L'En Dehors

Lu sur Aïssata : "Sans pour autant se prononcer de manière unanime sur ce que devrait ou ne devrait pas être la politique d'immigration de la France, les membres du Collectif Aïssata, auteurs et illustrateurs jeunesse, se sont réunis pour exiger avec RESFque tous les enfants des familles sans papiers scolarisés à ce jour en France le soient encore à la rentrée 2006. Ceci pour de simples et prioritaires raisons d'humanité, mais aussi parce qu'ils considèrent que ces enfants sont une chance et une richesse pour notre pays.

Aussi le Collectif Aïssata encourage-t-il chacun à signer la pétition nationale de RESF et à s'opposer aux expulsions qui s'intensifieront après le 30 juin, quand sera caduque la circulaire qui en suspend certaines aujourd'hui.

Par ailleurs le Collectif a décidé de parrainer, pour les prendre plus particulièrement sous sa protection, Aïssata et Mohamed, les enfants de Mariam Sylla.

Cette femme malienne vit en France depuis 7 ans. Ses enfants de 3 et 5 ans y sont nés et sont inscrits dans des écoles maternelles d'Orléans. Le 13 mai Mariam, Mohamed et Aïssata ont été arrêtés et expulsés en 48 heures. Un vice de procédure et la mobilisation du colllectif RESF45 ont alors conduit le ministère de l'intérieur à demander aux préfets concernés d'organiser leur retour en France. Mais après le 30 juin, rien - sinon nous- n'empêchera de les remettre de force dans un avion.

On peut lire dans un roman jeunesse paru en 1996 :

«Quelques semaines plus tard, Aïssata a dû partir. Une nouvelle loi venait de passer. Pas une loi pour obliger les écoles à accepter les enfants aveugles. Une loi pour chasser les étrangers. Les parents d'Aïssata n'étaient pas nés en France. Ils ont dû prendre l'avion. Les gens qui décident des lois se fichent des histoires d'amour. Aïssata s'est envolée pour le Mali, où elle n'était jamais allée.»

Dans nos livres nous décrivons certaines réalités en espérant qu'ainsi un jour elles ne seront plus que fiction, et nous mettons en scène certaines fictions en espérant qu'ainsi elles ne deviendront jamais réalité.

C'est parce qu'il y a dix ans une Aïssata de papier a été expulsée dans un de nos livres qu'aujourd'hui, en liaison avec le Collectif de Soutien aux Enfants de Sans Papiers du Loiret, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour nous opposer à l'expulsion d'Aïssata Sylla, de son frère et de sa mère. Nous nous engageons, si besoin et comme les 24 000 signataires de la pétition de RESF, à cacher Aïssata et Mohamed pour qu'ils puissent rester sur notre sol.

Enfin, chaque membre du collectif Aïssata a envoyé au comité de soutien orléanais un des ses livres, dédicacés à Aïssata et Mohamed Sylla. Tous ces livres seront assemblés dans un lieu public d'Orléans pour constituer un cordon de protection symbolique pour ces deux enfants.

Quelle que soit votre profession, nous vous remercions de signer, outre la pétition nationale de RESF, la pétition ciblée que nous avons mise en ligne pour exiger la délivrance d'un titre de séjour durable pour Mariam Sylla, pour que ces enfants vivent et grandissent en paix. Réagissons. Rien n'est inéluctable. Ni dans la fiction, ni dans la réalité.

Le Collectif Aïssata