Quand la propagande nous irradie...
EDF a le monopole de la distribution de l'électricité. Alors pourquoi dépenser tant d'argent en publicité ? Pour nous expliquer que nous ne pouvons pas nous passer du nucléaire.
EDF, Framatome, etc. veulent rappeler que le nucléaire est partout et que
nous en serions donc tous complices : votre gosse joue bien au train
nucléaire dans sa chambre, non ? Pas question de parler de la dilapidation
d'énergie par le nucléaire, même civil (qui consomme en grande partie ce
qu'il produit pour tourner), de militaires aux aguets ou de matières
premières
pour missiles. Aucune mention non plus des déchets, ni des conditions de
travail dans les mines d'uranium. Ça ferait sale. Le nucléaire nous est
présenté comme un système qui, infailliblement, comme par magie, nous
apporte "sa lumière". Ce serait même écologique puisque, dit-on, il
"réduirait l'effet de serre"1.
En France, il est même impossible de connaître le nombre de cancers dus au
nucléaire. Les institutions nationales et internationales restent
silencieuses et, lorsque des populations
s'inquiètent, on considère qu'elles affabulent. Elles se laisseraient aller
à des craintes "irrationnelles". Aux alentours de Tchernobyl, on occulte les
problèmes liés au nucléaire, des scientifiques allant même jusqu'à inventer
des maladies comme la "radiophobie"2. Comme si le nucléaire ne générait pas
de radioactivité et ne rendait pas radioactives à leur tour des choses qui
ne l'étaient pas.
EDF veut aussi enfoncer dans les crânes qu'il est impossible de revenir en
arrière et n'a de cesse de marteler (tout mensonge répété suffisamment
prenant valeur de vérité) que "70 % de
l'énergie est nucléaire"3. Mais, déjà, l'importance des déchets et des
étendues polluées, qui resteront là pendant des générations, rend improbable
la transformation rapide de la société.
Et puis le nucléaire, c'est le "progrès", nous n'allons tout de même pas
"revenir à la bougie" ! Comme si le progrès technique était forcément
synonyme de progrès social. Comme si les choix techniques et scientifiques
n'était pas aussi politiques. Comme si les choix réels se situaient à ce
niveaulà. En cas d'accident majeur, nous aurons à la fois le nucléaire et la
bougie !
A l'heure où l'étau sécuritaire se resserre, quelle meilleure aubaine que le
nucléaire qui, du fait de sa dangerosité intrinsèque, ne peut être géré que
de matière hypersécurisée de façon militaire par l'Etat. Sous prétexte de
terrorisme, informer la population des dangers qu'on lui fait courir peut
être passible de poursuites pour "levée du secret défense"4. Se déploie
alors un discours schizophrène, à la fois rassurant, "la situation est sous
contrôle", et terrorisant. Du sentiment de peur ne peut résulter que de la
soumission.
S'il n'est jamais trop tard pour s'y opposer, force est de constater que ce
genre de technologie hypothèque et oriente l'évolution de la société, la
responsabilité de la population dans cette affaire n'étant qu'une tromperie
parmi d'autres. Mis devant le fait accompli, on nous demande ensuite notre
avis. Si certaines entreprises dépensent de telles forces dans cette
propagande, ce n'est pas que notre avis puisse les intéresser, mais
seulement pour vérifier l'efficacité de leur opération de manipulation.
Celle qui conduit les individus à adhérer aux aberrations qui leur ont été
imposées.
Collectif contre la société nucléaire
21ter, rue Voltaire
75011 Paris
ccsn@no-log.org
----
1) Une centrale nucléaire contribue de façon sérieuse à l'effet de serre par
ses rejets de vapeur d'eau. Il est aberrant de proposer le nucléaire comme
solution au problème.
2) Terme inventé par les autorités soviétiques après la catastrophe de
Tchernobyl et repris par le programme Core (Coopération pour la
réhabilitation des conditions de vie dans les territoires de Biélorussie
contaminés) financé par l'Union européenne.
3) 70 % de l'électricité (et non de l'énergie) est d'origine nucléaire. La
première source d'énergie reste le pétrole.
4) L'arrêté du 24 juillet 2003 classe "secret défense" les informations
relatives aux matières nucléaires combustibles, déchets.). Les sanctions
peuvent aller jusqu'à 7 ans de prison et 100 000 euros d'amende (cf. Art.
413-10 du code pénal).
Réunion publique
le Mardi 7 décembre 2004
à 20h00
au CICP,
21Ter rue
Voltaire
75011 Paris
Métro rue des Boulets