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lu sur millebabords : "Après les manifs offensives de ce printemps où la bleusaille a serré du d’jeuns massivement et de façon aléatoire (voir CQFD n°33), les procès se sont multipliés à un rythme de cacophonie. Certains énergumènes de cette « chienlit » ont refusé la comparution immédiate, d’autres l’ont acceptée et une infime partie de ces procès a été reportée. Au vu des audiences auxquelles nous avons assisté début mai au TGI de Paris, on peut affirmer, sans surprise, qu’il vaut mieux être français d’origine gauloise, étudiant ou travailleur et « se retrouver au mauvais endroit, au mauvais moment »,
que français d’origine colorée créchant dans les cités, au chômedu (ou adepte de l’économie parallèle) et profiter des manifs pour pouiller du portable, casser des vitrines ou agresser du « diandiant ».
Exemplaire de cette différenciation ethno-géographique, la plaidoirie d’un baveux défendant un individu de la première catégorie. En substance : les tribunaux ont été plutôt cléments avec les étudiants et ces jeunes travailleurs qui sont descendus dans la rue pour défendre leur avenir, et c’est tant mieux, malheureusement ils se sont fait déborder par des bandes organisées de pillards, les mêmes que durant les émeutes de novembre dernier. L’avocat approuve tout autant les condamnations conséquentes de ces lascars des banlieues difficiles, « coupables de faits graves » et qui n’avaient « rien à voir avec ce mouvement légitime de contestation ». Il insiste également sur le fait que son client ne vient pas de banlieue difficile et que lui, monsieur le président, il travaille ! Résultat des courses : trois mois avec sursis, deux ans de mise à l’épreuve. Le même jour, deux jeunes de Clichy-sous-Bois étaient condamnés à quatre mois de prison ferme pour des faits similaires (vandalisme et caillassage de condés lors d’une manif anti-CPE).
D’un côté, donc, le sauvage le plus souvent basané refusant de s’insérer dans le monde du travail, ne respectant pas la France et ses lois, et ayant vocation à se prendre de la prison ferme. De l’autre, le gentil plutôt naïf, se faisant entraîner malgré lui dans ces déambulations débridées, et s’efforçant laborieusement, vu la conjoncture actuelle, de trouver sa place dans la normalité. Cette vision manichéenne du « mal de vivre », véhiculée avec véhémence par la majorité des médias et reprise par la justice, permet ainsi d’escamoter aux yeux du citoyen lambda l’ampleur du triompe néo-libéral et son corollaire d’injustices. Comme dit Sarkozy paraphrasant Le Pen : « S’il y en a que cela gêne d’être en France, qu’ils ne se gênent pas pour quitter un pays qu’ils n’aiment pas. »
On ajoutera : ou alors tu finiras en taule. Mais si tu entres dans les quotas, ne pars pas trop loin, l’économie française aura peut-être besoin de toi.
Marius Fréhel
de CQFD, du 1er juin 2006