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Lu sur Indymédia Paris : "Une manif organisée par des collégiens pour protester contre leurs conditions de vie au collège et le renvoi d'un assistant d'éducation. Quelques vitres brisées puis le calme et enfin les interpellations, les perquisitions et les gardes à vue de 7 jeunes de 13-14 ans pendant 48 heures Texte de protestation et appel à soutien.
Nous dénonçons avec la plus grande vigueur les arrestations de 7 personnes mineures (âgés de 13 et 14 ans) scolarisées au collège Truffaut de Hautepierre suite au rassemblement d'environ 200 collégiens vendredi après-midi, pour protester contre la rupture du contrat de travail d'un assistant d'éducation à la veille des vacances de Noel et présenter diverses revendications relatives au fonctionnement de l'établissement.
Nous nous étonnons du fait que, lors de ce rassemblement dont plusieurs d'entre nous ont été les témoins, les enseignants et personnels d'encadrement du collège Truffaut se soient totalement enfermés dans l'établissement, se refusant de fait à toute prise de contact directe avec les élèves dont nous avons pourtant pu constater l'envie et le besoin de s'exprimer. Il est indéniable que le mépris affiché devant ce mouvement par la direction de l'établissement est l'une des causes des incidents qui ont l'émaillé. Seuls quelques parents d'élèves avaient sont venus discuter avec les collégiens.
Nous dénonçons la repression policière qui a suivi ces incidents et les arrestations, à la suite de contrôles d'identité de la Brigade anticriminalité (BAC), de plusieurs collégiens au moment même où le rassemblement se dispersait dans le calme puis les arrestations survenues au lendemain de ce rassemblement. Alors que des enfants de 13 ans ont passé au moins 48h en garde à vue, la violence de cette repression apparait totalement disproportionnée par rapport aux incidents dont nous avons été les témoins, incidents limités à des bris de glace, des accrochages verbaux réciproques entre des collégiens et le CPE du collège et une voiture que des adultes présents en soutien du rassemblement ont empêché d'être renversée.
Nous dénonçons de façon plus générale
la précarisation des personnels d'encadrement (surveillants et assistants d'éducation),
le traitement réservé aux enfants des quartiers populaires dont ces évènements sont l'illustration dramatique,
l'action de forces de l'ordre aux méthodes brutales à l'égard de mineurs en l'occurrence âgés de moins de 16 ans,
le glissement repressif voire policier des méthodes d'encadrement de certains collèges ZEP
Nous dénonçons l'absence totale de contextualisation des actes de colères de certains enfants à l'égard de l'institution scolaire dans les quartiers populaires. Cette colère a en effet une histoire et des fondements qui se situent en grande partie dans la relation que l'institution scolaire a établi avec eux et la violence symbolique qu'elle distille au quotidien.
Dans notre société, l'échec et la mise à l'écart quasi-totale de l'école (exclusions) ne signifie rien d'autre qu'une mise à mort sociale. La réalité, c'est que dans ces quartiers, de telles situations sont loin d'être exceptionnelles pour se constituer plutôt comme une composante de la condition sociale des enfants issus des catégories les plus défavorisées de la société française.
On ne pourra faire constamment abstraction de cette réalité en se cantonnant à une posture moralisatrice déconnectée des contextes sociaux et institutionnels à l'orgine des vagues de colères et de révoltes qui touchent régulièrement les enfants des quartiers populaires. On ne pourra constamment se contenter de criminaliser la protestation sociale qui émane de ces quartiers au lieu de l'entendre et d'en traiter les causes.
Comme nous avons dénoncé le fait que les voitures brûlées de Clichy-sous-Bois aient plus émus les autorités que la mort de deux adolescents, nous dénonçons finalement cet état des choses consistant à considérer que les vitres cassées du collège Truffaut soient plus graves que les destins brisés par l'échec scolaire et la repression policière érigée au rang de politique sociale.
Comité de soutien aux jeunes de Hautepierre.
Premiers signataires collectifs : Collectif pour l'Egalité des Chances et la Justice Sociale, Collectif Ecole pour Tous(tes) Collectif féministe non mixte SCUMALINE Support Transgenre Strasbourg
Premiers signataires individuels : Jean-Claude Meyer, agregé de philosophie. Willy Beauvallet, doctorant chercheur en science politique. Evelyne Joly-Rostan, intervenante en soutien scolaire. Nadia Mokaddem, journaliste. Dr Georges Fédermann, psychiatre. Maître Jean-Marie Haller, avocat. Afaf Meneceur, étudiante. Nina Haddad, enseignante en arabe. Judith Chaumont, militante féministe. Eric Royer, représentant parents d'élèves. Veronica Noseda, sociologue. Mourad Seghir, étudiant. Monique Crinon, sociologue. Alima Boumediene-Thiery, Sénatrice - Les verts Cornélia Schneider, commerçante, militante. Michel Krieger, artiste peintre. Camille Fauroux, étudiante.