TRAITER DE DINOSAURE du fanzinat hexagonal Rock Hardi serait peut-être un raccourci tentant, mais
passerait à côté de ce qui fait véritablement tout l'intérêt dé cette publication, à savoir son talent pour donne de la classe à ce que le rock peut avoir de plus brut, de plus transpirant et de plus sauvage. Que ce soit depuis des années ou pas, l'intérêt n'est finalement pas là. Avec une mise en page classieuse et soignée, cette publication a su à plus d'un titre montrer à la junte politiquement correcte de la critique (ou de la promo) officielle que le rock n'était ni pour les bureaucrates estampillés « machin chose des musiques actuelles », ni pour les chroniqueurs chébran de la presse cul-cul-foreuse. Le rock est sauvage, pu la sueur, la bière éventée, et c'est bien comme ça que Rock Hardi l'aime et le défend depuis des lustres. Pas de chichis, pas de blabla, c'est dans l'oeil du cyclone que la revue passe en revue une flopée de groupes plus ou moins connus, tels que les Parabellum, Vibromaniacs, Little Green Fairy et bien d'autres, avec toujours en ligne de mire la sincérité du propos, et le goût de l'écriture. On ne s'étonnera donc pas si Jean-Pierre Levaray y fait une intervention furtive mais pertinente, à l'occasion d'une introspection plutôt juste sur le retour de Bérurier Noir à travers une évocation touchante et à vif de ses premiers émois punks.
On ne s'étonnera pas non plus qu'on y cause de polars, de romans noirs et de bandes dessinées: la culture rock est décidément vaste, et Rock Hardi entend bien ne pas se limiter à la face apparente de (iceberg. On a donc droit au passage à une interview. de CDM alias Julien Solé, dessinateur désormais passé chez Fluide Glacial, qui nous expose son rapport à la musique et le lien que celle-ci peut jouer dans son boulot de dessinateur. Cerise sur le gâteau, une compilation accompagne le tout, histoire d'illustrer et de vérifier que les groupes évoqués ont décidément quelque chose dans le ventre. Comme dans toute compilation, on est plus ou moins séduit d'un groupe à (autre, mais tout ça reste une question d'appréciation tellement subjective... Seule fausse note.: une pub pour un magasin de photocopies qui tombe comme un cheveu dans la soupe en plein milieu dé (interview de Schultz des Parabellum... (au passage, on se pose la question de l'efficacité d'une telle pub qui se trouve là totalement hors contexte...). Mais bon, sans défaut, que vaudraient les qualités? En tous les cas, un nouveau numéro bien revigorant qui donne envie de lire, d'écouter, de dessiner.:. que demande le peuple?
Disponible pour 6,50 euros à Rock Hardi, 3, rue Beausoleil, 63100 ClermontFerrand.
Voir aussi le site du mégazine
Rock hardiIci l'ombre. Chroniques alternatives
Le Monde libertaire #1426 du 16 au 22 février 2006