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RESF : un réseau sans frontières !
lu sur cnt : " RESF : un réseau sans frontières !
Retour sur le réseau par 2 militants syndicalistes de la CNT La cause est entendue et néanmoins phénoménale. Ces quatre lettres -RESF- sont connues du plus grand nombre. Pas une école, pas un quartier, pas un village, pas une ville, pas une association de parents qui n’y fassent référence. Les ministères de l’Intérieur et de l’Education Nationale admettent comme interlocuteur le Réseau Education Sans Frontières. Cela vaut reconnaissance ! Or ce réseau (ses fondateurs y tiennent) a vu le jour en juin 2004, il y a seulement deux ans. C’est peu, au regard de l’énorme portée médiatique. Mais c’est beaucoup, au regard de l’urgence de la cause défendue : celle des familles sans-papiers. Ses promoteurs, en grande partie syndicalistes, déclaraient notamment : "[...]Nous appelons au développement d’un réseau de solidarité avec les jeunes sans papiers scolarisés, à l’échelle nationale (voire à l’échelle européenne). De ce point de vue, le RESF a brillamment réussi. La question des sans papiers est revenue au centre des débats politiques sous un autre angle... En soi, c’est déjà une victoire !

Mais on s’interroge : d’où a surgi cette force du Réseau ? A la rentrée 2005, les médias firent une large place à la mobilisation autour de Guy Effé. Les enseignants, les parents et les élèves de son lycée se rendent devant le centre de rétention, envahissent le Tribunal Administratif. Guy n’est pas expulsé. La force du mouvement est là : enseignants, élèves et parents agissent ensemble, loin des Conseils d’Administration et des Conseils d’Ecole où traditionnellement, parents et enseignants sont condamnés à jouer des partitions écrites à l’avance... Déjà les parents d’élèves, et notamment la FCPE, avaient été très actifs dans le mouvement lycéen contre la loi Fillon. On les a retrouvés dans le mouvement étudiant contre le CPE. Cet investissement dans la lutte semble avoir servi de tremplin. Les associations de parents qui n’échappent pas à la désaffection des urnes en général, ont trouvé là le levier d’une action commune parents / enseignants et parents-élus / parents-tout-venant. La plupart d’entre eux exercent des professions qui leur permettent d’intervenir rapidement en cas d’urgence. Ils maîtrisent les outils de communication. La dynamique de ces liens est énorme. C’est celle qui a initié le mouvement de solidarité en cachant des enfants, en hébergeant des familles pour empêcher des expulsions ; celle qui a retissé des liens sociaux disparus depuis longtemps au sein des quartiers ; celle que l’on connaît aujourd’hui, avec des milliers de collectifs à travers la France ; celle encore qui a maintenu un réseau d’alerte cet été pour empêcher les expulsions ; celle, enfin, qui a acculé le ministre de l’Intérieur, par deux fois, à recourir à des circulaires. Car il a bien fallu encadrer un mouvement qui risquait à plusieurs reprises de devenir incontrôlable donc dangereux ... pour les autorités ! RESF a empêché les « charters » de parents d’élèves et de jeunes majeurs annoncés pour l’été. Malgré l’acharnement du ministre de l’Intérieur à l’encontre de Jeff , d’Abdallah et de quelques autres, expulsés ces dernières semaines, le gouvernement n’aura pu agir sans réactions. Restent les 30 000 dossiers déposés en préfectures et l’angoisse des noms donnés, des refus annoncés pour seulement 6000 régularisations. Reste à faire que cet énorme élan de solidarité se transforme en une lutte avec les sans papiers eux-même, qu’ils aient des enfants scolarisés ou non, qu’ils soient jeunes majeurs ou vieux travailleurs.

La multiplication des « parrainages républicains » a révélé l’opportunisme de certains élus et fait trop vite oublier que les actions qui ont été suivies de régularisations rapides ont été menées avant tout par des acteurs (parents, enseignants, habitants) déterminés, opiniâtres et qui ne s’en sont remis qu’à leur propre force d’opposition. A Paris, Lyon, Epinay..., c’est aussi la grève qui a fait reculer l’Administration. A Cachan, des mal-logés, des sans-papiers, des enfants scolarisés campent dans un gymnase depuis le 17 août dans des conditions inadmissibles... Quand toutes les voies du dialogue sont épuisées... Imaginons un instant une grève des enseignants avec les parents et les habitants du quartier...

Alain (CNT Education 93), Nadia et Nathalie (CNT Education 75).
 
Ecrit par patrick83, à 19:05 dans la rubrique "Actualité".



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