Lu sur CQFD : « Emmett Grogan n’existe pas, c’est un canular, terme générique désignant un héros existentiel de notre temps », s’exclament les Diggers,
cette bande d’activistes déterminés à transformer le théâtre en art
insurrectionnel dans le San Francisco de 1966. Quand le 31 octobre 1966,
pour leur première apparition publique, les Diggers bloquent la
circulation en distribuant un texte qui critique la récupération de la
« révolution psychédélique » par le star system et les marchands, ils risquent des poursuites pour « trouble à l’ordre public ».
Pourtant, Emmett Grogan existe bel et bien, c’est même une des
personnalités les plus charismatiques de la bande. Cultivant une dégaine
de voyou irlandais, casquette en tweed du Donegal et paraboots
montantes, il détonne au milieu des hippies perchés qui fleurissent dans
le quartier d’Haight Ashbury. Au geste de la main du « peace and love »,
il préfère un « V » avec la paume de la main vers l’intérieur, ce qui
chez les Britanniques correspond au doigt d’honneur. À lire Ringolevio, le récit romancé de sa vie, que viennent de rééditer les éditions L’échappée, Emmett Grogan a toujours eu l’âme d’un troublemaker.
Après une jeunesse dans les bandes de Brooklyn, où il s’essaie très tôt
à la drogue et aux cambriolages, il voyage en Europe et fraye, selon
ses dires, avec les indépendantistes irlandais.
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