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L'En Dehors


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Retour sur les mobilisations contre le WEF 05
Lu sur ch.indymédia : "A en croire les médias, les protestations contre le WEF seraient en pleine perte de vitesse. Seules quelques centaines de personnes se seraient mobilisées cette année. Il est vrai que tout le gratin de la gauche institutionnelle a une fois de plus préféré déserter la rue pour se rendre à Porto Alegre, où, paraît-il on a débattu d’autogestion du forum (comme à Davos on a parlé de la pauvreté). Après sa fuite à New York en 2002, le WEF a multiplié son travail de lobbying en direction des médias et ce travail a porté ses fruits. Cette année, l’alibi a pris la forme de quelques "stars" qui ont réussi à récolter quelques miettes pour des bonnes causes.



Le bilan est cependant beaucoup plus contrasté. Il est vrai qu’en terme de contenus de l’appel de l’Alliance anti-WEF, des alliances ayant pu être mises en place et des possibilités de blocage du WEF un certain recul est à observer. Pourtant, malgré la militarisation du pays, les interdictions de manifester, les tentatives de criminalisation des manifestantEs, jamais il n’y a eu autant d’actions de protestation contre le WEF : théâtres de rue, manifs, actions, bombes de peinture contre les sièges de multinationale… Malgré les intimidations de cette année et la répression des années précédentes, nombreux/ses sont celles et ceux qui, dans diverses villes, ne se laissent pas démonter pour autant.

Le texte ci-dessous rend compte de ce qui aurait dû être la manif centrale à Berne. La police a exigé dans un premier temps que les manifestantEs se rendent en train spécial directement au stade de foot où tout l’arsenal existe pour contrôler les supporters. Les autorités ont ensuite proposé comme "compromis" que nous manifestions dans une cage devant le parlement. L’Alliance anti-WEF a refusé, annulé la manif prévue mais appelé à des actions décentralisées dans la capitale.


Journée d’action contre le WEF à Berne

On a rien cassé mais on vous informe quand même
Au cas où ça vous intéresserait malgré tout

Samedi 22 janvier, malgré un déploiement policier sans précédent et l’interdiction de manifester, le mouvement anti-WEF a réussi à se réapproprier la rue !


Manif interdite, manifs partout !

Il est difficile de rendre compte de l’ambiance qui régnait le 22 janvier 2005 à Berne. La manifestation prévue par l’Alliance anti-WEF ayant été interdite de facto car personne ne voulait manifester dans la cage que les autorités s’apprêtaient à ériger sur « la plus prestigieuse place de Suisse » (dixit la municipale de police bernoise), un appel à se rendre malgré tout dans la capitale pour y mener des actions décentralisées en petits groupes a été lancé une semaine avant la date fatidique. L’Alliance anti-WEF s’est refusée d’appeler dans un premier temps à une manif puis à des actions non-violentes comme l’exigent aujourd’hui systématiquement les bien-pensantEs, mais elle a également refusé de souscrire au scénario de confrontation mitonné par la flicaille et les autorités. Au dernier moment, la police a toutefois autorisé une parade dansante au bord de l’Aar avec cinq sound systems. Cette dernière a été essentiellement autorisée pour des raisons tactiques: la police espérait ainsi éloigner le plus possible de manifestantEs du centre commerçant de la ville où devaient avoir lieu les actions.

Etat de siège

En se promenant le matin la ville semblait calme, les gens faisaient leurs courses et seuls quelques magasins avaient barricadé leurs vitrines à l’aide de palissades en bois, contrairement à ce que les mass médias propageaient depuis quelques jours pour faire monter la tension et décourager ainsi un maximum de personnes à répondre à l’appel. Tous les poncifs sur les débordements et les « casseurs » nous ont été servis, alors que l’année dernière, comme de coutume, c’est la police qui a fait régner la terreur en s’attaquant à un train rempli de manifestantEs rentrant d’une paisible manif autorisée à Coire, fichant au passage plus de mille personnes (T'Okup! 43 et 45).
Les choses ont commencé à se corser et la ville de Berne à prendre une couleur franchement martiale vers 11h30 lorsque huit camions militaires et d’innombrables fourgons remplis d’anti-émeutes ont commencé à converger vers la gare pour réceptionner un train parti de suisse romande. Contrairement à d’autres, des personnes de Lausanne, Genève et Neuchâtel avaient décidé d’y aller groupées, refusant de se séparer et revendiquant le droit de se rendre à la parade dansante autorisée. Toute la gare a été bloquée pour réceptionner ces dangereux/euses manifestantEs en tutus roses arméEs de musique et de matériel de jonglage. Les flics ont alors amené une table dans le souterrain de la gare pour procéder à une fouille systématique et au fichage des manifestantEs. Les fiches étaient ensuite classées dans l’une ou l’autre des deux attachés-case, selon la dangerosité supposée du/de la ManifestantE. Certains ont été arrêtés, menottés et emmenés au poste pour possession de marker, mini-ciseaux de trousse de secours, lunettes de protection (rappelons que plusieurs personnes ont perdu l’usage d’un œil ces dernières années suite aux tirs tendus de balles en caoutchouc) ou spray au poivre. Notons que la possession d’aucun de ces objets n’est en soi interdite. Les autres ont été relâchéEs petit à petit par des sorties différentes afin de les disperser. Outre les anti-émeutes, une masse impressionnante de flics en civil parcouraient la gare et la ville, à l’écoute attentive des conversations des manifestantEs, tandis que flics et sécu empêchaient de filmer même des journalistes.

Pendant ce temps, les personnes qui avaient décidé de se rendre à la parade dansante contre le WEF qui devait débuter à midi avaient, elles aussi, droit à des contrôles volants lors de leur passage du pont qui menait au lieu de rendez-vous. Tout cela avait un petit goût de loi martiale qui ne semblait pas déranger des autorités toujours promptes à parler de pacifisme et de non-violence. On pouvait craindre le pire.

Subvertissons leur répression

Malgré le fait que des escadrons d’anti-émeutes quadrillaient tout le centre-ville, l’ambiance a changé du tout au tout aux alentours de 13 heures lorsque des centaines de petits groupes envahirent la cité tournant en dérision l’ordre répressif et marchant qui y régnait.

Il est impossible de citer ici toutes les actions menées. Mais nous ne résistons pas a en décrire quelques-unes. Tout ceci avait un petit air surréaliste dans cette ville en état de siège. Il a ainsi été possible de croiser une troupe de faux militaires débraillés qui marchait au pas et singeait les forces de l’ordre faisant le salut lorsqu’ils croisaient une colonne d’anti-émeutes. Alors que ceux-ci avaient encerclé des centaines de personnes ayant tenté une manif, les faux militaires se sont dirigés vers le cordon de police pour ramper entre les jambes des flics interloqués et rejoindre ainsi les manifestantEs momentanément prisonniers/ères. Un peu auparavant, un groupe d’adorateurs/trices du capital qui arboraient un gros dollar au bout d’une perche était venu se prosterner devant un Mc Do en psalmodiant des prières à la gloire de la multinationale. Egalement pris dans la nasse précédemment évoquée, le groupe est allé se prosterner cette fois-ci devant les forces de l’ordre. Un cordon de manifestantEs s’était formé derrière le cordon policier et les gens applaudissaient, empêchant les anti-émeutes - inquiets d’être ainsi pris en sandwich - de se sentir en terrain totalement conquis. Une fausse patrouille de flics armés de matraques et de boucliers paradait et gesticulait, faisant la circulation aux passages des vrais véhicules de police et militaires qui transportaient les troupes d’un coin à l’autre de la vieille-ville. Au détour d’une place, on tombait sur un groupe de quatre personnes en costard assises par terre, entourées d’un barbelé, qui jouait au monopoly sur un plateau au centre duquel figurait le sigle du WEF. D’autres avaient décidé de se mettre un cornet type Migros sur la tête sur lequel figuraient des inscriptions dénonçant le WEF et de parcourir ainsi les supermarchés. Un autre, isolé, avait adopté une patrouille d’anti-émeutes qu’il suivait tout en imitant scrupuleusement les postures. D’innombrables personnes se baladaient dans tout le centre munies de pancartes ou encore de ballons multicolores gonflés à l’hélium sur lesquels on pouvait lire « faites sauter le WEF, un autre monde est possible ». Une femme s’appliquait quant à elle à faire reluire le bouclier des anti-émeutes à l’aide d’un chiffon. Passait alors un groupe de « supporters de la Municipalité rouge-verte » demandant plus de répression, arborant des calicots sur lesquels on pouvait par exemple lire « Tschäppät (maire socialiste de la ville de Berne) tu es des nôtres » et scandant « à ceux qui veulent dominer le monde, nous répondons bienvenus ». D'autres encore avaient monté une fanfare, s'étaient habillées en pleureuses, avaient transposés des ateliers de couture des townships sur le trottoirs ou se sont enfermé dans une cage de hamster en criant Wipe out WEF!, tandis qu'un couple bâillonné distribuait des tracts tout blancs en arborant une banderole « Consume and shut the fuck up . »
A noter encore que sur bien des places ou à l’aide d’une petite radio qu’il était conseillé de prendre avec soi, il était possible d’entendre radio Rabe qui diffusait des informations sur le déroulement et le pourquoi de cette journée de protestation. La liste serait encore longue et nous encourageons les personnes qui ont participé à la journée d’action à rendre compte de ce qu’elles ont fait ou vu afin que toutes et tous puissent s’en inspirer ou trouver de nouvelles idées pour détourner le triste quotidien auquel les capitalistes, avec la complicité des autorités, fussent-elles de gauche, voudraient bien nous réduire.

Vu des circonstances plus qu’inquiétantes, un bilan réjouissant qui reste à faire

Sans surprise, les commentaires des mass médias se résument généralement à relater le fait qu’il n’y a pas eu de casse et d’affrontements, que tout est resté calme. C’est en effet depuis quelques années bien souvent le seul critère à l’aune duquel les journalistes rendent compte des manifs. Soit il y a de la casse - quitte à dénicher péniblement une photo de banque sprayée - et il y a matière à article, soit il n’y a pas de casse et il n’y a rien à rendre compte, n’en déplaise à celles et ceux qui trouvent que la casse fait passer sous silence le contenu des manifs. Un léniniste attardé nous expliquera peut-être doctement que ce n’est pas ainsi que nous ferons la révolution. Certes. Peut-être. N’empêche que quelque chose s’est passé ce 22 janvier 2005 à Berne bien qu’il soit encore trop tôt pour en tirer un bilan, qu’il s’agira d’en débattre collectivement ces prochaines semaines. L’intransigeance de la police et des autorités, si elle n’a pas eu raison de notre détermination, nous a en quelque sorte pousséEs à faire ce dont nous parlions depuis longtemps mais n’avions jusque-là jamais osé mettre en œuvre. Une manifestation étant impossible dans le contexte bernois décrit, il a fallu mettre à contribution l’imagination et la fantaisie de chacune et chacun pour détourner l’interdiction tout en évitant le massacre. Et ça a marché ! Bien sûr de nombreuses choses sont à revoir et gageons que les forces de répression sauront également adapter leur dispositif. Cette tactique a montré un certain nombre d’avantages. Plutôt que d’avoir une manif de quelques milliers de manifestantEs qui défilent durant deux heures en ville, la manif s’étend tout l’après-midi à l’ensemble du centre-ville. Cela casse avantageusement la barrière qu’il y a souvent entre l’intérieur et l’extérieur de la manif, celle-ci se dissolvant dans la population. De ce fait, il est plus facile de s’arrêter pour discuter avec les gens, puisqu’il n’y pas le risque de perdre la manif ou de devoir lui courir après. Il s’est avéré que nombreuses étaient les manifestantEs ayant préparé des actions et des formes de protestation pour cette journée. Les gens s’impliquent plus facilement, il est possible d’organiser quelque chose avec des amiEs et cela produit une joyeuse émulation. Si un cadre avait bien été posé pour cette journée, il était largement possible de se l’approprier.

Si la présence policière massive et menaçante reste bien sûr un problème majeur, elle avait toutefois l’avantage, puisque devant être présente partout en même temps, de bloquer à elle seule la gare, la circulation et les commerces qui ont eu plus de peine que d’habitude à extorquer au populo l’argent qu’il avait gagné durant la semaine. Il était également étonnant de voir la capacité des manifestantEs à tourner en dérision les innombrables provocations policières. Bien souvent les anti-émeutes ne savaient plus où donner de la tête et le type d’actions menées ne légitimait pas une intervention musclée. Sans compter que les manifestantEs étant répartiEs dans tout le centre, il leur aurait fallu gazer tout le centre. On a ainsi eu l’impression que certainEs anti-émeutes ont passé leur après-midi à monter et descendre de leur fourgon.

Certes, bien des choses sont à dire au chapitre de la répression et de l’intimidation : contrôle et fichages de masse (654 personnes, à quoi il faudra ajouter quelques centaines lors de la non-manif de Bâle quelques jours plus tard), check-points à la gare à l’aller comme au retour et volant dans tout la ville. Confiscations d’objets prétendument dangereux et arrestations préventives de personnes (79 hommes et 5 femmes) étaient là comme pour justifier l’ampleur du dispositif mis en place. Jamais nous n’avions vu autant de flics en civil. De nombreuses choses doivent encore être éclaircies, notamment le déroulement des détentions. Un manifestant s’est par exemple vu lâcher un chien dans la cage où il était détenu et mordre la jambe parce qu’il protestait contre son enfermement. Il a été emmené à l’hôpital. A ce titre, nous verrons ce qu'auront à répondre ce coup-ci certainEs parlementaires de gauche qui préfèrent aller se pavaner à Porto Alegre en nous conseillant de parsemer nos appels du qualificatif de non-violent devant à lui seul nous préserver de la répression.
A noter que quasi plus aucun parti ou syndicat ne se risque à critiquer le WEF, sans parler d’appeler à manifester.

Espérons que l’expérience de ce 22 janvier encouragera les nombreuses personnes intimidées par la répression de ces dernières années à redescendre dans la rue. Il n’en demeure pas moins qu’une telle présence policière et qu’un tel fichage soit possible reste inquiétant !
Ce fut une curieuse journée. Même si cela peut paraître contradictoire, nous avons l’impression de nous être réapproprié la rue l’espace d’un instant.

Wipe out WEF !
A bas l’Etat policier !
A bas l’Etat !

Tiré du T’Okup’ n° 50, Lausanne, Suisse
Ecrit par libertad, à 23:29 dans la rubrique "International".

Commentaires :

  Anonyme
16-02-05
à 10:19

<< Devant tant de détermination, le soldat le plus abruti ne parvient pas à faire son métier de soldat et il abandonne.>>
Ghandi
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