arrête") ou même interrompue (le délai de 10 ans repart de zéro). Or les actes d'instruction sont interruptifs de prescription. Un acte d'information avait justement été effectué par le ministère public américain durant l'année 2005, sans que la prescription n'ait été acquise auparavant (le parquet prenant le soin de ne jamais laisser cette prescription éteindre l'action publique).
Donc non, le crime (et non le délit) de Roman Polanski n'est pas prescrit.
Répondre à ce commentaire

  okounine
04-10-09
à 03:29

Re:

Mon cher Cocodupe,
Peu de choses me déplaisent, et surtout pas de n'être pas juriste.
Je ne confonds pas crimes et délits : vous vous en convaincrez en me relisant.
Seul le code pénal californien le fait (1re Partie, Titre 9, Chapitre 1, Paragraphe 261. 5, (c)et(d)), c'est ce qui probablement vous aura trompé, puisque je le cite.
Concernant la prescription, je n'ignore pas qu'il y a mille façons de violer l'esprit de la loi, ni que cela a été fait avec brio dans le cas de Polanski.
Mais en Californie, pas en France.
En France, la justice n'a pas eu à connaître ce cas particulier.
Vous me concèderez, j'espère, qu'on puisse ici se contenter de lire la loi, telle qu'elle se présente aux yeux du citoyen : prescription après 10 ans.
Ceci dit, je comprends tout à fait que MG, JM, Luc, Dany ou vous-même trouviez meilleure la justice californienne, plutôt que celle de mon pays, qui n'avait jamais inquiété Polanski, preuve, s'il en fallait, qu'être juriste ne s'invente pas : on ne peut l'être qu'Américain, ou pas du tout.




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  OgRuR
04-10-09
à 11:44

Re:

Etre juriste ne s'invente certes pas et pour la principale raison que le droit n'est jamais appliqué. Le droit n’est qu’un accommodement du despotisme et il traite accessoirement, s’agissant du droit privé, de l’organisation sociale et juridique des rapports entre les esclaves en vu de favoriser l’extension des pouvoirs du tyran. Dans une petite localité du Sud-Ouest de la France jumelée avec une ville russe, l'équipe municipale reçue par ses homologues slaves était invité à se rendre à l'étage. Y attendaient des jeunes filles de 13 ans, nues. La légalité, dont l'Etat et ses agents se parent tient à la force maffieuse avec laquelle elle obtient de ses sujets un "consentement".
Répondre à ce commentaire

  okounine
04-10-09
à 19:54

Re:

Cher OgRuR,
J'ai reçu par mail la totalité de ton commentaire et comme il y a eu un bug, je me permets de l'envoyer à ta place.
J'en profite pour préciser à Cocodupe : qu'il s'agisse d'un délit sexuel, d'un crime sexuel ou d'un crime aggravé la durée pour la prescription est la même: 10 ans.

Etre juriste ne s'invente certes pas et pour la principale raison que le droit n'est jamais appliqué. Le droit n’est qu’un accommodement du despotisme et il traite accessoirement, s’agissant du droit privé, de l’organisation sociale et juridique des rapports entre les esclaves en vu de favoriser l’extension des pouvoirs du tyran.
> Dans une petite localité du Sud-Ouest de la France jumelée avec une ville russe, l'équipe municipale reçue par ses homologues slaves était invité à se rendre à l'étage. Y attendaient des jeunes filles de 13 ans, nues. La légalité, dont l'Etat et ses agents se parent tient à la force maffieuse avec laquelle elle obtient de ses sujets un "consentement"
Répondre à ce commentaire

  glouton-fripon
05-10-09
à 15:56

Militant depuis des années pour la libération de Marc Dutroux, je demande à ce qu'il soit libéré, au même titre que Polanski dont on défend la liberté parce que c'est un artiste, et qui a eu le bon goût de se réfugier sur le territoire français. En effet, puisque l'on se scandalise du méchant impérialiste américain, qui ose défier le héros auteur de (mauvais) films, comme Le Pianiste, tandis que toute ce que l'intelligentsia française comporte d'artistes de gauche et autres rouillés de l'Etat, pourquoi l'égalité juridique n'aurait-elle pas lieu pour les hommes du commun ? Marc Dutroux doit être libéré, alors.
Répondre à ce commentaire

  glouton-fripon
05-10-09
à 15:58

Re:

lire après : "tandis que toute ce que l'intelligentsia française comporte d'artistes de gauche et autres rouillés de l'Etat,", ceci:
"monte sur les grands chevaux de a vérité (à défaut de l'équité)"
Répondre à ce commentaire

  okounine
05-10-09
à 20:06

Re:

Cher Glouton-Fripon,
Perso, je tire l'échelle car, de plus, on me jette aussi des cailloux sur mon blog, Palindromes.
Prenons, si tu veux, le problème à l'envers, et décidons de foutre en taule tout ce qui, à partir de 18 ans, fricote avec des gamines en dessous de 15 ans et 3 mois, faisons passer des tests psy, ou imposons la castration chimique aux populations à risque (Hollandais, Espingouins, Argentins, papes et tutti quanti, qui entrent dans notre beau pays avec l'idée préconçue qu'on est sexuellement majeur à 12 ou 13 ans).
Moi, je m'en fous : ni moi (hélas), ni aucune de mes copines (grâce à Dieu!)ne sommes teenagers.
A part ça, et pour terminer sur une note culturelle, j'ai appris hier que la victime de Polanski avait au jour près, exactement le même age que Juliette au moment du crime : 14 ans moins 2 semaines.
Et ça, c'est la bonne nouvelle de l'histoire, car Shakespeare m'a toujours fait suer (trop long, trop verbeux). Lorsqu'on l'interdira (car tu n'espère pas, je suppose, qu'on autorise encore longtemps des écrits qui font l'apologie du crime, ni a fortiori qu'on les étudie à l'école), j'en connais qui seront soulagés.
Bises à tout le monde.
G
Répondre à ce commentaire

  OgRuR
05-10-09
à 21:36

Re:

okounine je vous en suis reconnaissant.

Van Morrison, "Cyprus avenue" cette chanson issue de l'album "Astral weeks" qu'a tant loué Lester Bangs, offre un éclairage sur la "pédophilie" autrement plus sensible que les positions morales, pour ou contre, affichées par chacun. Un homme attend dans sa voiture à la sortie d'une école une enfant de treize ans dont il est éperdument amoureux. Il me semble qu'il ne l'aborde pas, qu'il ne s'y essaye pas même. Il se contente, chaque jours, de la regarder passer et la voix de Van Morrison déchirante fait entendre la souffrance de cet homme. Car sûrement les "pédophiles" méritent moins la rage avec laquelle on les stigmatise que la compassion. Peu d'hommes qui ont ces sortes d'attirances consomment leurs désirs, le plus souvent ils les réfrènent sûrement et ils en souffrent terriblement. On peut à coup sûr avancer que les seuls qui consomment, habituellement sans jamais être punis sont des hommes de pouvoir.

Il se trouve qu'une jeune fille qui est venue à moi alors qu'elle n'avait pas encore quinze ans. La raison: elle avait été abusée par des jeunes gens à peine plus âgés et elle ne trouvait pas dans son entourage à qui parler, aucun "adulte". J'ai suivi ces souffrances déchirantes, ses tatonnements délirants et haineux, ses renoncements, ses afflictions, ses grands vacillements et ses rémissions pendant près de deux années. En un mot ses joies et ses peines n'avaient pratiquement aucun secret pour moi. Que croyez-vous qu'il arriva? Je m'y suis attaché au point de la désirer quand il semblait y avoir plus qu'une équivoque, une vraie relation affective. On me vit en ville à ses côtés et je n'ai pas tardé à essuyer les accusations de pédophilies, moi qui n'ait jamais touché, de ma vie, une fille en deça de 21 ans... Il ne se sera rien passé entre nous et il ne se passera rien mais si cela avait été, j'aurais été sûrement plus tourmenté que je l'ai été alors et je l'ai été beaucoup à cause des accusations, à cause des regards, à cause de ce que je n'ignore pas: la pesanteur féroce des préjugés. Je n'aurais probablement pas été assez "armé" pour assumer une relation amoureuse et même charnelle, aussi fugace soit-elle et c'est très regrettable car j'étais alors sincère et bienveillant et si elle avait été disposée qu'aurai-je pu lui dire que: "le monde est contre tout. Le monde asensible est contre nous". J'ai douté, et douloureusement douté, à cause de cette pression insupportable de la machinerie spectaculaire, à cause de la bêtise de certains jeunes gens d'être réellement "pédophile". Mais je ne le suis pas. Je suis un homme tout à fait ordinaire capable de s'attacher à des femmes d'âge variables pour cette seule raison que nous serions proches dans la confidence, proches dans l'appréhension de ce monde, proches contre ce monde et tous deux relativement seuls... Hier au soir j'admirais la beauté de certaines femmes et de certaines jeunes filles. Il y a qu'au court de ces soirées, de part et d'autres, la glace ne se rompt pas aussi facilement et c'est bien un problème auquel nous sommes tous confrontés et qui trouve corollairement sa cause dans la méfiance mutuelle et l'impossibilité de parler la même langue.

Répondre à ce commentaire

  OgRuR
05-10-09
à 21:43

Re:

.... avec cette obligation qui nous est dès lors faites d'éviter les "sujets qui fachent" et de s'en remettre à une sorte de bonne humeur de façade qui ne trompe, dans la surenchère éthilique, personne et qui nous empêche de véritablement nous rencontrer. Au mieux nous passerions un "amour d'un jour", au pire nous mêlerions nos chairs dans l'exaltation diurne avant de nous trouver gêner au petit matin et peut-être de nous "haïr". Les "sujets qui fachent", ces tragiques dispositions de la vie et de la nature oppressive du régime qui nous contraint tous, nous ne pourrions les occulter s'il s'agit véritablement d'entrer dans une relation authentique et il aura fallu que cette jeune fille de 15 ans ne trouve personne à qui parler pour que nous soyons tous deux confrontés à cela qui nourrit la sensibilité vraie, les tragiques dispositions de la vie et la nature oppressive du régime.

Il n'y d'amours qu'en période pré-révolutionnaire écrivait Guy Debord

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  okounine
05-10-09
à 23:28

Re:

Oui, OgRuR.
Ceci dit, l'histoire de Polanski n'est pas très jolie : elle est même scabreuse.
ça peut arriver qu'on fasse boire une fille pour l'emballer, ça peut arriver qu'on insiste lourdement alors qu'elle a dit non, ça peut arriver qu'on ait trente ans de plus qu'elle, et ça peut arriver qu'elle soit pubère depuis peu; mais les quatre à la fois, c'est du lourd.
On n'est plus dans Ronsard, ni même dans Nabokov.
Il n'empêche : on l'alpague 32 ans après les faits, l'accusation de viol n'avait pas été retenue, la jeune fille de l'époque ne veut pas qu'il soit inquiété, et on le met en taule comme s'il avait commis un crime imprescriptible, un crime contre l'humanité.
On est en plein délire répressif, et en plein délire de normalisation sexuelle.

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  OgRuR
06-10-09
à 19:26

Re:

@okounine: je ne connais pas les faits dans l'affaire Polanski mais en effet m'en remettant à ton récit j'admets sans peine: c'est du lourd.

Pourquoi Polanski maintenant et de cette manière? Par un homme qui l'a connu j'ai su que Polanski était un révolté dans sa jeunesse. L'état du monde lui aurait-il rappellé qu'il fut jeune et a-t-il pris récemment des positions qui condamnent explicitement l'impéralisme etasunien? Pas impossible...

L'affaire de Tarnac comme celle-ci révèle que le siège du droit n'est certainement pas les tribunaux où il est possible d'obtenir des débats relativement contradictoires. Le siège du droit est dans le spectacle et le spectacle est à lui seul, dans ces cas précis, une condamnation. Debord disait "le destin du spectacle n'est certainement pas de finir en despotisme éclairé". Ce délire ce qui l'est pour vous sera demain la norme incontestable. La suppression de l'instruction va de sens puisque les procès s'instruisent dans les médias majoritaiement suivis, par et pour la seule voix de l'Etat car qu'il s'agisse de la parole d'un ministre, d'un procureur, d'un médiatique le "fait" spectaculaire instruit réellement le procès et détermine ainsi l'opinion, ce qui en l'occurence participe d'un écrasement des anarchistes (Tarnac) et d'un écrasement des "artistes" (Polanski) envoie un message brutal, univoque et indiscutable, d'un côté de l'Atlantique ou de l'autre, la loi n'est rien l'Etat peut tout; face à quoi les anarchistes en soutien à Tarnac et les "artistes" qui ont signé la pétition Polanski, doivent fléchir et suivre le chemin indiqué. Sans quoi les anarchistes deviendront des cadavres et les "artistes" des chômeurs.

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  okounine
07-10-09
à 12:27

Re:

Je ne crois pas que Polanski soit victime d'une vengeance politique.
En revanche, je suis bien d'accord avec toi : nous allons vers la disparition de ce que nous considérions comme l'état de droit.
L'Etat multiplie les procédures et les juridictions d'exception, tandis que les citoyens et les hommes politiques soutiennent les dérives juridiques les plus ahurissantes, au motif que certains crimes et délits, politiques ou sexuels, ne méritent pas d'être traités selon la loi commune.
Dans l'affaire de Tarnac, les libertaires d'un côté, et les intellectuels d'un autre côté, ont défendu l'un des leurs, mais ils n'ont pas défendu l'état de droit : j'en veux pour preuve que la condamnation scandaleuse de Colonna, sans plus de preuve de sa culpabilité qu'il n'y en avait pour Coupat, n'a suscité aucun mouvement de solidarité ni d'indignation en France, Corse exceptée.
Ce n'est pourtant pas de quelques mois de prison qu'il s'agissait là, mais de réclusion carcérale à perpétuité.
Et ce n'était pas seulement la police qui était en cause, mais toute l'institution répressive, du flic de base jusqu'au président de tribunal d'assises.
Trop, sans doute, pour la gauche, pour les intellos, pour nos camarades libertaires.
Répondre à ce commentaire

  OgRuR
07-10-09
à 19:54

Re:

Je suis de ton avis.
Il y a repression par voies d'exceptions et singulièrement par la propagande spectaculaire, qu'elle serve à éliminer des ennemis du régime ou à envoyer un cinglant message à l'attention de tous ses ennemis. Tarnac a eu pour effet de disloquer un groupe uni. C'est une attaque frontale contre la vie c'est à dire contre tout ce qui se refuse au marchand.

En l'absence de ses alliés objectifs (les terroristes) l'Etat s'en fabrique de nouveaux: les anarcho-autonome et Tarnac. Seul moyen pour lui justifier de sa "légitimité".

 L'affaire Polanski, Colona ou Tarnac révèlent plus ouvertement un régime qui s'exerce par la terreur ce qu'aucune personne confrontée à la police et à la bureaucratie au quotidien n'ignorait.

J'ai connu un homme qui était très proche de Colonna. POur lui il ne fait aucun doute que Colonna ne peut pas être l'auteur des crimes dont l'Etat l'accuse. Initialement Colonna était en Corse un militant de la cause des maghrébins de l'île.

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