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Le Comité pour la libération des militants d'Action Directe incarcérés appelle à un rassemblement le 14 juin 2004 à 18 heures devant la préfecture de Marseille
Le programme d'anéantissement dont sont victimes les cinq membres d'Action Directe depuis le début de leur incarcération semble proche d'atteindre son but : Georges Cipriani, victime de troubles mentaux et laissé sans soins pendant des années est aujourd'hui incarcéré en unité
psychiatrique. Joëlle Aubron vient de subir l'extraction d'une tumeur (entravée sur son lit d'hôpital), la justice rendra sa décision quant à sa demande de suspension de peine au bénéfice de la loi Kouchner le 14 juin 2004. Jean-Marc Rouillan serait atteint d'un cancer du poumon, il
vient d'être transféré à Fleury-Mérogis, dans des conditions scandaleuses, au motif d'un hypothétique projet d'évasion; il est à l'isolement, sans ses affaires ni même ses lunettes et dans l'impossibilité de poursuivre les examens médicaux engagés à Moulin-Izeure. Nathalie Ménigon après deux accidents vasculaires cérébraux souffre d'hémiplégie; son état nécessite des soins que l'administration pénitentiaire lui refuse toujours malgré ses grèves de
la faim successives. Régis Schleicher a entamé sa vingt et unième année d'emprisonnement.
Ils ne sont pas les seuls détenus à mourir à petit feu dans les geôles de l'État, mais il est incontestable que les conditions de détention d'exception qui ont toujours été les leurs ont contribué à leur affaiblissement tant physique que psychique. L'État n'est pas indifférent à leur sort; il opère une véritable mise à mort légale de ceux qui ont un jour osé le contester radicalement. Nous sommes en présence d'une véritable vengeance d'État.
Comment comprendre l'acharnement de l'État et de ses gouvernements successifs contre ces militants incarcérés depuis dix sept ans pour quatre d'entre eux, et vingt et un ans pour le cinquième, et tous en situation de pouvoir bénéficier d'une remise ou d'une suspension de
peine? Sans doute Joëlle Aubron, Georges Cipriani, Nathalie Ménigon, Jean-Marc Rouillan et Régis Schleicher représentent-t-ils pour nos gouvernants à la fois ce qu'ils détestent le plus et ce qu'ils craignent le plus, pour qu'ils veuillent les maintenir en prison jusqu'à ce que mort s'ensuive. Cette obstination meurtrière, alors que de l'autre main on libère Papon ou Le Floch Prigent, est une insulte au droit et à la justice, et la mise en place silencieuse d'une peine de mort qui ne dit pas son nom.
L'arme du pouvoir ici c'est bien le silence dont il entoure ses opaques décisions que mettent en oeuvre des médecins, des directeurs de prison et des juges aux ordres; silence sur les conditions de détention, silence sur les brimades, silence sur cinq disparitions programmées: la mort doit venir sans bruit, sans même le son du mot "mort" prononcé par quelque magistrat Rien ne doit troubler le silence du quartier d'isolement que les cinq connaissent ou ont connu plus souvent qu'à leur tour et qui déborde de la cellule au monde libre, rien ne doit venir troubler l'ordre public; la mort sans même une sentence pour la dire.
C'est pour contester ce silence de mort, par nos mots et ceux des prisonniers, par nos bruits et nos actions que nous créons ce Comité pour la libération des militants incarcérés d'Action Directe. Interpeller les politiques, les juges, les médecins, les journalistes, manifester et revendiquer, mobiliser la population, faire du bruit contre leur silence criminel.
Nous appelons tous ceux, individus et organisations, qui refusent de se faire complices de ce silence et de ces crimes à nous rejoindre
le 14 juin 2004 à 18 heures devant la préfecture de Marseille
pour manifester notre profonde indignation et ce à l'occasion de la décision par la justice de la suspension de peine de Joëlle Aubron.
" Ils " ont laissé Georges durant des années errer sans soins aux confins de la folie.
" Ils " ont atermoyé pendant trois mois avant de consentir à l'hospitalisation de Jean-Marc après qu'on lui a eu détecté un cancer.
" Ils " ont attendu la quatrième perte de connaissance de Joëlle pour daigner l'opérer de métastases au cerveau (...)
" Ils " se languissent du troisième accident vasculaire cérébral de Nathalie, pour qu'elle sorte de prison gisante à tout jamais.
Bien sûr " ils " n'ont pas lancé un Vernichttungbefehl : " ils " ont simplement posé les jalons de notre trépas. Après avoir cherché à nous briser psychiquement en nous soumettant à de longues périodes déstructurantes d'isolement drastique, pour nous pousser au suicide, il font désormais en sorte que la maladie se substitue au bourreau."
Régis Schleicher.
Comité pour la libération des militants d'Action Directe incarcérés.