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Lu sur : Indymedia Québec « C'était la seconde édition de l'événement festif "Réclame ta rue!" à Québec, le 6 septembre dernier. Construisant sur le succès de l'an dernier, cette fête de la réappropriation de la rue a attiré une foule appréciable, qui a su profiter du choix d'une intersection de plus grande envergure.
Comme l'an dernier, l'Îlot Fleurie avait été désigné comme lieu de rassemblement en début d'après-midi. Et déjà on sentait que l'ambiance serait parfaite: la mobilisation semblait plus nombreuse, la météo était agréable, costumes et bannières étaient au rendez-vous. Le but: "libérer" un petit bout de ville, question d'y installer une fête à dimension humaine, avec jeux, musique et activités artistiques.
Dès que le gros de la foule fut amassé, beau départ au son des tams-tams... et c'est parti pour une petite marche dans la basse-ville! Pas besoin d'autorisation ni d'escorte policière, il y avait ce qu'il fallait: des ouvreurs de parcours, à vélo et à planche à roulettes, et une masse imposante de monde qui suit. Après un petit bout sur St-Vallier, direction nord sur la rue Dupont, et ça sera tout droit jusqu'au point d'arrivée qui était secret jusquà ce moment: au coeur de Limoilou, au carrefour de la 3ième avenue et de la 4ième rue.
Bien que cette intersection ne soit pas la plus critique en ville, celle-ci est passablement achalandée, au croisement des voies qui relient le centre-ville et le quartier Limoilou. Nous étions là au coeur d'un quartier inquiet, qui subit les contrecoups de la revitalisation du quartier St-Roch, de l'autre côté de la rivière. C'est un quartier qui craint devenir un nouvel "mal-aimé" en ville, qui observe une nouvelle pauvreté prendre place dans ses rues, les prêteurs sur gage y font leurs vautours... Mais c'est aussi un quartier qui s'est bâti depuis fort longtemps une vie populaire unique autour de ses nombreuses ruelles où les enfants aiment jouer et sous le regard bienveillant du voisinage. Un milieu de vie humain épargné par la gentrification intense du centre-ville. Des coopératives d'habitation s'y établissent, tout comme diverses organisations communautaires. La fête se déroulait justement devant les locaux de la station communautaire CKRL et ceux de la librairie libertaire La Page Noire et du journal communautaire Droit de Parole.
Les gens du coin ont observé avec surprise l'arrivée de la troupe joyeuse et bruyante, venus prendre possession de leur bout de rue. Sur le coup, ils ont bien semblé un peu perplexes, mais ça n'a pas pris beaucoup de temps avant qui se laissent prendre au jeu et qu'ils joignent les rangs de la fête. Plusieurs d'entre eux se plaignaient justement d'avoir perdu leur fête de quartier, qui s'est retranchée dans un petit segment de rue plus loin au nord, alors qu'elle occupait jadis presque toute la longueur de la rue. Et bien voilà, le party était chez eux, la rue leur appartenait pour la journée, et c'était gratuit! Pas besoin de macaron !
Le côté "réappropriation de la rue" a semblé plaire à plusieurs gens du quartier. Des conversations que j'ai eues avec quelques uns d'entre eux m'ont permis de découvrir leur sympathie à l'idée de la rue d'abord pour les humains, pas pour les voitures. Un citoyen m'a justement expliqué que la 3ième avenue, qui est très large et sans signalisation entre l'intersection occupée et son aboutissement dans St-Roch, était une importante source de craintes pour les parents des enfants qui vont étudier à l'école de l'autre côté de la rivière: la circulation est très rapide, et le pont surélevé n'offre pas de vision sur le traffic qui arrive de l'autre côté.
Dans la tradition des "street partys", ce fut un événement ouvert et gratuit, auto-produit, festif et coloré. Une "action directe" dans son sens le plus positif: embellir et animer pour et par les citoyens, en mettant dehors les automobiles et les lois qu'elles demandent. Au plus fort de la fête, environ 600 personnes occupaient l'ensemble de l'espace repris. Des tapis et des cartons faisant augure de piste de danse ont été rapidement installés, ensuite ce fut le tour des sofas, puis des zones pour le vélo acrobatique et pour la planche à roulettes, une scène pour des groupes de punk-rock, un parcours de "mini-putt révolutionnaire"(!), tout plein de petits coins d'expression artistique en tous genres... et tout le reste de la rue pour jouer, danser, peindre, maquiller, faire résonner les tam-tams et faire des banderolles. L'ambiance était tout simplement parfaite, et ça a duré longtemps !
Pendant une bonne dizaines d'heures, jusqu'en fin de soirée, la fête a tenu le coup, notamment grâce aux bons soins de DJs venus soutenir les danseuses et danseurs. Les policiers ont attendu en fin de soirée avant de se manifester pour s'assurer que ça finissait. La fête a ainsi pu se rendre jusqu'au bout, au plus grand plaisir des participants et organisateurs, qui ont probablement confirmé par cette réussite la création d'une longue tradition de street-partys à Québec. »
neonyme